On Tour : Deportivo Español 2-1 Sportivo Italiano, le “Clásico de las colectividades” | OneFootball

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La Grinta

·25 mars 2021

On Tour : Deportivo Español 2-1 Sportivo Italiano, le “Clásico de las colectividades”

Image de l'article :On Tour : Deportivo Español 2-1 Sportivo Italiano, le “Clásico de las colectividades”

La même semaine que le Superclásico argentin, et le même jour que Chacarita-Atlanta, un des clásicos les plus importants des divisions argentines, se jouait un match plus confidentiel dans le quartier du Bajo Flores. Au stade Nueva España, le Deportivo Español recevait le Sportivo Italiano, dans le “clásico de las colectividades”. La Grinta vous fait vivre un Espagne-Italie à Buenos Aires, où le héros du match fut colombien. C’est dans le sud de la ville de Buenos Aires que se rendait La Grinta pour assister à un des très nombreux clásicos de l’ascenso. S’il est beaucoup moins chaud que ceux opposant Nueva Chicago à All Boys ou Morón à Almirante Brown, il n’oppose pas moins deux clubs historiques avec un passé en première division. Sportivo Italiano, club né de la fusion de plusieurs clubs communautaires italiens (qui disputaient un championnat entre eux) dans les années 1950, est resté une année en Primera, en 1986. Le Deportivo Español y a lui un passé bien plus long, qui correspond à la période dorée d’un club aujourd’hui en perdition.

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Progression rapide et stabilisation en première division


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Fondé en 1956 par un groupe d’espagnols résidant en Argentine, le Deportivo Español va connaître une croissance rapide dès les premières années de son existence. Affilié à l’AFA en 1957 et jouant en Primera D, quatrième échelon à l’époque, le Gallego montera dès l’année suivante en Primera C, puis en Primera B en 1960. La renommée du club en hausse avec la promotion en première division en 1967 lui permettra de réaliser une tournée en Espagne, où il affrontera notamment le Real Madrid. Le club restera 5 ans dans l’élite avant de connaître une première période d’instabilité.

Le Deportivo Español qui n’a toujours pas de stade propre, redescendra en Primera C, avant que le club pose les bases de sa période dorée sous l’impulsion du nouveau président Francisco Rios Seoane. Son équipe remonte en Primera B en 1979 et dès 1981, il construit un stade de 18 000 places sur les terres cédées par la municipalité où étaient déjà présentes les autres activités sportives du club. Dès 1985, c’est la remontée en première division, où le club restera 14 ans, les plus belles de son histoire. Le Deportivo Español agrandira son stade pour le faire passer à 32000 places en 1996 pour un club ayant compté plus de 25 000 socios. De nombreux évènements célébrant l’identité des migrants espagnols sont organisés au club qui devient un épicentre de l’identité des Gallegos.

Les années 2000 : faillite et descente aux enfers

Mais les ennuis commencent dès 1998. Les premiers problèmes financiers du club accompagnent la relégation la même année, et en 1999, le juge Gariboto déclare la faillite du club qui fermera donc ses installations pour quelques jours. Des socios iront jusqu’à s’enfermer dans les installations du club afin d’éviter l’expropriation. Comme ce fut le cas de Ferro Carril Oeste et de nombreux clubs au tournant des années 2000, l’entité va passer sous le régime de la Ley de Fideicomiso. Celle-ci octroie la possibilité aux sociétés à but non lucratif (statut que partagent tous les clubs argentins) de ne pas voir leurs biens mis aux enchères pendant 3 ans, délai renouvelable deux fois durant lesquels les dettes devront être remboursées, sous peine de voir le club disparaître.

En 2003, le juge déclare la faillite et le club doit fermer ses installations, coup dur aussi bien pour la section football que pour tous les socios privés d’activités au sein du club. C’est toute la vie et l’identité (de nombreuses rues aux alentours portent des noms faisant référence à l’Espagne) d’un quartier qui son chamboulés. L’équipe professionnelle ainsi que les équipes de jeunes devront jouer leurs matchs à domicile dans d’autres stades de Buenos Aires jusqu’à la récupération des installations auprès de la municipalité en 2007. Les conséquences à long terme paraissent irréversibles, le club ayant perdu 70% de la superficie de ses installations d’origine, dont la superbe arche d’entrée, aujourd’hui propriété de la ville et de l’école de police voisine qui y a pris place. Des photos du stade prises lors de cette période montre une pelouse dans un triste état, où des arbustes ont poussé en plein milieu.

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D’un mach ennuyeux à la folie d’un clásico

C’est lorsque l’on prend place dans l’immense platea peinte en bleu ciel, blanc et rouge (couleurs du blason qui rend hommage aux maillots argentins et espagnols) que l’on se rend compte du gâchis qu’est le club, végétant aujourd’hui en quatrième division. Le reste du stade a été récemment peint tout en rouge avec quelques tons jaunes pour rappeler le drapeau espagnol et a fière allure. Une trentaine de journalistes ont été accrédités pour le match, en plus d’une délégation de dirigeants d’environ 25 personnes pour chaque équipe. Et la première mi-temps sera d’un ennui mortel jusqu’au temps additionnel où les joueurs décidèrent de faire honneur à l’esprit des clásicos. Blessé, un joueur d’Italiano demande l’assistance médicale, ce qui ne plaît pas à Leguizamón, le numéro 10 du Deportivo Español, lui ordonnant sûrement d’arrêter de simuler. Vico, le numéro 9 d’Italiano se met à discuter avec lui et lui arroge un léger coup de tête à la figure. L’arbitre décide d’expulser les deux joueurs, mais Leguizamón, dont ce c’était décidément pas la journée, reçoit une baffe spectaculaire de Vico au moment où les deux joueurs étaient en train de regagner les vestiaires. Le numéro 10 gallego eut l’intelligence de ne pas en rajouter, se contentant de regarder l’arbitre de touche et les tribunes l’air incrédule.

La deuxième mi-temps, grâce aux espaces laissés par les deux joueurs en moins, sera bien plus vivante. Le Deportivo Español sera d’abord plus entreprenant et ouvrira le score par Mazza, à la réception d’un centre à ras de terre ayant traversé toute la surface azzurra. Italiano va alors pousser et le match va d’un but à l’autre, le Tano faisant le siège de la surface gallega, ces derniers profitant des espaces laissés en contre. Le Sportivo Italiano parviendra à égaliser à l’issue d’une superbe action collective par Bifiguer à la 77ème minute. Les deux équipes chercheront ensuite à l’emporter, et alors qu’on pense se diriger vers un match nul, l’arrière gauche colombien profite d’un mauvais renvoi de la défense azzurra pour claquer une somptueuse demi-volée dans le petit filet. C’est du délire chez les dirigeants du Depor, le président du club faisant fi du protocole sanitaire en s’introduisant sur la pelouse pour fêter le but dans la pyramide des joueurs. On en restera là et le match se termine avec les chants des dirigeants « dale Español, dale Español ».

C’est une petite joie dans un quotidien compliqué pour le club. On ne peut s’empêcher de penser que la faillite du début des années 2000, combinée à la perte importante du nombre de socios va condamner le Deportivo Español à rester dans les divisions inférieures. Les premières générations de migrants espagnols n’étant plus là, le sentiment d’appartenance à la communauté est également en train de se perdre avec les nouvelles générations se sentant surtout argentines. Mais au vu de son passé et de son stade, l’institution mérite au moins d’être à l’échelon supérieur, voire, avec l’extension de la B Nacional à une quarantaine d’équipes, d’aspirer à se stabiliser en deuxième division.

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