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·16 mai 2024

La vente de l'ASSE vue du Canada !

Image de l'article :La vente de l'ASSE vue du Canada !

L'ASSE est entrée en négociations exclusives avec le groupe canadien Kilmer Sports Ventures. Nous avons traversé l'Atlantique pour échanger avec Jean-François Gérard, journaliste à Toronto. De quoi en apprendre un peu plus sur le potentiel futur propriétaire de l'ASSE, Larry Tanenbaum.

Larry Tanenbaum, reconnu mais discret

Jean-François Gérard :  "Je suis journaliste indépendant à mon compte à Toronto depuis à peu près deux ans. Je m'intéresse beaucoup au sport et au sport côté américain ou français. Je travaille à Radio-Canada où on a pas mal parlé de Larry Tenenbaum ces derniers mois. C'est là que j'ai un peu plus découvert le personnage


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Comment est-il perçu à Toronto ? Quelle image ? Ce n'est pas une personne hyper médiatique. Ce n'est pas un président qui prend beaucoup la parole. C'est relativement rare dans les franchises américaines, à part peut-être les présidents médiatiques à New York ou à Los Angeles. C'est quelqu'un d'assez discret, qui s'est mis en fait à s'intéresser et à acquérir des équipes sportives sur le tard, plutôt à partir de ses 50 ans, dans les années 90.

L'ASSE pourrait intégrer un vaste empire

Jean-François Gérard :  "Larry Tanenbaum est fan de sport. Une fois qu'il a fait sa fortune en fait à travers sa société de développement et de construction, il a mis beaucoup d'argent dans des équipes pour structurer du sport professionnel à Toronto. D'abord avec le hockey. L'équipe des Maple Leafs est vraiment l'équipe emblématique de hockey ici au Canada à Toronto. Puis, ensuite en achetant les Raptors via le groupe MLSE. Et après, toutes les autres équipes, au fur et à mesure, MLSE est devenu un grand empire du sport professionnel à Toronto.

C'est donc quelqu'un de déterminé qui est capable de mettre de l'argent quand il achète. Il peut aussi être  patient. Avec les Raptors (NBA), il a dû attendre pour racheter l'équipe. Mais comme je l'ai dit, ce n'est pas quelqu'un de très médiatique. Il aime bien, s'il y a une parade ou un titre, venir avec la veste de l'équipe ou une casquette et faire un discours. Mais il ne faut pas s'attendre à souvent l'entendre.

Pourquoi l'ASSE ?

Jean-François Gérard :  "Pourquoi s'intéresser à l'ASSE ? C'est difficile à dire. Ce qu'on peut remarquer, c'est quand même qu'il y avait des velléités dans le foot européen avec la tentative de rachat de Chelsea qui ne s'est pas faite en 2022, quand il y avait la vente forcée. Je pense déjà que l'ASSE était une opportunité à bas prix à ce moment-là, qu'il n'y avait peut-être pas dans le marché du foot ailleurs, en Amérique du Nord ou toute franchise. Saint-Etienne était en position de vente.

Il faut aussi remarquer qu'il vient de vendre 20 % de sa société à un fonds de pension canadien. Donc là, il a beaucoup d'argent frais qui est rentré. Donc, il a de l'argent à dépenser. C'est aussi quelqu'un d'assez âgé. Il a presque 80 ans. Je pense qu'il ne va pas attendre 5 ou 10 ans, la bonne opportunité. Le fait qu'il vende des parts à un fonds de pension, ça veut aussi dire qu'il va devoir rendre des comptes à cet actionnaire minoritaire, qui est sûrement là pour gagner de l'argent. Ce qui est intéressant dans cet achat, c'est qu'il n'y va pas avec le groupe MLSE. Il y va avec son propre groupe. Pour avoir un peu plus les mains libres ?"

L'importance des infrastructures

Jean-François Gérard :  "Je ne connais pas le prix pour l'acquisition de Saint-Etienne, mais au niveau des investissements, clairement le groupe s'est distingué par ses investissements dans les infrastructures avec cette idée de posséder l'équipe, mais aussi la salle.

Il a racheté et construit des restaurants, des magasins. Il y a eu aussi beaucoup d'investissements, d'agrandissements, de rénovations, etc. L'idée voilà d'avoir de beaucoup d'investissements sur les infrastructures, en fait, pas seulement sur les équipes sportives. Dans le sport américain, on est un peu plus limité, avec des salary caps, des règles de taxation, etc. Mais beaucoup d'investissements "en dur", dans la pierre, pour avoir des académies, des centres de développement plus perfectionnés.

La fondation de MLSE disait encore récemment avoir dépensé 45 millions de dollars depuis 2009, donc sur 15 ans, sur des activités de quartier, de Toronto, etc. Des investissements pour la jeunesse. Il y a vraiment l'idée que la Fondation MLSE va avoir une partie prenante dans la société, à faire des études sur le racisme dans le sport, sur la place des femmes dans le sport, .... C'est vraiment un acteur important dans la ville, au-delà des équipes et de l'argent généré."

