Pro Vercelli : l’histoire d’un grand aujourd’hui disparu | OneFootball

Icon: Le Corner

Le Corner

·29 août 2020

Pro Vercelli : l’histoire d’un grand aujourd’hui disparu

Image de l'article :Pro Vercelli : l’histoire d’un grand aujourd’hui disparu

Pro Vercelli ne vous dit peut-être rien. Il s’agit, pourtant, d’un des clubs les plus titrés d’Italie. Les Bianche Casacche ont marqué leur temps. Une époque aujourd’hui largement révolue, tant elle remonte à loin. Cette époque, c’est celle du commencement, alors que le football n’était pas encore professionnel. Faisant partie des premières grandes équipes transalpines, Pro Vercelli peut se vanter, encore aujourd’hui, d’avoir remporté autant de championnats que la Roma, la Lazio et le Napoli… réunis. Retournons plus de cent ans en arrière à la découverte d’une équipe aujourd’hui oubliée.

Il est difficile de s’imaginer qu’une si petite ville du Piémont, d’à peine 50 000 habitants, ait pu dominer le football italien pendant des années. Encore une preuve que la taille ne compte pas, puisque Verceil (Vercelli en italien) va asphyxier ses concurrents du Triangle industriel, à l’heure où le football italien se cherche encore.


Vidéos OneFootball


Les origines du club remontent à la fin du XIXème siècle. La Società Ginnastica Pro Vercelli naît en 1887 et s’affilie à la Fédération de Gymnastique italienne en 1892. C’est d’ailleurs cette date qui apparaît dans le nom actuel et le logo de l’US Pro Vercelli. Pourtant, la création du club de football n’arrive qu’en 1903, lorsque Marcello Bertinetti, après s’être rendu à Turin pour assister à une rencontre de la Juventus, y développe une section dédiée à ce sport. Il prend la tête de l’équipe et Luigi Bozino devient le président du club. Ce dernier incarne la première vraie figure de dirigeant avant-gardiste, qui saura faire gagner son club. Il demeurera d’ailleurs près de 30 ans à la présidence. A club nouveau, il fallait désormais se choisir une identité. Une identité qui passe par les couleurs de maillot. La couleur blanche est choisie ; les Casacche Bianche étaient nées.

Désormais, il faut jouer. C’est en multipliant les rencontres amicales que Pro Vercelli commence à se faire une réputation dans le Nord de l’Italie. A tel point que le club est convié, en 1904, au tournoi de Casteggio qui regroupait, entre autres, le Milan, déjà détenteur d’un scudetto en 1901. Les joueurs à la tunique blanche ne veulent pas manquer cette occasion de faire leurs preuves, en témoignent les 70 kilomètres parcourus à vélo de Verceil à Casteggio. Pro Vercelli se défait de l’hôte Casteggio, mais sort la tête haute contre Milan. A leur retour, l’équipe est accueillie en triomphe. Quelque chose est née, la Pro Vercelli était désormais prête à écrire sa propre histoire.

Image de l'article :Pro Vercelli : l’histoire d’un grand aujourd’hui disparu

Premiers pas dans l’élite et premiers titres

Dès lors, il fallait que l’équipe puisse jouer professionnellement. C’est chose faite en 1906, lorsque Pro Vercelli s’unit à la Fédération italienne de football. L’équipe est alors prête à disputer son premier match, son premier championnat, en seconde catégorie (la Seconda Categoria). Cette première saison se solde par une défaite contre la Juventus lors des éliminatoires. Qu’importe, les Casacche Bianche feront mieux l’année prochaine en 1907 puisqu’ils s’adjugeront le titre de leur division. Une performance qui leur permet de monter en première catégorie.

