Real Madrid – Manchester United : aux origines d’une amitié sportive | OneFootball

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Le Journal du Real

·22 août 2022

Real Madrid – Manchester United : aux origines d’une amitié sportive

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Le Real Madrid compte quelques clubs amis. Parmi eux, la maison blanche partage un lien spécial avec Manchester United. Né d’un respect mutuel entre deux légendes, unis dans la tragédie, et entretenant une amitié sportive depuis plus de 60 ans, revenons aux racines de ce lien spécial avec les Red Devils.

  1. 1956-1957 : première opposition et naissance d’une amitié

Nous sommes en plein cœur du premier âge d’or du Real Madrid depuis la fin de la Guerre Civile et de la Seconde Guerre Mondiale. A l’occasion des demi-finales de la Coupe d’Europe des clubs champions, le Real Madrid est opposé au champion d’Angleterre en titre : Manchester United. Les Red Devils deviennent la première formation anglaise à participer à la C1, contre la volonté de la Fédération Anglaise (FA). Le Real Madrid s’avance avec dans ses rangs le meilleur joueur du monde de l’époque : le génial argentin Alfredo Di Stéfano.


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Lors du match aller au Nuevo Estadio Chamartín, la jeunesse de Manchester fait preuve de caractère et résiste aux assauts de la Casa Blanca pendant une heure. Cependant, c’est insuffisant face à l’armada madrilène.  En deux minutes top chrono, Héctor Rial à la 61’ et Alfredo Di Stéfano à la 63’ font le break. Le Real Madrid mène 2-0, et pense se diriger sereinement vers une victoire avec un cleansheet. Tommy Taylor réduit le score à la 82’, et inscrit le précieux but à l’extérieur. Sa joie reste de courte durée, car Enrique Mateos redonne un avantage de deux buts dans la minute qui suit. 3-1 score final, du spectacle et des buts.

Devant 65 000 personnes, le Real Madrid douche les espoirs d’Old Trafford dès la première mi-temps. Auteur d’une très bonne prestation au match aller, Raymond Kopa ouvre le score à la 25’, et est imité huit minutes plus tard par son coéquipier Héctor Rial. 0-2 à la pause, mais cela ne décourage pas les Mancuniens, Tommy Taylor réduit l’écart comme au match aller, à la 62’. Bobby Charlton arrache en fin de match le match nul (85’).

Santiago Bernabéu, surpris du caractère et de la qualité de Manchester United pour une première participation dans l’épreuve, et de la jeunesse de ses cadres (Bobby Charlton, Duncan Edwards, Liam Whelan, Mark Jones, ou encore David Pegg ont tous moins de 25 ans), propose au technicien écossais Matt Busby le poste d’entraineur du Real Madrid. Le président de la maison blanche est convaincu que le manager mancunien serait la recrue idéale pour développer des jeunes pousses du côté de Madrid. Néanmoins, ce dernier décline l’offre, lui qui aime bien trop Manchester United et aspire à en faire un champion d’Europe.

Un refus certes, mais de cette confrontation nait une amitié sincère entre les deux hommes, et in extenso entre les deux clubs.

  1. Le crash de Munich : un drame qui unit les deux clubs

Le 5 février 1958, Manchester United affronte l’Étoile rouge de Belgrade à l’occasion du quart de finale retour de Coupe d’Europe des clubs champions. Après un match nul spectaculaire (3-3 au retour/ 5-4 sur la double confrontation), Manchester United atteint le dernier carré de la compétition pour la deuxième fois en deux participations. Le lendemain, le 6 février 1958, le club mancunien fait escale à Munich, avant de repartir à Manchester. Malheureusement, l’avion affrété par la British European Airways se crash à 15 heures, après 3 tentatives de décollage sur une piste enneigée. Le club joue malgré tout sa fin de saison, et s’incline en demi-finale de C1 contre l’AC Milan. La formation italienne perd en finale contre le Real Madrid 3-2 en prolongations.

Touché par la détresse de son ami rescapé Matt Busby, Santiago Bernabéu propose de décerner le titre à Manchester United. Également, il propose les services de son tout meilleur joueur Alfredo Di Stéfano pour la saison 1958-1959. La FA refuse cette transaction pour que l’Argentin ne prenne pas la place d’un joueur britannique. Un crève-cœur pour les Mancuniens, qui se seraient surement relancés plus vite grâce aux services du premier joueur-système de l’histoire.

Santiago Bernabéu ne se démotive pas, et organise une série de matchs amicaux entre 1959 et 1962. Les fonds collectés sont reversés au club anglais pour l’aider à se reconstruire. Le crash de Munich laisse par ailleurs des traces conséquentes dans les finances de Manchester United. Certains amicaux qui opposent le Real Madrid à la formation mancunienne restent dans la légende.

