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·5 août 2021

Lausanne-Sport : le projet INEOS

Image de l'article :Lausanne-Sport : le projet INEOS

En novembre 2017, INEOS, une société anglaise spécialisée dans le secteur de la chimie, rachetait le Lausanne-Sport. A l’époque, le géant de la pétrochimie était déjà le sponsor principal de Team Vaud, les sélections de jeunes du canton. Grâce à cela et au budget important de la firme, ce rachat faisait rêver le club lausannois. Tout laissait penser à un développement favorable de l’équipe alternant centre de formation et nouvelles recrues.

David Thompson, le directeur général de l’entreprise, affirmait vouloir que le LS devienne un habitué des compétitions européennes. Il voulait donc faire changer le club de dimension. Néanmoins, dès la première saison d’INEOS à la tête de l’équipe, Lausanne est reléguée en Challenge League. Il faudra attendre l’été 2020 pour retrouver le club au sein de l’élite. La première saison du retour en Super League semble être une première réussite alors que les Lausannois terminent à la cinquième position. Doté de jeunes prometteurs et pouvant compter sur les affinités avec l’OGC Nice, le club est promis à un avenir radieux. Décryptage d’un rachat historique et d’un projet encore d’actualité au sein de la capitale olympique.


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Bienvenue INEOS

Tout a débuté comme dans un rêve, en novembre 2017. Une multinationale anglaise venait de racheter le Lausanne-Sport. INEOS, géant de la pétrochimie, n’a jamais caché ses ambitions pour le futur du sport vaudois. L’entreprise possédait déjà des locaux à Rolle, une commune située à 30 kilomètres de Lausanne. Au moment de cet achat, la multinationale emploie plus de 17 000 personnes et possède un chiffre d’affaires de 40 milliards de dollars. La firme souhaitait s’impliquer dans le domaine sportif de la région depuis son installation en 2010. L’entreprise est alors rapidement devenue le sponsor principal du club de hockey sur glace de Lausanne. Puis, en matière de football, elle s’est mise à parrainer Team Vaud, la structure junior du LS.

INEOS n’a donc pas mis longtemps pour se décider à racheter le Lausanne-Sport lorsqu’Alain Joseph, l’ex-président, a fait valoir son désir de vendre l’équipe. Avec ce rachat, la firme franchit une étape. Elle est devenue ce jour-là pour la première fois actionnaire à part entière d’une équipe professionnelle. Une grande partie des supporters se réjouissait de ce nouveau propriétaire. Il allait apporter un renouveau attendu depuis quelques années au sein du club lausannois. Les objectifs faisaient rêver. Le président du Lausanne-Sport entré en fonction ce jour-là se nomme David Thompson, le directeur général d’INEOS.

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Alain Joseph (à gauche) passe le pouvoir à David Thompson (à droite) pour diriger le club

Il ne cachait pas ses ambitions en voulant développer le club et souhaitait réaliser ce projet avec les structures de jeunes pour créer une équipe composée notamment de joueurs régionaux. Son principal objectif était d’installer le club dans le top 4 national en cinq ans. Il avait donc pour ambitions que Lausanne joue régulièrement les différentes coupes d’Europe. De plus, il comptait sur le nouveau stade, prévu à l’époque pour l’été 2019, pour développer le football dans la capitale olympique.

En effet, à Lausanne, le hockey sur glace attire plus de spectateurs que le sport le plus pratiqué au monde. D’une part car le Lausanne Hockey-Club est installé dans l’élite du hockey suisse et d’autre part car le stade olympique de la Pontaise n’est pas optimal pour accueillir du football. Une piste d’athlétisme sépare le terrain des gradins et ses tribunes sont plutôt vétustes. Le stade de la Tuilière va donc logiquement attirer plus de publics, notamment grâce à sa modernité.

Un premier mois de janvier très animé

Pour réaliser ses ambitions, Lausanne commence par se lancer dans la recherche d’un nouveau directeur technique et de plusieurs joueurs expérimentés pour renforcer l’équipe. Le sélectionneur de l’époque de l’équipe nationale suisse des moins de 20 ans, Pablo Iglesias, devient rapidement le premier homme sur la liste. Le LS le recrute en janvier 2018 en tant que directeur sportif. Il arrive en terrain connu puisqu’il a respectivement évolué puis entraîné, entre 1985 et 2003, dans toutes les catégories de jeunes du secteur de formation du club avant d’en prendre la tête. Il a aussi dirigé la première équipe durant la saison 2002-2003.

Quelques jours plus tard, INEOS change déjà le directeur général du club. Le nouveau titulaire du poste se nomme Bob Ratliffe. Il s’agit du frère de Jim Ratliffe, le fondateur et PDG d’INEOS. David Thompson, l’ex-titulaire du poste se concentrera dès lors sur les activités en développement au sein de la multinationale.

Plusieurs jours auparavant, les choses sérieuses ont aussi commencé du côté de l’effectif sportif. Le LS signe le 1er janvier 2018 Enzo Zidane, le fils de Zinédine. Le club débourse 0 euro car Enzo vient de rompre son contrat avec Alaves où il n’a jamais réussi à s’y imposer. Le même jour, le FC Bâle prête aux Lausannois son milieu central suédois Alexander Fransson. Ces deux arrivées représentent un pari sportif risqué puisqu’aucun de ces deux joueurs n’avaient réussi à vraiment s’imposer avec leur précédente équipe. Cependant, il s’agit aussi d’une réussite marketing car aucun centime n’a été dépensé.

