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·23 mars 2023

Le cas Mattéo Guendouzi

Image de l'article :Le cas Mattéo Guendouzi

Homme de base de Sampaoli et chouchou du Vélodrome, le milieu olympien connait une saison plus compliquée sous Igor Tudor. Des tensions à l’été, des débats sur sa position, un déclassement dans la hiérarchie, certaines performances décevantes, ainsi que des rumeurs de départ, ont fait vaciller le statut d’intouchable de Mattéo Guendouzi.

Un profil pourtant pleinement Tudor compatible

Si un joueur de l’effectif correspond à merveille à l’intensité, le sens du combat et la recherche de la verticalité, caractéristiques du style Tudor, c’est bien Mattéo Guendouzi. Son activité remarquable, son ambition permanente de jouer vers l’avant et de n’offrir aucun répit à l’adversaire, en font le milieu idoine du football total à la Tudor. L’ancien Gunner fut adopté par le peuple olympien dès ses premières touches de balles. En effet, il incarne l’ADN du club et sa fameuse devise « Droit au But ».


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Il combine à la fois une élégance certaine, par son allure élancée et sa tête levée pour trouver la meilleure solution, ainsi qu’un vrai sens du combat et de l’effort. C’est une combinaison rare, séduisant à la fois les amoureux de l’esthétisme, et ceux du duel et du dépassement de fonction.

Il était naturel de présager d’une saison à nouveau brillante de sa part, particulièrement quand on a compris que l’idéal du technicien croate consistait en une équipe attaquant presque tout le temps, qui va chercher son adversaire très haut et voit en tout espace une opportunité offensive. Par son jeu et son attitude, il avait tout pour devenir un cadre absolu d’Igor Tudor, en incarnant mieux que quiconque l’identité de ce nouvel OM.

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Il serait injuste de dire que cette idylle n’a jamais dépassé le statut de fantasme. Lors de certains matchs, ces espoirs se sont concrétisés, avec un Guendouzi performant et faisant preuve d’un grand leadership. Le match à Nice, fin août, en fut une éclatante démonstration. Il fut rayonnant dans un OM plus « Droit au But » que jamais. L’ouverture du score voit d’ailleurs le longiligne milieu marseillais contribuer à une récupération rapide et haute, en compagnie de Jonathan Clauss et Chancel Mbemba.

On peut aussi mettre en lumière, en première partie de saison, le match contre Rennes, l’entrée en jeu décisive à Auxerre, son match à Lisbonne, et encore plus celui à Tottenham. Il joua à Londres un rôle majeur dans l’excellent match à 11vs11 de l’OM. Avec Rongier et Veretout, ils ont magnifiquement pris en tenaille le milieu londonien. Ce fut encore le cas au Vélodrome face à ce même adversaire, avec une première mi-temps collective de très haut niveau, tant dans l’intensité que la créativité. Guendouzi y contribua grandement dans son axe droit adoré. Il est tout sauf anodin qu’il soit présent et performant dans les deux matchs incarnant le mieux le style Tudor.

Des tensions

Irréprochable lors de la saison précédente par sa régularité exemplaire dans les grandes performances, il est l’auteur actuellement d’une saison moins accomplie. Son niveau global de performance est en deçà de ce qu’il peut et doit réaliser.

Les premières secousses fragilisant l’idylle entre l’OM et Guendouzi trouvent leur origine au mois de juillet. Il y eut d’abord le départ surprise de Jorge Sampaoli, qui surprit et attrista un vestiaire qui avait une grande affection à son égard. C’était particulièrement le cas de Mattéo Guendouzi, ce dernier ayant connu, sur le plan individuel, une superbe saison sous les ordres de l’entraineur argentin. L’arrivée soudaine d’Igor Tudor fut synonyme de révolution : style de jeu aux antipodes du précédent, exigence de travail fortement amplifiée, relations humaines moins faciles et chaleureuses (au début en tout cas).

Des informations crédibles ont fait état durant les premières semaines de problèmes relationnels entre l’entraineur et le joueur. Deux altercations auraient eu lieues, elles auraient cristallisé un malaise latent. Un clash entre ces deux hommes de fort caractère ne s’étant pas encore apprivoisé, était prévisible. Le calme est ensuite revenu, la relation entre les deux hommes s’est apaisée. Ces tensions n’ont certainement pas aidé, elles ont pu jouer un rôle dans les difficultés relatives du joueur cette saison, même si il faut probablement nuancer leur importance.Le sujet purement football est certainement le plus important et intéressant ici. L’entraîneur croate fit très rapidement des choix tranchés et inattendus, les principaux concernant les deux postes de milieux offensifs. Exit Payet tout d’abord, puis peu à peu exit un Gerson très décevant. Dès le troisième match, contre Nantes, Guendouzi se retrouva à un poste avancé de milieu offensif. Les premiers mois de l’OM ont été très satisfaisants, et les siens ont été plutôt bons. Mais les matchs de qualité ne s’enchaînaient pas forcément, et surtout, les choix de Tudor à son égard faisaient beaucoup parler. Lorsque l’OM ne gagnait pas, le milieu de terrain olympien était constamment au centre des débats.