Tout d’abord, le premier match octobre 1959. Il se solde par une victoire 1-6 de la maison blanche à Old Trafford devant plus de 65 000 spectateurs. Une rencontre qui obtient un vif succès, bien aidé par les performances XXL du trio Gento-Puskás-Di Stéfano. Un mois plus tard, une revanche est organisée. Les 80 000 âmes présentes au Nuevo Chamartín en ont pour leur argent : le Real Madrid l’emporte dans un match spectaculaire 6-5.

Les matchs du Real Madrid coutent cher à cette époque. Largement sollicités pour des amicaux de prestige partout dans le monde, le président du Real Madrid se montre conciliant avec Manchester United, notamment en prenant en charge l’essentiel du coût des matchs, et en fonction de ce que le club de Manchester United peut se permettre de payer. En dépit de la tragédie, Matt Busby reste digne, et s’attèle à la reconstruction du rival madrilène tout au long des années 1960. Ce qui pousse Santiago Bernabéu à déclarer :

« C’est le plus courageux, mais aussi le plus grand homme que j’ai jamais rencontré dans le football. »

  1. 1967-1968 : la véritable suite de 1958

Contrairement à dix années auparavant, nous sommes cette fois-ci en plein cœur du premier âge d’or de Manchester depuis le crash de Munich. À l’occasion des demi-finales de la Coupe d’Europe des clubs champions, le Real Madrid retrouve son meilleur ami anglais Manchester United, au même stade que leurs premières confrontations. Lors du match aller à Old Trafford, 63 500 personnes sont présentes pour voir en action le meilleur joueur du monde du moment, Georges Best, face au plus grand club du monde.

La jeunesse retrouvée de Manchester fait preuve de caractère comme à son habitude, mais cette fois-ci prend les choses en main. Pendant la première demi-heure, les Red Devils attaquent inlassablement, et menacent constamment le gardien madrilène Antonio Betancort. Et cette fois-ci United sévit. Nous sommes à la 35ᵉ minute, sur un centre à ras-de-terre venu de la gauche, l’ailier nord-irlandais Georges Best envoie dans la lucarne opposée un missile air-sol du pied gauche. Manchester United mène 1-0 à la mi-temps.

Durant la seconde période, les hommes de Matt Busby repartent sur les mêmes bases. En dépit de nombreuses occasions, le score ne bouge plus jusqu’au coup de sifflet final.  La Casa Blanca s’en tire très bien, et espère créer de nouveau le miracle de la remontada, tandis que du côté anglais, Sir Matt Busby regrette de ne pas avoir inscrit au moins un deuxième pion avec autant d’opportunités au cours de la partie.

Lors du match retour au Nuevo Estadio Chamartín, 125 000 personnes sont prêtes pour assister au match le plus important de la saison. L’exploit est possible, et Madrid habitude déjà son public aux contes de fées sur la scène européenne. Le Real Madrid mène la danse au bout de 30 minutes, grâce à une réalisation de son légendaire numéro 4 Pirri. L’ouverture du score correspond à la descente de ketchup du pot. Paco Gento double la mise à la 41e minute, mais le défenseur espagnol Ignacio Zoco inscrit un but contre son camp à la 44’. Amancio redonne un écart de deux buts moins d’une minute plus tard, et entretien les espoirs de remontée.

La seconde mi-temps est une succession d’attaque-défense, et à ce jeu-là, c’est Manchester United qui l’emporte. La formation anglaise réduit l’écart par son homme à tout faire David Sadler (73’). Auteur de la meilleure saison de sa carrière, le défenseur central pratique son tout meilleur football lors de la saison 1967-1968, et c’est également la plus prolifique de sa carrière. Il est imité cinq minutes plus tard par son partenaire de charnière Bill Foulkes, un des rescapés du drame de 1958. Pas de remontada pour la maison blanche, qui s’incline 4-3 sur les deux matchs, mais un spectacle dont l’Estadio Chamartín se rappelle encore. Georges Best a impressionné le public espagnol, au point de faire l’objet d’une convoitise de la part du président Bernabéu à plusieurs reprises.

Manchester United s’en va ensuite remporter sa première Coupe d’Europe des clubs champions contre le Benfica Lisbonne d’Eusébio (4-1) à Wembley, 10 ans après avoir tout perdu. Santiago Bernabéu, toujours plus admiratif de son ami écossais Matt Busby, déclare :

« Si ça devait être quelqu’un [qui remporte la C1], alors je suis content que ce soient eux. »

Les deux clubs ont longtemps entretenu de bons rapports dans l’ensemble, notamment par le biais de plusieurs joueurs passés d’un club à l’autre (Van Nistelrooy, Varane, Beckham, Owen, etc.). Bien que par la suite les relations se soient quelque peu distendues, et tout particulièrement en 2008 et 2009, à propos de l’intérêt puis transfert de Cristiano Ronaldo au Real Madrid, le club espagnol conserve un lien fort avec l’institution mancunienne. Ces derniers jours, c’est Casemiro qui est venu ajouter son nom à la liste des joueurs passés par les deux clubs, comme un symbole.

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