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·3 juin 2021

New York Red Bulls VS New York City FC : à la croisée des chemins

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Depuis 2015, New York est divisé en deux : les rouges et les bleus, le groupe Red Bull et le City Football Group, New York Red Bulls et New York City FC. Mettre une équipe de « soccer » à New York, c’est s’assurer une belle visibilité et jouir de la notoriété de la ville la plus peuplée (+8M d’habitants), une des plus touristiques, mais surtout des plus sportives du pays.

Le club de NYRB fait partie des dix premières équipes à avoir intégré la Major League Soccer en 1996 tandis que NYCFC est arrivé en 2015 comme équipe d’expansion en même temps qu’Orlando City SC. C’est alors à ce moment-là la deuxième fois qu’une ville accueille deux équipes de MLS après Chivas USA (disparu en 2014) et LA Galaxy dans la ville californienne de Los Angeles. Depuis, on sent qu’un basculement sportif et structurel se fait entre la franchise fondatrice et celle d’expansion. Alors qu’en est-il vraiment ?


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New York reboosté par Red Bull

La ville de New York compte pas moins de dix équipes parmi les cinq Ligues majeurs Américaines. Dans chacune d’entre elles, deux franchises s’affrontent : les Knicks et les Nets en NBA, les Rangers et les Islanders en NHL, les Jets et les Giants en NFL, les Yankees et les Mets en MLB et donc New York Red Bulls et New York City FC en MLS.

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En Major League Soccer, une première équipe de soccer est fondée à New York en 1994 par John Kluge et Stuart Subotnick afin d’intégrer le championnat en 1996 lors de la saison inaugurale avec comme premier nom Empire Supporters Club. En changeant pour New York/New Jersey MetroStars (car elle est basée à Harrison dans le New Jersey), cette appellation a ensuite été donnée au plus ancien groupe de supporter du club de la Ligue à partir de 2006.

Par la suite, les MetroStars (nom facilité en 1998) sont rachetés par la firme Red Bull qui lui donna le nom de New York Red Bulls. Quand sportivement pendant deux décennies, l’équipe ne s’était contenté que de demi-finales de conférence avec des qualifications dans la douleur, elle s’est trouvée une nouvelle jeunesse. Seulement trois saisons après leur rachat, ils atteignent pour la première fois la MLS Cup en 2008 (perdu 3-1 contre Columbus Crew) et remportent un 1er Supporters’ Shield en 2013. On peut donc dire que c’est vraiment Red Bull qui a donné des ailes à New York qui a accumulé cinq première place de Conférence depuis leur arrivée et trois Supporters’ Shield (2013, 2015 et 2018).

Red Bull : Secrets d’une énergie grandissante dans le monde du foot !

Cependant, ce rebranding n’a pas fait l’unanimité car beaucoup de fans ont vu d’un très mauvais œil l’arrivée d’une marque de boisson énergisante sponsoriser leur équipe. Mais force est de constater qu’après être passé du Giants Stadium (1996-2009/82.282 spectateurs maximum) à la Red Bull Arena (depuis 2010/25.189 spectateurs maximum) qui est un vrai stade de soccer, l’affluence moyenne s’est maintenu autour des 19.000 spectateurs et de façon assez régulière tandis qu’avant le rachat de la franchise, le nombre de spectateurs variait à environ 15.000 personnes dans le stade.

L’idée n’est pas de se faire voir uniquement comme une vitrine supplémentaire pour Red Bull qui fait déjà sensation dans les sports extrême, mais la volonté de s’étendre dans le football est bien là comme expliqué ci-dessus. Rien de plus logique donc de s’intéresser à un championnat qui connaît une croissance lente mais sérieuse, assez sérieuse en tout cas pour débarquer à New York. Bien plus qu’un simple sponsor, c’est donc toute la franchise qui se voit changée, du nom au logo en passant par le stade. Mais pour ne pas perdre ces fans de la première heure qui voyaient cette arrivée comme la perte d’une réelle entité de la MLS, Dietrich Mateschitz, le nouveau propriétaire ne devait pas se rater en terme de recrutement afin de rester attractif. Il fait alors venir des stars et joueurs expérimentés comme Claudio Reyna (2007-2008), Juan Pablo Ángel (2007-2010), Thierry Henry (2010-2014), Rafael Marquez (2010-2012) ou encore Tim Cahill (2012-2015). Mais le succès ne vient pas directement et la mayonnaise ne prend qu’à partir des années 2010 avec huit trophées (vainqueur Conférence Est et Supporters’ Shield) entre 2010 et 2018.

