Furia Liga
·9 février 2020
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·9 février 2020
Dans un Euskal Derbia où se mêlent conquête de l’Europe, rivalité historique et lutte pour la Copa Del Rey, la Real Sociedad s’est finalement imposée sur sa pelouse. Face à un Athletic Club totalement remanié, les hommes d’Imanol Alguacil ont impressionné en seconde période. Les Lehoiak, disposant pourtant d’une défense des plus solides, se sont laissés dépasser. Retour sur une démonstration de connexion entre joueurs.
Gaizka Garitano, l’entraîneur de l’Athletic, avait clairement annoncé que la Liga restait une priorité. Une déclaration qui n’avait pas manqué de surprendre les supporters de l’Athletic, qui voient en la Copa del Rey l’occasion de garnir le palmarès du club. Au final, Garitano a proposé un dispositif où l’on ne compte que quatre titulaires habituels. En dehors du gardien Simón, de la charnière Yeray-Núñez et d’Ander Capa, le reste du onze est inhabituel. Une preuve que finalement, la Liga n’est pas tant une priorité. Avec un pivot composé de San José et de Beñat, ce sont des noms surprenants qui surgissent sur la pelouse. Kenan Kodro prend le rôle de ‘10’, laissant la pointe de l’attaque à Villalibre. Sur les ailes, Ibai Gómez et Lekue sont chargés de leur offrir les meilleures occasions.
Du côté de la Real Sociedad, les changements sont moins importants. Du moins, à l’exception de la mise en tribune forcée d’un certain Martin Ødegaard. Le milieu de terrain s’est blessé contre son club d’origine en Copa, lors d’un choc avec Marcelo (victoire 3-4 de la Real Sociedad, ndlr). Autre cette absence, on retrouve sur le banc des joueurs tels que Nacho Monreal, Januzaj ou encore Alexander Isak. Imanol Alguacil fait des ajustements sans faire de bouleversement. Le schéma tactique de la Real Sociedad n’est pas fragilisé, d’autant que ceux pouvant faire basculer un match sont prêts à rentrer en jeu. Ce qu’ils ne manqueront pas de faire…
La première période est, sans surprise, contrôlée par les Txuri-urdin. La Real Sociedad impose son rythme en tentant de rompre le bloc défensif de l’Athletic. Pas chose facile lorsqu’on doit s’opposer à la réactivité d’un Unai Núñez et à l’anticipation d’un Yeray. Tour à tour, Mikel Merino, Portu ou encore Willian José vont se mettre à œuvre, ne mettant pas réellement en danger Unai Simón. Seulement surpris par un tir croisé en début de match, le gardien bilbotarra reste solide. Avec Portu et Oyarzabal sur les ailes, la Real Sociedad mène ses contre-attaques par les ailes. Les choses sont légèrement plus simple sur la bande droite, où Mikel Balenziaga – qui remplace Yuri Berchiche, blessé à la jambe – n’est pas aussi rapide que l’habituel titulaire à ce poste.
De son côté, le gardien Txuri-urdin n’est quasiment pas inquiété en première période. Alex Remiro, ancien de l’Athletic, peut compter sur Le Normand pour stopper les quelques tentatives de Villalibre. L’Athletic parvient à se créer des occasions, sans pour autant les concrétiser face aux cages. Dans une équipe totalement remaniée, les joueurs ne se comprennent pas et de nombreuses actions sont gâchées par une intention de passe qui n’est pas comprise par le destinataire. Bloqué par Lekue qui conserve le haut de la bande droite, Capa ne peut pas s’élancer vers l’avant comme à son habitude. Les centres, réalisés par le premier, sont d’une moindre précision. Ils ne permettent pas de concrétiser la technique de Garitano ; l’entraîneur de l’Athletic souhaitant que les occasions soient offertes aux finisseurs tels que Villalibre et Kodro. Mais pour cela, il aurait fallu que les ballons parviennent à leurs pieds.
