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·7 septembre 2024
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Timothée Kolodziejczak était l’invité du Club des 5. Il est revenu sur son passage à l’ASSE. Entre succès et perdition. Un joueur qui a tout connu du côté du Forez. Les joies et les calvaires. Un témoignage poignant que nous vous avons retranscrit en partie.
Timothée Kolodziejczak : « Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent, j’ai toujours respecté Sainté. Il y a eu plein d’autres joueurs qui ont joué à Sainté et Lyon. Puis ce n’est pas comme si je partais de Lyon pour aller à Sainté. J’avais vu l’équipe, il y avait Jean-Louis Gasset, il y avait une grosse équipe.
J’arrive avec Wahbi (Khazri). On termine quatrième. On aurait pu finir plus haut. L’équipe, c’était Ruff, Perrin, Subotic, moi, Gabriel Silva, Debuchy, Yann M’Vila, Selnaes, Cabella, Hamouma, Khazri et Monnet-Paquet. Et cette année-là, ça se passe très bien.
Tu n’as que des jours de ballon. C’est régal. Tu avais un coach qui nous faisait confiance, qui nous laissait faire. Ça a bossé. J’étais avec Debuchy. Je te voyais bosser, ça me donnait envie de bosser. Tous les joueurs à la salle étaient professionnels. Quand tu vois des mecs comme ça, tu suis. Jean-Louis, il aime les joueurs d’expérience. Il sait que c’est carré, il n’a pas besoin d’être derrière eux, donc il nous faisait confiance. Par contre, tu lui dis que t’as une pointe, il dit ok, reste deux jours. Il sait que tu mens pas, parce qu’il sait que le week-end tu vas être là. Jean-Louis, tous les joueurs ont nous dit, c’est un super gars, c’est le papa, c’est le super gars, c’est un super coach, etc.
À la fin de la saison, je repars au Mexique. Je suis en prêt. J’avais fait une interview où j’avais tué le coach du Mexique. Donc, je rentre là-bas et c’est tombé, le feu. Le président voulait faire une réunion avec le coach, moi, pour améliorer les choses. J’ai dit non, pas la peine. Alors que moi, je voulais rester au Mexique. Mais je ne pouvais pas avec lui, je ne pouvais pas. Il m’a fait trop la misère.
Après, ça a négocié avec Saint-Etienne. Et Ghislain Printant m’a appelé. Début août, je re-signe, donc ça repart et tout et on commence mal. En plus, je n’ai pas fait de prépa. Je me suis entraîné avec mon prépa là-bas tout seul. Ce n’est pas pareil qu’une prépa avec un groupe. On commence mal la saison. On a du mal à se mettre en route. On perd Rémi Cabella. »
Timothée Kolodziejczak : « Romeyer, on peut lui reprocher tout ce que tu veux mais il aimait son club. Il était un amoureux du club. Il était juste dépassé. Caïazzo ? Je l’ai vu une fois. Il n’est jamais venu. Jamais. Il était venu au Parc ou à Monaco. Mais sinon, il n’était jamais là. Tandis que Roland, tu sentais qu’il souffrait. Tu sentais que lorsque tu étais dans le dur, il souffrait. Roland Romeyer était dépassé. Il ne savait plus quoi faire. »
Timothée Kolodziejczak : « Attention, détail important, il revient, mais il a des pouvoirs importants. Ce qui va avoir un impact pour certains joueurs. Il est aussi membre du directoire à un moment donné. Quand il arrive, je dis aux jeunes, c’est bon, vous allez tous jouer, vous allez voir. William Saliba avait déjà commencé sous Jean-Louis. Et les deux derniers matchs avec Jean-Louis, Wesley Fofana avait joué aussi. Claude Puel arrive la semaine d’un derby en plus. Premier match. On est dernier. On est dernier et Lyon avant-dernier, je crois.
Claude arrive le matin du match. On va sur le terrain et il met son équipe. On joue en 3-5-2. Il sort Wahbi de l’équipe. Il met Charles Abi. Là, j’ai compris. J’ai dit, ah ouais, il ne va pas blaguer. Parce que je le connais. Après il lui fallait un électrochoc pour le groupe.
