László Bölöni, la plus magyare des légendes roumaines | OneFootball

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·15 juillet 2023

László Bölöni, la plus magyare des légendes roumaines

Image de l'article :László Bölöni, la plus magyare des légendes roumaines

Le FC Metz est de nouveau remonté en Ligue 1 cette saison après une année au purgatoire. Habitué à faire l’ascenseur entre les deux divisions, le club lorrain a cette fois-ci pu compter sur László Bölöni pour retrouver l’élite du football français. Arrivé à l’été 2022, l’entraîneur roumain ne faisait pourtant pas l’unanimité du côté des Messins en début de saison dernière. Des questionnements qui pouvaient venir de son passé nancéen mais surtout de son parcours atypique d’entraîneur. Retour sur la carrière de la plus magyare des légendes roumaines.

László Bölöni, une légende magyarophone du football roumain

László Bölöni est né le 11 mars 1953 à Targu Mures en Roumanie. Une particularité importante à souligner car sa ville natale se situe en Transylvanie ou Pays Sicule. Cette région roumaine a la particularité de compter une forte minorité hongroise en son sein. Avant la Première Guerre mondiale et la chute de l’Empire d’Autriche-Hongrie, la Transylvanie était une région du Royaume de Hongrie au sein d’un Empire multiethnique. Les tensions ethniques vont apparaître avec le redécoupage issu des traités de paix de 1919. Ce dernier décide d’accorder le Pays Sicule et sa minorité magyare à la Roumanie. Ainsi depuis cette date, les Hongrois présents dans cette région se sentent étrangers dans un pays qui n’est pas le leur. Alors qu’ils ont toujours demandé une forme d’autonomie, les Hongrois de Roumanie se voient refuser cette demande jugée inacceptable par une Roumanie « jacobine » souhaitant s’inspirer du modèle français.


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László Bölöni est ainsi né dans une famille hongroise en Pays Sicule. Une fierté pour ce dernier puisqu’il porte pendant quatorze années le maillot du club local : l’ASA Targu Mures. Un club avec lequel il gagne deux fois le titre de meilleur joueur roumain en 1977 et 1983. Icône dans sa région, László Bölöni décide de passer à l’échelon supérieur en signant dans un des grands clubs de la capitale roumaine : le Steaua Bucarest. Alors qu’il était un joueur reconnu dans le championnat national, son transfert dans le plus grand club du pays en 1984 lui permet d’atteindre une notoriété internationale.

Avec le Steaua Bucarest, le milieu de terrain remporte trois fois le championnat de Roumanie, deux coupes nationales, une Supercoupe d’Europe mais surtout la Coupe d’Europe des clubs champions en 1986, ce qui constituait une première pour un club de l’ancien bloc communiste. Avec ses performances sur la scène européenne, László Bölöni se forge une belle réputation sur le continent européen. Un beau parcours au Steaua qui est aussi accompagné par une belle carrière internationale avec 102 sélections avec la Roumanie.

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Malgré son penalty manqué en finale, László Bölöni et le Steaua remportent la C1 en 1986.

La chute du régime de Ceaucescu et le tournant de l’arrivée en France

A la fin des années 1980, après de nombreux succès avec le Steaua Bucarest, László Bölöni décide de partir de Roumanie et tenter sa chance en Europe de l’Ouest. Nous sommes alors dans un contexte géopolitique particulier. Mikhail Gorbatchev dirige l’URSS et entend mettre en place une politique d’ouverture vers l’Ouest, la Perestroïka. Ainsi plusieurs joueurs issus des pays du bloc de l’est décident de franchir le mur de Berlin afin de gagner un meilleur salaire. C’est le cas de László Bölöni qui signe en Belgique au club du Wavre SFC en 1988. Un passage dans le plat pays qui dure une seule saison avant que l’international roumain signe en France à l’US Créteil. Une nouvelle expérience d’une saison avant de pouvoir jouer pour l’US Orléans durant trois saisons entre 1989 et 1992.

C’est du côté du club du Loiret que László Bölöni finit sa carrière de joueur en 1992. Un tournant important pour lui puisque c’est à partir de ce moment qu’il décide de se consacrer à une carrière d’entraineur à l’AS Nancy-Lorraine. Une profession qui ne lui était pas forcément destinée au départ. En effet, ayant obtenu un diplôme de dentiste dans son pays natal, László Bölöni rêvait de poursuivre une carrière dans ce domaine. Malheureusement la chute du régime de Ceaucescu en décembre 1989 ainsi qu’une équivalence de diplôme nécessaire pour exercer le métier de dentiste le contraint. La décision prise est alors de commencer une carrière d’entraîneur afin de pouvoir faire vivre sa famille. Avec l’ASNL, il fait les montagnes russes entre la D1 et la D2. Une expérience mitigée mais qui lui permet toutefois de devenir sélectionneur de la Roumanie en 2000.