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Enzo Zidane, Simone Rapp et Alexander Fransson posant avec le maillot lausannois pour signifier leur arrivée.

Au cours de ce même mois de janvier, Lausanne conclue les deux transferts les plus chers de son histoire. Le LS recrute l’imposant buteur du FC Thoune Simone Rapp (1m93) pour 1 million d’euros. Il reste sur un bon début de saison et porte beaucoup d’espoirs sur ses épaules. La deuxième recrue se nomme Francesco Margiotta et provient de la Juventus. Le club piémontais le prête aux Suisses depuis juin 2016. Très populaire auprès des supporters lausannois, il signe définitivement pour la somme de 1,2 millions d’euros. Sur le papier, le LS a les capacités de réaliser ses objectifs mais il faut le prouver sur les pelouses helvétiques.

Tout était alors prévu pour qu’une belle histoire d’amour commence entre les nouveaux dirigeants et des supporters conquit par les ambitions du projet. Cependant, toujours en janvier 2018, INEOS commet une grosse erreur. La firme multinationale touche directement à l’identité du club en voulant modifier le logo. On remarque dès le premier coup d’œil la patte d’INEOS dans le nouvel emblème du Lausanne-Sport. Un « o » coupé des deux côtés, identique à l’insigne de la firme anglaise, et la couleur orange, symbole de la multinationale, figure sur le modèle proposé. Les supporters lancent une pétition et un appel aux boycotts des matchs à la suite de la création du nouveau logo. INEOS décide alors de le retirer.

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Le logo proposé par INEOS.

Après consultations avec les supporters et les sponsors, le LS se retrouve tout de même avec un nouveau logo, mais celui-ci se rapproche beaucoup plus de la véritable identité du club. Mais le mal est fait et certains supporters se détachent déjà de leur soutien envers les propriétaires.

Pas de panique

A la fin de la première saison d’INEOS à la tête de Lausanne, le club est relégué en Challenge League. Promu deux ans auparavant, le LS quitte l’élite l’année où l’arrivée d’un nouveau propriétaire devait leur permettre de franchir un nouveau palier. On vit aussi un divorce entre certains groupes de supporters mécontents et les nouveaux dirigeants. Des heurts ont lieu à la suite de cette relégation. Le projet INEOS s’est transformé en une véritable catastrophe. D’importantes tensions se créent aussi au sein de l’effectif. La suite s’annonce très compliqué mais la firme anglaise ne se décourage pas.

Au contraire, elle ne panique pas et profite des années de flottement à Lausanne pour se créer un véritable empire sportif. En 2019, elle rachète la très performante équipe cycliste Sky. Quelques mois plus tard, l’entreprise devient propriétaire du club de Ligue 1 de l’OGC Nice. Plus récemment, elle devient aussi le sponsor de l’équipe Mercedes en Formule 1.

Du côté de Lausanne, quasiment rien ne se passe et le club reste terré en deuxième division suisse jusqu’au terme de la saison 2019-2020. La plupart des joueurs arrivés sous l’ère INEOS dont Zidane, Margiotta et Rapp quitte l’équipe sans avoir vraiment fait leur preuve.

Le club obtient sa promotion l’année où il peut enfin inaugurer son nouveau stade qui a subit des retards dans sa construction. Malheureusement, cela se fait à huis-clos à cause de la pandémie mondiale. La livraison du Stade de la Tuilière et les retrouvailles avec la Super League marque une première étape dans la réconciliation avec INEOS.

Une reconstruction efficace

Durant l’été, le club engage Souleymane Cissé comme nouveau directeur technique. L’ancien joueur ivoirien remplace Pablo Iglesias à ce poste marquant c’est un changement important. De plus, Lausanne profite du rachat de l’OGC Nice par la même firme. Cette saison, les Niçois ont prêté 7 joueurs au Lausanne-Sport. Parmi eux, on trouve Hicham Mahou, Evann Guessand et Lucas Da Cunha. Ces joueurs prêtés sont en partie responsable de la bonne saison de Lausanne.

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Evann Guessand sous les couleurs du LS

Le LS peut aussi compter sur des joueurs formés au club afin de renforcer l’effectif. La jolie saison de Cameron Puertas le prouve. Le jeune milieu central de 22 ans est une des révélations de l’année en Super League. Pour sa première saison parmi l’élite, les supporters lausannois l’élisent meilleur joueur du club en 2020/21. A 20 ans, le milieu défensif Gabriel Bares a aussi réussi à s’imposer afin de bénéficier d’un temps de jeu important.

L’arrivée récente de joueurs comme Jonathan Bolingi en attaque, Mory Diaw dans les buts ou encore Moritz Jenz en défense renforcent un effectif déjà bien rodé. Avec cette équipe, les Lausannois avait largement les moyens d’aborder sereinement le championnat, et c’est ce qu’ils ont fait.

Les Lausannois ont su prendre la cinquième place du championnat au terme d’une saison très ouverte et très serrée. Une belle performance pour un club qui vient tout juste de retrouver l’élite. Le Lausanne-Sport a su se redresser et a réussit à surmonter cette mauvaise phase en réalisant une bonne saison de retrouvaille avec la Super League. Le projet INEOS n’est qu’à son début et doit permettre au LS de rester et de performer au sein de la plus haute division du football suisse.

Crédits photos : francebleu.fr / lausanne-sport.ch / IMAGO

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