
Arsenal French Club
·18 juin 2025
Myles Lewis-Skelly & Ethan Nwaneri : L’ascension programmée

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·18 juin 2025
Arsenal revit depuis quelques saisons et voit son ambition grandir d’année en année dans l’espoir de glaner de nouveau un trophée en Premier League et s’affirmer comme une grande écurie européenne. Pour cela, le club souhaite en partie s’appuyer sur son centre de formation afin de favoriser l’éclosion de jeunes joueurs (Wilshere, Bellerín, Saka, Smith Rowe…). Déménagement à Colney, arrivée de Mertesacker au poste de directeur de l’Academy, tout est mis en place pour devenir une fabrique de talents et faire fructifier ce vivier pour l’emmener vers les sommets. Cette saison, deux d’entre eux se sont particulièrement illustrés pour engranger du temps de jeu et intégrer la rotation malgré une concurrence avérée et un niveau de compétitivité toujours plus élevé : il s’agit de Myles Lewis-Skelly et Ethan Nwaneri.
Pour les suiveurs d’Arsenal, leurs noms n’étaient pas inconnus. D’une part parce qu’Ethan Nwaneri était déjà apparu sur une pelouse en professionnel en septembre 2022 contre Brentford, battant ainsi le record détenu par Cesc Fabregas, en devenant le plus jeune joueur à faire ses débuts dans l’histoire du club et de la Premier League à 15 ans et 181 jours. Et si son entrée en jeu apparaissait plus comme une symbolique, elle montrait déjà la confiance du club envers son jeune milieu de terrain pour l’avenir.
D’autre part, lui et son compère Lewis-Skelly étaient apparus dans le documentaire Inside Hale End dédié à l’Academy d’Arsenal et diffusée sur la chaîne Youtube du club. On y suit les différentes catégories de jeunes, et leur passage en catégorie U16, époque où les deux joueurs étaient déjà surclassés.
Décrit comme un phénomène de précocité, Ethan Nwaneri n’est pas un joueur « normal » qui fait que l’on voit grand pour lui du fait de ses nombreuses qualités. C’est ce qu’affirmaient les journalistes Cédric Chapuis et Dave Appadoo dans un épisode du podcast « Big 5 » consacré à Arsenal, ce dernier n’ayant pas raté une miette de ses prestations étincelantes à l’Euro U17, tantôt en tant que faux 9 tantôt en numéro 10.
Même si son poste de prédilection est moins exposé que celui de son meilleur ami, Myles Lewis-Skelly a lui aussi brillé en jeunes. Courtisé dès ses 11 ans par des agents selon The Evening Standard, le milieu de terrain de formation, au profil vif et puissant impressionnait ses coachs par sa capacité à faire la différence balle au pied.
“Depuis qu’il est jeune, c’est un des meilleurs pour recevoir la balle dos au jeu. On ne dirait pas qu’il va vite car il bouge à son rythme, mais il sait parfaitement ouvrir le jeu, il est très puissant.” Julian Gray, ancien coach des deux joueurs en U16 et U18
Récemment, il a lui aussi battu un record en étant le plus jeune joueur de l’histoire des “Three Lions” à marquer pour sa première sélection (face à l’Albanie), à 18 ans et 176 jours.
Doté d’une forte personnalité malgré son jeune âge, il s’est déjà offert quelques frictions avec certains de ses adversaires, à l’image de la double confrontation contre Manchester City, où il se prend la tête avec Haaland, avant d’imiter sa célébration après son but au match retour. Ou encore son chambrage envers les supporters de Tottenham, doigt sur la bouche pour leur demander de se taire.
@arsenal One of our own, Myles Lewis-Skelly ❤️ #arsenal #afc #premierleague ♬ original sound – arsenal
En interne, certaines personnes le voient comme un futur capitaine potentiel, le club lui ayant même confié un rôle de mentor auprès de Max Dowman, autre joueur à suivre de Hale End.
