Lucarne Opposée
·2 décembre 2022
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·2 décembre 2022
En 1984, le Corinthians a l’occasion de remporter son premier tricampeonato paulista depuis 1939, mais se heurte au Santos de Rodolfo Rodríguez et Serginho Chulapa.
Aujourd’hui disparu, le Paulistano est encore à l’heure actuelle le seul club à avoir réussi le tetracampeonato paulista, soit remporter quatre fois consécutivement le championnat de l’État de São Paulo. Le tricampeonato, trois titres de suite, a été décroché par le SPAC lors des trois premiers championnats de l’histoire de São Paulo, par Palmeiras entre 1932 et 1934, et à trois reprises par le Corinthians entre les années vingt et trente. Santos le réussit pour la première fois entre 1960 et 1962, Pelé terminant meilleur buteur des trois éditions. Entre 1967 et 1969, Santos renouvelle son équipe autour de Pelé et décroche un nouveau tricampeonato.
Après le départ de Pelé de Santos en 1974, les champions s’alternent et le São Paulo Futebol Clube réussit le bicampeonato en 1980 et 1981, alors que le Corinthians de Sócrates conserve son titre en 1983. Un an plus tard, le Corinthians peut donc devenir le premier club depuis le Santos de Pelé à s’offrir un tricampeonato. Le Corinthians est le favori d’un championnat à vingt équipes, où toutes s’affrontent sur un format aller-retour. Juste avant le début du championnat, le Torneio Início Paulista fait son retour, une première depuis 1969. Le tournoi se dispute sur une seule journée avec des matchs de deux mi-temps de dix minutes, où le nombre de corners permet de départager les deux équipes en cas de match nul ou après une séance de tirs au but si l’égalité persiste. Au Morumbi, Santos élimine Taubaté, Marília, Palmeiras puis remporte le titre contre XV de Jaú aux tirs au but, grâce à un arrêt du gardien uruguayen Rodolfo Rodríguez et un but de l’attaquant Ronaldo Marques.
Santos débute le championnat paulista par cinq victoires consécutives, sans encaisser le moindre but. Recruté en début d’année, le gardien international uruguayen Rodolfo Rodríguez réalise de grandes performances, notamment face à l’América de Rio Petro où il enchaîne en dix secondes cinq arrêts plus difficiles les uns que les autres, forçant l’attaquant de l’América, Tarcísio à s’incliner à la fin du match : « Rodolfo Rodríguez était plus grand que le but ». En 2010, Rodolfo Rodríguez reçoit même une plaque pour la beauté de son arrêt, à l’image de la plaque de Pelé pour son but au Maracanã en 1961. Santos a également quelques joueurs qui ont joué avec la Seleção, comme Márcio, Toninho Carlos, Dema et Zé Sérgio ainsi que deux stars, le milieu Paulo Isidoro et l’attaquant Serginho Chulapa. Critiqué après la Coupe du Monde 1982, Serginho Chulapa rejoint Santos l’année suivante après avoir fait le bonheur pendant dix ans de São Paulo, où il est encore aujourd’hui le meilleur buteur de l’histoire du club. À Santos, son club de cœur, Serginho Chulapa réussit sa première année en atteignant la finale du Brasileirão, perdue contre Flamengo, et en terminant meilleur buteur du Brasileirão et du championnat paulista. Dans le championnat paulista 1984, Serginho Chulapa marque quatre buts sur les cinq premiers matchs.
Santos réalise de bons résultats sous la main de Castilho, ancien gardien de Fluminense, avec qui il dispute six-cent-quatre-vingt-dix-huit matchs, record historique du club. São Castilho se dirige ensuite vers une carrière d’entraîneur avant de se suicider en 1987, sans que les causes ne soient vraiment connues. Dans le championnat paulista, Santos enchaîne quinze matchs de suite sans défaite, de quoi décrocher la Taça dos Invictos, offerte par la Gazeta Esportiva. Serginho marque neuf buts sur le début de championnat, dont un triplé contre Botafogo. La série prend fin après une lourde défaite 4-1 contre São Paulo au Morumbi, où Serginho est expulsé pour ses retrouvailles avec son ancien club. Il rate la fin de la phase aller, conclue par Santos par trois matchs nuls et une très bonne deuxième place.
