OL - Sonia Bompastor : "Je dépends avant tout des résultats" | OneFootball

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Olympique-et-Lyonnais

·17 avril 2024

OL - Sonia Bompastor : "Je dépends avant tout des résultats"

Image de l'article :OL - Sonia Bompastor : "Je dépends avant tout des résultats"

Pendant la trêve internationale, Sonia Bompastor a accordé un long entretien à Olympique-et-Lyonnais. Loin des rumeurs de départ, la coach de l'OL est revenue sur ses trois ans à la tête de l'équipe, son évolution personnelle et celle de l'entraîneure qu'elle est.

Olympique-et-Lyonnais : Vous avez passé le cap des 100 avec l'OL cette saison. Comment jugez-vous votre évolution depuis trois ans ?

Sonia Bompastor : J'ai beaucoup progressé. J'ai eu la chance pour ma première expérience comme coach principale d’avoir l’une des meilleures équipes du monde donc l’apprentissage a été en accéléré. Depuis trois ans, j’ai beaucoup évolué dans tous les domaines, que ce soit sur le coaching, le management, ma relation avec les joueuses, le staff. J’arrive à avoir l’équilibre entre la confiance en moi, sur les compétences et l’expérience que j’ai acquises comme joueuse, sur le fait de m’entourer de bonnes personnes qui sont complémentaires par rapport à mes compétences et qui sont capables de me dire les choses quand c’est bien ou moins bien.


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Et il y a cet équilibre avec la remise en question qu’est nécessaire au plus haut niveau. Encore aujourd’hui, j’apprends. C’est ma troisième saison et le groupe a peu évolué, mais chaque année est différente et apporte son lot de bonnes et moins bonnes choses. J’ai toujours cette volonté d’être la meilleure possible.

Le métier d'entraîneur est usant mentalement et physiquement. Vous êtes-vous fixée un certain temps dans ce métier ou passer à autre chose ?

Dans le cadre de notre métier, je suis obligée d’anticiper et d’avoir une vision à court, moyen et long terme même si on sait qu’une carrière d’entraîneur, on est dans le moment présent et qu’on dépend des résultats. Il faut l’accepter et c’est quelque chose que j’ai intégré. Mais quand tu arrives dans un club, tu as forcément un objectif et un projet à moyen terme. D'ailleurs, je me sens bien en club et dans le travail au quotidien plus que dans un rôle de sélectionneuse. Tu essayes de construire dessus. Mais je suis quelqu’un qui vit au jour le jour, je ne suis pas carriériste.

Aujourd’hui, je peux dire que j’ai deux métiers. Je suis à la fois entraîneure de l’OL féminin et je suis maman et ça ne pose pas de soucis de me dire que demain, je retourne à un métier de maman avec un autre métier que celui d’entraîneure. Au fond de moi, le foot reste ma passion depuis mon plus jeune âge et tout a tourné autour. C’est un peu paradoxal parce que le foot a toujours été présent dans ma vie et à côté, je n’ai aucune crainte de me dire que je peux ne plus être coach demain. Je laisse venir les choses à moi et ce sont les opportunités de la vie qui me guident.

"Aucune crainte de revenir à une vie lambda"

La transition entre la carrière de joueuse et d'entraîneure n'a-t-elle pas été difficile ? On parle souvent de petite mort...

L’arrêt de ma carrière n’a pas été vécu comme ça de mon côté. Je peux comprendre certains athlètes, mais personnellement non, je savais que derrière, au-delà du métier que j’allais choisir, j’avais aussi le projet de fonder une famille et c’était un projet solide auquel je me raccrochais. Je n’ai peur de rien. Si je dois revenir à une vie complètement différente de celle aujourd’hui, je n’ai aucune crainte d’y arriver parce que j'ai déjà connu ça.

À votre époque, avoir un enfant en carrière était presque tabou. Cette volonté de fonder une famille joue peut-être aussi à mieux passer le cap de la retraite sportive...

