God Save The Foot
·6 septembre 2019
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·6 septembre 2019
Pour la reprise de la saison 2019/20 de Premier League, God Save The Foot vous présente chaque jour une de ses équipes. De promesse encourageante depuis sa remontée au sein de l’élite jusqu’au désenchantement du départ de Rafa Benitez, Newcastle United est actuellement en plein tourment et cela ne semble pas vouloir s’arrêter.
Souvenez-vous, c’était le slogan lancé par les supporters des Magpies lors du début de la saison précédente, #IfRafaGoesWeGo (“Si Rafa s’en va, nous nous en irons”). Depuis notre dernier article sur la situation à Newcastle, rien ne s’est amélioré.
Newcastle s’en est bien sorti la saison dernière, se maintenant assez tôt dans la saison et pointant à la 13ème place du championnat. Une position honorable compte tenu des moyens financiers, infamants pour un club comme Newcastle. Le problème n’a jamais été Rafa Benitez mais bien la direction du diabolique duo Mike Ashley et Lee Charnley, respectivement propriétaire et directeur du club. Ces derniers, malgré de nombreuses promesses dans les médias, n’ont jamais eu l’intention de renforcer l’effectif de Newcastle au point de pouvoir titiller le haut du classement.
Cette saison était la dernière dans le bail de trois ans du technicien espagnol dans le Nord de l’Angleterre. Libre de tout contrat, il a décidé de partir pour le Dalian Yifang, en Chine . Ce départ a été critiqué par Lee Charnley, via une interview qu’on a pu lire sur le programme du match d’ouverture face à Arsenal. Charnley a prétexté un appât du gain de Benitez et parlé d’une offre chinoise impossible à concurrencer. Propos immédiatement démentis par Rafa via le média anglophone The Athletic, où ce dernier parle d’un salaire proposé similaire à son premier contrat et d’une perte de pouvoir dans le mercato. Il y ajoute que la direction n’avait pas un budget suffisant pour recruter, investir dans le centre d’entraînement ou dans le centre de formation. Et à voir l’état de Darsley Park, le camp de base des Magpies, la vérité est sûrement espagnole.
Newcastle United se devait trouver un nouvel entraîneur en urgence, c’est Steve Bruce alors entraîneur à Sheffield Wednesday (D2) qui a été approché. L’ex-joueur de Manchester United a ainsi démissionné de son poste au sein du club des Midlands pour rejoindre le Tyne and Wear en l’espace de 48 heures. Pratique contestée par le club du Yorkshire qui a aussitôt signalé ce mouvement auprès de la Premier League. Bref, c’était sport cet été.
Au-delà des résultats et du classement, Steve Bruce devra tenter de réunir des supporters qui ont déserté les tribunes de St James’ Park pour les rues de Newcastle. Son arrivée a accru l’impression d’une perte d’ambition de la part des fans, en passant d’un ancien vainqueur de la Ligue des Champions à un double-vainqueur de playoffs de Championship… Même si l’ambition sur le terrain n’a jamais été le problème d’Ashley.
Au niveau des transferts, Newcastle n’a pas réussi à lever l’option d’achat estimée à 17M€ auprès de West Brom pour Salomon Rondon. Ce dernier en a profité pour s’envoler en direction de la Chine pour y rejoindre son coach, Rafa Benitez. Ayoze Perez a rejoint Leicester pour 35M€, Joselu a été vendu à Alavés en Espagne, Kenedy est retourné à Chelsea après ses deux bails dans le Nord de l’Angleterre et Mohamed Diamé a été relâché par le club… 4 attaquants pour 2 recrues, Joelinton (44M€, en provenance d’Hoffenheim), Allan Saint-Maximin (18M€, Nice) et Andy Carroll, libre de tout contrat. En défense, Emil Krafth (5M€, Amiens) et Jetro Williams (1M€ en prêt, Eintracht Francfort).
Toutes ces recrues n’ont pas réussi à cacher un été long, décevant et désespérant pour les fans de Newcastle. Au lendemain du départ de Benitez, le club a dévoilé son nouveau maillot – le plus cher de la Premier League, vendu 65£ (71€) – et le prix de l’abonnement a été augmenté de 10%. De quoi provoquer des manifestations dans la ville du Nord de l’Angleterre.
Les fans des Magpies ont cru se défaire d’Ashley après la publication d’un article du Sun à la fin du mois de mai, à propos de la vente du club au Cheikh Khaled, cousin de Cheikh Mansour, milliardaire émirati à la tête du Bin Zayed Group. Le groupe est un conglomérat d’entreprises dans plusieurs domaines où on peut notamment retrouver Owen Coin, cryptomonnaie lancée par Michael Owen… Plusieurs semaines après un silence radio – sans doute imposé par le secret des affaires -, les pourparlers auraient bien avancé et le reprise du club serait en route, selon un journaliste expatrié aux Emirats Arabes Unis, . Cette information n’a pu être confirmée au Royaume-Uni.
