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·21 août 2021

Popovic, le retour du coach prodige

Image de l'article :Popovic, le retour du coach prodige

Popa is back. Tony Popovic, le stratège derrière le succès des Wanderers en Ligue des Champions d’Asie, revient en A-League la saison prochaine, au Melbourne Victory. Après de francs succès à la tête de Western Sydney, puis de Perth, il entraînera son 3ème club en A-League. Sera-t-il l’homme providentiel pour le Big V, en perdition depuis 2 saisons ?

Un club en quête de renouveau

Le timing semble étrange, il est pourtant parfait. Après moultes spéculations, Victory a, pour une fois, pris les devants et révélé le nom de leur futur entraîneur 2 mois avant le début de son contrat. En Croatie à l’époque, en famille, après une aventure malheureuse en deuxième division grecque au Xanthi FC, Tony Popovic est officiellement en charge depuis début juillet, une fois la saison, compliquée encore pour Melbourne, terminée. La nouvelle est tombée le 22 avril et a surpris en Australie. Oui, Tony Popovic était pressenti pour le rôle, mais les rumeurs laissaient croire qu’il refuserait. Il est le meilleur choix possible pour le Victory, qui, par le passé, ont eu tendance à rater ce genre d’opportunités.


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Melbourne Victory est le club le plus populaire en Australie, et se place juste derrière Sydney FC au palmarès domestique. Ils sont aussi le seul club à avoir gagné tous les trophées nationaux depuis les débuts de la A-League: 4 victoires en Grande Finale (2007, 2009, 2015, 2018), 3 championnats (2007, 2009, 2015), 1 Challenge Cup en 2008 (cette coupe n’a existé que 3 ans) et une FFA Cup en 2015. Tous ces succès n’empêchent pas le club d’être prône à la crise. Tony Popovic sera leur onzième “head coach” en 16 ans, malgré 2 longues tenures par Emmie Merrick (2004-2011) et l’idole locale Kevin Muscat (2013-2019). La transition après ces 2 icônes a été difficile. Pour se concentrer sur la plus récente, le départ de Muscat pour Saint-Trond en Jupiler League, a coïncidé avec la retraite du capitaine Carl Valeri et le départ de plusieurs cadres. Pour le remplacer, le Victory a nommé l’allemand Marco Kurz, alors en charge à Adélaïde depuis 2 ans (avec une FFA Cup au palmarès). Kurz fut victime de l’impatience générale qui règne autour du club et viré après 6 mois et des résultats mitigés mais pas catastrophiques : 13 matchs, 4 victoires, 3 défenses, 6 défaites et une 6ème place.

Son remplaçant, d’abord intérimaire puis permanent, Grant Brebner, peut se vanter (ou pas) d’avoir mené le Victory à la pire série de son histoire : 18 défaites en 26 matches. Dans ces conditions, le changement d’entraîneur (trop tardif diront certains) était la seule solution, surtout après la double-humiliation contre le voisin Melbourne City cette saison (0-6 et 0-7). Les rumeurs ont un temps occupé la toile et les journalistes, évoquant l’un après l’autre John Aloisi, Kevin Muscat, Ufuk Talay et Tony Popovic ou parlant de la promotion de Jean-Paul de Marigny d’assistant à head coach du club. Les clés de l’équipe première ont été donnée pour la fin de la saison à Steve Kean et de Marigny, en attendant donc, l’arrivée actée de “Popa”.

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A l’occasion d’un match d’AFC opposant leurs équipes respectives, Popovic et Villas-Boas se sont rencontrés en 2017

Popovic, prophète en son pays ?

Le rugueux défenseur a démarré sa longue carrière au Sydney United, dans l’ancienne NSL, où il a disputé plus de 160 matches en 8 ans. Il a ensuite passé 4 ans au Japon, avec les Hiroshima Sanfrecce, avant d’arriver à Crystal Palace, où il a joué 123 rencontres et fini capitaine. Il a été appelé 58 fois en sélection nationale. Après quelques rôles sur le banc en tant qu’assistant dans ses anciens clubs, Sydney FC et Crystal Palace, sa première expérience de numéro 1 sur le banc arrive en Australie, avec le succès qu’on connaît, aux Wanderers de Western Sydney. Il quitte le pays en héros et rejoint l’Europe une première fois, en Turquie à Karabükspor, mais l’histoire tourne court : 11 matches, 8 défaites, un remerciement après 3 mois et son nom s’ajoute à la liste des entraîneurs australiens qui ont échoué sur le vieux continent après leur succès domestique.