Avec un effectif moins bousculé, la Real Sociedad se procure de meilleures occasions. Conservant le ballon jusqu’à entrevoir une ouverture dans la défense, elle se projette plus facilement et inquiète davantage la surface de l’équipe de Bizkaia. Ne parvenant pas toujours à percer la charnière centrale, les attaquants de la Real tentent les frappes lointaines, à l’image de Mikel Merino. C’est tout le contraire des Leones, qui gâchent de nombreuses actions dans les derniers gestes. Comment gérer une contre-attaque quand les joueurs ne savent pas vers où courir pour recevoir parfaitement le ballon ? C’est la question qu’aurait dû se poser Gaizka Garitano en mettant des habituels remplaçants sur le terrain.
Sangalli et Willian José profitent du pivot de l’Athletic. Facilement franchissable, trop maladroit et peu récupérateur, celui-ci se laisse souvent dépasser par les avancées adverses. San José et Beñat n’ont pas saisi la chance de montrer qu’ils ont une place dans l’équipe. La Real Sociedad sait en tirer profit mais se heurte par la suite à la défense Zuri-gorriak. Ayant compris que son équipe jouit d’une meilleure connexion entre ses membres, Imanol Alguacil doit maintenant trouver un joueur capable de briser la solide défense de l’Athletic. Quand Martin Ødegaard n’est pas là, seul un autre joueur bénéficie d’une remarquable technicité pour se faufiler où bon lui semble.
À la seconde où il le voit rentrer en jeu, Gaizka Garitano comprend qu’il va devoir lui-aussi donner du piment à son équipe. Le joueur qui inquiète l’entraîneur de l’Athletic, c’est Alexander Isak. Rapide, vif et surtout excellent dribleur, le Suédois a pour mission de déstabiliser toute la défense du rival. Les dix minutes qui suivent son entrée en jeu sont un calvaire pour cette dernière. Habituellement solide et peu impressionnable, Yeray se retrouve malmené l’attaquant de 20 ans. Il ne parvient pas à stopper ses percées et Isak le comprend rapidement. Il adresse, depuis la surface de l’Athletic, une précise passe en profondeur à Portu, qui finit l’action en ouvrant le score.
Si la réaction de l’Athletic ne se fait par attendre, c’est grâce à l’entrée d’Iñaki Williams, qui suit celle de Muniain. Celui qui a qualifié les Bilbayens pour les demi-finales de la Copa Del Rey est le seul à savoir terminer les contre-attaques que se procure son équipe. Lancée par Iker, il ne tremble pas face à Alex Remiro et redonne espoir à des supporters déjà dépités. Mais la suite du jeu démontre la même insistance d’Alexander Isak, qui continue de faire des siennes dans la défense de l’Athletic. Une contre-attaque menée par Januzaj – qui a remplacé Willian José – se poursuit par une magnifique talonnade de Portu pour Isak, qui conclut en redonnant l’avantage à la Real Sociedad.
Avec cette victoire méritée, la Real Sociedad s’éloigne de son rival basque pour la course aux compétitions européennes. Un très bon coup pour cette équipe qui s’était inclinée sur la pelouse de Leganés la semaine dernière (2-1). Pour l’Athletic, cela marque la poursuite d’un déclin considérable en championnat. Mais la défaite semble avoir été prévue par Garitano, qui ne peut pas avoir eu la naïveté de croire en une victoire avec ce dispositif. L’Athletic se concentre donc sur la suite de la Copa del Rey. Si ce choix est partagé par de nombreux supporters, celui du changement radical de dispositif peut être remis en question. La Real Sociedad a démontré aujourd’hui qu’elle peut modifier en douceur son onze, sans perdre la connexion essentielle qu’il y a entre ses joueurs. Du moins, si Alexander Isak est dans les parages.
Il reste désormais à voir si le choix de l’Athletic de Garitano paiera en Copa, mercredi contre Granada. Du côté Txuri-urdin, la rencontre face au CD Mirandés ne doit pas être prise à la légère. La semaine prochaine montrera si les choix réalisés par les deux coachs basques ont été payants. Quoi qu’il en soit, retrouver un derby basque en finale de cette coupe ne peut pas être exclue…
Jérémy Lequatre-Garat @Euskarade