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·13 septembre 2019
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Au printemps 2017, l’Atlético de Madrid devenait officiellement actionnaire majoritaire du Club Atlético de San Luis, évoluant alors en Ascenso MX (deuxième division). Deux saisons et une montée plus tard, le projet des madrilènes en terres mexicaines semble prometteur.
Un Atlético peut en cacher un autre. En effet, depuis deux ans et demi désormais, l’Atlético de San Luis est détenu à hauteur de 51% par le Club Atlético de Madrid, qui en a fait une équipe filiale. Alors que l’objectif de l’accession à la Liga MX a été atteint cette année, quelle est la réelle nature des relations entre l’Atlético de Madrid et son « petit frère » mexicain, mais surtout, quel intérêt pour les Colchoneros d’investir au Mexique ?
Le premier club de football professionnel à San Luis Potosí était le San Luis Fútbol Club, fondé en 1957 et disparu en 2013 à cause de la vente de la franchise. Au Mexique, les clubs de football existent en effet sous la forme de franchises, système que l’on retrouve dans presque tous les sports collectifs aux États-Unis (NBA, NFL, MLB, MLS…). Ainsi, chaque franchise est indépendante de la ville où elle est installée, et elle peut changer de nom et de siège au gré des rachats successifs par des propriétaires différents. Les déménagements et rachats de franchises se font en général lorsqu’un club veut éviter la descente ou quand il n’a pas les moyens financiers de rester en Liga MX.
C’est par exemple ce qui est arrivé à l’issue de la saison 2012/2013, lorsque le club du Querétaro FC (où Ronaldinho a évolué) est relégué sportivement en deuxième division. Profitant des difficultés financières des Jaguares de Chiapas, un homme d’affaires va racheter leur franchise pour la transformer en Querétaro FC et ainsi réintégrer le club en Liga MX à la place des Jaguares, qui disparaissent. La ville de Chiapas, qui tient à avoir une équipe en Liga MX, obtient alors la vente du San Luis Fútbol Club qui devient le Chiapas FC. Au même moment, le champion de deuxième division (les Reboceros de La Piedad) qui n’a pas les moyens financiers d’assumer une montée, voit sa franchise rachetée par les Tiburones Rojos de Veracruz qui lui chippent donc la place en première division.
Cela laisse donc vacante la place de l’ancienne franchise de Veracruz en deuxième division et la Fédération reçoit l’offre de Jacobo Payán Latuff, propriétaire du stade Alfonso Latras de San Luis Potosí, qui veut créer un nouveau club pour représenter la ville. C’est ainsi que naît le 28 mai 2013 le Club Atlético de San Luis qui démarrera en Ascenso MX.
Champion d’Espagne et finaliste de la Ligue des Champions en 2014, l’Atlético de Madrid veut s’étendre à l’international. En Inde d’abord, avec l’ATK (Atlético Kolkata) puis en France, où le club espagnol devient actionnaire du RC Lens en 2015. Cependant, la réussite sportive n’est pas vraiment au rendez-vous (l’Atlético se retire même du RC Lens en 2017, NDLR) et de nouveaux projets sont étudiés, notamment en Amérique Latine. Au même moment, l’Atlético San Luis, toujours en Ascenso MX, est menacé par la Fédération de perdre sa place à cause de problèmes administratifs.
Le propriétaire du club, Jacobo Payán, se rend alors en Espagne et trouve un terrain d’entente avec les dirigeants des Colchoneros qui deviennent officiellement actionnaires majoritaires du club à hauteur de 51% en juin 2017. L’Atlético de San Luis entame alors une mini-révolution pour se changer en vraie filliale des Rojiblancos. L’identité visuelle du club devient la même que celle de son frère madrilène : exit le marine et or, couleurs historiques du San Luis FC, et place aux rayures rouges et blanches accompagnées de bleu pour le nouveau logo et les tenues de match. Alberto Marrero Diaz, un Espagnol, est nommé président, et deux joueurs passés par la réserve de l’Atlético Madrid sont recrutés : l’expérimenté Mario Álvarez et l’espoir Borja González.