Son retour au pays, sur le banc du Perth Glory, pour la saison 2018-19, est une franche réussite. En 2 ans et 60 rencontres à la tête de l’ancien club de William Gallas, il enregistre 30 victoires, remporte le championnat et le titre d’entraîneur de l’année la première saison mais échoue en finale, aux pénaltys. 2019-2020 est évidemment interrompue par le COVID, à un moment où Perth joue pour les premières places. Au retour à la compétition, les problèmes financiers plombent le club, qui perd des joueurs clés et se qualifie difficilement pour les phases finales. Une défaite en demi-finale, contre le Sydney FC encore, met un terme à un exercice éprouvant. Le lendemain, Popovic est annoncé en partance pour Xanthi, grâce à une clause dans son contrat qui le laisse partir pour un club en Europe.

Suivra un autre échec pour Popa, en 2ème division grecque. Il est plus le résultat d’une mésentente avec les dirigeants du club que la conséquence du terrain. Quand le natif de Sydney quitte Athènes, Xanthi est 2ème du championnat et bien parti pour monter. Popovic a besoin d’un break, dans cette année post-COVID, et décide de rester en Europe avec sa famille, en attendant la prochaine aventure. L’opportunité de diriger une 3ème équipe en A-League, avec des pouvoirs étendus – à la tête du Victory, il aura la charge de tout le secteur football, pas seulement de l’équipe première – est trop belle. Pourtant, le chantier semble énorme, et l’attente de résultats tellement grande au Victory qu’il est difficile d’imaginer un succès aussi rapide que lors de ses deux précédentes expériences.

Est-il vraiment l’homme de la situation ?

Pour tous ses bons résultats, Popovic est aussi maintenant connu des locaux et promènent 3 casseroles dont il a du mal à se défaire : partout où il va, ses fils signent aussi ; à chaque appel des sirènes européennes, il plie bagage, et son style de football n’est pas le plus séduisant. Gabriel and Kristian, les 2 fils de Popa, l’ont suivi au Perth Glory en 2018, et joué respectivement 13 et 18 rencontres avec les violets. Au moment de partir en Grèce, ils sont aussi dans les bagages de leur père et entraîneur, même si Kristian est le seul à avoir du temps de jeu (2 matches), et ils quittent le club quand Popovic senior est remercié. Ce népotisme apparent, en tout cas vu de l’extérieur, est une tâche sur la feuille de route de Popa. Ses fils sont talentueux, et jeune (19 et 17 ans), mais ne semblent pas encore prêt pour le haut niveau qu’ils côtoient sous les ordres de leur père. Les fans exigeant du Victory seront moins patients avec leur nouveau manager si le favoritisme familial est de rigueur.

Autre crainte dans le sud de l’Australie, la tendance de Popovic de sauter dans l’avion dès qu’un club européen lui fait les yeux doux. Il a quitté Western Sydney à la 25ème heure quand un petit club turc s’est renseigné sur lui, et abandonné le navire le lendemain d’une demi-finale perdue à Perth, pour un club de 2ème division grecque (appartenant à un businessman de Sydney connu du coach et de son assistant de toujours, Zeljko Kalac). Loin de critiquer son ambition de vouloir réussir dans des pays où le football est plus populaire qu’en Australie, les fans du Melbourne Victory (et, nul doute, les dirigeants du club aussi), craignent de voir l’ancien international partir après une saison s’il connaît un succès similaire à ses précédentes saisons en A-League.

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Ola Toivonen, 25 buts en 40 matchs avec le Victory

Enfin, le style de jeu du vainqueur de la Ligue des Champions d’Asie 2015 est souvent décrié, décrit comme trop défensif et ennuyeux. Ancien défenseur de métier, Popovic privilégie une défense solide à une attaque spectaculaire. Si ce style de jeu peut quand même être source de nombreux succès (Mourinho et Simeone sourient au fond de la salle…), il n’est pas populaire chez les supporteurs du Big V. Habitués aux prouesses offensives d’Archie Thompson, Besart Berisha, Danny Allsop et Ola Toivonen plus récemment, ou au 4-2-4 pressing haut de Kevin Muscat, les suiveurs du Victory vont devoir s’habituer aux choix tactiques de leur nouveau leader. Amateur du 3421, qu’il utilise plus souvent comme un 532 défensif qu’un 343 offensif, Popa est catalogué comme un entraîneur de contre-attaques. Ses statistiques lors de ses 2 derniers exercices en Australie, 104 buts marqués pour 72 encaissés en 60 rencontres avec le Glory, ne sont pas les plus flatteuses.

Le retour de Tony Popovic sur les bancs de A-League en 2021-22 sera l’une des attractions du championnat. Le seul entraîneur à avoir jamais gagné une Ligue des Champions d’Asie aura la difficile tâche de redorer le blason du club historique de Melbourne, et de faire oublier Kevin Muscat dans le coeur des supporters du Victory. Popa est aussi en quête du seul titre qui lui a filé entre les doigts dans sa carrière de manager au pays des kangourous : une victoire dans la Grande Finale.

Crédits photos : IMAGO

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