le11
·9 septembre 2024
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Actuellement blessé après des débuts prometteurs, Anass Zaroury est arrivé au RC Lens cet été avec l’étiquette de joueur méconnu. Il s’est déjà emparé de celle de joueur frisson grâce à un profil enivrant, lui l’homme au début de carrière sinueux venu mettre tout le monde d’accord en Artois. Découverte.
Anass Zaroury est un enfant de Malines et pourtant, rien ne l’indique dans son parcours. Si ce n’est cette carte d’identité, où il est bien affiché que le Belgo-Marocain est né dans cette ville à mi-chemin entre Bruxelles et Anvers, et cette formation au club local durant son adolescence. Le KV Mechelen, dont est issu un autre espoir ayant rallié le Nord de la France cet été, le jeune Anass l’a quitté à 16 ans. Direction Zulte-Waregem pour parfaire ses fondamentaux, avant de prendre la direction de Lommel, propriété du City Group et pensionnaire de D2 belge, à sa majorité.
Burnley a pris Zaroury qui était un bon joueur mais qui ne surperformait pas non plus en Belgique. J’ai été un peu étonné de ce transfert.Nils Sterpin, spécialiste du football belge.
« C’est un joueur qui m’avait beaucoup plu avec Lommel, je le considérais un peu comme l’ailier frisson du championnat, se souvient Nils Sterpin, scout spécialiste du football belge. Ça ne m’a pas étonné qu’il se crée sa place de titulaire à Charleroi ». Puisqu’après une saison pleine dans l’antichambre (7 buts et 4 passes décisives), l’ailier d’alors 20 ans est propulsé dans l’élite. Un an plus tard, le grand départ sonne déjà. « Lorsque (Vincent) Kompany est arrivé à Burnley (en 2022), il est beaucoup allé chercher en JPL (D1 belge) avec Vitinho, (Ameen) Al-Dakhil ou Benson (Manuel), et il a pris Zaroury qui était un bon joueur mais qui ne surperformait pas non plus en Belgique, recontextualise le suiveur belge. J’ai été un peu étonné de ce transfert. En fait, son explosion s’est plutôt faite en Angleterre en D2. »
Performant en Belgique, Anass Zaroury découvre le football anglais et ses exigences. Les cinq millions d’euros investis par Burnley représentent une certaine pression pour le frêle ailier, à peine confirmé en son pays. « Les attentes étaient élevées, mais il n’a pas toujours réussi à s’imposer, ce qui peut être dû à une adaptation difficile au style de jeu anglais, très physique et rapide », décrypte Hamza, membre du compte X Joueurs Marocains. Sa première saison, en Championship, s’avère néanmoins prometteuse. Avec 6 réalisations et autant d’offrandes, le jeune homme se développe sereinement sur le côté gauche de l’attaque des Clarets.
Sacré champion en fin de saison avec Burnley, il décroche un autre sésame : une première sélection internationale avec les A. Après des convocations dans toutes les catégories de jeunes de la Belgique, le Belgo-Marocain s’oriente finalement vers les Lions de l’Atlas en novembre 2022. « Il a naturellement un attachement particulier aux deux pays. Mais son choix de représenter le Maroc semble avoir été fait de manière assez claire, estime Hamza. Il est perçu comme un talent prometteur au Maroc. Son profil correspond bien à la dynamique et au style de jeu que Walid Regragui apprécie. Il pourrait devenir une pièce importante pour l’équipe nationale ».
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Il lui faudra déjà retrouver les rangs de la sélection, avec qui il n’a plus été appelé depuis l’été 2023. Date de sa découverte de la Premier League. « Même s’il a montré des éclairs de son talent, il a également souffert du contexte difficile de son équipe et du niveau très élevé de la Premier League, juge Hamza. Sa dernière saison en Angleterre (où il a également été prêté six mois à Hull City en Championship sans grand succès, ndlr) peut être vue comme un échec relatif, principalement en raison d’un manque de régularité et de temps de jeu ». Nils Sterpin confirme : « Son semi-échec – parce que sa première saison en D2 était vraiment bonne -, c’est à cause de son irrégularité dans ses performances ». De quoi pousser Anass Zaroury vers la sortie et le RC Lens.
