UltimoDiez
·9 juillet 2020
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·9 juillet 2020
Le parcours de Florent Hanin est à l’image de son activité dans le couloir gauche du Vitória Guimarães : fait d’incessants allers-retours. Le Français a vu du pays, voire du continent. Exilé sans avoir joué un match professionnel en France, le trentenaire a passé des années faites de malchance, de salaires qui tardent à tomber et de transferts forcés. Du Havre au Portugal, de la Belgique à la Norvège sans oublier de claquer la bise aux Grecs. Comment un joueur formé au Havre a-t-il enfilé le costume du globe-trotter endurci ? Pour Ultimo Diez, Florent Hanin revient sur ses péripéties. Avec un soupçon d’autodérision.
Ultimo Diez – Pour commencer, parlons football. Comment décrirais-tu ton style de jeu ?
Florent Hanin – Mon style de jeu est porté sur l’offensif. Beaucoup d’allers-retours. Beaucoup d’aide pour les ailiers. Plutôt style latéral moderne. Je suis un arrière offensif mais qui remplit assez bien ses tâches défensivement.
À 19 ans, tu signes un premier contrat pro avec Le Havre. Avec du recul, que retiens-tu de ton passage chez le club qui t’a formé ?
Je lui dois tout parce que sans lui, je n’aurais certainement pas été professionnel. Je regrette de ne pas avoir joué en équipe première là-bas, mais je garde de très bons souvenirs. On a quand même fait deux demi-finales de Gambardella, une finale de championnat de France des réserves…
Qu’est-ce qui a motivé ton choix de rejoindre le nord du Portugal et Leixões en 2011, à 21 ans ?
Le truc, c’est qu’il y a un problème dans la charte du foot pro en France. Quand tu signais pro en étant jeune et que tu voulais aller en National, tu étais obligé de signer un contrat fédéral avec un salaire minimum. Sauf que les clubs de National n’ont pas beaucoup d’argent. Normalement, ils ne proposent ces contrats qu’aux avant-centres. Je pouvais aller à Orléans, j’avais des touches à Vannes ou au Gazélec mais ça n’a pas pu se faire à cause de ce problème dans la charte.
Et donc, mon seul moyen pour continuer d’être professionnel, c’était de m’exiler. Durant l’été, j’étais avec le syndicat des joueurs. On a fait des matches amicaux, j’ai réussi à garder la forme et je suis allé faire un essai au Portugal. Ça s’est bien passé et je suis resté à Leixões, en D2, pendant un an.
Comment s’est passée cette première expérience à l’étranger ?
Personnellement, c’était assez difficile parce que j’étais loin de la famille, loin de tout. En plus, je ne parlais pas la langue. Mais professionnellement, j’ai fait une très bonne saison. J’ai figuré dans l’équipe-type de 2e division et c’est ce qui m’a ouvert les portes de clubs de 1re division.
Tu es alors passé à la vitesse supérieure en rejoignant Braga, mais tout ne s’est pas aussi bien déroulé…
On m’avait promis des trucs en signant là-bas… J’aurais dû être avec l’équipe première, mais après la pré-saison, on m’a envoyé avec l’équipe B (D2). Mentalement, ça m’a fait du mal parce que j’avais déjà montré ce que je valais en 2e division. J’ai eu des propositions d’autres équipes que Braga, mais on parlait quand même d’un très bon club au Portugal.
Détaille-nous ces années où tu as été prêté deux fois à Moreirense.
Comme les promesses n’ont pas été tenues, j’ai un peu fait la tête (sourire). J’ai dû faire 6 mois avec la réserve, mais en décembre, j’ai demandé à être prêté. Moreirense avait besoin d’un arrière gauche et ils n’avaient vraiment pas beaucoup de points dans la lutte pour le maintien. On a fait une très bonne deuxième partie de saison et on a failli se maintenir, jusqu’à la dernière journée. Après ça, je suis revenu à Braga où il y avait un nouveau coach. On m’a refait des promesses, sauf qu’à la fin de la pré-saison, ça a été exactement pareil. J’ai dû activer un plan B rapidement. Je suis retourné à Moreirense en D2, en sachant qu’on allait jouer la montée.
On associe souvent le championnat portugais à un tremplin. Qu’est-ce qui t’a amené à choisir le Panetolikos en Grèce, en 2014 ?
Ce n’était pas un choix ça, c’était une obligation (rires). Quand j’étais prêté à Moreirense, Braga payait mon salaire. Sauf qu’en janvier, Braga ne voulait plus payer et Moreirense ne pouvait pas. Braga m’a dit : « Soit tu vas à Panetolikos, soit tu reviens en équipe B et tu ne joueras pas. » Le choix a été assez rapide. Je suis parti et ça a été une bonne expérience. Ça a été compliqué aussi mais il y avait quelques Français très sympas qui m’ont grandement aidé. En plus, on ne m’avait pas donné d’appartement, rien. J’ai dû rester 6 mois à l’hôtel, donc c’était compliqué personnellement. Mais au niveau professionnel, ça s’est très bien passé.
