Olympique-et-Lyonnais
·28 septembre 2023
OL : y a-t-il un capitaine à bord du navire ?

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·28 septembre 2023
"Ça n’arrive pas qu’aux autres". Nicolas Puydebois le rabâche depuis des mois sur le plateau de Tant qu'il y aura des Gones. Depuis plusieurs mois, le déclassement de l’OL se fait sentir, mais le bateau réussissait malgré tout à garder un certain cap. Il y avait bien toutes ces années sans Europe (trois sur les quatre dernières) mais le club n’était pas tombé aussi bas qu’actuellement. Dix-septième de Ligue 1, l’OL n’a toujours pas gagné le moindre match après six journées.
Si l’on veut pousser le triste bilan encore un peu plus loin, depuis la victoire contre Reims en mai dernier pour les adieux de Jean-Michel Aulas, les Lyonnais n’ont remporté qu’un match. C’était contre De Treffers au tout début de la préparation estivale et dans les ultimes minutes. L’OL n’est plus un lion en cage prêt à rugir, il est une bête blessée et dont on se demande si les blessures peuvent être soignées.
Dimanche à Brest, c’est une équipe sans âme ni fierté qui a rendu une bouillie collective qui a eu le mérite de déjà faire sortir de ses gonds Fabio Grosso. L’entraineur italien savait que le chantier était immense à Lyon, il ne s’attendait sûrement pas à voir un collectif éclaté en mille morceaux. Le constat avait déjà été fait par Laurent Blanc et même s’il a eu ses torts dans ce début de saison raté, l’entraîneur avait eu une certaine analyse juste de la situation lyonnaise. Le gros paquebot qu’était l’OL ces vingt dernières années se retrouve aujourd’hui sans capitaine.
Après 36 ans de Jean-Michel Aulas et de son omniprésence, qui dirige désormais à Lyon ? Là n’est pas de réhabiliter l’ancien président, la déchéance lyonnaise ayant commencé sous son règne, mais il avait au moins pour lui de sortir les muscles (à tort ou à raison) quand la situation l’imposait. À Brest, pour la première de Grosso, aucun membre de l’état-major n’était présent dans les travées de Francis-Le Blé. Une "situation exceptionnelle" d’après le club, mais le symbole d’un navire dans lequel personne ne tient la barre. En faisant ses débuts, l'Italien aurait certainement aimé se sentir soutenu, au moins publiquement.
De passage pour OL - Le Havre, John Textor n’a pas fait de vieux os dans la capitale des Gaules. Tout sauf une surprise puisque l’Américain avait tout de suite planté le décor avec une présence restreinte entre Rhône et Saône. Il est aujourd’hui plus occupé à jouer les directeurs sportifs ou à tenter de rassurer les investisseurs à la recherche de liquidité. En maintenant Aulas à la présidence, il souhaitait garder un peu de l’ancien héritage et une personne investie à 100%. Les guerres d’ego et de pouvoir ont eu raison de ce mariage, mais aujourd’hui, l’exécutif fait défaut.
Santiago Cucci nous avait bien dit qu’il se "consacrait à 1000% dans un projet" la première année, quitte à penser et ne vivre que pour ce challenge. En coulisses, l’ancien boss de Docker’s est bien présent, a dirigé les réunions avec la DNCG. Seulement, on est loin du président omniprésent. Il est plus un travailleur de l’ombre et sa sortie médiatique après OL - PSG n’avait pas forcément convaincu les suiveurs du club, notamment sur la partie stratégique d’Eagle Football avec l’OL. Le club navigue à vue et voir Cucci ne s’occuper que des affaires courantes plus que sportives n’aurait rien de choquant, bien au contraire. Encore faudrait-il qu’il y ait un directeur sportif pour s’occuper de la question du terrain.
À l’instant T, quels sont les vrais interlocuteurs ? Personne ne le sait vraiment. Les joueurs ont d’abord entretenu ce flou en fin de saison dernière quand Lacazette avouait ne pas savoir à qui parler de l’option Umtiti. Ce vide a été renforcé dans l’été avec un mercato où Matthieu Louis-Jean a joué les chefs du recrutement couplé d’une casquette de DS que personne n’assume complètement, Textor se croyant par moments dans Football Manager avec les recrutements de Jeffinho, Maitland-Niles et O’Brien.
Dans la tempête actuelle, il manque un homme fort pour taper du poing. Grosso donne l’impression d’avoir un certain caractère, mais avec tout le travail qu’il a à régler sur le terrain, une aide ne serait pas de trop. Dernièrement, Textor avait répété son refus d’installer un directeur sportif dans l’organigramme. Pourtant, dans le naufrage lyonnais, voir quelqu’un prendre le "lead" serait bénéfique. Pas forcément besoin d’un Juninho qui avait peut-être pris un peu trop son rôle à cœur, mais une personne capable de dire les vérités dans l’intimité du vestiaire comme face caméra. On reproche aujourd’hui aux joueurs d’avoir un certain pouvoir et que l’institution se retrouve plus faible que jamais, mais en continuant de la sorte, rien ne changera.
Durant son mandat, Juninho avait déjà pointé l’état d’esprit collectif à revoir dans le club. C’était il y a quatre ans et rien n’a changé depuis car Grosso a déjà souligné ce défaut après seulement une semaine. On a beau entendre le discours d’une remise en question, cette soupe a été servie bien trop de fois pour qu’on lui accorde encore de l’intérêt. Les leaders (Tolisso, Lacazette, Lopes, Caqueret) sont attendus au tournant. Aujourd’hui, ils ne sont pas les garants de cette culture de la gagne qui faisait la renommée de l’OL.
Cela prête à sourire chez certains au sein du club, mais l’OL est en train de se transformer en une saga à succès et ce n’est malheureusement pas sur le terrain que la réussite est au rendez-vous. À chaque jour sa révélation, tel Dallas où les coups bas et absence de révolte sont légion. Il y a urgence car, à force de vivre dans le passé, le club est en train de suivre les traces des Saint-Etienne, Bordeaux. Des clubs qui sont aujourd’hui en Ligue 2 à force de ne pas voir la vérité en face et de ne pas se remettre en question.