Dans le même temps, le football italien est en proie à un grand changement. En effet, la fédération italienne souhaite italianiser davantage le championnat et par là même, exclure les joueurs étrangers, principalement suisses ou belges à l’époque. La saison 1908 se dispute alors en deux championnats : l’un italien, réservé seulement aux joueurs italiens, l’un fédéral réservé seulement aux joueurs étrangers mais aussi ouvert aux Italiens. Et encore, la condition pour ces joueurs étrangers de pouvoir participer au championnat fédéral était qu’ils soient domiciliés en Italie. Pro Vercelli s’inscrit aux deux championnats, en première catégorie du Championnat italien et en deuxième catégorie du Championnat fédéral.

Les Leoni commencent alors leur saison par le championnat fédéral. En envoyant leur équipe première tandis que leurs adversaires enverront généralement l’équipe réserve, ils font savoir leurs intentions. Pro Vercelli débute son championnat en éliminant l’équipe deux de la Juve en éliminatoires du Piémont. Qualifiés, les Casacche Bianche affrontent dans le groupe final l’équipe milanaise d’Ausonia et l’équipe B Andrea Doria (l’ancêtre de la Sampdoria). Dans ce format, chaque équipe s’affronte deux fois. Pro Vercelli écrase ses deux adversaires et s’adjuge ainsi le titre de Seconde catégorie fédérale.

Après ce titre, place désormais au championnat italien de première catégorie. L’AC Milan, le Genoa et le Torino sont exclus du fait qu’ils possèdent des joueurs étrangers dans leurs effectifs. Pour la Pro Vercelli, on prend les mêmes et on recommence. Innocenti, Ara, Milano, Leone, Romussi, Bertinetti, Fresia, Visconti et Rampini sont bien de la partie. Comme pour le championnat fédéral, les Leoni doivent tout d’abord se défaire de la Juve – leur équipe première cette fois ci – dans les éliminatoires régionales. Pro Vercelli élimine les Turinois, grâce au doublé, au retour, de sa star Carlo Rampini qui fera les beaux jours du club et de la sélection nationale. Après avoir les avoir battus, Pro Vercelli retrouve dans le groupe final l’US Milanese et les Gênois d’Andrea Doria. Après un premier nul contre le club milanais, les piémontais se déplacent à Gênes. Malgré l’absence de leur gardien titulaire Innocenti, remplacé par Sassi, les Casacche Bianche s’imposent 2-1 grâce à Ara et Rampini. Au retour, la Pro ne réussit pas à réitérer sa performance et est tenue en échec 1-1. Reste alors le dernier match contre l’US Milanese, à Milan. Sur le terrain, les Leoni démontrent leur supériorité et toute leur vigueur physique. Victoire 2-1 des Piémontais. Le titre est en poche. Une première saison dans l’élite qui s’achève donc par un doublé. Elle prouve ainsi qu’elle peut largement rivaliser avec les meilleures équipes de la Botte. La supériorité de Pro Vercelli est alors reconnue par bon nombre d’observateurs.

A leur retour à Verceil, l’équipe est accueillie en triomphe par toute la foule. C’est un véritable cortège. Tous les membres sont acclamés, avec en tête de la parade le président Bozino. Tous sauf Rampini qui a loupé son train à Milan… à défaut de rater ses face à face.