Meilleurs amis depuis l’âge de 6 ans, et toujours surclassés en catégories de jeunes, leur intégration au groupe de l’équipe première apparaît finalement logique, même si Nwaneri ne pourra officiellement accéder au vestiaire les jours de match qu’en mars 2025, date à laquelle il a fêté ses 18 ans, et conformément au règlement de la Premier League.
Ethan Nwaneri se voit récompensé après un exercice complet en 2023-2024 et une ligne de statistiques plus que correcte. Auteur de 10 buts et 2 passes décisives en 13 matchs de PL U21 à seulement 17 ans, il paraphe son premier contrat professionnel à l’issue de la saison. Si la marche est encore haute compte tenu de l’écart de niveau entre les catégories de jeunes et le monde professionnel, Mikel Arteta l’intègre en douceur cette saison dans un secteur pourtant concurrentiel.
Vif, technique et très agile balle au pied, sa qualité de percussion a permis d’apporter de la vitesse dans le jeu des Gunners cette saison, dans une attaque orpheline de Saka absent une partie de la saison et qui éprouvait des difficultés à déstabiliser les défenses, en particulier les blocs bas.
Souvent positionné à l’aile pour pallier l’absence de Saka, il a disputé un total de 37 rencontres dont 16 en tant que titulaire pour 9 buts et 2 passes décisives. Si l’on s’intéresse de plus près aux statistiques, il est le 5ème meilleur buteur du club cette saison ex-aequo avec Rice et Merino, mais avec un ratio buts/match plus élevé que ces derniers (0,58 contre 0,2 et 0,31).
Doté d’une bonne frappe de balle avec son pied gauche, près d’un tir cadré sur deux a terminé au fond des filets, avec 0,45 buts/tir cadré, et le meilleur ratio Buts/xG de l’effectif (+4,1). L’occasion d’apercevoir ce qui pourrait s’apparenter à un geste signature, en rentrant fréquemment sur son pied gauche pour enrouler au second poteau, et qui n’est pas sans rappeler un certain Thierry Henry. La comparaison avec la légende s’arrête là (en tout cas pour l’instant), au même titre que celle que l’on serait tenté de faire avec Bukayo Saka étant donné les statistiques stratosphériques du “Starboy” (12 buts et 13 passes décisives en ayant raté un peu plus de 3 mois de compétition).
2ème plus jeune buteur de l’histoire d’Arsenal en Premier League à 17 ans et 247 jours, il est élu joueur du mois de février par les supporters, avant de voir son influence réduite à partir du mois de mars. En cause un temps de jeu moins conséquent et plus de difficulté à faire des différences sur le pré, face à des adversaires qui commencent peu à peu à le connaître.
Une fin de saison plus délicate mais très prometteuse pour le jeune milieu de 18 ans, qui aura à cœur de se faire une place dans la rotation l’an prochain.
Pour Myles Lewis-Skelly, l’histoire commence un jour de septembre 2024. Aligné sur le banc face à Manchester City, l’Anglais se fait remarquer une première fois, en se faisant avertir sans même être entré en jeu à la 65ème minute. La raison ? Ce dernier a conseillé à David Raya de rester au sol et simuler une blessure pour gagner du temps alors que les Gunners menaient à 10 contre 11. Il finira par rentrer en jeu à la 90ème minute, avant de lancer pleinement sa saison lors des matchs suivants.
Positionné en tant que latéral gauche par Mikel Arteta, il a bénéficié des (trop) nombreuses absences et de joueurs sur courant alternatif à un poste toutefois fourni (Calafiori, Tomiyasu, Tierney, Zinchenko). Les deux premiers cités ont manqué un nombre important de matchs (27 matchs pour Calafiori, 57 pour Tomiyasu) tandis que l’Ecossais et l’Ukrainien ont tout simplement subi un déclassement cette saison (447 et 789 minutes jouées toutes compétitions confondues).
