L’instant tactique avec Rui Vitoria : « Qui ne connaît que le football, ne connaît rien au football » | OneFootball

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·18 décembre 2024

L’instant tactique avec Rui Vitoria : « Qui ne connaît que le football, ne connaît rien au football »

Image de l'article :L’instant tactique avec Rui Vitoria : « Qui ne connaît que le football, ne connaît rien au football »

Footballeur modeste, Rui Vitoria a rapidement décidé de préparer son après-carrière. En poursuivant des études universitaires poussées puis en passant ses diplômes d’entraîneur. Après une expérience réussie à la tête du monument lusitanien, Benfica, le technicien a voyagé en Arabie saoudite, en Russie et enfin en Égypte où il a pris les rênes de la sélection. L’occasion idoine d’échanger sur sa vision du football. Instant tactique.


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Entretien réalisé avant son transfert au Panathinaïkós.

« Une équipe est le reflet de son entraîneur »

Comment le football est entré dans votre vie ?

Mon père était footballeur à Alverca, le club de ma ville de naissance. Tout petit, j’allais le voir jouer chaque dimanche. J’y passais la journée puisque le matin, je regardais les équipes de jeunes, et l’après-midi, l’équipe A, celle de mon père. J’adorais ça. J’ai pris ma première licence à 9 ans et c’est comme ça que ça a débuté. Mon père est devenu mon entraîneur, à partir de là, le football ne m’a plus jamais quitté.

J’ai effectué toute ma formation à Alverca, un club proche de Lisbonne. J’ai ensuite rejoint d’autres clubs de la région, où j’ai évolué jusqu’en deuxième division portugaise. Dans le même temps, je suivais des études d’éducation physique à la faculté et j’arrivais à concilier les études avec le football professionnel.

40 ans après, que représente le football pour vous aujourd’hui ?

Il est tout pour moi. Parce que je ne me suis pas laissé d’autre option lorsque j’étais enfant. Je savais très jeune que je voulais être footballeur professionnel et professeur d’EPS. Et pendant que je suivais mes études, j’ai décidé de devenir entraîneur. Parfois, les jeunes ont du mal à savoir ce qu’ils veulent faire. Moi, je ne me suis pas laissé le choix. Et heureusement tout s’est passé comme je l’avais imaginé : je suis devenu joueur, professeur d’EPS et entraîneur.

C’est sûr qu’aucun jeune ne peut imaginer le parcours qu’il aura dans quelques années. Mais les choses sont arrivées au fur et à mesure, j’aime les défis et je les ai relevés. C’est pour ça que le football est tout pour moi. Je ne me voyais pas faire autre chose. Bien sûr que s’il avait fallu faire autre chose, je l’aurais fait, mais c’est ce dont j’ai toujours rêvé, et heureusement, ce que j’ai réussi.

Comment définir le football de vos équipes ?

Tout d’abord, c’est un football très équilibré. Une équipe est le reflet de son entraîneur. Nous avons une personnalité qui se transmet aux joueurs, que l’on veuille, ou pas. C’est pour ça que je dis que mes équipes ont toujours été attachées à la notion d’équilibre. J’ai évolué à différents niveaux de compétition, c'est-à-dire, entraîner en deuxième division, accéder à l’élite, découvrir la Ligue Europa, être champion, connaître la Ligue des Champions, évoluer à l’étranger, maintenant diriger une sélection… Ces contextes sont spécifiques et il faut jouer de manière spécifique. Il a fallu adapter les joueurs et la manière de jouer au contexte dans lequel je me trouvais. C’est une chose de jouer le maintien, une autre de jouer le titre.

En résumé, je dirais que la perspective a toujours été la recherche de l’équilibre, où aucune des phases de jeu n’est plus importante que les autres. Pour être une grande équipe, il faut être fort dans chacune des phases de jeu.

Quel est le système de jeu le plus équilibré ?

Je ne vais pas répondre à cette question. Pas parce que je ne veux pas, mais parce que je ne trouve pas que le système soit une finalité. Si on coupe un match en périodes de 10 minutes, les équipes s’organisent de manière différente sur le terrain. La plupart du temps, le système tactique naît pour que le jeu ait ensuite sa propre vie. C’est pour ça que parler de système tactique est réducteur.

