Le carnet du scout, épisode 4 : Ritsu Doan, la sensation japonaise surnommée "Maradoan" | OneFootball

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·31 octobre 2018

Le carnet du scout, épisode 4 : Ritsu Doan, la sensation japonaise surnommée "Maradoan"

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Au milieu de Kylian Mbappé, Justin Kluivert et Houssem Aouar, son nom en a étonné plus d’un. Ritsu Doan a été nommé par France Football dans la liste des prétendants au Trophée Raymond Kopa, du meilleur jeune de moins de 21 ans de l’année. Si la récompense ne devrait pas échapper au premier cité, voir l’ailier droit japonais figurer dans cette liste est déjà un achèvement en soit. Celui qui s’épanouit du côté de Groningue, aux Pays-Bas, ne cesse depuis un an de voir sa popularité monter en flèche, surtout dans son pays où on en dit le plus grand bien.

Son parcours : le grand saut vers l’Europe à 19 ans

À seulement seize ans et onze mois, celui qui est considéré par tous ses formateurs du Gamba Osako comme une grande promesse pour le football japonais effectue ses débuts en professionnels en juin 2016 face aux Kashima Antlers. Les bonnes nouvelles se succèdent rapidement puisque deux mois plus tard, il connaît sa première titularisation. Cependant son émergence en tant que joueur régulier ne se fera que deux ans plus tard. S’il fait quelques apparitions en 2016, il doit surtout se contenter de la réserve, qui évolue en troisième division. C’est justement dans ce championnat plus accessible pour les jeunes joueurs qu’il va s’aguerrir jusqu’à retrouver la confiance de l’entraîneur de l’équipe A. Auteur d’une bonne seconde partie de saison en 2016-2017, il éveille l’intérêt de certaines équipes en Europe. C’est finalement à Groningue, sous la forme d’un prêt, qu’il atterrit à l’été 2017.


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Avec cette première expérience hors du Japon, Doan pouvait être confronté à de nombreux soucis pour un jeune étranger avec l’adaptation à la culture, la rigueur et la langue néerlandaises. Cependant, le natif d’Amagasaki va tirer une certaine force de ce contexte en surprenant de nombreux observateurs. Il réalise un exercice 2017-2018 très convaincant avec neuf buts et quatre passes décisives en 29 apparitions en Eredivisie. Une progression nette et épatante par rapport à ce qu’il avait montré sur quelques bouts de matches dans son archipel. Ses performances aux Pays-Bas ont logiquement interpellé les recruteurs des plus gros clubs nationaux (Ajax, PSV, Feyenoord) mais le club basé au nord du pays a su résister à toutes ces convoitises.

En parallèle de ses étapes en club, Ritsu Doan se fait également un nom à travers ses prestations en sélection. Appelé régulièrement  chez les U18, il réalise une excellente Coupe d’Asie chez les U19 avec un titre à la clé. Son rendement dans cette catégorie est à souligner, avec cinq réalisations et huit passes décisives. Derrière, il ne permet pas au Japon de passer le premier tour du Mondial U20 mais se fait tout de même remarquer en Corée du Sud. La consécration intervient en septembre dernier avec une première sélection chez les Samurai Blue et une victoire face au Costa Rica (3-0). Un mois plus tard, sur une passe d’Hirko Sakai, il inscrit son premier but en équipe nationale, face à l’Uruguay, lors d’un match assez fou (4-3).

Ses qualités / axes de progression : un gaucher qui brouille les pistes

Le gaucher de 20 ans est capable d’évoluer à de nombreux postes offensifs, sauf en pur avant-centre. Le plus souvent, ses entraîneurs le placent sur le côté droit où il apprécie grandement évoluer sur son faux pied afin de déstabiliser son vis-à-vis. Technique et rapide, il sait combiner ses qualités intrinsèques à une certaine vista, dans la manière d’effectuer au bon moment la passe juste. Certains observateurs au Japon n’hésitent pas à le réclamer en numéro 10 pour succéder à Shinji Kagawa à moyen terme, même si l’intéressé semble plus habile sur une aile.

