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·24 novembre 2024
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Dans une interview accordée à L’Équipe, Jean-Marc Mickeler, président de la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), dresse un tableau préoccupant de la situation financière des clubs français. Alors que les pertes continuent de s’accumuler et que les revenus futurs s’amenuisent, il alerte sur la nécessité de réformer un modèle économique qu’il juge obsolète.
La situation financière des clubs français au 30 juin 2024 reste critique, avec une perte nette estimée à 250 millions d’euros. Ce chiffre, issu d’un déficit d’exploitation d’un milliard d’euros partiellement compensé par 830 millions d’euros de plus-value sur les transferts de joueurs, reflète une réalité inquiétante.
Pour la saison en cours, les clubs doivent composer avec la diminution des revenus issus du fonds CVC, qui passe de 550 millions d’euros en 2023-2024 à seulement 136 millions d’euros. La baisse des droits télévisés domestiques aggrave la situation : une diminution de 11 % sur cinq ans, compensée partiellement par l’augmentation de 30 % des droits UEFA. Toutefois, Mickeler rappelle que les clubs devront honorer le versement de dividendes exceptionnels à CVC entre 2024 et 2027, amenant une pression supplémentaire sur leurs finances.
Un des principaux points de friction reste la masse salariale, jugée disproportionnée par rapport aux revenus. En France, le ratio masse salariale/revenus atteint 67 %, bien au-dessus de la moyenne européenne (53 %). Cette situation résulte, selon Mickeler, d’hypothèses trop optimistes des clubs, qui misaient sur une croissance continue des droits télé et du marché des transferts.
Concernant ces derniers, l’arrêt Lassana Diarra – imposant une indemnité de formation même pour les transferts intra-européens – risque de freiner les plus-values massives réalisées ces dernières années. Mickeler prévoit un impact sur la capacité des clubs à vendre leurs meilleurs joueurs à des montants élevés : "On n'en mesure pas encore toutes les conséquences, mais il y a aura un mouvement naturel pour les meilleurs joueurs d'aller au bout de leur contrat. Ce n'est pas chiffrable, mais cela va rendre plus difficile de générer de très gros montants de plus-values."
Interrogé sur la rétrogradation conservatoire de l’Olympique lyonnais (OL) en Ligue 2, Mickeler réfute les critiques de John Textor, président du club. "La DNCG a parfaitement compris son modèle économique, mais exige des garanties bancaires ou du cash pour couvrir les risques de non-exécution budgétaire" , explique-t-il. Textor mise sur la cotation d’Eagle Group et la vente de Crystal Palace pour améliorer la situation financière de l’OL, mais la DNCG attend des résultats concrets avant de lever cette rétrogradation.
Mickeler insiste : "Si Textor était venu avec ces garanties, l’OL n’aurait pas été rétrogradé." Il souligne que cette décision n’est pas une sanction, mais un avertissement pour garantir la viabilité à long terme du club.
Pour Mickeler, la situation actuelle des clubs français n’est pas isolée. Les difficultés financières touchent également des ligues comme la Premier League, la Serie A ou la Liga. Cependant, la France cumule des désavantages : des droits domestiques faibles, une masse salariale excessive et une capacité limitée à générer des revenus annexes.
Face à ces problèmes, il appelle à des mesures urgentes, notamment la réduction des masses salariales. Il cite l’exemple du Stade Brestois, un club qui démontre que la performance sportive ne dépend pas uniquement des moyens financiers.
Jean-Marc Mickeler conclut sans détour : "Le modèle économique tel qu’il existait est mort." Cette phrase résume la nécessité pour les clubs de repenser leurs stratégies financières dans un contexte de ralentissement global des revenus du football. Selon lui, l’avenir dépendra de la capacité des acteurs du football français à reconnaître ces défis et à agir en conséquence.
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