Je préfère parler de principes de jeu, parce que c’est le système qui va révéler les concepts. Qu’est-ce que ça veut dire ? Pour moi, le plus important, c’est de dire que mon équipe est proactive, veut avoir le ballon, le récupère le plus vite possible à la perte, et se réorganise le plus vite aussi. Tout cela, c’est indépendant du concept du système tactique. Je peux faire tout ça en 4-3-3, 4-4-2, ou à 3 défenseurs. Je peux très bien débuter en 4-3-3, mais si le jeu demande de renforcer l’axe, alors je passe en 4-4-2.

Parfois, on met trop en avant le système. Oui, c’est la disposition, c’est notre façon de dire : « Face à cet adversaire, la meilleure manière d’occuper l’espace, c’est avec ce système »

Donc les joueurs sont plus importants que le système ?

Il n’y a rien de plus important que mes principes de jeu. Devant le système, devant les joueurs. Durant ma carrière, j’ai évolué avec pratiquement tous les systèmes possibles. J’en conclus que le plus important, c’est de savoir où est l’espace libre, où se trouve le joueur libre, quel est le meilleur moyen de s’approcher du but adverse, comment contrôler l’adversaire.

Est-ce que le plus dur dans le football, c’est de gagner et bien jouer en même temps ?

C’est le plus dur parce que c’est ce que tout le monde veut. Mais comme dans la vie, on n’est pas tous les jours dans un bon moment, les équipes ne sont pas non plus toujours au top. Une équipe est grande lorsqu’elle est capable de gagner même lorsqu’elle est moins bien. C’est ce qui différencie les grandes équipes des autres.

Un entraîneur se sent comblé lorsque son équipe met ses idées en pratique et gagne. C’est ce que recherche tout entraineur.

« L’homme est plus important que le joueur. »

C’est quoi le plus important pour vous ? Gagner ou bien jouer ?

Ce que je veux, c’est que mes joueurs jouent bien. Mais s’ils jouent bien et ne gagnent pas, ça ne m’intéresse pas. Ma priorité, c’est de se créer des conditions de gagner. C’est d’avoir des idées, les mettre en pratique pour une finalité : le résultat. Je travaille toujours pour que mes équipes pratiquent un beau football. Mais parfois, ça n’arrive pas. Il faut alors être capable de gagner quand même. On jouera bien au match suivant.

Qu’est ce qu’un bon entraîneur selon vous ?

C’est une sacrée question. Un entraîneur doit avoir un ensemble de compétences dans divers domaines. Il doit être un gestionnaire d’hommes, joueurs et staff compris. Ca ne sert à rien de connaître le football si je ne connais pas l’esprit de mes joueurs. Et ça ne me sert à rien d’être un meneur d’hommes si je ne connais pas le football.

L’entraîneur doit avoir un self-control immense. Il doit maîtriser sa carrière, sa personnalité, ses faits et gestes. S’il n’a pas ce contrôle émotionnel, il ne peut pas évoluer au haut niveau. Il doit aussi influencer ses collaborateurs. C’est une locomotive, tout le monde doit croire en lui, ses idées, le suivre.

Un entraîneur doit embrasser toutes ces compétences, plutôt que d’être fort dans un domaine. Il y a 40 ans déjà, on disait : « Tu es un entraîneur dans le champ ou sur le banc ». Qu’est-ce que ça voulait dire à une époque où le football était encore rudimentaire ? Il y avait des entraîneurs qui étaient bons durant la semaine, mais lorsque le match approchait, n’avaient pas la capacité ni à comprendre le jeu, ni à prendre des décisions. Et il y avait les autres qui ne faisaient rien de la semaine, mais qui le dimanche avaient un impact sur leurs équipes parce qu’ils transmettaient le bon message.

Aujourd’hui, un entraîneur doit être un mélange de ces deux types. Il doit aussi savoir qu’avant de gérer des joueurs, il gère des hommes. Un professionnel doit connaître la vie. Sinon il aura peu de succès.

Cela fait penser à une phrase fétiche au Portugal, que vous avez apprise à l’université…

Bien sûr ! « Qui ne connaît que le football, ne connaît rien du football ». Cette phrase a été prononcée par un de mes professeurs. Derrière le joueur, il y a l’homme. Il faut se préoccuper de lui aussi. L’homme est plus important que le joueur. Pour moi, il est fondamental de le connaître parce que ce n’est pas une machine. Il peut gagner des millions, ça reste un être humain avec des problèmes comme vous et moi.