Sur le papier, « MLS » semble avoir un profil similaire à Zinchenko. Milieu de terrain de formation, repositionné latéral, cette réussite n’a rien de surprenant compte tenu du style de jeu de l’équipe : une volonté de créer le surnombre au milieu, d’apporter une solution à l’intérieur et d’accompagner dans la construction des phases offensives. Des qualités sur lesquelles Arteta s’est évidemment appuyé, dans un secteur qui s’est montré défaillant lors de certaines rencontres, et alors que Partey, désormais moins en vue, adopte un jeu plus horizontal.
Dans les faits, si l’on compare la saison de Lewis-Skelly avec la saison la plus aboutie de Zinchenko, à savoir 2022-2023, on y voit des différences notables, malgré une philosophie de jeu identique, et des consignes tactiques proches.
On remarque que Zinchenko a une plus grande amplitude dans sa position sur le terrain, bien aidé sur les côtés par la présence de Granit Xhaka, là où Lewis-Skelly n’a souvent que Martinelli devant lui. La plupart des statistiques sont en faveur de l’aîné dans la plupart des domaines, même si l’Ukrainien était plus expérimenté au sortir de son aventure chez les Citizens (27 ans) et jouait dans une équipe globalement plus dominatrice que le Arsenal version 2024-2025.
A gauche la heatmap de MLS 2024-2025 / A droite celle de Zinchenko 2022-2023
En revanche, il est clair que MLS dégage une puissance physique et dispose d’appuis plus dynamiques que Zinchenko, apportant un réel impact sur ses chevauchées balle au pied et provoquant davantage de fautes que l’Ukrainien (2 fautes subies en moyenne par match contre 0,4). Quand Zinchenko casse les lignes par la passe, Lewis-Skelly le fait par ses courses. Et lorsqu’il a le ballon, il a paradoxalement moins de déchets que son compère, avec en moyenne 4,5 pertes de balle contre 11,1 pour Zinchenko, et possède le meilleur taux de l’effectif cette saison avec 91,4% de passes réussies dans le dernier tiers.
Défensivement, MLS est solide et ses statistiques en Premier League le démontrent. Pour sa 1ère saison dans l’élite, il est le défenseur qui a été le moins dribblé du championnat, au sein de la meilleure défense de PL pour la 2ème fois consécutive mais bien plus exposée et mise à mal que l’an passé. Il est aussi le joueur ayant le meilleur ratio parmi tous les défenseurs en Premier League en matière de duels au sol remportés avec 73%.
Bien sûr, tout n’est pas parfait et il reste des points à améliorer. Dans le jeu tout d’abord, son positionnement plutôt axial induit un faible nombre de centres pour un latéral, et laisse souvent Martinelli seul sur le côté, en 1 vs 1 voire en 1 vs 2. Des éléments qui favorisent également le jeu à droite, à l’opposé avec Saka, et peuvent rendre le jeu des Gunners plus prévisible pour l’adversaire.
Enfin, sa jeunesse peut lui faire défaut dans sa discipline sur le terrain, avec 2 cartons rouges récoltés (dont un finalement annulé), et des sautes de concentration qui ont parfois coûté un but à l’équipe (pris dans le dos face à Fulham et au PSV, pénalty concédé face à Everton).
Preuve que sa saison est loin d’être passée inaperçue, y compris outre-Manche, certains médias ont récemment évoqué un intérêt du Real Madrid pour le mercato estival. MLS serait toutefois enclin à poursuivre son aventure londonienne, volonté également affichée par le club qui cherche à sécuriser l’avenir de sa pépite dont la côte ne cesse de grimper (multipliée par 9 depuis le début de la saison), et une valeur marchande avoisinant aujourd’hui les 45 millions d’euros selon Transfermarkt.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Telle pourrait être résumée cette 1ère saison satisfaisante pour nos deux produits de l’Academy, qui aura résulté d’occasions saisies et de blessures. Il ne reste plus qu’à espérer que la prochaine, souvent considérée comme la plus attendue, soit synonyme de confirmation, s’ils veulent connaître un destin similaire à celui de Bukayo Saka, et faire rayonner le club pour de nombreuses années encore.
#COYG
Nicolas Y.
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