C’est avec la sélection roumaine que László Bölöni lance véritablement sa carrière d’entraineur. A l’Euro 2000, les Roumains parviennent à sortir d’un groupe de la mort composé de l’Angleterre, du Portugal et de l’Allemagne. Un parcours qui s’arrête en ¼ de finale contre l’Italie, futur finaliste de la compétition. A partir de cette épopée roumaine,  László Bölöni se voit proposer un contrat par le Sporting Portugal. Une aventure portugaise riche en titres puisqu’il gagne tous les titres possibles avec le club de Lisbonne : championnat du Portugal, Coupe du Portugal et Supercoupe. Au Portugal, la légende roumaine reste surtout l’entraîneur qui a lancé Cristiano Ronaldo dans le grand bain. Après le Sporting, László Bölöni  retourne en France du côté du Stade Rennais. Une expérience bretonne de trois ans plutôt concluante avec en point d’orgue une quatrième place de Ligue 1 lors de l’exercice 2004/2005.

C’est à partir de son expérience monégasque en 2006 que sa carrière d’entraîneur connaît des montagnes russes. Son passage à l’AS Monaco est catastrophique et reste pour le Roumain une tâche indélébile dans son parcours de technicien. S’en suivent le Qatar avec Al-Jazeera puis un retour en Belgique sur le banc du Standard de Liège. Avec une superbe équipe composée de joueurs comme Fellaini, Witsel, Mbokani ou encore Jovanovic, il remporte le championnat en 2009 lors de deux rencontres de barrage contre le rival anderlechtois. Par la suite, Ladislau a du mal à avoir la même réussite. Il traverse plusieurs étapes non concluantes en Grèce, au Qatar ou encore en Arabie Saoudite. Il y a tout de même une dernière belle expérience entre 2017 et 2020 à l’Antwerp en Belgique. Puis encore deux passages difficiles à Gand et Panathinaikos avant de revenir du côté de la Lorraine, au…. FC Metz.

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László Bölöni est notamment connu pour avoir été l’entraineur ayant lancé Cristiano Ronaldo au Sporting Portugal en 2002.

Une figure controversée en Roumanie

Lorsque le vainqueur de la Coupe des Champions 1986 devient l’entraineur du FC Metz en juin 2022 la stupeur est présente du côté des supporters grenats. Tout d’abord il y a son passé nancéen mais surtout l’impression qu’il soit un coach du passé. Et pourtant László Bölöni fait encore mentir car il parvient à faire remonter le FC Metz en Ligue 1 une année après sa descente. Un exploit particulier puisque les Lorrains ont réussi une petite remontée sur l’un des grands favoris à la montée : les Girondins de Bordeaux.

Une performance qui en a étonné plus d’un en France surtout que ces derniers temps, László Bölöni  faisait davantage parler de lui sur le plan politique. En effet, ses connivences avec le gouvernement hongrois de Viktor Orban lui ont empêché de briguer un second mandat avec la sélection roumaine. En 2022, les médias roumains ont découvert que le Fidesz avait décidé de financer un documentaire à la gloire de l’international roumain. Un film qui est basé sur l’autobiographie de László Bölöni. L’œuvre cinématographique a été réalisée par Attila Szabo avec le soutien direct de l’Institut National du Film Hongrois avec un coût total de production de 96,1 millions de forints. L’objectif annoncé par le producteur Attila Szabo était de : « faire un portrait du plus grand footballeur roumain qui est resté hongrois ».

Une initiative qui s’inscrit dans la politique irrédentiste de Viktor Orban à travers le football envers les minorités hongroises des pays frontaliers. La Transylvanie roumaine n’y échappe pas surtout que László Bölöni , aussi appelé Laudislau en hongrois, est fier de revendiquer ses origines magyares. La preuve en est lorsque l’ancien entraîneur de Cristiano Ronaldo au Sporting, a été aperçu en pèlerinage à Sumuleu Ciuc avec un drapeau des autonomistes et séparatistes magyars en hommage à la « grande Hongrie » des soixante-quatre comtés et du Pays Sicule. Ainsi  László Bölöni est perçu dans son propre pays comme un ambassadeur de la politique de séduction de Viktor Orban envers les magyarophones.

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Malgré ses 102 capes avec la Roumanie, László Bölöni  est aujourd’hui un personnage contrasté dans son propre pays… en raison de sa connivence avec Viktor Orban.

László Bölöni fait partie de la légende du sport roumain à travers son parcours en sélection, mais aussi grâce au titre du Steaua, champion d’Europe en 1986. Si sa carrière de joueur fait l’unanimité en Roumanie et même sur la scène continentale, sa carrière d’entraîneur est plus que contrastée malgré des débuts prometteurs. Aujourd’hui son utilisation par Viktor Orban à des fins politiques a nettement terni son image en Roumanie.

Sources

  • Stoian Hadrian, Ladislau Boloni, le steliste francophile, Footballski, Juillet 2015
  • Brouard Emmanuel, Laszlo Boloni, le nouvel entraineur roumain, bientôt à l’affiche d’un documentaire à sa gloire financé par l’ultra autoritaire gouvernement hongrois, Franceinfo, Juin 2022
  • Lazar Alexandre, Metz : l’énigme Laszlo Boloni, SoFoot, Juin 2022

Crédits photo : IconSport

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