Il me met défenseur axe gauche et il me taille sur un truc que j’ai fait trois jours avant sur le match de l’Europa League. Je réponds que je comprends. Le problème, c’est que lorsque tu as 16-17 ans, ça passe. Tu t’es fait tuer mais tu avances. Quand j’étais plus jeune, les anciens comme Bodmer me disait tu verras, le coach, quand tu seras confirmé, t’auras un autre statut, tu ne pourras plus. Ça sera des relations différentes. Et tu comprendras. J’ai compris…
En fait, c’est comme ma grand-mère, quand elle me voit, j’ai 30 ans, elle pense que j’ai encore 2-3 ans. Je pense que ce n’est pas méchant. J’ai eu des tensions, beaucoup de tensions avec lui à la Sainté. Mais je n’ai que des bons souvenirs avec lui. Demain, je vais le revoir. On va rigoler. En fait, c’est un peu le rapport père-fils. Moi, j’ai voulu m’émanciper. J’ai 28 ans, On ne pouvait pas me parler comme si j’avais 16 ans. »
Timothée Kolodziejczak : « Le problème à Sainté, c’est que les jeunes, ils ont eu les clés du vestiaire. À un moment donné, nous, on ne servait plus à rien. Ce sont les clés, c’était eux. C’étaient les boss du vestiaire. Quand tu donnes les clés à un jeune qui a fait 10 matchs, et que le coach, les anciens, c’est plus son problème. Les jeunes, ils te respectent plus en gros. Ils se disent toi, tu ne sers à rien, tu es sur le banc.
Ruffier ? Déjà le premier match, il y a le derby. Il y a la trêve internationale. Après, il y a le match contre Bordeaux. Ruff, il prenait son temps sur un ballon. Le coach lui demande d’aller plus vite. Il gueule. Ruff, il a fait un signe du genre « ne me parle pas comme ça ». Tu vois, il ne peut pas parler comme ça. Déjà, c’était tendu. Et Ruff, lui, il ne s’entraînait pas avec nous la semaine. Il était avec l’entraîneur des gardiens. Il faisait les matchs avec nous. Non, on s’en foutait, il faisait Jésus tous les week-ends. Pendant 7 ans, il faisait ça. Et avec Claude Puel non.
La Ruff, il s’entraînait, mais jamais d’oppositions, etc. Parfois, il venait, mais ce n’était pas fréquent. Avec Puel, non. Tu viens dans le jeu, tu joues au pied etc. Et c’est parti en vrille. Le coach, il aime l’autorité. Son autorité, c’est lui. Donc ça ne passe pas avec des joueurs comme Ruff. »
Timothée Kolodziejczak : « Saliba – Fofana ? Ils sont au-dessus. En plus, ils ont une marge de progression énorme. Willow a une maturité au-dessus. Wesley est un peu plus foufou, mais il a des qualités physiques. Les deux ensembles sont complémentaires. Ils sont au-dessus du lot. Et puis en termes de maturité, tu vois rapidement à l’époque, dans le jeu, ils sont au-dessus.
Je ne suis pas surpris de leurs carrières. Willow, tu as l’impression qu’il feint et il rattrape. Il a progressé dans son jeu au pied. Tu sens qu’il a de plus en plus de confiance. Il est encore plus mature, il joue à l’Arsenal, il a fait une saison pleine, donc il est en pleine confiance. Wesley c’est dommage parce qu’il a beaucoup de blessures, mais c’est un joueur avec un super talent et un gros potentiel. Donc, je pense que si Wesley n’a pas beaucoup de blessures, ça ira très haut. Très, très haut. »
Timothée Kolodziejczak : « Avec le coach, ça n’allait pas. Et à la fin, on avait une équipe où il n’y avait rien qui allait. Il y avait les jeunes qui avaient un gros potentiel. Mais vu qu’ils n’étaient pas terminés, c’était compliqué en Ligue 1. C’est compliqué la Ligue 1. C’est très compliquée. Tactiquement, physiquement, on n’était pas prêts. Le coach est finalement parti. Après, Pascal Dupraz est arrivé. Il a essayé de renverser ça. Mais tu sais, quand ça fait 2-3 ans où ça ne sent pas bon… Ça devait arriver. Et je pense que c’était un mal pour un bien. Aujourd’hui, ils ont des nouveaux investisseurs. Ils sont remontés en Ligue 1. Après, c’est un club qui mérite d’être en Ligue 1 pour la ferveur, le club, l’historique. Moi, je suis content pour eux.
C’était trop dur. Moi, je voulais arrêter le foot. Parce qu’en plus, Saint-Etienne, c’est petit. Ce n’est pas comme si tu pouvais te balader, tu pouvais t’échapper. Je voulais arrêter. J’en avais marre. Pas arrêter, tu vois, mais il fallait que ça se finisse. Les derniers matchs à Saint-Etienne, je n’ai pas joué. Je ne joue pas les deux derniers matchs de championnat. J’ai été voir le coach. Il y avait un truc contre moi, c’était violent. Après les deux CSC, c’était… Violent. Et Pascal Dupraz qui me connaissait super bien, me dit « Kolo, je te sens là, tu es au bord, tu es à la rupture, tu vas craquer. Je l’ai mal pris. Mon dernier match, c’est contre Monaco, quand je mets mon but contre mon camp et je sors. Dès l’échauffement, je suis sorti et je me suis fait insulter tout le long. Je me suis tué. J’étais au fond. C’était dur. »
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