Lucarne Opposée
·12 janvier 2025
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Plusieurs choses ont été dites et écrites sur la Coupe du Monde 2002, comme la renaissance de R9, le parcours flamboyant du Sénégal ou celui de la Corée du Sud. Mais ce que l'on sait moins, c'est que plusieurs pays ont effectué leur première participation, parmi lesquels la Chine.
Avant d'expliquer le parcours de cette équipe de Chine durant les qualifications du Mondial 2002, une petite mise en contexte globale s'impose. S'il est facile d'énumérer les particularités de cette dix-septième édition de la Coupe du Monde marquée par une co-organisation partagée par le Japon et la Corée du Sud (ce qui constitue alors un fait inédit dans l'histoire de la Coupe du Monde) ainsi que la qualification d'office de la France comme tenante du titre, dernière fois dans l'histoire que le champion du monde sortant bénéficie de ce privilège (celui-ci est aboli à partir du Mondial 2006 en Allemagne, mais on s'égare).
Dans la cadre du principe de la rotation des continents préconisé par la FIFA, Il s'agit également de la première Coupe du Monde organisée en Asie. Pour l'anecdote, l'attribution du Mondial 2002 oppose dans un premier temps la Corée du Sud et le Japon (qui candidatent chacun de leur côté) au Mexique (une histoire à retrouver dans le LOmag n°3). La candidature conjointe du binôme nippo-coréen est proposée et un vote à main levée est effectué. Hasard du calendrier, le pays du soleil levant et celui du matin calme se voient confier le premier Mondial du XXIe siècle et du troisième millénaire (excusez du peu) le 31 mai 1996, soit six ans jour pour jour avant l'affrontement entre la France et le Sénégal faisant office de lever de rideau à cet événement au World Cup Stadium de Séoul.
Les qualifications pour le Mondial nippo-coréen de la zone Asie se déroulent comme suit. Un premier tour comprenant dix groupes éliminatoires comprenant chacun quatre équipes qui s'affrontent en phase aller-retour (exception faite du Groupe 2, qui, à la suite du forfait de la Birmanie contient uniquement trois équipes à savoir l'Iran, le Tadjikistan et Guam). Les dix vainqueurs de groupes se donnent ensuite rendez-vous pour un second tour, qui les sépare en deux groupes de cinq. Chacun des vainqueurs de groupes est automatiquement qualifié pour la grand-messe du football mondial, quand leurs dauphins respectifs doivent croiser le fer dans un match de barrage, à l'issue duquel l'heureux élu est appelé à livrer bataille contre l'équipe de la zone Europe ayant obtenu le meilleur total de points parmi les dauphins de chacun des groupes qualificatifs du vieux continent.
Photo : Rentz/Bongarts/Getty Images
Avant de parcourir plus en détails le contexte dans lequel se dirige la Chine à l'approche du Mondial 2002, une petite présentation du sélectionneur de l'époque s'impose, bien que l'exercice semble délicat tant Vélibor Milutinovic (surnommé Bora) est un personnage réputé dans le monde du ballon rond. Né le 7 septembre à Bajina Basta dans le sud-ouest de l'actuelle Serbie, Bora Milutinović est notamment connu pour avoir participé comme sélectionneur à cinq Coupes du Monde consécutives avec cinq sélections différentes. Avant son passage au sein de la sélection de l'empire du milieu, il a notamment dirigé le Mexique lors de son Mondial en 1986 en l'emmenant jusqu'en quarts de finale, ainsi que les États-Unis (hôtes de la World Cup 94), tombés face au Brésil en huitièmes de finale. On note également une présence avec le Costa Rica en 1990 (avec un huitième de finale la clé pour les Ticos pour leur première participation) et une pige du côté des Super Eagles en 1998, qui se termine là aussi par une élimination en huitièmes de finale.
