Sur Junk Page, l’ancien défenseur central des Girondins de Bordeaux, Marc Planus, a expliqué comment s’est fait le « transfert » entre le monde du football et celui de l’architecture et du design. L’ex-bordelais assure que dans le vestiaire, peu de joueurs étaient en mesure de parler de ce domaine.
« Le foot m’a ouvert des portes, certainement, mais il m’en a fermées aussi. Et il existe bien sûr des préjugés. J’ai pu rencontrer des architectes, certains formés par Liaigre notamment, et ils ont été souvent surpris. Ils attendent de vérifier mes références et mon discours pour que la discussion prenne vraiment. J’ai ainsi dû faire irruption dans le monde de la décoration à patte de velours, sinon on pouvait m’attendre avec une hache ! Il a fallu prouver […] Il est clair que ce ne sont pas des goûts très partagés dans le sport… Le monde du foot brasse un univers social énorme, c’est ce qui en fait sa beauté. C’est le sport le plus accessible matériellement et il ne faut pas grand-chose pour y jouer tout jeune. Beaucoup de joueurs deviennent de nouveaux riches sans références culturelles. Moi-même, il est clair que je n’aurais pu exercer ce métier à ce rythme sans le football. Mais j’ai aussi eu la chance que mes parents m’ouvrent l’esprit. Durant toute ma carrière, je n’ai pu en parler qu’avec un coéquipier uniquement : David Bellion. Il m’a fait rencontrer des gens car c’est un passionné d’art. Sinon, étant assez introverti, solitaire, je me sentais assez seul. Un de mes anciens coéquipiers, qui avait changé de club, m’appelait « l’archi », parce qu’il me voyait toujours dans les avions avec une règle et un critérium, en train de dessiner mes plans. Sur la fin de ma carrière, c’était devenu maladif ».
C’est aussi une des raisons pour lesquelles il a arrêté sa carrière de joueur professionnel, à « seulement » 33 ans.
« Ce fut une des raisons. Ma tête avait aussi un peu lâché et je venais d’avoir ma fille. Le foot, c’est une machine à laver dans laquelle on est entraînés : on suit le tambour. On ne se pose pas beaucoup de questions. Je me voyais alors mal partir dans un autre club après avoir passé 26 ans aux Girondins. Et le changement de vie ne me faisait pas peur puisque je l’avais préparé. Ma passion pour l’architecture et la décoration était tout aussi importante. Il a simplement fallu que je trouve mon propre rythme après ma carrière. Mais aujourd’hui, je me trouve plus épanoui en tant qu’homme ».