En Artois, l’ailier de 23 ans devrait régaler Bollaert et 38 000 spectateurs. Le bonhomme a du ballon à revendre et l’a déjà montré sur ses premières sorties avec le RC Lens. « Il a un style de jeu est dynamique et impressionnant, basé sur une excellente maîtrise du ballon, des accélérations percutantes, et une grande capacité à dribbler ses adversaires, présente Hamza. Il est aussi reconnu pour ses centres précis. C’est un joueur audacieux et habile, donc très utile en phase offensive et capable de créer des occasions par lui-même. »
C’est le genre de joueur qui aime beaucoup rentrer sur son pied droit et lâcher une grosse frappe de loin. C’est vraiment un bon dribbleur qui est dur à stopper.Nils Sterpin, scout suiveur du football belge
Nils Sterpin renchérit : « C’est un ailier avec une grosse qualité de dribble et une frappe lourde. Il est droitier et a un bas du corps très musclé ainsi qu’une bonne rotation du corps qui l’aide dans ses dribbles, notamment dos au jeu. C’est le genre de joueur qui aime beaucoup rentrer sur son pied droit et lâcher une grosse frappe de loin. C’est vraiment un bon dribbleur qui est dur à stopper. Il n’est pas l’ailier le plus créatif mais il est capable de donner de bons centres. » Le Belge pointe néanmoins un vrai manque de la régularité, « ce qui lui a fait perdre sa place à Burnley », quand le suiveur marocain souligne un certain déficit à la finition et « des sautes de concentration ».
Des petits défauts à gommer pour se relancer au RC Lens. Dans le 3-4-1-2 de Will Still, l’ailier gauche ne pourra pas évoluer à son poste de formation et de prédilection. « Fatalement, je le vois en 10, concède le scout. Je n’ai pas vu ses débuts, mais de ce qu’il a montré jusqu’à présent, je peux dire que je le préfère en ailier gauche. » « Sa polyvalence lui permet de s’adapter à différents postes offensifs, même s’il est plus à l’aise sur le côté gauche », confirme Hamza. Néanmoins, l’international marocain (4 sélections) a déjà pris le pli de cette position de meneur et « montré qu’il pouvait s’adapter à ce rôle, où, sa créativité, sa vision de jeu et sa capacité à dribbler et à casser les lignes pour alimenter les attaquants pourraient être exploitées de manière optimale », poursuit le membre de la page dédié à l’actualité des joueurs marocains.
RC Lens – Anass Zaroury : « J’espère qu’il y aura beaucoup de matches comme ça »
C’est à ce poste où Anass Zaroury, avant sa blessure, avait peut-être déjà pris une longueur d’avance sur sa concurrence. « Vu le prix, je le vois plutôt comme un titulaire régulier, assure Nils Sterpin. Mais je ne comprends pas pourquoi Lens n’a pas donné pas sa chance à (Ayanda) Sishuba qui, pour moi – et en étant objectif malgré le fait que je sois belge -, a une marge de progression bien plus élevée. Il y a (Angelo) Fulgini, (Adrien) Thomasson et (David) Pereira da Costa qui est jeune et prometteur, donc je ne sais pas si c’était le meilleur investissement à faire pour 9 millions pour un club comme Lens. Après si un jour Still décide de changer de système avec des ailiers, c’est le seul joueur dont c’est le poste. C’est peut-être pour cette raison qu’il a été recruté. »
Le montant de la transaction, qui a d’ailleurs porté à confusion – certaines sources discordantes entre 4,5 et 9M€ -, peut faire grincer des dents au vu de la dynamique du joueur. « 9 millions, c’est parce qu’il a fait une belle saison avec Burnley en 2022/2023 et qu’il est international marocain. Mais c’est un poil cher selon moi », avoue le scout belge. « C’est un investissement significatif pour le RC Lens, mais il reflète le potentiel que le club voit en Zaroury », pense Hamza. Si les Sang et Or devront attendre avant de connaître la pertinence de leur choix, celui d’Anass Zaroury fait l’unanimité chez nos deux spécialistes : « Il va avoir l’occasion de se relancer dans un club historique qui joue un foot ambitieux avec un coach qui sait tirer le meilleur de ses joueurs ». Will Still sait à quoi s’en tenir avec son compatriote.
Crédits photo : Baptiste Fernandez/Icon Sport