À propos de sa personnalité, sa capacité à s’acclimater rapidement aux Pays-Bas et de pouvoir enchaîner les rencontres avec également de nombreux et longs voyages en sélection prouve un certain sang-froid, voire une maturité. S’il est athlétiquement déjà costaud pour son âge, il a du mal à terminer certaines rencontres si son entraîneur le laisse 90 minutes sur un terrain. Pour l’instant, sur les dix rencontres qu’il a joué cette saison en Eredivisie, il en a joué l’intégralité (900 minutes). Celui qui a eu 20 ans en juin dernier traverse d’ailleurs une période délicate avec son club (dernier du championnat néerlandais) et a pour l’instant du mal à faire des différences et à être décisif afin de remonter la pente.

Le témoignage : Nicolas (Tout le Monde s’en Foot) :

Un ami et grand fan du Gamba Osaka, m'a parlé de lui en bien pour la première fois alors qu'il faisait ses premières apparitions entre l'équipe U18 et les pros. Ça devait être début 2015 à peu près. Il n’avait pas encore 18 ans mais c'était vraiment le grand espoir parmi les jeunes du club. Personnellement j'ai vraiment pu le voir en action à la Coupe d'Asie U19 de 2016. Le Japon avait une belle équipe et jouait vraiment bien. C'était le leader d'attaque et il était vraiment au-dessus de ses adversaires. Au final ils ont gagné le tournoi et il a été eu MVP de la compétition. Dans la foulée, sa Coupe du monde U20 a été bonne aussi. Là je me suis dit qu'il méritait ses louanges et qu'il fallait vraiment le suivre de près.

Sur sa popularité au Japon, il est évidemment très apprécié chez les fans du Gamba ! Certains le surnomment 'Maradoan' même. Il est encore jeune et débute à peine avec les A donc il a le temps pour se développer et grandir en général. Mais il a clairement tout pour plaire et devenir la nouvelle star avec Nakajima surtout. Contre l’Uruguay, en résumé, Doan a joué dans son registre avec des différences balle au pied en repiquant souvent dans l'axe sur son pied gauche. Et à la fin son premier but en sélection pour une belle victoire ! Tout le monde était d'accord pour dire que la jeune triplette offensive qu'il forme avec Nakajima (Portimonense) et Minamino (Red Bull Salzbourg), épaulée par Osako en pointe, a été étincelante. Tout le monde est vraiment très excité par ce nouveau Japon et attends la Coupe d'Asie de janvier avec impatience.

Son départ à Groningen m'avait pas mal surpris à l'époque. Ça s'était fait très vite. J'avais peur que ça soit trop tôt mais finalement il s'est vite adapté et a su garder sa place à force d'être décisif. Il avait pris des cours d'anglais quand il était en équipes de jeunes pour être à peu près paré, c'était une bonne idée. L'Eredivisie est un bon championnat pour des jeunes comme lui, ils ont leur chance en général et le niveau n'étant pas incroyable ils peuvent vite se mettre en lumière. Je ne le vois pas rester à Groningen plus que la saison en cours, surtout si la situation du club ne s'arrange pas. Ils auront de toute façon besoin d’argent et ça commence déjà à roder autour de lui. La suite classique pour un japonais en Europe, c'est la Bundesliga où il retrouverait plein de compatriotes. J'aimerais assez le voir en Liga dans le futur mais il a encore du chemin à parcourir pour y être un vrai bon joueur alors sans doute qu'une étape intermédiaire serait une bonne chose. Le plus important pour un jeune de son âge, ça reste le temps de jeu.

Son avenir : un mercato estival 2019 décisif

Ritsu Doan aura 21 ans en juin prochain et la question de son avenir à Groningue se pose déjà. Mal en point au classement, le dernier d’Eredivisie pourrait être contraint de vendre sa pépite japonaise dans des conditions avantageuses pour les clubs intéressés. Pisté par les grosses écuries néerlandaises, le néo-international suscite aussi des intérêts en Allemagne et en Autriche, où le Red Bull Salzbourg rêve de l’associer à son compatriote Minamino. Cependant la saison est encore longue et Doan doit avant tout penser à sauver le club qui lui a accordé une certaine confiance pour ses débuts sur le Vieux Continent. Par rapport à la sélection, la bonne dynamique du Japon aperçue en Russie en juin dernier semble lui bénéficier avec trois sélections depuis début septembre. La Coupe d’Asie des Nations, en janvier 2019, aux Émirats Arabes Unis, semble être un objectif légitime pour lui et ses coéquipiers.