
Arsenal French Club
·9 juillet 2025
Le cas Thomas Partey vu par la rédaction

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·9 juillet 2025
Ce vendredi 04 juillet, la BBC annonçait que Thomas Partey venait d’être inculpé de cinq chefs d’accusation de viol et d’un chef d’agression sexuelle sur des faits qui remontent à 2021 et 2022. Même si tout le monde se doutait que ce moment risquait d’arriver, l’info est tombée comme un véritable séisme. En attendant son procès qui aura lieu le 05 août, c’est tous les supporters d’Arsenal qui sont laissés dans l’incompréhension la plus totale sur la gestion de cette affaire qui est restée sous silence pendant plus de trois ans.
Pas facile de mettre par écrit ce que l’on ressent à l’encontre de notre club adoré dans sa gestion de l’affaire Thomas Partey. Déjà, le club a respecté la loi. Un employeur ne peut pas licencier un employé qui a été arrêté et questionné, des soupçons restent des soupçons.
Bien qu’il n’ait jamais été nommé, tous les spectateurs du football anglais savaient de qui il était question.
C’était un secret de polichinelle.
Le Ghanéen a quand même été entendu à sept reprises par les forces de l’ordre depuis juillet 2022. On peut à juste titre se poser la question de ce qui s‘est passé et se passe toujours dans la tête des entraineurs et de ses coéquipiers ? Qu’en pense l’équipe féminine ?
Arsenal avait l’occasion de clore le chapitre Partey « en douceur », son contrat se terminant fin juin. Mais pour des raisons obscures, la direction souhaitait le prolonger. Heureusement que le joueur y est allé au culot et a demandé une augmentation de salaire, sinon il serait toujours surement un joueur du club.
Il est difficile de croire que la direction n’ait jamais évoqué le sujet lors de conseils d’administration et anticipé les retombées médiatiques néfastes. Josh Kroenke, Tim Lewis, Richard Garlick, Mikel Arteta, aucun n’a pensé bon de tirer la sonnette d’alarme ?
Après tout, le club a respecté la loi… Mais la loi n’est pas toujours bonne, morale ou éthique. L’esclavage a été aboli pour la seconde fois le 27 avril 1848, avant ça il était légal. Au début du XXᵉ siècle, les Suffragettes se battent encore pour le droit de vote des femmes au Royaume – Uni. Sans un tollé social ou les peuples se soulèvent, généralement les choses n’avancent pas, ou peu.
Arsenal aurait gagné à agir dès juillet 2022. De quelle façon me direz-vous ? C’est compliqué … Peut-être déjà en annonçant un nouveau non-negotiable : un joueur sous le coup d’une enquête pour crime à caractère sexuel ne pourrait plus représenter le club. Point. Le joueur serait toujours salarié du club mais mis à l’écart avec interdiction de se rendre au centre d’entrainement.
Il est temps que les instances footballistiques prennent le problème à bras-le-corps et établissent un protocole à respecter. Le libre arbitre laissé aux clubs n’aide personne, et pour le coup, la gestion du dossier par la direction a été bien médiocre.
D’habitude, on prend du plaisir à parler de sportif, de datas, de profils, de mercato. Mais, dans le cas Thomas Partey qui secoue bien plus qu’Arsenal, les mots manquent. Du moins, les mots pour défendre l’image du club manquent, et à juste titre.
On ne va pas s’inventer juriste ou avocat, on préfère le rectangle vert aux pavés Dalloz. Oui, Thomas Partey est inculpé après des années et des années de rumeurs. Oui, il est toujours présumé innocent, innocence qu’il va maintenant devoir prouver. Certes, le club n’avait peut-être pas le droit de violer la vie privée du joueur en tant qu’employeur, grâce ou la faute à diverses jurisprudences. Mais, en mettant de côté l’aspect juridique d’une rare complexité, la vraie question : mais qu’a fait le club ?
Mais qu’a fait le club en souhaitant prolonger Partey, il y a encore quelques semaines ? Il est évident que le board ainsi que Arteta, étaient au courant de la situation de Partey. Pourquoi le coach espagnol souhaitait-il autant prolonger le milieu ghanéen en dépit de ses multiples arrestations ? La pression des résultats, “le process” qu’il incarne, auraient-ils aveuglé le coach espagnol en lui faisant oublier le rôle social qu’il incarne en tant que coach d’Arsenal ?