Place à la jeunesse ?

Jean-François Gérard :  "Au niveau du modèle de développement, il y a cette volonté d'avoir des équipes très fortes et très structurées. Sportivement, ça a eu son rôle pour Toronto dans la quête de leur titre. En 2019, il y avait beaucoup de joueurs qui étaient recruté assez bas, mais qui ont été développés. De jeunes joueurs à qui on a confié des responsabilités. Toronto n'est pas une destination très sexy pour les joueurs de basket américains.

On dit qu'il fait froid, les impôts sont pas les mêmes qu'aux États-Unis. Ce n''est pas la ville la plus fun en termes de vie nocturne, etc. Donc ça a été une politique pour avoir des équipes compétitives, savoir qu'on ne peut pas forcément attirer des joueurs facilement à la signature ou même sur des transferts. C'est arrivé que des joueurs refusent de venir à Toronto, historiquement."

La Coupe du Monde dans le viseur

Jean-François Gérard :  "La prochaine Coupe du Monde ? Difficile de dire si elle a joué un rôle direct, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a un engouement et une attente pour cette Coupe du Monde 2026. Il y aura beaucoup de matchs du premier tour au Canada, ainsi qu'un match de 32ᵉ de finale. Il y aura aussi le match d'ouverture de l'équipe Canada à Toronto. Les autres matchs au Canada seront à Vancouver, avec là encore le stade qui va être à nouveau agrandi, qui va passer d'à peu près 30 000 à 45 000 places. Je pense que voilà, Toronto, c'est une ville très multiculturelle, avec des gens de partout. Il y a des gens qui suivent le foot, qui est le premier sport mondial, même si ce n'est pas le premier sport des Canadiens.

Je pense qu'il y a quand même l'idée d'avoir une expertise et un petit peu de connaissances. Voire l'idée de construire quelque chose après cette Coupe du monde de foot à Toronto. Je pense que ce n'est pas la principale raison, mais ça crée un petit peu un momentum autour du foot des deux côtés de l'Atlantique.

Toronto est une ville qui grandit beaucoup. Notamment par l'immigration. C'est le cas au Canada, mais c'est encore plus accentué à Toronto. C'est une ville qui grandit plus vite que New York, que Chicago, que Los Angeles. Toronto part de plus bas. Je pense que l'idée d'être vraiment un très gros marché à l'avenir.

Même si ça fait longtemps qu'on dit ça pour l'Amérique du Nord, il y a des attentes vis-à-vis du Football. On pense que ça va grandir côté canadien.

Larry Tanenbaum et les supporters

Jean-François Gérard :  "Un des succès aussi autour des Raptors, c'est d'avoir une fanbase très diverse. Des gens qui sont là depuis peu de temps à Toronto. On veut avoir régulièrement du monde même quand les résultats ne sont pas là et changer un peu l'image. Drake comme ambassadeur de l'équipe participe à cette politique. C'est important pour le côté sport-business. Une équipe que les gens aiment bien, auxquelles les gens sont attachés, où les anciennes stars sont applaudies.

A contrario, je dirais que Saint-Etienne, on pourrait davantage l'identifier à Toronto, à l'équipe des Maple Leafs. Dans le sens où l'équipe de hockey, c'est plus une fanbase canadienne, plus adulte, peut-être plus masculine, plus historique. Une fanbase avec des grosses attentes à Saint-Etienne. Des gens qui sont là depuis longtemps, fidèles, exigeants, mais avec beaucoup de ferveur. Donc, je pense qu'on se rapproche davantage de ce modèle.

Un empire à créer autour de l'ASSE ?

Jean-François Gérard :  "Ce qui a pu intéresser Larry Tanenbaum à Saint-Etienne, ce sont les efforts de développement réalisé. Il y a des infrastructures, un musée, etc. Je pense que ce sont des choses qui vont lui parler. Le fait qu'on ne soit pas juste une équipe de sport. Qu'il y a la possibilité de monter un petit empire avec plusieurs salles, plusieurs possibilités de faire du business. Probablement aussi le fait qu'il y ait l'équipe féminine. Le fait que l'ASSE ne soit pas uniquement une équipe, ça doit lui plaire.

Des échos sur cet achat à Toronto ? Pas spécialement, honnêtement. Peut-être un peu plus dans le Canada francophone qui a plus de liens avec la France. La preuve, nous, on a fait un article à Radio-Canada, et je ne crois pas que nos collègues anglophones à CBC l'aient fait.

Néanmoins, à Toronto, on l'a quand même mentionné, parce que les sites de sport ont fait une brève pour reprendre le communiqué. C'est quelqu'un de connu, mais ce n'est pas quelque chose d'hyper repris. Même si le microcosme et les gens qui s'intéressent un peu au sport business ont noté l'intérêt de Larry Tanenbaum pour l'ASSE."

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