Pour la saison 1909, Pro Vercelli repart sur les mêmes bases. Cette fois-ci, le club ne s’inscrit que pour le championnat fédéral de première catégorie, laissant le championnat italien du fait d’un calendrier déjà assez chargé. Cette édition fédérale regroupe d’ailleurs les meilleures équipes d’Italie puisque sont inscrites la Juventus, le Torino, l’AC Milan, le Genoa (club le plus titré de l’époque) l’US Milanese, la Doria et un club tout juste né… l’Inter. La Pro se débarrasse du Torino dans les éliminatoires du Piémont, en grande partie grâce à Carlo Rampini. La demi-finale voit l’équipe piémontaise affronter le vainqueur des éliminatoires de Ligurie. Contre le Genoa, les Leoni s’en sortent grâce à leur victoire 3-2 à l’aller suivi d’un nul 1-1 au retour. En finale, les Casacche Bianche retrouvent l’US Milanese, qui s’est défait des deux équipes de Milan en éliminatoire de Lombardie et qui a écrasé Venise, 18-3 au total, en demi-finale. Il en faut plus pour impressionner la Pro, qui remporte cette finale. 2-0 puis 2-2 avec de nouveau un grand Rampini et un excellent Annibale Visconti, qui permettent à la Pro de s’adjuger leur deuxième Scudetto. Car oui, cette année le titre de champion fédéral est reconnu comme un scudetto, à la différence de l’année dernière. Pourquoi ? Tout simplement car le championnat italien de première catégorie, qui on le rappelle, interdit aux étrangers de participer, fut boycotté par les meilleures équipes. La Juve, vainqueur du championnat italien cette année-là, s’en mord les doigts.

Pro Vercelli, en plus de s’attirer le soutien et l’admiration de beaucoup, apparaît comme un club avant-gardiste caractérisé du fait que tous les joueurs de l’effectif étaient nés dans la ville ou dans les environs. L’équipe est portée par leurs trois amis : le grand attaquant Carlo Rampini et son duo de milieux Giudo Ara et Giuseppe Milano, dont Vittorio Pozzo pourra s’appuyer en sélection.

« Le football n’est pas un sport pour demoiselles » : Giudo Ara, joueur et entraîneur pendant les années fastueuses du club

Image de l'article :Pro Vercelli : l’histoire d’un grand aujourd’hui disparu

Une difficile et complexe évolution du football italien sous couvert de scandale et d’un triplé historique

En août 1909, nouveau changement dans le championnat. L’Assemblée annuelle de la fédération souhaite s’inspirer du modèle de la première division anglaise. Finies les phases éliminatoires régionales, désormais un groupe unique pour le titre de champion est instauré. A l’image de nos championnats actuels, les équipes s’affrontent deux fois dans la saison, une fois à domicile, une fois à l’extérieur. Ainsi, le nombre de rencontres augmente et le championnat doit commencer plus tôt, dès l’automne. Neuf équipes s’affronteront. De plus, l’assemblée prévoit d’unifier les deux tournois, à savoir le fédéral et l’italien dans un seul championnat national. Toutefois, les titres de champion fédéral et champion italien seront toujours assignés. Pour résumer, si les deux tournois fusionnent bien, on continue d’attribuer un titre différent. Ainsi, sur les 9 équipes inscrites dans le championnat fédéral, 4 participent aussi au championnat italien : Pro Vercelli, l’US Milanese, la Doria et l’Ausonia, des équipes composées seulement de joueurs italiens. Pour attribuer le titre de champion italien, le classement pris en compte est celui du championnat fédéral en fonction des rencontres directes entre ces quatre équipes. Néanmoins, ce titre n’est que mineur et ne sera jamais réellement reconnu. Seul le titre de champion fédéral est reconnu officiellement comme champion d’Italie désormais.

Un article du Corriere della sera datant du 24 octobre 1909 nous aidera à y voir plus clair : « une autre nouveauté de cette année réside en l’association du championnat fédéral avec le championnat italien en un seul et unique championnat. Chaque équipe, quand elles s’inscrivent au championnat fédéral, indique si elles entendent concourir dans le championnat italien. Ainsi, si une équipe, composée exclusivement de joueurs italiens, réussit à se classer en tête des deux championnats, elle se verra alors détentrice des deux titres de champion fédéral et de champion italien. La même équipe, si elle se classait par exemple sixième après avoir battu les autres équipes italiennes concurrentes, se classerait alors sixième dans le championnat fédéral et première dans le championnat italien »