Un entraîneur est-il désormais un psychologue ?

Évidemment. Chacun a ses problèmes, avec ses enfants, sa famille, dans la vie. De l’anxiété, la gestion des émotions. Et on doit être au courant de cela. Dire que cela n’a pas d’importance, ce n’est pas un entraîneur moderne.

Comment faites-vous pour gérer différemment chaque joueur ?

C’est une erreur de dire que tout le monde doit être traité de la même façon. C’est comme dans un groupe d’amis. Il y en a un avec qui je suis plus proche, que je peux embrasser, charrier, et l’autre non, et pourtant il est mon ami. C’est pareil avec les joueurs. On doit respecter certaines règles. C’est la culture de l’équipe, du club. Les joueurs doivent en être conscients.

Le traitement doit aussi être adapté à ma personnalité et à celle des coéquipiers. D’où l’importance de la connaissance humaine. Je rajoute cela, et je pense que ce sera fondamental dans le football du futur : plutôt que des caractéristiques techniques et physiques d’un joueur, une équipe est une somme de personnalités qui doivent s’assembler. Je ne peux pas avoir dix Cristiano Ronaldo dans une équipe. Il faut avoir ce mélange de personnalités. Certains plus altruistes, d’autres plus travailleurs. Il y a des clubs qui cumulent les individualités, mais qui n’ont pas de résultats. Avant de recruter de grands joueurs, je dois recruter des personnalités. C’est ce qui va changer la façon dont on construit une équipe.

Peut-on être un grand entraîneur sans gagner de trophées ?

Il est évident que le football est très « résultadiste ». Il y a des entraîneurs qui font tout bien, mais ils  n’ont pas ce « matador » devant qui fait gagner le match. Pourtant, ils font tout bien. On comprend les concepts, l’identité, cependant, ça ne se concrétise pas en buts. On devrait analyser un match selon la performance brute, non par le résultat. Je sais que ça ne changera pas le monde, les résultats prendront toujours le dessus. Mais il y a beaucoup d’entraîneurs qui font de très belles choses. C’est un trophée, mais un trophée moral.

On s’intéresse trop souvent au CV de l’entraîneur. Bien sûr, les victoires parlent pour lui. Mais est-ce qu’il va réussir dans tel contexte, juste parce qu’il a gagné ailleurs auparavant ? Ce n’est peut-être pas le plus adapté à cette situation précise.

« Ce n’est pas simplement un sport où si tu gagnes tu es bon, et si tu perds, tu es nul. »

Quelles sont les personnes et les équipes qui vous ont inspiré ?

Aucune équipe, aucune personne ne m’a inspiré. Je ne dis pas ça par arrogance. Parce que je fais des choses que mes entraîneurs faisaient déjà en troisième division. Je regarde n’importe quel entraîneur, peu importe son niveau de compétition, et je vois s’il y a des choses que je peux prendre. Bien sûr, j’aime voir les équipes qui jouent un beau football, où les joueurs sont reliés et comprennent ce que demande le jeu. Je me place plutôt de ce côté-là. Je n’aime pas les équipes robotisées qui ont toujours les mêmes mécanismes de construction.

En 2014, alors entraîneur au Vitoria Guimarães, vous écriviez ce livre : « L’art de la guerre pour les entraîneurs ». Comment vous est venue cette idée ?

C’est parti d’un ami qui s’est inspiré du travail du philosophe Sun Tzu. Il a décidé de lancer la collection « l’art de la guerre » dans divers domaines : les ventes, les services, la communication. Et il manquait le football. Alors il m’a contacté pour savoir si ça m’intéressait. C’était un défi. J’ai commencé à écrire ce livre qui ne parle pas que de football, mais de principes reliés au sport.

Vous avez récemment écrit une tribune où vous parlez du « pouvoir du non ». Pouvez-vous développer cette idée ?

Je faisais référence au football de formation. Je trouve qu’aujourd’hui, il y a plus de tolérance avec les jeunes qu’avec ceux de mon époque. Nous avions des obligations morales, on nous inculquait une éducation plus stricte. Et l’un des aspects fondamentaux de cette éducation, c’était de savoir qu’il y avait des choses qu’on ne pouvait pas faire ou avoir.

