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·26 août 2023

Laura Benkarth : "A l'OL, je veux évoluer comme joueuse et comme femme"

Image de l'article :Laura Benkarth : "A l'OL, je veux évoluer comme joueuse et comme femme"

Malgré quelques mots de français déjà assimilés, Laura Benkarth s'est confiée en anglais à Olympique-et-Lyonnais avant l’amical contre l’Ajax ce samedi (11h30). La nouvelle gardienne de l'OL nourrit de grandes ambitions personnelles et collectives pour sa première expérience à l'étranger.

Olympique-et-Lyonnais : Comment se passe cette intégration ?

Laura Benkarth : Cela se passe très bien, les filles sont vraiment gentilles. Elles m’aident beaucoup, notamment par rapport à la langue, spécialement Maro (Dzsenifer Marozsan) qui est aussi Allemande. Elle m’a traduit pas mal de choses au début parce que je ne parle pas français, mais j’ai commencé les cours. J’ai désormais hâte de pouvoir retrouver toutes les joueuses qui ont disputé la Coupe du monde et faire connaissance ensemble.


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Avoir Sara Däbritz et Dzsenifer Marozsan dans l’effectif a-t-il pesé dans votre choix de rejoindre l’OL ?

Je ne sais pas si ça a été un gros facteur dans ma signature, mais bien sûr que c’est plus facile pour moi d’avoir deux compatriotes dans l’équipe. Si elles n’avaient pas été là, cela ne veut pas dire que je n’aurai pas signé à l’OL. Après, ça m’aide bien évidemment qu’elles soient là, je peux plus facilement leur demander des choses concernant l’entraînement pour pouvoir donner le meilleur ou pour la vie à Lyon avec la découverte d’un nouveau pays.

Vous avez joué en club (Fribourg, Bayern Munich) et en sélection avec Däbritz. Que vous a-t-elle dit pour vous convaincre ?

Elle ne m’a dit que des choses positives à propos de l’équipe et le club. C’est toujours mieux d’avoir une autre opinion venant de quelqu’un qui est à l’intérieur du groupe. Cela a rendu la décision encore plus aisée pour moi.

"Le stage à La Plagne a permis de s'intégrer encore un peu plus"

L’OL est votre première expérience à l’étranger. Est-ce avant tout une opportunité ou un vrai désir de connaitre une aventure loin de l’Allemagne ?

C’était une vraie opportunité de connaitre quelque chose de nouveau. Cela faisait 15 ans que je jouais en Bundesliga et une routine se crée logiquement. Les voyages sont les mêmes, on joue toujours au même endroit, dans les mêmes stades. De mon point de vue, c’est très positif de pouvoir découvrir quelque chose de nouveau, j’ai trouvé une nouvelle énergie, car ce n’est pas toujours les mêmes choses. Je peux aussi évoluer personnellement en tant que femme, en apprenant une nouvelle langue, une nouvelle culture.

S'imprégner de la culture française et lyonnais aide à s'intégrer ?

J’essaye déjà d’utiliser des mots français comme "allez les filles", "à demain" ou "à toute" (rires). C’est important pour moi d’apprendre la langue parce que je veux évoluer comme personne. Nous avons un effectif assez « international ». Avec le retour des internationales comme Lindsey (Horan) ou Vanessa (Gilles), nous parlons plus en anglais dans le vestiaire donc c’est plus facile pour moi. Mais mon but est de parler français afin de pouvoir donner des ordres et guider sur le terrain avec des "à droite", "à gauche", "ça vient".

Le stage à La Plagne était basé sur la cohésion de groupe. Pour une nouvelle comme vous, c'est forcément important ?

Cela aide parce que lors que vous êtes en stage, on passe plus de temps toutes ensemble. On prend le petit-déjeuner, on mange ensemble et on parle beaucoup donc cela permet de connaitre plus rapidement les joueuses. Et avec les sessions difficiles à La Plagne comme la montée à vélo, cela crée une cohésion d’équipe.

Vous arrivez comme doublure de Christiane Endler mais vous semblez nourrir quelques ambitions personnelles...

Si vous êtes une joueuse, vous avez toujours envie de jouer. Christiane a beaucoup d’expérience, c’est très bonne gardienne. J’apprécie la gardienne, mais aussi la personne. Elle m’a beaucoup aidé au début. Elle a de la famille allemande donc elle connait quelques mots en allemand. Nous avons une très bonne équipe et la compétition entre nous sera saine. C’est normal dans un club comme l’OL et je vais essayer de donner le meilleur. Si je ne joue pas, je serai malgré tout là pour pousser Christiane et l’équipe.

"Plus de professionalisme à l'OL qu'au Bayern"

Chez les garçons, le PSG avait choisi Buffon pour la Ligue des champions et Aréola pour le championnat. Avez-vous eu une discussion avec Sonia Bompastor ?