Cette nouvelle édition met en scène un duel des plus serrés entre le tenant du titre Pro Vercelli et le tout jeune club de l’Inter. Alors que le titre semblait de nouveau promis aux Leoni, les Interistes vont enchaîner une série de onze victoires consécutives. Malgré une défaite le 3 avril 1910 contre le Genoa, qui les empêcheront de passer devant la Pro, les Nerazzurri s’imposent 7-2 contre le Torino lors de leur dernière journée. Une victoire qui leur permet de finir le championnat premiers, à égalité avec Pro Vercelli. Impossible de départager les deux équipes qui comptent le même nombre de victoires, de défaites et qui se sont battues une fois chacune cette saison. La différence de buts n’est pas prise en compte. Une belle va devoir être jouée entre les clubs. C’est là qu’un litige éclate, l’un des premiers dans un football italien qui en a encore tant l’habitude aujourd’hui.

Pro Vercelli qui détient une meilleure différence de buts se voit accueillir cette rencontre cruciale. Néanmoins, le différend survient quant à la date de cet affrontement. Une première date est fixée le 17 avril. Pro Vercelli refuse, car certains de ses joueurs sont engagés dans une compétition étudiante. Une nouvelle date est alors proposée, le 24 mai. Nouveau refus des Piémontais, car trois de leurs joueurs, à savoir Fresia, Felice Milano et Innocenti sont convoqués dans un tournoi militaire, la Coppa della Regina à Rome. Le seul moment qui arrange les Casacche Bianche est le 1er mai. A son tour, l’Inter n’est pas d’accord, puisque celle-ci doit participer à une tournée amicale en Italie et certains de ses joueurs seront absents pour motifs professionnels. Lorsqu’on se rend compte que les joueurs de la Pro Vercelli ne se sont finalement pas rendus au tournoi auquel ils devaient participer le 17 avril, la décision fut vite prise de faire tenir la rencontre contre l’Inter le 24 avril. Il se dit aussi que la Pro tentait de retarder l’échéance pour récupérer certains joueurs encore blessés. Bozino, le président du club, furieux de cette décision, décide alors d’envoyer sur le terrain une équipe composée uniquement de mineurs. Certains d’entre eux avaient tout juste onze ans. Les Interistes envoient leur équipe type et remportent le match 10-3. Ils sont sacrés champions pour la première fois de leur histoire. Les Piémontais laissent échapper un troisième scudetto de suite qui leur tendait les bras et devront se consoler avec le titre de champion italien. Un conflit qui aura de quoi réveiller les joueurs de Pro Vercelli.

Pour la saison 1910-1911, le championnat s’étend davantage étant donné que la Fédération accueille les demandes d’adhésion des principales formations de Vénétie et d’Emilie Romagne (Venise, Bologne, le Hellas Verone, et Vincenza). Un problème majeur demeure dans les domaines logistiques et financiers pour assurer le déplacement de ces équipes de l’Est en temps de match dans un championnat qui ne concentre alors que les équipes du Nord et de l’Ouest. De plus, des doutes planent quant à leur niveau pour ces formations systématiquement battues sèchement lors d’amicaux contre ces mêmes équipes du Triangle industriel. Ainsi, la Fédération décide de les regrouper dans un groupe à part. Celle qui arrivera première ira affronter l’équipe en tête du championnat nord-occidental dans une finale aller-retour pour déterminer le nouveau champion d’Italie.

Cette année la lutte pour la première place se fait entre l’habitué Pro Vercelli et le Milan. La Pro, désireuse de se racheter après la désillusion de l’an passé ne fait pas de manière. 12 victoires en 16 journées, la première place est acquise sans trembler après les faux pas du Milan. L’Inter, champion en titre, finira quant à lui 6ème . En finale, les Leoni affrontent Vicenza, arrivée première du championnat à l’Est. Sans surprise, les Piémontais s’imposent 3-0 puis 2-1 et remportent leur troisième titre de champion d’Italie.