Le « non », c’est le meilleur outil que l’on puisse donner à un jeune. Ils doivent apprendre à vivre avec la négation, avec la frustration. C’est comme dans la vie, rien n’est donné d’avance, tout se gagne. C’est ce que je dis à mes joueurs. Je n’ai jamais vu un champion triompher sans la sueur. Peu importe le sport.  Il faut des années de travail pour gagner, parfois en quelques secondes.

Cette question de la frustration, de rencontrer l’adversité, créé en l’être humain une carapace qui va le protéger. Et c’est une notion que l’on peut apprendre très tôt à nos enfants. Nous avons une vie où nous parents, donnons tout à nos enfants. Et on a l’impression de bien faire. Mais je ne pense pas que ce soit la meilleure solution.

Chaque famille fait comme bon lui semble. Mais comme entraîneur, je constate que nous devons confronter les jeunes joueurs au « non ». Parfois, j’écoute des programmes de musique, où l’artiste dit qu’il a fait un casting, déposé une maquette et qu’il n’a pas été pris. Mais il n’a pas cessé de lutter. Ces « non » l’ont construit, l’ont renforcé. Et ça doit être pareil dans le football. L’échec doit nous permettre de nous développer.

Et que pensez-vous de cette jeune génération de joueurs ?

Je vais parler de ce que je sais, donc de ce qu’il se passe au Portugal. La formation prodiguée est correcte. Mais ça n’est pas que dans le club, c’est aussi dans la vie. On passe par des moments difficiles, et je vois ça aussi dans les clubs. Une rigidité, une exigence, où le jeune joueur découvre un environnement dur et compétitif, qui le prépare au monde professionnel. Cette formation doit aussi s’appliquer à leur domicile.

Pourquoi est-ce qu’on ne gagne pas tout le temps alors qu’on a les meilleurs joueurs ou la meilleure tactique ?

Heureusement qu’on ne gagne pas tout le temps. Parce qu’en face, il y a aussi des compétiteurs. Le contexte l’explique aussi. Tu peux avoir la même équipe, le même entraîneur, mais si une variable change, alors ta dynamique de victoire peut changer.

Je crois que plus il y a de la stabilité, plus le groupe a un large vécu, on a plus de conditions de gagner sur une saison. Mais c’est bien aussi de ne pas gagner tout le temps, c’est comme dans la vie.

Et sur un match, est-ce que vous croyez au concept de chance ?

Oui j’y crois beaucoup. Combien de fois on se dit qu’on a tout bien fait, et au dernier moment, on se prend un but ? Je me souviens d’un match. 0-0, notre défenseur veut dégager mais c’est contré je ne sais comment, ça fait but. Et là tu te demandes comment c’est possible. Il y a un facteur très aléatoire. C’est pour ça aussi que le football est beau.

Parce que si tu compares avec les autres sports collectifs, c’est l’un des seuls sports où la plupart des offensives ne se concrétisent pas par des points ou un but. Cela peut générer de la frustration, le facteur aléatoire apparait. Et on ne peut pas le contrôler.

Maintenant, on peut travailler pour répondre à ces situations, et savoir y répondre. Ce n’est pas simplement un sport où si tu gagnes tu es bon, et si tu perds, tu es nul.

« Ma priorité, c’est de contrôler les points forts de l’adversaire. »

Ces dernières années, vous avez entraîné des équipes que l’on va considérer comme favorites d’un match ou d’une compétition. Dans votre préparation, comment faites-vous pour contourner le système défensif de l’adversaire, le bloc bas ?

Il faut avoir ces deux aspects en tête : le plan de jeu et la préparation du match. Je dis à mes joueurs : « Voici le genre de match qui nous attend, on va voir comment utiliser les espaces et démonter leur plan. »

Ma priorité, c’est de contrôler les points forts de l’adversaire. Ensuite, on va l’étudier, et voir comment aborder le jeu. Enfin, avoir toujours deux ou trois plans bien définis selon le scénario. Et dès que je le décide, que le joueur soit prêt à changer de plan. Dans la causerie, je ne dis jamais à mes joueurs : « si on est menés, on va faire ça. » Je ne les prépare pas à encaisser un but. Pendant le match, si cela arrive, je leur dis qu’on va jouer d’une autre manière, et ils s’adaptent.