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Des débats

Le débat concernait avant tout sa position, et n’était pas toujours marqué du sceau de la pertinence. En premier lieu car contrairement à ce qui a été beaucoup dit, il occupa déjà régulièrement un poste avancé sous Sampaoli. Quand l’OM jouait sans pur 9, lui et Gerson avaient pour responsabilité de plonger dans le dos de Payet (le faux 9), et se retrouvaient alors dans la surface adverse. Ses responsabilités offensives étaient majeures. Il les assuma brillamment, notamment en étant régulièrement décisif : 5 buts et 10 passes décisives sur la saison.

Ce choix de Tudor fut perçu comme surprenant, ce qui se comprend au vu de la richesse de l’effectif olympien. Pour les deux postes de milieux offensifs, les spécialistes étaient nombreux (Harit, Gerson, Payet, Under, voire Alexis Sánchez, puis Malinovskyi et Ounahi à la place d’Harit et Gerson). Mais ce choix de l’entraîneur olympien n’était pas dénué de sens. D’abord car on a constaté la saison dernière qu’il pouvait être performant haut sur le terrain et en profitant des décrochages du 9 (Alexis en fait beaucoup, Payet en faux 9 également).

Ensuite, car le positionner derrière le 9 en fait un leader du pressing, un joueur harassant les relanceurs adverses. Ce rôle lui correspond à merveille. Cette position offre également à Tudor une flexibilité tactique précieuse. Elle lui permet dans un même match d’osciller entre un vrai carré (2 défensifs, 2 offensifs) et une sorte de milieu à 3, avec Guendouzi en axe droit du trio.

Au-delà du débat sur sa position, il fut rapidement clair que le nouveau coach olympien ne le considérait pas comme indispensable. Il s’en ait d’ailleurs privé pour certains matchs cruciaux, telle la réception de Francfort. Et ce ne fut pas une réussite pour l’OM ce soir-là, le pressing sans Guendouzi fut défaillant, et la prestation olympienne affligeante.

Des performances moyennes, un déclassement logique (et un départ ?)

Il est difficile d’évaluer l’impact sur le terrain des relations froides des premiers mois entre le joueur et l’entraîneur. Mais en tout cas la dégradation de ses performances en comparaison de la saison précédente est, elle, bien perceptible.

Sur le plan collectif, Mattéo Guendouzi contribue incontestablement à la belle saison du club phocéen, et à son jeu infiniment plus réjouissant que celui de Jorge Sampaoli. Sur le plan purement individuel par contre, son influence n’est plus la même.

Le numéro 6 marque habituellement le jeu et les esprits par sa présence. On qualifie certains milieux de joueur de l’ombre, lui est un joueur de lumière. Si la saison dernière son omniprésence était évidente et rendait l’OM meilleur, sous Tudor elle n’est là qu’avec parcimonie. Le Guendouzi éclatant, nous marquant visuellement par son jeu vers l’avant et son énergie, est présent de manière succincte. L’un des symptômes de l’affaiblissement de son rayonnement est le fait qu’il soit moins décisif : 4 buts et 5 passes décisives pour l’instant (5 et 10 la saison précédente).

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Certes, il ne serait pas de bon aloi de dresser un tableau plus noir que ce qu’il doit être. Il ne fait pas une « mauvaise » saison, mais on sait qu’il peut faire mieux, apporter plus à l’OM. Et même si son temps de jeu demeure important, il est incontestable qu’aujourd’hui, Valentin Rongier et Jordan Veretout le devancent dans la hiérarchie des milieux. Quant aux deux postes plus offensifs, le retour en grâce de Cengiz Ünder et l’arrivée de Ruslan Malinovskyi ont changé la donne. Ces quatre joueurs sont les premiers choix.

On pouvait légitiment critiquer Tudor à ce sujet durant la première partie de saison, car le duo RongierVeretout ne donnait pas pleinement satisfaction. Les performances de ce duo mettaient en lumière un certain manque de créativité de leur part. Ce n’est plus le cas depuis le retour du Mondial, Jordan Veretout ayant retrouvé son niveau italien, et Valentin Rongier ayant encore passé un cap. Ils sont clairement les choix les plus logiques pour ces deux postes, notamment pour leur intelligence tactique.

Il serait cependant tout sauf sage de douter des qualités de Mattéo Guendouzi. Un coup de moins bien ne remet aucunement en cause tout le bien qu’on pense et sait de lui.

Son départ semble inéluctable du fait de ce déclassement, mais surtout car ses grandes qualités sont justement reconnues de tous. Par son âge et son talent, il est celui qui a la meilleur cote sur le marché. Il sera alors difficile pour le club de refuser les 30-40 millions qui devraient être proposés…

L’avenir proche nous offrira probablement une séparation entre ce joueur formidable et ce club qui lui correspond si bien. Mais qu’importe, l’histoire aura été magnifique, et tout supporter olympien se souviendra avec grande affection et nostalgie, de ce milieu de terrain atypique, élégant et attachant.

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