Non, elle ne nous a pas dit qu’une jouerait cette compétition et l’autre une autre. Nous avons beaucoup de matchs cette saison. Nous allons jouer la Ligue des champions, pour mon plus grand bonheur, donc il y aura des possibilités de faire des changements de gardiennes parce que c’est aussi compliqué pour les gardiennes de jouer tous les matchs, notamment durant les "semaines anglaises" (terme pour désigner les semaines à trois matchs). C’est toujours bon pour un entraîneur d’avoir une remplaçante sur laquelle elle peut compter.

Comment est l'ambiance avec les gardiennes et Simon Pouplin, qui vient lui aussi d'arriver ?

La relation est bonne. Nous avons une bonne équipe avec Simon. On est une équipe dans une équipe et c’est important de pouvoir parler, aider. Il y a aussi Féérine (Belhadj), qui est encore toute jeune. Je l’aide avec l’anglais et elle m’apprend des mots en français donc c’est sympa (sourires). Nous avons déjà passé de bons moments ensemble, il y a beaucoup de fun entre nous. C’est important pour moi, car je veux gagner, mais le faire avec le sourire, c’est encore mieux.

Avez-vous déjà vu des différences entre l'OL et le Bayern Munich ?

C’est un peu plus professionnel ici. Bien sûr, il y avait de très bonnes conditions au Bayern Munich, les infrastructures étaient plus modernes, car elles dataient d’il y a 2-3 ans. C’est à peu près la même chose entre les deux clubs, mais au niveau du staff, c’est plus professionnel à Lyon. Il y a plus de coach assistant, des docteurs qui sont toujours là.

Durant votre jeunesse, voir une fille jouer au foot n'était pas vraiment la norme. Comment êtes-vous tombée dedans ?

À cause de mon père. Il jouait dans l’équipe de notre ville et nous étions tous les week-ends sur les terrains. À la mi-temps, on allait sur le terrain pour jouer par exemple et faire des frappes. Je n’étais pas une fille "typique" si l’on peut dire à jouer avec des poupées Barbie. Ma mère m’a toujours dit qu’elle avait été contente d’avoir une fille, en pensant passer moins de temps sur les terrains de foot, mais ça n’a pas marché (rires).

"Il reste du chemin à faire dans le développement du foot féminin"

Voyez-vous une évolution par rapport à ce football de jeunesse ?

Le foot féminin se développe bien, je pense. Il reste encore du chemin à faire, bien évidemment. Quand j’ai commencé, les conditions n’étaient pas bonnes. Aujourd’hui, tout va en s’améliorant. Il y a de plus en plus de spectateurs dans les stades. La saison dernière, après l’Euro, il y a eu bien plus de personnes dans les stades en Allemagne. Avant, il y avait 200-300 personnes et là, c’était complet.

C’est dans la bonne direction, avec de plus en plus de professionnalisme. Mais il faut que ce soit généralisé et pas seulement quelques clubs. En France, il y a l’OL et le PSG, en Allemagne, le Bayern et Wolfsburg mais le reste des équipes n’ont pas des conditions dignes de professionnelles. Certaines doivent travailler et ne sont pas focus sur le football. Ce n’est pas normal qu’il y ait toutes ces différences.

La situation n'est finalement pas si différente entre deux pays qui avaient de l'avance...

La situation est à peu près similaire en France et en Allemagne même si on m’a dit qu’il y allait avoir des avancées en D1. Mais nous devons avoir des bases, pas seulement dans l’élite, mais aussi pour les jeunes joueuses avec des académies.

N'est-ce finalement pas frustrant de voir qu'un scandale prend le pas sur le terrain après la finale de la Coupe du monde ?

C’est quelque chose d’ennuyant et qui ne devrait pas arriver. C’est un très mauvais geste. J’ai entendu des mots de Rummeinigge disant que "ce n’était pas la mort. J’ai aussi fait des bisous après la Coupe du monde 2014 aux garçons." Mais ce n’était pas sur la bouche donc je me suis dit "What the f**k ? Si c’était sa fille, dirait-il la même chose ?" C’est très ennuyant, car nous devrions parler seulement de football et ça montre qu’il y a encore du travail à faire.

La saison redémarre bientôt avec le Trophée des championnes. Que peut-on souhaiter à Laura Benkarth en 2023-2024 ?

Jouer le plus possible, gagner des titres et améliorer mon français (sourire). C’était déjà mon but au Bayern Munich de gagner des trophées et ça l’est encore plus à l’OL qui est le plus grand club féminin du monde. Je pense qu’on a de bonnes chances d’aller loin en Ligue des champions avec cet effectif et je suis pressée de pouvoir jouer ces matchs.

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