Si cette offre n’abouti pas, ce sera le 3ème échec de la sorte, après les tentatives de rachat d’Amanda Staveley et de Peter Kenyon. Ces deux offres auront accouché d’une souris. En cause ? Les demandes trop élevées d’Ashley : 400M€, des clauses sur les opérations commerciales du club ainsi que sur les publicités du St James’ Park. Selon Jonathan Drape-Comyn, rédacteur pour The Mag : « Je ne pense pas que le club soit en vente, et en réalité, il ne l’a jamais été. D’Amanda Staveley la saison dernière à Peter Kenyon, il n’y a jamais eu de volonté de la part de Mike Ashley de vendre le club. » En voyant ces conditions, les négociations qui s’enlisent, on peut en déduire que ces demandes irréalistes empêchent une possible libération des Magpies.
Au début du mois de juillet, un coalition de fans de Newcastle a appelé à un boycott de toutes “activités des jours de match”. Chose déjà vue la saison dernière à Newcastle, rapidement étouffée par les rumeurs de reprise par Kenyon. Le départ de Rafael Benitez, celui qui faisait que Newcastle n’était pas qu’un moyen de faire de la promotion pour les affaires de Mike Ashley, a réveillé les fans. Beaucoup de supporters n’ont pas renouveler leurs abonnements, certains ayant déjà payé un acompte. Le principal groupe des fans, Wor Flags, a même décidé de suspendre ses activités, la grande majorité de ses membres n’y étant plus.
Le mal de Newcastle est plus gros que Steve Bruce et Mike Ashley n’est pas prêt de changer. Avec 12 000 sièges vides, il y a un trou considérable dans les finances du club ainsi que dans les tribunes du stade. Rafa est parti, les fans également.
Newcastle entre donc dans cette nouvelle saison avec – il faut le dire- un recrutement ciblé. L’attaque et la défense ont connu des renforts, surtout avec l’arrivée du brésilien Joelinton.
Sean Longstaff, 21 ans, sera la pièce maîtresse de cette équipe de Newcastle. Présenté comme le “nouveau Michael Carrick”, il aura la tâche d’organiser le milieu de terrain des Magpies. Longstaff est issu d’une famille de sportifs originaire de Newcastle. Son père est une légende du hockey sur glace et sa mère était joueuse de netball. Il a également pour oncle un ex-international anglais formé à Newcastle, Alan Thompson.
C’est sur la glace que Sean a appris cette vision de jeu, sa gestion de la pression ainsi que cette assurance qui le caractérisent. Après deux prêts à Kilmarnock (Ecosse, 2016-17) puis un autre à Blackpool (League One, D3 en 2017-18), Sean Longstaff a eu l’occasion de se montrer en équipe première. Avec 8 matchs en Premier League la saison dernière, on a eu l’occasion de voir ce joueur calme (façon Carrick) distiller des ballons sous pression ou avoir cette faculté à intercepter des passes cruciales. L’ambidextre est aussi endurant et peut répéter les efforts sans aucun problème, à l’image de cette victoire face à Man City (2-1) la saison dernière.
Si on retrouve un Jonjo Shelvey épargné des blessures, on peut imaginer une jolie entente avec le garçon du coin cette saison. De plus, Longstaff a cette qualité d’adaptation dans les différents rôles du milieu de terrain. Ce dernier peut à la fois jouer en pivot défensif ou un peu plus haut. Une aubaine quand on sait que Newcastle est limité dans son recrutement et aussi dans son jeu, sous Bruce…
Comment voir autre chose que la seconde partie du classement, voire plus bas pour Newcastle ? Malgré le renfort intéressant de la recrue record Joelinton en attaque, avec d’autres qui ont terminé leur acclimatation comme Yoshinori Muto et Miguel Almiron, la tâche va être difficile pour le club du Tyne and Wear. Avec tous les problèmes extra-sportifs du club, Steve Bruce devra faire oublier Benitez et rameuter les fans au stade.
Bruce a cependant peu d’ambition dans le jeu. En témoigne sa saison passée à Sheffield Wednesday où on aura vu des Owls bien mornes dans certains matchs et loin du niveau des prétendants à la montée… Chose dont il est pourtant le spécialiste, avec ses 4 promotions en Premier League.
Steve Bruce voudra jouer défensif avec la double-muraille du 5-4-1, qui se mue en 3-5-2 lors des phases offensives. Même s’il a des joueurs capables de pratiquer un football de position comme Shelvey, Lascelles, Longstaff, Muto et Saint-Maximin, Bruce ne s’y aventurera pas. Cela s’explique par tous les problèmes énoncés plus haut : la loi de la realpolitik.