La saison suivante, Pro Vercelli réitère sa performance. Unique nouveauté de cette édition 1911-1912, l’arrivée de Casale dans le championnat qui entraîne un élargissement à dix équipes. L’AC Milan demeure le principal concurrent de la formation piémontaise. Les Milanais finissent le championnat avec la meilleure attaque et la meilleure défense. Ils font d’ailleurs la course en tête durant une longue partie de la saison, mais un match nul contre l’équipe du Piémont (il s’agit bien d’une équipe qui portait le nom de la région), lanterne rouge, leur gâcha la fête. Finalement, c’est bien Pro Vercelli lors des ultimes journées qui termine en tête avec un point d’avance sur son concurrent Diavolo. En finale, les Casacche Bianche ne font qu’une bouchée de Venise ; un total de 13-0 sur les deux confrontations et un quatrième scudetto dans l’armoire à trophée.

Si vous pensiez que le championnat avait enfin trouvé sa bonne formule, vous vous trompez. L’édition 1912-1913 voit le retour des phases éliminatoires régionales. Fini le groupe unique comme on le connaissait depuis trois saisons. Désormais, trois groupes régionaux de l’Italie du Nord vont s’affronter. Un groupe pour le Piémont, un groupe pour la Lombardie-Ligurie et un groupe pour la Vénétie-Emilie Romagne, tous de six équipes. Les deux meilleures de chaque poule se retrouvent dans un groupe final, un groupe propre à l’Italie du Nord. D’un autre côté, est instauré un tournoi pour l’Italie du centre-méridionale. Lui-même est divisé en une première phase au niveau régional pour la Toscane, le Latium et la Campanie. Le vainqueur du tournoi centre-méridionale affrontera pour le titre la meilleure équipe du Nord. Vous suivez toujours ?

Sans grande surprise, Pro Vercelli, Casale, le Genoa, l’AC Milan, Vicenza et l’Hellas sortent de leurs éliminatoires régionales pour s’affronter dans un groupe final. Groupe final raflé par Pro Vercelli. Le tournoi centro-méridional fut lui remporté par la Lazio aux dépens du Napoli. Le match final pour le titre oppose donc Pro Vercelli aux Laziali et se joue sur terrain neutre, à Gênes. Trop justes, les Romains ne font pas le poids face aux forces piémontaises et s’inclinent 6-0. Pro Vercelli, qui termine la saison invaincu, est de nouveau champion d’Italie, pour la 5ème fois en six ans, la troisième fois consécutive. C’est bien elle l’équipe la plus forte de la Péninsule. En quelques années seulement, elle aura réussi à écraser toute concurrence. Le club est alors le deuxième le plus titré d’Italie, juste derrière le Genoa qui a toujours un championnat d’avance.

La colonne vertébrale de l’équipe est incarnée par Rampini, Ara, Milano dont les deux derniers sont à la fois joueurs et entraineurs. La formation piémontaise fournit même une grande partie des joueurs à la sélection italienne, en témoigne ce match amical contre la Belgique en 1913, où neufs joueurs Casacche Bianche (Innocenti, Valle, Ara, Milano, Leone, Milano II, Berardo, Rampini et Corna) figuraient sur le terrain. L’Italie s’impose 1-0 sur un but d’Ara et après la partie, un télégramme arrive à Vercelli : « Pro Vercelli-Belgique 1-0 ». Pro Vercelli est le football italien.