La sélection chinoise effectue quant à elle une participation plutôt quelconque lors de la Coupe d'Asie 1996 organisée aux Émirats Arabes Unis. Une phase de groupes mi-figue mi-raisin avec une victoire 3-0 contre la Syrie, complétée par deux défaites (2-0 contre l’Ouzbékistan et 1-0 contre le Japon) et une deuxième place obtenue uniquement grâce à une meilleure différence de buts. L'équipe du Dragon sort du tournoi au stade des quarts de finale, battue par l'Arabie saoudite 4-3, après avoir pourtant mené 2-0 au bout d'un quart d'heure de jeu. Les qualifications de la Coupe du Monde 1998 organisée dans l'hexagone sont en revanche de bien meilleure facture pour la sélection parée de blanc et rouge. Placée dans le Groupe 8 du premier tour de qualifications de la zone Asie avec pour camarades de jeu le Vietnam, le Tadjikistan et le Turkménistan, elle réalise un quasi sans-faute avec seize points pris en six matchs. Un bilan de cinq victoires pour un match nul et vierge anecdotique à domicile face au Turkménistan l'envoie au second tour de qualification au cours duquel elle rencontre l'Iran, le Qatar, le Koweït et l'Arabie saoudite, son bourreau lors de la dernière Coupe d'Asie. L'empire du milieu échoue à se qualifier pour les barrages devant l'Iran pour un malheureux petit point, mais la double confrontation sino-iranienne a tourné l'avantage de la Team Melli (victorieuse 4-2 à Dalian en septembre 1997 et 4-1 Téhéran le mois suivant). Ces deux victoires iraniennes nettes et sans bavures ont leur part dans l'explication de l'échec chinois.
C'est dans ce contexte que la Chine aborde la Coupe d'Asie des nations 2000 organisée au Liban, avec sa tête Bora Milutinović appelé à son chevet en février de la même année. Placée dans le Groupe B avec la Corée du Sud, l'Indonésie et le Koweït, qu'elle a déjà rencontré lors des éliminatoires du Mondial 1998. Lors de leur entrée en lice à Tripoli (ville dans laquelle la Chine joue intégralité de sa phase de groupes), les ouailles du sélectionneur globe-trotter réalisent un exploit en neutralisant les Guerriers Taeguk sur le score de deux buts partout. Concédant l'ouverture du score par l'intermédiaire de Lee Young-pyo puis le but du 2-1 signé Noh Jung-yoon, la Chine trouve pourtant le moyen d'égaliser à chaque fois grâce à l'aide de Ma Mingyu et de Fan Zhiyi. Un premier résultat encourageant avant la rencontre face à l’Indonésie.
Cette deuxième rencontre du Groupe B se transforme rapidement en un succès bien établi. Trois buts sont marqués en un quart d'heure, respectivement par Li Ming, Shen Si et Yang Chen et plient le match de manière prématurée. À la 89e minute, QI Hong se charge de compléter l'addition pour clore un succès net et sans bavure sur le score de 4-0 pour les hommes de Bora Milutinović. Le dernier match face au Koweït reste anecdotique et se termine sur un score de parité nul et vierge. Avec cinq points, l'empire du milieu termine à la première place du Groupe B, se payant même le luxe de terminer devant la Corée du Sud. Cette phase de groupes étant digérée, place aux quarts de finale. Les Dragons affrontent le Qatar (qualifié parmi les meilleurs troisièmes après trois matchs nuls) à Saida (ville située au Sud-Ouest du Liban). La Chine s’impose (3-1) avec des buts signés Li Ming, Qi Hong et Yang Chen, la réduction de l’écart qatarie ne changeant rien à l'affaire. Huit ans après, la Chine retrouve à nouveau le dernier carré. Pour l'anecdote, lors de cette coupe d'Asie, elle retrouve les demi-finales pour la quatrième fois en cinq éditions.
Parfois, il arrive que le destin se montre très joueur. En effet, c'est en 1992 au Japon que les Dragons ont disputé leur dernière demi-finale de coupe continentale. Et c'est justement les Samouraïs Blue qui se dressent sur la route des Chinois pour cette demi-finale de Coupe d'Asie 2000. Au terme d'un match très disputé, le Japon s'impose sur le score de 3-2, après avoir pourtant été mené 2- 1 en tout début de seconde période. Lors du match pour la troisième place, la Chine retrouve à nouveau sur son chemin la Corée du Sud. Mais contrairement à leur confrontation en phase de groupes, les Guerriers Taeguk ont le dernier mot. Lee Dong-gook marque l'unique but de cette rencontre à la 76e minute de jeu.