Dès fois ça marche, dès fois non. Parce qu’il y a aussi un adversaire qui nous a étudiés. C’est un rapport de forces. J’aime ça. Comment résoudre un problème posé par mon adversaire.

Qu’est ce que la conquête d’un titre signifie pour vous ?

Elle représente beaucoup de choses. C’est l’expression de notre travail. C’est la gloire d’un entraîneur, de ses joueurs. Gagner un titre de champion, au terme d’un marathon, cela a un goût fantastique. Mais je trouve aussi que plus on en gagne, plus ils perdent de leur saveur. Pourquoi ? Comme je l’ai expliqué dans mon livre, la vie d’un entraîneur champion, c’est 364 jours de labeur, pour un de bonheur. Parce qu’ensuite, il faut déjà préparer la saison prochaine.

Pourquoi l’entraîneur portugais est spécial et gagne partout ?

Il y a deux choses fondamentales. La première, c’est notre personnalité  en tant que portugais. Nous sommes un pays d’émigration, et le Portugais s’adapte facilement à n’importe quelle culture, c’est dans nos gènes. Les difficultés que nous rencontrons nous poussent à trouver des solutions. A ne pas dramatiser, à lutter pour un bonheur, protéger sa famille. Et notre peuple est travailleur. Il souffre, travaille dur, et récolte les fruits plus tard.

Ce sont des caractéristiques qui collent parfaitement au football. Nous arrivons dans n’importe quel pays, et nous avons une capacité d’adaptation énorme. Nous comprenons rapidement le contexte dans lequel nous sommes, et ensuite, on prend les meilleures décisions.

Quand je compare avec les pays nordiques, où tout est plus cadré, ce doit être comme ça et pas autrement… nous portugais, ne sommes pas comme ça. Le monde change tellement, les personnes sont différentes, et il faut comprendre qu’on travaille avant tout avec des êtres humains. Cette adaptabilité est très importante.

Ensuite, notre formation comme entraîneurs. Nous avons toujours été proactifs, studieux, à la recherche du savoir. Mourinho a été un pionnier dans ce domaine, et il a ouvert les portes comme il a ouvert les mentalités. Avec des méthodologies nouvelles. Comme lui, j’ai un diplôme à la faculté de motricité humaine de Lisbonne. Cet alliage de théorie et de pratique nous a grandement enrichis.

C’est pour ça que je parle d’école portugaise. Il faut savoir que chaque semaine au Portugal, il existe des formations, des colloques, d’une ou deux journées, à destinations des entraîneurs, pour compléter leurs connaissances. On est toujours en quête de nouveautés.

Et désormais, il y a de plus en plus de jeunes qui ne veulent pas devenir footballeurs professionnels. Ils décrochent leur bac, et vont directement à la faculté pour avoir un diplôme et devenir entraîneurs. A 30 ans, ils travaillent dans des effectifs professionnels. Ils sont en recherche permanente de connaissance, et perpétuent cette école d’entraîneurs portugais.

En quoi le football a changé ces dernières années ?

On pensait avoir tout inventé dans le football, mais non. A partir du moment où les gardiens ont eu la possibilité de relancer les 6m au pied avec les coéquipiers dans le surface, tout a changé. Les équipes ont adopté des comportements différents. Certaines vont presser, d’autres attendent en bloc bas. De nouvelles dynamiques sont apparues. Il n’y a quasiment plus de formations qui envoient de longs ballons devant. Alors que c’était la norme avant.

C’est devenu le jeu du chat et de la souris. Une équipe va au pressing, un espace se libère pour celle qui a le ballon, les latéraux rentrent dans l’axe, l’attaquant de pointe décroche… avant on se figeait avec des 4-3-3 ou 4-4-2, maintenant il existe diverses manières de jouer.

Ce changement si banal a été énorme dans l’évolution du jeu. Car le joueur a dû évoluer aussi. Il doit mieux comprendre le jeu et ce qu’on lui demande, plutôt que tout faire de manière répétitive. Le joueur du futur doit comprendre ce que demande le jeu.

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