Lors de la phase retour, Santos enchaîne à nouveau les bons résultats, mais brille plus par sa défense que par son attaque. En trente-sept journées, Santos marque cinquante-trois buts, deuxième meilleure attaque derrière les cinquante-huit buts du Corinthians, mais encaisse surtout seulement dix-neuf buts, loin devant la deuxième meilleure défense du championnat, São Paulo, avec vingt-cinq buts pris. Le dernier match du championnat oppose le leader Santos au dauphin Corinthians, qui suit à un point derrière. Si Sócrates a quitté le club pour la Fiorentina et Casagrande a été prêté à São Paulo, le Corinthians, qui vit les derniers souffles de la Democracia Corintiana et rêve d’un tricampeonato inédit depuis le Santos de Pelé, aligne encore une très belle équipe, avec notamment Juninho, Wladimir, Zenon, Biro-Biro. Au milieu de terrain, Sócrates a été remplacé dans un tout autre style par un joueur de vingt-et-un ans formé à l’Internacional, un certain Dunga. Le Corinthians apparaît légèrement comme favori selon un sondage de la Folha de S. Paulo auprès de joueurs professionnels, où cent-vingt donnent le Corinthians champion contre cent-six en faveur de Santos.
Le 2 décembre 1984, le Morumbi accueille 111 345 spectateurs pour le match décisif du championnat, où Santos a besoin d’un match nul pour décrocher un premier championnat paulista depuis celui remporté en 1978. Serginho Chulapa est bien titulaire, après une deuxième phase plus discrète, où il marque cinq buts en quatorze matchs. L’arbitre de la rencontre est José de Assis Aragão, qui s’est fait remarquer un an plus tôt en marquant involontairement un but pour Palmeiras contre Santos lors d’un match du championnat paulista. L’arbitre fait une nouvelle fois parler de lui lors de la finale du championnat paulista 1984 en avertissant le corintiano Zenon, qui aurait pu légitimement obtenir un penalty. Santos obtient la dernière occasion de la première mi-temps, mais le score est toujours de 0-0 à la pause.
Au retour des vestiaires, Serginho Chulapa est proche d’un golaço en emmenant deux fois le ballon en aile de pigeon et d’enchaîner avec une frappe, légèrement très croisée. Les deux équipes se procurent des occasions et la différence se fait finalement à la 69e minute de jeu. Au milieu de terrain, Dunga transmet un ballon directement dans les pieds du santista Paulo Isidoro, qui trouve Humberto dans le rond central. Ce dernier ouvre sur le côté gauche pour Zé Sérgio, qui fixe Juninho et décale subtilement Humberto, qui a fait le déplacement sur l’aile gauche. Le gardien Carlos passe au travers, Serginho Chulapa n’a plus qu’à pousser le ballon au fond des filets et marquer son seizième but en championnat afin de rejoindre le joueur de Botafogo, Chiquinho, en tête du classement des buteurs. « Sans fausse modestie, j’ai été le meilleur du match », dira Serginho à la fin du match. Le Corinthians doit alors marquer deux buts pour être champion, mais n’en marque aucun, Aragão refusant à nouveau d’accorder un penalty au Timão sur une action litigieuse. Après un ultime ballon capté par Rodolfo Rodríguez, Aragão siffle la fin du match, Santos est champion.
Dans les vestiaires, les joueurs de Santos célèbrent le titre, à l’image de Dema : « Nous avons prouvé que nous sommes une équipe mature et expérimentée. Cette semaine, nous n’avons rien dit, seulement vu ce qu’il se passait au Parque São Jorge. Le Corinthians a même posé pour la photo de champions. Nous avons pensé : on garde ça pour le moment du match. Quand le match a commencé, on a vu qu’ils avaient peur de nous ». Santos empêche le tricampeonato du Corinthians, mais c’est pour le Peixe un succès sans lendemain, en raison notamment de difficultés financières après le recrutement de Rodolfo Rodríguez pour 120 000 dollars, une fortune à l’époque. Santos attend 1997 pour remporter un nouveau titre, avec le tournoi Rio – São Paulo à l’issue d’une finale contre Flamengo. Entre-temps, aucune équipe ne parvient à décrocher un tricampeonato paulista, il faudra attendre 2012 pour voir une équipe le faire : le Santos de Neymar.
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