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Après l’intégration dans le paysage de la MLS et le stade en 2010, NYRB s’attaque ensuite à créer une équipe réserve qui évolue en USL (United League Soccer) depuis 2015 : New York Red Bulls II. Cette équipe a pour but de former les jeunes joueurs formés à l’académie et de les faire progresser afin d’aspirer à une place en MLS, en passant par la réserve. C’est ce qui est arrivé à plusieurs d’entre eux ces dernières années. L’exemple le plus accompli est Tyler Adams, passé par toutes les catégories de New York et qui évolue maintenant à RB Leipzig (club aussi géré par Red Bull), un des top club de Bundesliga.

Mais depuis quelques temps, le club baisse en qualité, l’académie est moins performante tout comme l’équipe réserve notamment en terme de résultats en USL, et le recrutement des joueurs est moins qualitatif qu’avant. À la place des nombreux joueurs « homegrown », ce sont surtout des joueurs issues de la MLS SuperDraft qui sont utilisés. Alors certes, certains cadres sont toujours là (Sean Davis, Aaron Long, Daniel Royer), mais peu de joueurs formés par le club sortent du lot et le recrutement des « Joueurs Désignés » est catastrophique. Le dernier qui a vraiment réussi est l’attaquant emblématique Bradley Wright-Phillips (meilleur buteur de l’histoire du clubs, 126 buts en 240 matchs de 2013 à 2019). Autrement, Kaku Romero (2018-2020), Josh Sims (2019-2020) ou Gonzalo Veron (2015-2017) n’ont pas été de grandes réussites récemment contrairement à des Thierry Henry (2010-2014), Sacha Kljestan (2015-2017) ou même Juan Pablo Angel (2007-2010). En 2021, le club a comme seul Designated Player l’attaquant Polonais Patryk Klimala en provenance du Celtic FC, Dru Yearwood étant passé comme joueur de l’initiative U22 avec un passage plus que décevant depuis son arrivée en août 2020.

Entre un centre de formation largement moins utilisé et performant qu’avant (dépassé par le FC Dallas, Philadelphia Union ou encore son rival New York City FC pour ne citer qu’eux) et un recrutement moyen, l’équipe de Red Bull perd donc logiquement en régime et cela commence à se sentir sportivement. Meilleure équipe de la saison régulière en 2018, ils n’ont pas passé le premier tour depuis deux ans maintenant ce qui n’était pas arrivé depuis leur non qualification en play-offs en 2009, preuve que l’équipe est de moins en moins bien structurée et que cela se ressent sur le terrain.

Néanmoins, dans la morosité du club, une pépite s’est révélée fin 2020 et démontre tout son potentiel en 2021 : Caden Clark ! Issue de l’académie Minnesota Thunder, il intègre la prestigieuse Barça Residency Academy (comme un certain Matthew Hoppe) avant d’arriver à New York Red Bulls II en février 2020. Huit mois plus tard, il signe son premier contrat professionnel avec l’équipe MLS et inscrit un but somptueux d’une reprise de volée à l’entrée de la surface contre Atlanta United, rien que ça ! Vu son talent décelé à seulement 17 ans et le pipeline avec la firme Red Bull, Clark devrait rapidement connaître un destin similaire à celui de Tyler Adams qui a été transféré à RB Leipzig en Bundesliga après avoir fait toutes ses classes à New York Red Bulls. Il pourrait par la même occasion, retrouver un ancien de la maison, l’entraîneur Américain Jesse Marsch qui a officié sur le banc du club MLS (2015-2018) avant d’atterrir sur celui de Red Bull Salzburg. Quoi qu’il en soit, il ne devrait pas rester longtemps sur la côte Est du pays de l’Oncle Sam.

Alors quel avenir pour celle qui fait partie des dix franchises fondatrices de la MLS ? Va-t-elle se relever ou est-elle vouée à devenir l’ombre de New York City FC, arrivée en 2015, et qui progresse à vue d’œil ?

Puis concurrencé par le City Football Group

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Depuis 2005, Red Bull s’est installé dans le paysage du football en rachetant l’année suivante la franchise de New York. En 2008, le City Football Group fait son apparition en rachetant Manchester City puis comme son “concurrent”, ils s’installent dans un second temps en Amérique en fondant de toute pièce la franchise de New York City FC en 2013 qui fait son entrée comme équipe d’expansion de la MLS en 2015. La grosse ombre dans le tableau de ce club est qu’ils jouent toujours dans le Yankee Stadium qui est le stade de baseball des New York Yankees, ce qui rend la visibilité des matchs très compliqué pour les spectateurs et téléspectateurs.