De retour de ce prêt, tu t’es engagé à Lierse, en Belgique. Et là, tu t’es payé un bout de saison bien galère…
Ouais, dans le foot j’ai fait de très bons choix moi (rires). J’avais le choix de retourner à Panetolikos, mais je ne voulais pas emmener ma copine là-bas. Pour le football, ça aurait été très bien, mais pour le niveau de vie, j’ai préféré aller en Belgique. Il y avait un coach néerlandais qui me voulait absolument. Mais avant de signer là-bas, Braga a retardé les choses, et a essayé de me mettre dans l’autre club. Je n’ai pas voulu, ça s’est encore fait au dernier moment.
Je suis arrivé là-bas sans pré-saison donc physiquement, c’était compliqué. Le problème, c’est que ce coach, qui voulait jouer au ballon, s’est fait virer au bout de 3 ou 4 mois. Il s’est fait virer par le directeur sportif, sans l’accord du président. Le président a dit au directeur sportif que, maintenant, c’était lui qui faisait ces choix et il a ramené un Bosnien ou un Slovaque, un truc comme ça. Et là, ça jouait pas au foot. Ça jouait au rugby ou je sais pas… Ce n’était pas pour moi. Donc en janvier, j’ai décidé de partir.
Tu es parti en Norvège. Avec le club de Strømsgodset, vous finissez deuxièmes du championnat.
Je suis arrivé blessé, mais ils m’ont fait confiance. Ils m’ont bien rétabli et j’ai ensuite commencé à jouer. On a terminé deuxième derrière Rosenborg. Et pour ce club, terminer deuxième… Je ne vais pas dire que c’était un exploit, mais on a fait un très bon championnat. On est allés jusqu’au 3e tour préliminaire de la Ligue Europa. On s’est fait éliminer par Hajduk Split (Croatie). Pour un club norvégien, c’était une très belle performance.
En 2016, tu es recruté par le FC Saint-Gall (D1 suisse) et tu y joues 17 matches. À cet instant de ta carrière, tu as 26 ans et n’as jamais joué deux saisons consécutives dans la même équipe. Comment l’expliques-tu ?
Il y a eu des mauvais choix, des fausses promesses… Mais c’est aussi un peu de ma faute, faut pas le cacher. Quand t’es jeune, qu’on te dit quelque chose et que ça ne se fait pas, tu perds la tête. Strømsgodset, c’était un bon choix. Je n’y ai fait qu’un an parce que c’est la Norvège. Pas parce que c’était un mauvais club. C’est juste qu’il faut avoir plus de visibilité, il faut aller dans un club où le foot est plus reconnu.
Tu as choisi ou été forcé à choisir des destinations peu communes. Est-ce que tu avais imaginé ce parcours de globe-trotter avant de commencer ta carrière ?
Non. Quand tu commences, tu ne penses pas que ta carrière va t’amener dans des endroits comme ça. Je pense que si tu demandes à tous les jeunes joueurs en formation, aucun ne va te dire qu’il va essayer de faire le tour de l’Europe. Mais ce sont des expériences. Je ne vais pas dire que ça ne m’a pas plu. Au contraire, j’ai rencontré des cultures complètement différentes.
Bien sûr que j’aurais voulu avoir une autre carrière. Je ne vais pas te mentir, ce n’est pas la carrière rêvée. Mais, si tu regardes bien, professionnellement, je dois avoir 200 matches, peut-être un peu plus (268 selon le site Transfertmarkt, ndlr). Combien de joueurs professionnels ont déjà 200 matches ? Tu vas me dire, ouais Norvège, Belgique, Grèce… Faut quand même aller là-bas les faire ! J’aurais pu avoir une meilleure carrière, mais je suis fier de ce que j’ai fait. C’était et c’est encore compliqué parce qu’on ne m’a rien donné. J’ai dû cravacher pour signer mon contrat professionnel au Havre. Tout ce que j’ai acquis, je l’ai acquis par moi-même.
Tu as toujours su t’adapter aux coutumes, aux langues ?
Aux langues, non (sourire). Va apprendre le norvégien ou le grec… Mais ça m’a permis d’apprendre l’anglais. Je ne dis pas que je parle un anglais très correct. Moi, je m’amuse à dire que je parle un anglais de la rue (rire). Mais tu me mets dans n’importe quel pays, j’arrive à communiquer avec les gens et c’est le principal. J’ai réussi à avoir une ouverture d’esprit. On pourrait tous apprendre des autres pays.
Deuxième partie de l’entretien avec Florent Hanin à retrouver demain sur notre site. Au menu : une stabilité trouvée au Portugal et un guide du supporter portugais.
Crédit photo : Global Imagens / Icon Sport