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·25 décembre 2024
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Matthieu Dreyer, gardien de but passé par l’AS Saint-Étienne alors que le club évoluait encore en Ligue 2, évoque ces situations pour BBH Itw. Il revient sur les relations entre parents et enfants, dégradées par le famueux "Projet Mbappé", et explique comment il a su déjouer les pièges tendus par les "vautours" gravitant autour des revenus des footballeurs. Son témoignage est à la fois très intéressant et particulièrement instructif.
Aujourd'hui, le "projet Mbappé" fait briller les yeux de milliers de parents. Mais il est également à l’origine de nombreuses désillusions chez de jeunes footballeurs qui, après avoir eu des étoiles plein les yeux, finissent par abandonner un sport qu’ils adoraient pourtant. De la même manière, les jeunes joueurs qui ont réussi à franchir le cap du professionnalisme, sont souvent livrés à eux-même dans un milieu riche en "vautours" et autres profiteurs...
Matthieu Dreyer (ex-gardien de l'ASSE) : "Récemment, j’ai vu une interview d’Olivier Dacourt qui parlait du "projet Mbappé". Il expliquait que beaucoup de parents ont en tête ce modèle, ce "projet Mbappé". Mais je pense que la plupart des parents ne réalisent pas qu’au final, sur le nombre, sur la masse, très peu arrivent tout en haut. Déjà, devenir professionnel, c’est rare, et ensuite, atteindre le statut de stars comme Cristiano Ronaldo ou Messi, c’est réservé à un ou deux joueurs. Les très grands joueurs, il y en a encore moins. C’est extrêmement compliqué.
Le football doit rester un jeu, un jeu où les enfants prennent du plaisir. Il faut absolument arrêter de leur mettre une pression qui, au final, leur fera du mal. Aujourd’hui, je vois des parents qui font faire quatre entraînements par semaine à leurs enfants de 9 ou 10 ans. Je trouve ça complètement aberrant. D’abord, on risque de dégoûter les enfants. Ensuite, ce n’est pas bon pour leur santé. Je me souviens que, jusqu’à mes 13 ans, je m’entraînais une fois par semaine et je jouais un match. Peut-être que ce n’était pas suffisant, mais deux entraînements par semaine et un match, c’est largement assez à cet âge-là."
"Quand j’ai signé mon premier contrat pro, ça a été une sensation particulière parce qu’on parle de grosses sommes d’argent tout de suite. J’ai négocié mon contrat seul, sans agent. C’est moi qui ai tout géré directement avec le président, parce que je n’aimais pas la tournure que prenaient les choses. En fait, on vit dans une société où on n’apprend pas à gérer ce genre de situation. Personne ne te dit quoi faire quand tu commences à recevoir 10 000 euros par mois, comment fructifier cet argent, comment te faire plaisir tout en construisant quelque chose pour l’avenir. Personne ne te forme à ça.
Du coup, quand tu reçois beaucoup d’argent, tu as envie de te faire plaisir, d’acheter des choses qui te plaisent, et cet argent n’est pas toujours utilisé à bon escient. En plus, dans le milieu du football, il y a beaucoup de gens qui tournent autour de toi, et ils ne sont pas toujours là pour ton bien. Certains veulent profiter de cet argent, car c’est un milieu qui génère énormément de ressources. Si tu n’arrives pas à prendre du recul, à te poser les bonnes questions et parfois à chercher les réponses par toi-même, tu peux vite te faire avoir. Et c’est vraiment dommage. Je pense que dans tous les milieux où il y a beaucoup d’argent, plus il y a d’argent, plus il y a de risques que des choses étranges se produisent."
"Il est essentiel d’avoir une certaine rigueur. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes compétentes, comme mon banquier de l’époque, qui m’a beaucoup aidé. Il m’a conseillé de bien investir, de penser à défiscaliser au niveau des impôts, mais surtout de construire quelque chose qui me servirait après ma carrière. Malgré cela, j’ai failli faire des investissements catastrophiques parce que je n’avais pas lu les petites clauses à la fin des contrats. Certaines personnes présentent bien, paraissent fiables, et savent très bien comment te convaincre.
On est constamment sollicité. À l’époque, les gens venaient directement à la fin des entraînements. Aujourd’hui, ils te contactent via les réseaux sociaux ou passent par des amis. Ils essaient toujours de trouver une façon d’entrer en contact avec toi."