Furia Liga
·24 octobre 2020
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·24 octobre 2020
Souvent raillé pour sa capacité à réaliser un geste fou avant de s’emmêler les pinceaux, Vinicius Jr n’a jamais pleinement fait l’unanimité à Madrid. Pourtant à 20 ans, le Brésilien débute sa 3e saison dans la capitale espagnole, avec une progression linéaire. Meilleur buteur de la Casa Blanca, il intègre petit à petit les attentes de Zinedine Zidane. Suffisant pour s’installer enfin sur la durée et débuter le Clásico ?
C’était une image forte de l’été merengue. Vissé sur sa chaise en tribune, Vinicius Jr constate l’ampleur de la déroute du Real Madrid sur la pelouse de Manchester City lors du 1/8 de finale retour de Ligue des Champion. Zinedine Zidane n’a même pas daigné lui faire un signe pour qu’il parte à l’échauffement. Pourtant, le Brésilien était l’un des Madridistas les plus en vue lors de la reprise du championnat. En mars, Vinicius avait même trouvé le chemin des filets face au Barça. Cependant, il n’était pas dans les petits papiers de son entraîneur et ça avait le don de le faire ruminer. Après un gros travail estival, Vini remet tout le monde un peu d’accord.
Recruté à prix d’or par Florentino Pérez alors qu’il ne comptait même pas 30 matches chez les professionnels, Vinicius Jr est un joueur de son époque avec une com’ verrouillée, une chaîne YouTube très active et un coach privé pour faire fructifier les gains marginaux. Il pourrait tout à fait être déconnecté du réel, la spécialité des entourages trop présents, mais le Brésilien a conscience que pour s’imposer dans le club le plus médiatique du monde, il faut s’en donner les moyens et se remettre constamment en questions.
Alors qu’il écumait les îles espagnoles pour se changer les esprits, « Vini » n’a jamais arrêté de travailler. Il a comme modèle un certain LeBron James et porte donc une importance capitale à sa forme physique. Toujours très affuté, il a aussi fait le point sur sa saison, réfléchi à son style, aux attentes de son coach et, plus globalement, à tout ce qui devait évoluer pour devenir un titulaire indiscutable lors des grands matches. Selon Zinedine Zidane, Vinicius Jr sait se faire violence. Quand il est convaincu qu’il doit travailler un point qui ne lui fait pas plaisir, l’ailier le travaille sans relâche parce qu’il est conscient que cela lui permettra de progresser.
Un trait de caractère que l’on remarque également dans son style et sa communication. Vinicius Jr ne réclame jamais rien et ne se plaint pas outrageusement. Il sait qu’il n’a pas (encore) le droit de le faire car personne ne le lui pardonnera. Le Brésilien sait que tout passe essentiellement par le travail chez Zidane, tout comme la capacité à faire corps avec le groupe en place. Dans le jeu, Vinicius ne rechigne pas, attaque chaque ballon pour faire la différence et changer le fil du match même s’il a saccagé les cinq précédents. Vinicius est l’inverse d’un joueur neutre et malgré le déchet, son obstination est appréciable. Ce qu’on appelle un joueur-frisson.
Souvent utilisé sur le côté gauche d’un 4-3-3, Vinicius Jr n’a jamais fait l’unanimité dans cette configuration. Souvent intéressant, il n’a pourtant que trop rarement tenu la distance. L’espoir de voir Eden Hazard enfin d’aplomb à ce poste a peut-être aussi accentué les critiques. A droite, le Brésilien devient banal et même souvent un problème pour son équipe. L’absence d’Hazard a conduit Zidane a retenté l’expérience du 4-4-2 losange, en plus du 4-2-3-1 cette saison.
Dans le premier cas, Vinicius Jr joue en pointe avec Benzema et ça semble bien fonctionner. Déjà parce que plus proche des buts, le Brésilien doit réaliser moins de touches avant de se trouver dans la zone dangereuse, ce qui lui permet donc d’être plus juste dans ses choix. Zidane a-t-il donc intérêt de persévérer avec le 4-3-3 qui s’essouffle ? Les stats le montrent cette saison : « Vini » frappe plus, touche plus de ballons dans la surface et, surtout, est le meilleur buteur des Vikingos. En 4 apparitions, il est déjà proche de son meilleur total en Liga.
Son duel à distance avec Luka Jovic pour occuper le poste de second de Karim Benzema semble tourner à l’avantage du Brésilien, même si avec Zidane, la vérité d’un match n’est pas toujours celle du suivant. Contre le Shakhtar en milieu de semaine, Sergio Ramos exhortait depuis les tribunes ses coéquipiers de « trouver Vini, trouver Vini » quand les Vikingos courraient après le score. Le retour annoncé d’Hazard dans quelques semaines pourrait de nouveau rebattre les cartes. Dans la hiérarchie, le Belge doit jouer, non seulement car le Real Madrid a investi énormément sur l’ancienne star de Chelsea mais aussi pour ne pas déliter le vestiaire merengue. le belge et ne peut pas le laisser sur le banc, en tout cas pas aussitôt. Ce qui pose des questions.
Si le Diable Rouge retrouve vite son niveau (ce dont on peut douter dans un futur proche, ne serait-ce que pour retrouver le rythme de la compétition), un retour en 4-3-3 est envisageable, ce qui condamnerait Vinicius Jr à n’être qu’une doublure à un poste qui ne lui convient pas vraiment ou, en tous cas, qui expose ses défauts plutôt que ses qualités. Hazard peut certes jouer seconde pointe mais il faudra trouver une nouvelle organisation au milieu, le Belge aimant participer au jeu quand le Brésilien joue en rupture essentiellement.
Si le 4-3-3 semble mieux taillé pour Hazard, il ne semble plus idoine pour le Real Madrid qui n’a plus d’ailier droit de grande qualité dans l’effectif. Attendu titulaire lors d’un Clásico qui sent le soufre, le tout nouvel international auriverde sait qu’il doit continuer à marquer des points au risque de reculer inexorablement dans la hiérarchie lors du retour de l’ancien Lillois. Un statut qu’il connait et qu’il a de plus en plus de mal à accepter. Dans un football qui ne connait plus la patience, Vinicius Jr doit pourtant en faire son quotidien, pour chambouler durablement l’ordre établi. Le tout avec un sourire ultra bright !
Benjamin Chahine @BenjaminB_13