L’hypocrisie est totale. Un club très engagé socialement, avec des initiatives comme “No more red” qui prônent la paix, le respect des valeurs, l’engagement et l’acceptation d’autrui, qui se met d’un coup à basculer à grand coup de réalité. La réalité d’un club qui n’était pas pleinement en accord pour laisser partir libre, un joueur inculpé pour de multiples viols.
Maintenant, place au procès, la communauté et les victimes ont le droit de connaitre le fin de mot de l’histoire, et cette fois ci en pleine lumière.
Et enfin, le club nous doit des explications, du board à Arteta. Honnêteté et transparence, en tant que fan : c’est notre droit. Avec l’espoir qu’Arsenal soit une future jurisprudence pour le football anglais, bien trop léger sur ces sujets. Louis
On l’a bien compris, cette histoire dépasse largement le simple cadre du football. Ici, deux visions de la justice s’opposent : Comment protéger les victimes d’agressions sexuelles ? Comment protéger les personnes qu’on accuse à tort ?
Je ne suis pas juriste, encore moins avocat. J’ai très bien compris que le club a suivi des conseils juridiques importants et minutieux dans cette affaire et qu’il a au final respecté la loi. Je pense sincèrement qu’on ne peut pas envoyer un homme à l’abattoir sur la base de simples soupçons ni le priver de son salaire.
Mais je ne peux m’empêcher de penser que si tout cela est bien vrai, comment pourrait-on se regarder dans une glace ? Une des victimes a publié son témoignage sur Twitter au tout début de cette histoire en 2022, sur les viols présumés de Thomas Partey mais également sur le manque total d’aide et d’empathie dont le club a fait preuve à son égard. Peu de temps après, son compte a disparu du réseau social et ses tentatives de témoignages réduites au néant par les avocats du club et du joueur. Tout cela est vrai, c’était sous nos yeux.
L’industrie du football est une machine politique gigantesque, qui a dépassé depuis bien longtemps tous les cadres du raisonnable. Que représente la parole d’une femme face à une célébrité qui soulève un stade de 60 000 personnes ? Combien de footballeurs ont véritablement fini derrière les barreaux comparé aux innombrables plaintes pour violences sexistes et sexuelles qu’ils ont subies depuis des années ? Les sommes d’argent astronomiques et la célébrité décuplée ont totalement séparé ces personnes du reste du monde.
Je ne dis pas que tous les footballeurs devraient être jetés dans la fosse au moindre soupçon à cause de leur statut, les accusations à tort sont également bien réelles et certaines personnes profitent de ces célébrités pour extorquer de l’argent et salir leur image. Des fausses accusations qui par la suite contribuent malheureusement à décrédibiliser la parole de certaines femmes qui, elles, sont de vraies victimes d’agressions sexuelles.
Cela nous force à nous poser la question de la morale. En tant que supporters, a-t-on encore le droit de dire quelque chose ? Quel est notre rôle dans tout ça ? Quand je dis nous, je m’inclus en premier dedans. Selon moi, le sponsor “Visit Rwanda” sur la manche de notre maillot est à vomir et me révolte. Pourtant, je suis le premier à acheter des maillots d’Arsenal et à les porter fièrement à chaque match du club. L’idée que Partey soit un potentiel violeur me dégoute au plus haut point, ça ne m’a pas empêché de sauter de mon canapé quand il a marqué face à Manchester City cette saison.
Comment le club a-t-il pu penser à le prolonger alors qu’il était pertinemment au courant de toute cette histoire ? Comment Arteta va-t-il pouvoir faire face à toutes les questions alors qu’il a lui-même défendu l’importance du joueur quelques semaines avant la fin de son contrat ? Pourquoi le club n’a pas publiquement annoncé une seule fois soutenir les victimes d’agressions sexuelles sur ces trois dernières années ? Soutenir la communauté, ça passe aussi par là, pas seulement par des campagnes marketing axées sur la vente de vêtements.
Tous ces questionnements ne m’amènent malheureusement à aucune conclusion aujourd’hui, mais moralement, cela me gêne énormément que le club n’ait pas pris une seule fois position sur le sujet des agressions sexuelles et qui est actuellement un véritable fléau dans notre société. Nous sommes en droit d’avoir des réponses de la part du club et de ne pas être laissés dans le silence.