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·10 octobre 2019
L’Eredivisie, terre d’accueil des Mexicains en Europe

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·10 octobre 2019
Arrivé cet été à Naples après avoir explosé au PSV, Hirving Lozano est un des exemples de la réussite des Mexicains aux Pays-Bas depuis une quinzaine d’années. En effet, l’Eredivisie s’est muée au fil du temps et des bonnes expériences en seconde maison pour les footballeurs aztèques.
Depuis l’arrivée de Joaquín del Olmo au Vitesse Arnhem en 1996, puis celle de Carlos Salcido au PSV en 2006, de nombreux joueurs mexicains ont été amenés à évoluer sur les pelouses néerlandaises. Alors que le dernier en date, Edson Álvarez, semble déjà avoir pris ses marques à l’Ajax, focus sur la réussite de ces joueurs aux Pays-Bas et sur ce qui fait de l’Eredivisie un championnat adéquat pour leur intégration en Europe.
La première division néerlandaise est bien connue par les suiveurs du ballon rond européen pour son football de qualité. Sous l’impulsion des grosses cylindrées comme l’Ajax Amsterdam (qui continue d’éblouir l’Europe en Champions League) ou le PSV, qui pratiquent un jeu léché et tourné vers l’offensif, toutes les équipes du championnat sont poussées à jouer sur la vitesse et les phases de transition rapides, avec des joueurs plutôt habiles et doués des deux pieds. Contrairement à d’autres championnats européens considérés comme plus rugueux (la Ligue 1 ou la Premier League par exemple), l’Eredivisie ne favorise donc pas la dimension physique des footballeurs, mais plus leur capacité technique à faire vivre le ballon. Or, ces caractéristiques collent plutôt bien avec le football pratiqué au Mexique et plus généralement en Amérique Latine : un football basé sur la qualité technique des joueurs, sur la vitesse et le spectacle. De plus, on connaît les difficultés d’adaptation que peuvent connaître certains joueurs latino-américains en raison du décalage physique avec l’Europe : aux Pays-Bas, ils peuvent s’adapter progressivement aux exigences du Vieux Continent sans se heurter à un engagement physique et à des efforts trop conséquents.
Classée onzième au ranking UEFA entre la Süper Lig et la Bundesliga autrichienne, l’Eredivisie est loin d’être le championnat le plus médiatisé et le plus regardé au quotidien. Ainsi, elle offre aux joueurs mexicains (et particulièrement ceux venant directement de Liga MX) un lieu de développement et de progression à l’abri d’une certaine exposition qui pourrait nuire à leur adaptation, tout en profitant de la vision offerte par les Coupes d’Europe, comme a pu le faire Hirving Lozano et comme le fait désormais Edson Álvarez. L’Eredivisie est donc le parfait compromis entre un football de haut niveau, permettant aux joueurs mexicains de progresser, et un faible niveau d’exposition quotidien, les protégeant d’une influence extérieure malsaine mais les rendant visibles par leurs exploits européens.
Toutes les caractéristiques citées précédemment font donc de l’Eredivisie le cocon idéal pour des joueurs aztèques qui profitent de se ressourcer dans l’environnement néerlandais avant de partir vers des championnats plus prestigieux. En effet, le profil des joueurs mexicains passés par l’Eredivisie peut se diviser en deux catégories : le jeune espoir en quête d’apprentissage vivant sa première expérience européenne, et le joueur plus âgé, en difficulté dans un des grands championnats et cherchant à donner un second souffle à sa carrière. Ces deux modèles ont presque toujours réussi aux Mexicains, preuve de la grande qualité de l’Eredivisie et de la capacité des clubs néerlandais à intégrer les étrangers.
Dans les deux cas, le séjour en terre néerlandaise ne dure donc qu’un laps de temps assez court : jusqu’à présent, aucun Mexicain n’a terminé sa carrière dans un club néerlandais, et seulement trois y sont restés plus de deux saisons d’affilée : Carlos Salcido et Andrés Guardado au PSV, Héctor Moreno à l’AZ Alkmaar.