Guerre, derniers titres et mort d’un club légendaire

Les années de règne de la Pro Vercelli commencent à s’estomper petit à petit. Il faut attendre huit ans pour revoir un nouveau sacre du club. La faute à la surprise Casale l’année suivante, qui remporte son premier et unique championnat, puis à la Première Guerre mondiale notamment, qui met en stand-by le championnat durant le temps du conflit. La compétition reprend lors de la saison 1919-1920 avec le sacre de l’Inter. L’après-guerre fait rentrer la Pro dans une nouvelle dimension. Certes l’équipe n’est plus tellement la même. Certains protagonistes des cinq premiers titres sont partis en retraite (Carlo Rampini, Giuseppe Milano, Giovanni Innocenti). Mais le club a de la ressource et sait lancer l’un des meilleurs défenseurs italiens de sa génération en la personne de Virginio Rosetta (8 fois champions d’Italie, dont 6 fois avec la Juve, vainqueur de la Coupe du Monde 1934) ou d’Alessandro Rampini, petit frère de Carlo. En témoignent ces deux nouveaux titres de champion d’Italie remportés en 1921 et 1922. Pour ne pas changer, la complexité de la formule du championnat perdure, même après un conflit mondial, jusqu’à arriver à un point de non-retour. Si la formule du championnat de 1921 était déjà difficile à suivre (des éliminatoires régionaux à foison, de quoi ne plus rien y comprendre), l’édition de 1922 est un nouveau cirque.

Image de l'article :Pro Vercelli : l’histoire d’un grand aujourd’hui disparu

La multiplication des équipes oblige la saison 1921 à se conclure fin juillet. En effet, 88 équipes avaient pris place pour cette édition. Un projet de réforme du championnat est alors mis en place par Vittorio Pozzo pour alléger le calendrier et surtout, le rendre plus compétitif. La fédération de son côté, accueille à bras ouverts l’arrivée en masse des petits clubs régionaux. C’en est trop pour les grands clubs italiens de l’époque qui décident alors d’abandonner le championnat officiel et de créer leur propre tournoi privé sous l’égide de la Confédération italienne de football, une organisation née de la scission avec la fédération. Ainsi la Confédération organise un championnat basé sur le schéma du projet Pozzo. En bref, les meilleures équipes ont rejoint ce projet, délaissant le championnat principal aux petits clubs de la Péninsule. C’est pourquoi cette année-là, deux championnats parallèles se jouent. Il y a donc deux champions différents : Novese, champion d’Italie en première catégorie sous l’égide la Fédération Italienne de football et Pro Vercelli, champion d’Italie en première division sous l’égide de la Confédération italienne dont le titre est néanmoins reconnu. Ce schisme sera éphémère, puisque le compromis Colombo permettra la réunification de la Fédération l’année suivante.

Ce septième titre sera le dernier du club. La suite de son histoire n’est que décadence. La diffusion d’un football professionnel aura raison d’un club qui était profondément attaché à l’amateurisme. La croissance des équipes de Milan, Turin et Bologne dans le sens du professionnalisme achèvera le club et ses joueurs partiront vers ces plus grandes formations. L’exemple de Virginio Rosetta, enfant du club acheté par la Juve pour la somme astronomique (pour l’époque) de 50 000 lires est un exemple parlant. C’est la fin de l’âge d’or du club.

Presque cent ans que Pro Vercelli n’a plus rien gagné. Les Casacche Bianche restent dans l’élite jusqu’en 1934 et la ville verra même éclore un certain Silvio Piola durant les années 1930. Puis le club va connaître la descente en Serie B puis en Serie C. Le cauchemar continue lorsqu’il descend en quatrième division dans les années 1950. Le club ne s’en remettra jamais. Le 16 juillet 2010, Pro Vercelli est exclu de toutes compétitions. L’autre équipe de la ville, la Pro Belvedere, tente de le sauver, en vain. Le 4 août 2010, l’US Pro Vercelli disparait définitivement, tandis qu’en compensation, la Pro Belvedere prend le nom de FC Pro Vercelli 1892.

Malgré un retour en Serie B en 2012, le club ne réussira pas à se maintenir et semble condamner pour l’éternité à la nuit. S’il demeure toujours la 5ème équipe le plus titrée au nombre de championnat, à égalité avec Bologne et le Torino, Pro Vercelli incarne un football passé, pris de vitesse par un sport évoluant beaucoup trop rapidement.

Crédits photos : Icon Sport

Sources :

À propos de Publisher