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·20 juin 2019
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A bientôt 83 ans, le sulfureux Silvio Berlusconi n’est pas près de raccrocher les crampons. « Il Cavaliere » ne manque pas de projets. Côté politique, le milliardaire a été récemment élu député européen par les Italiens. Côté football, l’ancien président du Milan AC est devenu propriétaire du modeste club de Monza, en Serie C, la troisième division italienne.
Monza est une belle ville à une demi-heure de Milan, plus connue à l’international pour son célèbre circuit de Formule 1 que pour son club de foot. Et si ça changeait ? « Mon Monza sera une équipe jeune, et uniquement composée de joueurs italiens. Ils devront avoir les cheveux en ordre, un coiffeur de Monza m’a proposé de faire des coupes gratuitement. Pas de barbe, ni de tatouage, encore moins de boucles d’oreille. Ils s’excuseront auprès de l’adversaire en cas de faute, et traiteront l’arbitre avec respect. Je veux quelque chose de différent du football actuel. » Lorsque Silvio Berlusconi est arrivé en septembre 2018 à la tête du petit club de Monza, ses déclarations ont bien sûr fait le tour du monde.
Des déclarations qui détonnent dans le milieu du football. Sa reconversion éthique peut surprendre : on parle d’un homme impliqué dans de nombreuses affaires de corruption. Mais Berlusconi garde en Italie une étrange aura que personne ne semble remettre en cause. Ses trente glorieuses années à la tête du Milan AC, qu’il a amené au sommet de l’Europe, lui procurent une immunité à vie dans le monde du football italien.
Si Berlusconi veut faire de Monza une équipe 100% italienne, il a également proposé à l’un de ses anciens illustres joueurs, Kaka, de revenir sur les terrains pour jouer sous le maillot de son nouveau club. Faire parler de lui : voilà l’objectif de l’ancien chef du gouvernement italien. Le rachat de Monza fut un coup médiatique pour remettre en selle le Cavaliere, quelques mois avant les élections européennes. Son idée du 100% italien n’est certainement pas anodine et coïncide avec le rapprochement de son parti avec la Ligue du Nord, le parti d’extrême-droite en tête des sondages en Italie.
Mais alors, et le foot dans tout ça ? Pourquoi racheter un club de troisième division pour trois millions d’euros ? On peut croire en un amour sincère de Berlusconi pour le football, lui qui ne s’est tenu éloigné des terrains que pendant trois ans, depuis sa vente du Milan AC, ou alors rappeler cyniquement que le Milan a toujours servi ses intérêts politiques.
Il y a aussi une belle histoire. Le Monza de Berlusconi est aussi celui de son associé historique, Adriano Galliani. Fan de Monza depuis sa plus tendre enfance, l’ancien vice-président du Milan AC fut directeur sportif du club pendant deux ans (1984-1986) avant de rejoindre Berlusconi. Le projet de rachat, c’est Galliani qui l’a dirigé, et non Berlusconi – celui-ci s’étant contenté d’apporter les fonds.
De quoi amadouer les supporters du club, enthousiasmés par l’historique duo italien qui a plané sur l’Europe pendant trente ans. Il faut dire que les fans Brianzola ont connu bien des souffrances. Monza est resté 38 saisons en Serie B sans jamais monter en Serie A. Si le club plus que centenaire a lancé les carrières de Christian Abbiati et Alessandro Costacurta, et a accueilli le jeune Patrice Evra (3 matchs en 1999-2000) et le quasi-retraité Christophe Galtier (23 matchs entre 1997 et 1998), il a frôlé plusieurs fois les relégations sportives et les banqueroutes depuis dix ans.
L’ancien propriétaire Clarence Seedorf, autre ancien milanais, n’a pas laissé de bons souvenirs (2009-2013). Le club a ainsi fini par faire faillite en 2015, obligé de reprendre en Serie D. Rapidement remonté en Serie C en 2016-2017, Monza a manqué de peu la montée l’an dernier, s’inclinant en demi-finale de play-offs d’ascension.
Malgré ses bons résultats, Berlusconi n’a pas attendu longtemps pour imposer ses hommes. Un mois après son arrivée, le milliardaire a remercié Marco Zaffaroni, qui avait promu Monza en Serie C. Son remplaçant : Cristian Brocchi, un de ses anciens joueurs et surtout, le dernier coach de ses 30 ans de règne à Milan. En janvier, l’effectif a été nettoyé avec pas moins de 16 arrivées et de 14 départs, pour donner un accent italien à l’équipe. Seulement deux joueurs de Monza ne sont pas de la Botte : le brésilien Matheus Paqueta et l’ancien Nantais Hervé Otélé.
Mais le relifting n’a pas suffi. Monza a fini 5e de son groupe de Serie C et s’est incliné dès le troisième tour des play-offs face à Imolese, aux buts à l’extérieur. Une déception, au vu des ambitions du duo Berlusconi-Galliani, qui en septembre dernier, n’a pas manqué une occasion d’en rajouter. Dans leur première conférence de presse, Galliani a souligné vouloir jouer un derby contre Milan en 2020. De son côté, Berlusconi voyait déjà son nouveau jouet comme centre formateur pour la sélection italienne.
Qu’à cela ne tienne, Berlusconi est prêt à investir. Le stade et le centre d’entraînement vont être rénovés. Et pour la saison prochaine, le milliardaire a mis à disposition 15 millions d’euros pour renforcer l’effectif – excusez du peu. Monza se serait notamment renseigné sur Ricardo Montolivo, laissé libre par… le Milan AC, bien sûr. L’objectif de la saison prochaine : la promotion en Serie B. Tout en gardant les valeurs-clé que le fantasque Berlusconi, 80 ans passés, décide désormais de défendre. « Si on leur demande des autographes, ils ne feront pas de dessin, mais écriront de manière lisible leur nom et prénom. » A Monza, pas de soirées bunga bunga au programme.
Photo crédits : ALESSIO MORGESE / DPPI Media / DPPI
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