Des liens se font alors directement entre Europe et États-Unis avec les arrivées dès la saison inaugurale des défenseurs de Manchester City Shay Facey et Angeliño, mais surtout de la légende anglaise Franck Lampard ainsi que le buteur David Villa, Champion du Monde avec l’Espagne en 2010 et passé par l’équipe de A-League australienne Melbourne City, elle aussi membre du CFG ! Avec le recrutement de la star mondiale italienne Andrea Pirlo, NYCFC voulait s’inspirer du mouvement en vogue à ce moment-là en MLS comme la venue de Kaka à Orlando City SC (l’autre expansion de 2015), Steven Gerrard à LA Galaxy, Sebastian Giovinco à Toronto FC ou encore Didier Drogba à l’Impact Montréal.

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Malgré tout, les résultats ne viennent pas dès la saison inaugurale (avant dernier de sa conférence) mais bien la saison suivante. Et ce qui marque, c’est la régularité de leurs résultats. En 2016 et 2017, l’équipe emmenée par un David Villa étincelant termine second de la conférence Est derrière New York Red Bulls puis Toronto FC avant de finir 3ème derrière ces deux même équipe en 2018. C’est en 2019 (et paradoxalement sans son meilleur buteur David Villa) que l’équipe réalise la meilleure performance de son histoire avec une 1ère place de sa conférence. Cependant, ils échouent à chaque fois en demi-finale de conférence des play-offs. Régulièrement donc, depuis leur entrée dans la Ligue, NYCFC termine la saison régulière devant NYRB.

Et ces bonnes performances qui perdurent, ils les doivent aussi de plus en plus à la détection de jeunes bons joueurs. Le premier exemple est le milieu de terrain Jack Harrison. Récupéré lors de la MLS SuperDraft 2016 par Chicago Fire, New York City flaire le bon coup et l’échange contre Brandon Vincent et de l’argent d’allocation. Il faut savoir qu’avant ça, le club avait tenté de le rendre éligible comme joueur “homegrown” (formé au club) étant passé par Manhattan Soccer Club (2013-2015) qui est un club de jeunes affiliés. Mais cette demande a été rejetée par la MLS. Après deux belles saisons à New York et malgré l’intérêt de clubs européens, le City Football Group fait marcher ses affiliations (comme Red Bull le fera ensuite avec Tyler Adams entre New York Red Bulls et RB Leipzig NDLR) et Manchester City recrute le jeune Anglais de 21 ans qui régale maintenant en Premier League, en prêt à Leeds United. La formation devient ensuite un point d’ancrage au développement du club qui n’hésite pas à faire jouer les jeunes comme James Sands en 2017, Joe Scally en 2018 (transféré au Borussia Mönchengladbach avant même qu’il ne joue le moindre match de MLS) et plus récemment Andres Jasson en 2021 qui est d’ailleurs le joueur local qu’il faudra suivre dans les prochaines années et tout ça malgré l’absence d’équipe réserve. Sans club en USL (2ème division) à l’inverse de son rival, les jeunes ont finalement plus rapidement leur chance ce qui n’est pas plus mal mais au vu du développement de la formation, ils devraient en créer une dans les prochaines années.

Le jeune Jasson, ailier américain de 19 ans qui a signé son premier contrat professionnel en novembre 2020 joue déjà de sa polyvalence (les deux ailes et milieu offensif) pour faire ses débuts en MLS depuis le début de la saison 2020 et est entouré d’une belle équipe de jeunes talentueux (Sands (20 ans) et Parks (23 ans) au milieu, Medina (24 ans) et Castellanos (22 ans) en attaque) pour apprendre et progresser.

A partir de la page 32 du 2ème numéro de Magazine League Soccer, un dossier parle des liens entre les clubs MLS et l’Europe comme cela se fait pour les deux équipes de New York puis un autre est sur cette fameuse formation nord-américaine qui réussit de plus en plus à NYCFC. Vous pourrez ainsi y approfondir ces deux sujets.

Mais alors depuis l’arrivée du City Football Group en MLS en 2015 après celle de Red Bull quelques années plus tôt qui sont deux groupes en concurrence indirecte, existe-t-il une concurrence sportive ou politique qui va au-delà de la rivalité entre deux clubs cohabitant dans la même ville en sachant que seul ce championnat possède une équipe de chaque groupe ? Et bien non d’après Aurélien Collin l’actuel défenseur français de Philadelphia Union passé par les Red Bulls de 2016 à 2018 :

“Par rapport aux groupes (CFG et RB), au niveau du groupe non, la rivalité c’est seulement parce qu’on est dans une ville et qu’il y a deux équipes, tout simplement !”

La course aux résultats entamés par City et Red Bull en Amérique se fait donc à distance à travers deux franchises de la Conférence Est dont l’une commence à montrer des signes d’essoufflements quand l’autre se place de plus en plus comme une équipe émergente et importante de son championnat. Il sera donc intéressant de suivre l’évolution des équipes de New York aussi bien sportivement qu’à travers la formation de leurs jeunes qui feront ensuite le bonheur des clubs européens après avoir fait celui de la MLS.

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