Ma génération a connu le foot professionnel tard. Je me suis toujours construite en me disant : "il faut que je prépare ma reconversion". Pendant ma carrière de joueuse, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, mais aussi dans le management, dans la communication. J’avais un bagage scolaire et je me suis toujours dit que si le foot s’arrêtait, j’aurais quelque chose derrière. Ça te prépare. La vie de famille peut jouer aussi chez les femmes, mais il y a aussi la question du salaire. Tu es obligée de te dire que tu vas passer d’un salaire plus que correct à quelque chose de plus classique, plus lambda. Mais, ce qui m’a aidé est que même quand j’ai été au summum de ma carrière comme joueuse, je n’ai pas changé mon train de vie. Je suis toujours restée quelqu’un de "normal" (sourires).

L'envie d'être coach a-t-elle été toujours en vous ou est-ce venu plus tard ?

Jusqu’à très tard dans ma carrière et même jusqu’au moment où j’ai décidé d’arrêter, je ne pensais pas que je resterais dans l’encadrement du foot même si j’avais passé mes diplômes. Au départ, mon envie était de prendre du recul avec le haut niveau avec les mises au vert à l’hôtel, les déplacements… Je voulais une vie plus posée, être proche de ma famille et fonder la mienne. J’avais besoin de me retrouver et puis le président Aulas m’a très rapidement proposé le poste à l’Académie. Je m’y suis lancée parce que l’opportunité est venue. Avec le recul, je me dis que ce poste de directrice était parfait pour pouvoir mener ma vie de famille et le foot que j’aime tant.

On parle souvent des inspirations des coachs masculins, mais quelles sont les vôtres ?

Je suis quelqu’un d’ouvert d’esprit, j’aime échanger, j’aime partager. Je me documente pas mal, j’ai envie d’apprendre, peu importe l’âge, l’expérience, on apprend toujours dans la vie. J’ai été impactée par deux coachs dans le football féminin. Comme formateur avec Gérard Prêcheur que j’ai connu à Clairefontaine. Il m’a fortement impactée avec une manière et une vision différente de la footballeuse, notamment sur l’aspect tactique. Et la deuxième personne est forcément Patrice Lair.

Il me parlait beaucoup et il m’a beaucoup apporté sur l’aspect de la motivation, du leadership, le curseur d’exigence. Après dans le foot masculin, il y a beaucoup de bons entraîneurs, je regarde beaucoup de matchs en général. J’ai lu pas mal de bouquins de certains coachs sur le management surtout. Avec mon expérience d’ancienne joueuse, quand il y a des choses que je lis, qui m’inspirent et que je sais transposable dans le foot féminin, je pioche forcément dans le foot masculin. Même si je m’appuie beaucoup sur mon expérience d’ancienne joueuse, car j’ai pu vivre ce qui marchait ou ne marchait pas en club ou avec la sélection.

"J'aime beaucoup l'approche de Pierre (Sage)"

À l'OL, il y a aussi Pierre Sage que l'on considère comme un puits de science. Quelles sont vos relations ?

On se voit un peu moins maintenant qu'on est en place tous les deux (sourires). Je l’ai davantage connu à l’Académie, on avait créé une cellule méthodologique avec Jean-François Vulliez. On était tous les trois très impliqués et ça nous amenait à avoir énormément d’échanges. J’aime beaucoup son approche et sa vision du football. Il est adepte du jeu de position, c’est quelque chose qui me parle, car je m’en sers aussi, pas que, mais je le fais. Il y a des similitudes dans notre vision.

On dit souvent qu'entraîner une grande équipe relève avant tout de la psychologie plus que de la tactique. Êtes-vous d'accord ?

Si tu veux être performant au plus haut niveau, les quatre facteurs de la performance sont aussi importants les uns que les autres. À un moment donné, quand on regarde les résultats de l’OL féminin, il y a de très bonnes joueuses forcément, il y a eu une domination par rapport à la qualité de l’effectif. Ça se resserre dernièrement que ce soit en Europe ou en France donc l’aspect tactique est de plus en plus important pour gagner les matchs.

Maintenant, pourquoi on a gagné autant de titre à l’OL ? Parce qu’on a de vraies compétitrices, que ce soit Wendie Renard ou encore Ada Hegerberg. Il n’y en a pas dans tous les clubs et à un moment donné, ce sont ces joueuses qui font basculer le match sur l’aspect mental. Les quatre facteurs sont tous importants, mais il y a des moments dans la saison ou dans un match dans lesquels la dominante mentale prend le dessus.

Retrouvez la deuxième partie de cet entretien jeudi matin sur le site d'Olympique-et-Lyonnais.

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