Très vite, l’objectif est annoncé depuis Madrid : la montée en Liga MX. Les Espagnols vont donc monter une cellule dirigeante pour structurer l’Atlético de San Luis et lui permettre une progression rapide, dans un championnat difficile où toutes les équipes se valent. Après une première saison décevante au cours de laquelle deux entraîneurs sont limogés (dont l’ancien gardien espagnol José Francisco Molina, aujourd’hui directeur technique de la Roja), l’Atlético de Madrid ne désespère pas et met les moyens pour continuer à faire grandir le projet. Avec la deuxième équipe la plus chère du championnat, l’Atlético San Luis réalise la saison dernière un parcours exceptionnel sous les ordres de Sebastián Sosa en décrochant par deux fois le titre d’Ascenso MX, lors du tournoi Clausura 2018 puis Apertura 2019. Ce qui lui assure la montée en Liga MX. San Luis a dû pour cela battre par deux fois en finale les Dorados de Sinaloa, équipe entraînée alors par Diego Maradona, que beaucoup donnaient comme favoris pour la montée.
Deux ans et demi après la prise de contrôle de l’Atlético de Madrid surl’Atlético de San Luis, force est de constater que le projet connaît un succès probant et donne le droit aux supporters de s’enthousiasmer. Les dirigeants colchoneros ne perdent pas de vue leur petit frère mexicain malgré la grandeur de leur club et leurs responsabilités au plus haut niveau européen.
En effet, chaque décision prise par les dirigeants de San Luis doit avoir l’aval de Madrid, comme la récente nomination de Gustavo Matosas au poste d’entraîneur. De plus, les Espagnols n’ont pas hésité à apporter une aide financière quand cela était nécessaire aux Mexicains afin de constituer une équipe compétitive pour la Liga MX. On retrouve donc cette saison dans l’effectif de San Luis deux Argentins prêtés par les Colchoneros : le jeune gardien Axel Werner et le buteur Nicolás Ibáñez, déjà présent depuis deux ans. Sans oublier trois ibériques (Mario Álvarez, Ian González et Unai Bilbao ont rejoint le navire). Après neuf journées, San Luis est confortablement installé à la dixième place du classement.
« Passer de la deuxième à la première division est très difficile en termes d’effectif, mais on est conscients que notre base de joueurs est solide. On pouvait recruter des bons joueurs, mais on n’avait pas les fonds suffisants jusqu’à ce que l’Atlético de Madrid nous aide financièrement et tout s’est bien passé. On va être très compétitifs, pas seulement pour nous, mais parce qu’on représente l’Atlético de Madrid. On rêvait d’accéder à la Liga MX, maintenant qu’on y est on peut continuer à grandir en tant que club pour d’ici cinq ans faire partie des tout meilleurs au Mexique. »Alberto Marrero Diaz, président de l’Atlético San Luis (EFE)
La vision des dirigeants des deux clubs se tourne donc vers le long terme pour faire de San Luis une vraie vitrine de l’Atleti au niveau mexicain. Plus que d’être un simple club satellite, l’Atlético de San Luis a l’ambition de devenir un club qui compte dans la paysage du ballon rond mexicain, où derrière les grands actuels (América, Tigres et Rayados) il y a une place à prendre. Cependant, la tâche ne sera pas si simple pour les Madrilènes et la plus grande entrave à leur projet pourrait être présente au sein même du club de San Luis.
En effet, les plus fidèles supporters potosinos n’acceptent pas totalement la nouvelle image du club. Ils se sentent dépossédés de leur « équipe » et ne se reconnaissent plus forcément dans le nouveau projet, aussi prometteur soit-il. Ils militent pour un retour aux couleurs traditionnelles, le marine et or, portées depuis 1957 par le San Luis FC. Et chaque week-end, on peut assister à un spectacle rare dans les tribunes du stade Alfonso Latras : un mélange entre les nouveaux maillots rayés rouge et blanc et les anciens bleus et or !
Nous l’avons vu, le projet de l’Atlético Madrid au Mexique connaît déjà le succès après seulement deux ans d’existence. Les progrès de l’Atlético de San Luis ont été fulgurants, mais pour tenir le cap en Liga MX, il ne faudra pas changer la philosophie et l’ambition actuelles qui portent leurs fruits grâce à l’appui du « grand frère ». Si c’est le cas, il ne fait aucun doute que San Luis a les moyens d’atteindre ses objectifs et de devenir un club important du football aztèque.