Mexique : Florian Thauvin, la nouvelle ère de Tigres | OneFootball

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Lucarne Opposée

·11 septembre 2021

Mexique : Florian Thauvin, la nouvelle ère de Tigres

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En rejoignant André-Pierre Gignac à Tigres, Florian Thauvin a symbolisé la nouvelle ère dans laquelle Tigres veut faire entrer le football mexicain. Analyse.

La rumeur ne faisait que croitre ces derniers jours, elle n’était plus qu’un secret de polichinelle ces dernières heures et n’en est désormais plus une : Florian Thauvin rejoint Tigres.


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Du point de vue contractuel, le désormais ancien joueur de l’OM s’engage pour cinq ans, et s’il est de coutume en nos pays de ne regarder que l’aspect comptable pour essayer d’expliquer des choix que l’on ne peut comprendre au premier abord, Thauvin ne rejoint pas n’importe quel club et son recrutement n'est pas anodin.

Trouver sa place

Depuis moins de dix ans, le club de Monterrey cherche à faire se braquer les projecteurs sur lui, après avoir longtemps été dans l’ombre de México et Guadalajara. Mais la Liga MX a cette particularité si mexicaine, celle d’être un show dans lequel chaque participant qui veut compter doit trouver un rôle. C’est ainsi par exemple que l’América est devenu le grand vilain (voir le reportage sur le club), s’opposant aux Chivas dans une rivalité qui n’a cessé de faire vibrer le pays. Depuis plus de vingt ans, nombreux ont été les prétendants à vouloir trouver une place à la table des grands (Cruz Azul et les Pumas complétant le casting), de Toluca à Pachuca, sans pour autant y parvenir. Car vous l’aurez compris, briller sportivement ne suffit pas même si c’est requis. Durant la dernière décennie, Monterrey s’est animé. Les Rayados ont commencé à briller sportivement en CONCAChampions notamment (à lire dans le LO magazine n°10), Tigres a suivi en choisissant pour cela de trouver un rôle représenter la ferveur mexicaine à l’international, cette passion latino capable d’attirer des stars mondiales.

Le Volcán et sa ferveur comme base solide, il fallait alors l’élément qui allait faire se braquer les projecteurs : André-Pierre Gignac. Sur le terrain, les résultats ont suivi. Depuis l’arrivée de Français, Tigres a disputé une finale de Copa Libertadores, performance que seuls deux clubs mexicains avaient réalisée, a joué trois finales de CONCAChampions, avec un titre à la clé, doublé le total de titre nationaux (six championnats désormais) et disputé une finale de Coupe du Monde des clubs, la seule de l’histoire du football mexicain. APG était aussi le porte-étendard de l’ère Tuca Ferretti, la plus glorieuse de l’histoire du club, celle de la nouvelle dimension. En septembre 2020, Tigres apparaissait pour la première fois au quatrième rang des clubs en termes de préférence des fans, la marque Tigres et Monterrey étant parmi celles qui progressent le plus. Tigres est la cinquième équipe la plus suivie par les Mexicains évoluant aux États-Unis. Des signes encourageants mais pas suffisants. Car pour l’instant, s’ils progressent, les deux clubs de Monterrey semblent encore voués à se déchirer entre eux. Pour aller plus loin, il fallait donc une nouvelle étape.

Nouvelle ère

En mars dernier, Mauricio Culebro arrive à la vice-présidence pour initier ce nouveau cycle. Ancien de l’América, il a déjà appelé d’anciens du club pour rejoindre Tigres et devrait probablement attirer Miguel el Piojo Herrera sur le banc. Avec l’arrivée de Culebro, l’objectif est d’aller un cran plus loin, de faire croitre l’impact national et international (notamment le marché américain). Pour cela, il faut évidemment continuer à participer aux tournois internationaux, mais surtout il faut faire parler de soi. C’est dans cet esprit, dans cette politique, qu’entre le transfert de Florian Thauvin.

Florian Thauvin n’est pas simplement le sixième français à venir évoluer en Liga MX après Amara Simba (1996 à León), André-Pierre Gignac (2015-aujourd’hui), Andy Delort (2016), Timothée Kolodziedjak (2017-2018) – tous à Tigres – ou encore Jéremy Ménez (2018-2019 à l’América), il est surtout un jeune champion du monde encore sélectionnable en équipe de France. Cela fait sept ans que la Liga MX n’a plus accueilli de champion du monde et celui-ci, Ronaldinho, était déjà au crépuscule de sa carrière, venu faire une pige à Querétaro avec un échec aussi retentissant qu’attendu. Mais parmi cette liste composée de dix-sept noms (parmi lesquels on croise Bebeto ou Mauro Camoranesi), le Français n’est que le sixième à poser ses valises en tant que champion du monde en titre (les précédents : Vavá, América 1964-1966 ; Didi, Veracruz, 1965 ; Leopoldo Luque, Deportivo Tampico 1981 ; Ricardo La Volpe, Atlante 1979-1982 puis Oaxtepec 1983 : Sergio Almirón, Tigres 1989-1991). À la différence de la plupart de ses illustres prédécesseurs – tous sauf La Volpe, Florian Thauvin débarque à vingt-huit ans, avec encore une grande partie de sa carrière à venir. À l’heure où les voisins du nord commencent à attirer les meilleurs joueurs sud-américains, ne recrutent des joueurs européens ayant des profils de joueurs capables d’être revendus, ayant ainsi mis fin à la politique des préretraités vendant une image, la politique sportive de Tigres se veut agressive, répond avec force à la montée en puissance des encombrants gringos.

L’arrivée du quatrième français de l’histoire du club (le cinquième si l’on inclus Anis Libotte avec les U20) s’inscrit dans ce processus et vise à montrer que si la Liga MX veut garder son avance sur le marché américain, elle doit aussi le faire en haussant le niveau des étrangers qu’elle compte attirer, en montrant qu’elle peut encore séduire de plus forts potentiels que la MLS. Si certains voyaient en son arrivée une simple affaire d’argent ou encore une régression sportive (sic), une chose est sûre, le Français n’a pas fait le choix de la facilité. Car Florian Thauvin n’est pas venu en préretraite, il est le deuxième étage de la fusée que l’Université de Nuevo León s’apprête donc à lancer et aura un statut qu’il n’a probablement jamais eu auparavant en même temps qu’il rejoint le club de la décennie. Chapeauté par celui qui a permis son décollage, l’ancien Olympien se voit surtout offrir comme mission de donner à Tigres le rôle principal qu’il espère tant jouer dans la fiesta grande mexicaine. Autant dire un challenge sportif des plus excitants.

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