« Notre style de jeu marche bien avec les Mexicains. Aux Pays-Bas, nous pratiquons un beau football qui sert de tremplin pour ensuite aller dans les meilleurs championnats. L’Eredivisie n’est pas la destination finale de ces joueurs talentueux. »Patrick Kluivert sur la réussite des mexicains en Eredivisie (La Jornada)
La trajectoire d’Héctor Moreno représente parfaitement cette dichotomie, puisqu’il a incarné ces deux rôles dans deux clubs néerlandais. En effet, après avoir débuté au Mexique, il rejoint l’AZ Alkmaar à 20 ans puis se révèle aux yeux de l’Europe. Il rejoint alors la Liga et l’Espanyol de Barcelone en 2011. Pendant trois ans, il est titulaire et performant mais se fracture le tibia au début de sa quatrième saison. Peinant à retrouver son niveau, il rejoint le PSV et se relance durant deux ans, ce qui lui permet finalement de retrouver un grand championnat avec l’AS Roma en 2017.
Le pionnier Carlos Salcido avait en 2010 pu découvrir la Premier League avec Fulham grâce à son vécu néerlandais, tandis qu’Andrés Guardado, non-désiré à Valence en 2014, a profité de son excellent passage au PSV pour retrouver la Liga au Betis trois ans plus tard dans la peau d’un titulaire expérimenté. De leurs côtés, les jeunes Jesús « Tecatito » Corona et Hirving « Chucky » Lozano ont su profiter de l’aspect offensif de l’Eredivisie pour se faire remarquer et rejoindre des grands clubs, le FC Porto et le Napoli.
Même si le premier footballeur aztèque à être arrivé en Eredivisie est Joaquín del Olmo à Vitesse en provenance de l’América en 1996, la véritable histoire d’amour entre les Mexicains et le championnat néerlandais a véritablement débuté dix ans plus tard, lorsque Carlos Salcido rejoint le PSV en provenance des Chivas de Guadalajara, après la Coupe du Monde 2006. Rapidement devenu titulaire indiscutable sur le flanc gauche de la défense et participant à deux titres de champion des Pays-Bas sur ses deux premières saisons, « El Sasa » convainc le PSV de renouveler l’expérience avec son ex-coéquipier aux Chivas Francisco Javier « Maza » Rodríguez, débarqué à l’été 2008. Six mois plus tôt, en janvier, le jeune Héctor Moreno quitte les Pumas pour rejoindre l’AZ Alkmaar, avec qui il sera champion en 2009 sous les ordres de Louis van Gaal. La machine est lancée.
Si le PSV est donc à l’origine de la success-story aztèque en terre batave, il en est également jusqu’à aujourd’hui le principal pourvoyeur. En effet, sur les onze joueurs mexicains passés par l’Eredivise, six ont évolué sous le maillot des Boeren (les fermiers) pour une réussite quasi systématique, étant donné que seul Erick Gutiérrez n’a pas encore remporté de titre avec le club. Tous les Mexicains passés par le PSV ont su conquérir le public d’Eindhoven en jouant toujours avec envie et en brillant sur la scène nationale et européenne. Le meilleur exemple de cette réussite est sans doute celui d’Andrés Guardado, devenu une véritable légende avec plus de cent matchs joués en trois saisons, dont la dernière en tant que capitaine. Plus que par ses qualités sportives, c’est aussi par ses qualités humaines et sa grande proximité avec le public qu’il a eu droit à de nombreux hommages pour devenir une idole :
« Carlos (Salcido) a été très important les années où il était ici. Mais il y a dix ans, entre 2006 et 2010, les réseaux sociaux n’étaient pas aussi présents et c’est pour ça qu’Andrés a eu plus d’impact. La première année, les fans néerlandais ne le connaissaient pas vraiment. Mais quand il a commencé à jouer, il a eu une année fantastique et a amené un titre au PSV après six ans d’attente. »Peter Rovers, directeur commercial du PSV, en visite au Mexique (Mediotiempo)
Ainsi, a un moment ou de plus en plus d’internationaux du Tri quittent l’Europe, l’Eredivisie représente une belle alternative en offrant un environnement idéal aux joueurs mexicains désireux de s’imposer sur le Vieux Continent. Championnat joueur, compétitif, peu médiatisé mais suivi par de nombreux recruteurs de grands clubs, il rassemble toutes les conditions nécessaires à l’épanouissement d’un joueur en quête d’expérience ou de confiance pour lui permettre de rallier ensuite un grand championnat.