Auréolés de cette campagne libanaise plus que satisfaisante, Bora Milutinović et ses hommes abordent ainsi avec confiance la campagne de qualifications pour le Mondial 2002. Lors du premier tour, la sélection chinoise est placée dans le Groupe 9, avec l'Indonésie, le Cambodge et les Maldives. Les matchs du premier tour se déroulent entre avril et mai 2001. C'est de manière autoritaire que les Dragons remportent leur groupe avec un grand chelem (six victoires en autant de rencontres) pour un bilan de vingt-cinq buts marqués contre seulement deux encaissés (dont un cinglant 10-1 infligé aux Maldives le 22 avril 2001). C'est donc en toute logique que la Chine accède à la deuxième phase préliminaire.
Pour ce deuxième tour, l’Ouzbékistan, Oman, les Émirats arabes unis et le Qatar (déjà croisé en quarts de finale de la Coupe d'Asie au Liban) se mesurent aux Dragons. Le déroulé de ce second tour s’effectue entre août et octobre 2001. À domicile, la Chine fait carton plein en remportant tous ses matchs (en ne concédant aucun but). Elle reste invaincue durant la majeure partie de ce second tour, ne concédant qu'une seule défaite 1-0 face à l'Ouzbékistan le 19 octobre 2001. Sans conséquence pour les joueurs chinois, qui ont déjà composté leur ticket pour le grand rendez-vous du football mondial après avoir battu le Qatar 3-0 presque une semaine plus tôt. Parmi les moments forts, on retient entre autres une victoire 3-0 contre les Émirats arabes unis (tous les buts ayant été marqués dès la première mi-temps) et le match nul un partout arraché face au Qatar dans les derniers instants. Avec un bilan de six victoires et un match nul pour une seule défaite, la sélection chinoise présente un total de dix-neuf points, le plus élevé parmi tous les engagés de cette seconde partie d’éliminatoires, juste devant les dix-sept points obtenus par l'Arabie saoudite.
Photo : Ben Radford /Allsport
Parmi les joueurs qui ont brillé dans ce parcours, il faut retenir le nom de Qi Hong. Né le 3 juin 1976, le milieu de terrain du Shanghai Shenhua entre 1995 et 2001 avait été co-meilleur buteur de la Chine lors de la Coupe d'Asie 2000 avec son compère Yang Chen (tous deux auteurs de trois buts chacun), il est également auteur de quatre buts lors de la campagne de qualifications à la Coupe du Monde 2002 (un lors du premier tour et trois lors du second tour). On note également le nom de Xie Hui, lui aussi attaquant du Shanghai Shenhua auteur de sept buts pendant le premier tour de qualification.
Malheureusement, l'expérience Coupe du Monde tourne au vinaigre pour la Chine. Placés dans le Groupe C avec le Brésil, la Turquie et le Costa Rica, elle subit trois défaites en autant de rencontres. Pour la première fois de sa carrière, le sélectionneur globe-trotter ne parvient pas à passer le cap de la phase de groupes. Il démissionne de son poste de sélectionneur à la suite de cet échec. Pour l'anecdote, on retient surtout de cette participation le poteau de Yang Chen face à la Turquie. Cette expérience reste à ce jour l'unique participation des Dragons à la Coupe du Monde et, depuis ce jour, la Chine connaît bien des difficultés à renouveler une participation pour le plus grand événement sportif mondial. Sur le plan continental, l'équipe parée de blanc et rouge a également bien du mal à s'imposer dans la durée. En dehors d'une finale de Coupe d'Asie disputée en 2004 chez elle, ses performances restent limitées avec trois éliminations en phase de groupes lors des cinq éditions suivantes. Gageons que le football chinois retrouve quelques couleurs dans les années à venir.