Pierre Sage :« L’échauffement doit comporter la matrice tactique de notre séance » | OneFootball

Le plaisir compte parmi les notions importantes de l’approche de Pierre Sage dans la préparation de son équipe. Or, les joueurs du RC Lens semblent y avoir pris goût dès les échauffements à l’entrainement.

Le ballon arrive en effet rapidement dans l’équation. Le technicien précise et explique son approche : « Il y a une partie que vous ne voyez pas et qui est la préactivation, avec du travail préventif qui a lieu en salle. Il permet aussi aux joueurs d’arriver avec une certaine disponibilité corporelle pour faire les choses. Mais il y a une autre disponibilité qu’il faut absolument éveiller, c’est la disponibilité psychologique, la capacité à apprendre des informations dans un environnement changeant. Pour ce faire, les échauffements en colonne purement athlétiques, ça fait très longtemps que je les ai bannis. Quand j’ai pu assister à certains de ceux-ci dans une période récente, j’ai eu les poils qui se hérissaient. C’était très compliqué pour moi parce que je donne très peu de sens à ces choses-là. Pour autant, il y a beaucoup d’équipes qui s’échauffent encore comme ça et ça marche très bien et ça ne les empêchera pas de nous battre. C’est un parti pris, l’idée c’est de préparer le joueur, les joueurs et donc l’ensemble de l’effectif à prendre des décisions à très haute intensité avec l’idée de faire mal à un adversaire, pas faire mal dans le sens de le blesser mais lui imposer des choses. Dans les échauffements de gamme athlétique, il y a deux aspects. On échauffe le corps et non l’esprit. Le deuxième aspect, c’est que je pense que c’est très rébarbatif parce que même si les joueurs sont payés pour faire ça, quand tu fais 250 séances par an pendant 20 ans, ça fait à peu près 5000 échauffements. Tu peux t’apercevoir que si tu fais 5000 fois un échauffement en colonne, ça peut être compliqué. Je vous mets au défi de faire des talons-fesses et des genoux-poitrine à chaque fois que vous allez monter dans votre voiture, mais je suis pas sûr que ça dure très longtemps… »

« Une activité très variée »

Les échauffements eux-mêmes visent à préparer ce qui attend les joueurs par la suite. Le technicien ajoute : « Déjà l’échauffement, il doit comporter le cadre, ce que moi j’appelle la matrice tactique de notre séance. C’est-à-dire que si on travaille le déséquilibre, si on travaille le pressing ou si on travaille la sortie de balle, il faut que l’échauffement soit en phase avec ces éléments-là. Il faut que les joueurs soient sensibilisés à regarder les bonnes choses, à faire les bons efforts, les bons gestes dans des contextes qui sont très proches de ce qu’ils vont rencontrer ensuite. Donc c’est important qu’il y ait un lien entre l’aspect tactique qu’on va développer dans la séance et l’échauffement, dès le début de la séance. La chance qu’on a, c’est qu’on a une activité qui est très variée. Il n’y a pas une situation de jeu qui est identique à une situation qu’ils ont vécue. Alors il y a un certain nombre d’éléments qui font que les choses se ressemblent, que les joueurs se reconnaissent dans ces situations. Mais dans tous les cas, il n’y aura jamais une situation qui sera identique à une situation qu’ils ont déjà vécue. Cela nous amène à pouvoir apporter un peu de stabilité dans ce qu’on propose, dans l’organisation de nos semaines, dans l’architecture de nos séances. Et la variété se trouve quant à elle dans le jeu et dans le fait que la distribution du jeu amène par essence de la variété et de la variabilité. »

Propos recueillis par Christophe Schaad à la Gaillette-Gervais Martel