La sélection ukrainienne et l’impact Andriy Shevchenko | OneFootball

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Derniers Défenseurs

·13 juin 2021

La sélection ukrainienne et l’impact Andriy Shevchenko

Image de l'article :La sélection ukrainienne et l’impact Andriy Shevchenko

Juin 2016. L’Ukraine de Mykhailo Fomenko sort de l’Euro par la petite porte, trois matchs trois défaites. C’en est trop pour la fédération qui décide de débarquer le sélectionneur après 4 années. Le choix est presque trop évident pour les hauts dirigeants ukrainiens, qui optent pour l’assistant de Fomenko. Ce dernier, en quête d’une première expérience en tant qu’entraîneur, n’est autre qu’Andriy Shevchenko.

L’ex-attaquant vedette du Milan AC signe pour deux ans, plus deux reconductibles, soit jusqu’à l’Euro 2020. Il a pour objectif à court terme de qualifier l’équipe pour la CDM 2018 mais surtout de refaire de l’Ukraine une nation compétitive dans les grands rendez-vous européens et mondiaux. Immédiatement, Shevchenko gagne le respect de ses joueurs, car son palmarès parle pour lui : Ballon d’or en 2004, et meilleur buteur, à ce jour, de la sélection avec 48 buts en 111 matchs. C’est une légende du football à travers le monde, et qui plus est, en Ukraine.


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Une première expérience en demi-teinte

L’Ukraine est en reconquête. Elle veut faire oublier l’Euro 2016, en obtenant son billet pour la Coupe du Monde 2018 en Russie. C’est un groupe moyennement relevé qui attend les hommes de Shevchenko lors de ces éliminatoires. Le favori croate, les outsiders que sont la Turquie et l’Islande, et enfin, la Finlande et le Kosovo.

Pour lancer cette campagne, d’un point de vue tactique, Shevchenko alterne entre les schémas en 4-4-2 et en 4-1-4-1 lorsque l’Ukraine est supérieure ou fait jeu égal à son adversaire, en terme de niveau. Ils sont composés de cinq joueurs à vocation offensive parmi lesquels Zinchenko, Yarmolenko, Konoplyanka ou encore Marlos. Avec également un milieu relayeur en la personne de Taras Stepanenko, qui fait le lien entre la défense et l’attaque. Cela optimise au maximum la conservation du ballon et donc le jeu de possession que Shevchenko veut mettre en place.

Sur les 8 matchs face à ces nations, le bilan est intéressant car l’Ukraine prend dix-sept points sur vingt-quatre possibles et a toutes ses chances d’aller en Russie. Le jeu prôné par le sélectionneur est très plaisant et les joueurs se créent beaucoup d’occasions mais manquent d’efficacité. Seulement treize buts marqués.

Malheureusement, c’est lors des deux matchs face à la Croatie, favorite du groupe, que Shevchenko et ses hommes vont perdre tout espoir de Coupe de Monde. « Sheva » préfère jouer contre-nature. Il met en place un 4-2-3-1 beaucoup plus axé sur la défense, avec pas moins de six joueurs à vocation défensive dont Stepanenko, Rakitsky et Khacheridi. L’objectif principal étant de ne surtout pas prendre de but. En vain. L’Ukraine concède deux défaites (2-0 et 1-0) et c’est donc la Croatie qui valide son billet derrière la surprenante Islande. C’est bien sûr un échec sportif pour les débuts de Shevchenko à la tête de la sélection. D’autant plus que l’Ukraine, dans son histoire, a toujours au moins jouer les barrages d’une grande compétition.

La métamorphose

Rebondir devient alors impératif. Une nouvelle compétition débarque : La Ligue des Nations. L’Ukraine est en ligue B (A, B, C, D) du fait de son classement UEFA. Le groupe est très abordable avec la République Tchèque et la Slovaquie. Shevchenko garde la même philosophie de jeu, et l’équipe sera promue en Ligue A avec un bilan correct : deux victoires, un nul et une défaite.

Satisfait de ses schémas à cinq offensifs, Shevchenko reconduit un 4-1-4-1 en amical face à l’Italie, obtenant un bon match nul. L’Ukraine aborde ainsi les éliminatoires de l’Euro 2020 avec confiance en son jeu. Elle doit faire face à un groupe composé du champion en titre portugais, de la Serbie, du Luxembourg et de la Lituanie. Il y a une vraie carte à jouer et les hommes de « Sheva » pourraient se retrouver au coude à coude avec la Serbie pour jouer la deuxième place.

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Evidemment, Shevchenko reste fidèle à son système offensif basé sur le jeu de possession. Résultat, les Jaunes et Bleus survolent ces éliminatoires en terminant invaincus et premiers de leur groupe, devant le Portugal. Le bilan est quasi parfait avec six victoires et deux nuls. L’Ukraine disputera donc l’Euro 2020, qui se tiendra exceptionnellement aux mois de juin et juillet 2021. De plus, elle sera tête de série de son groupe composé des Pays Bas, de l’Autriche et de la Macédoine du Nord.

Mission accomplie pour le sélectionneur qui aura réussi à tirer le meilleur de ses joueurs. Il leur a donné confiance en eux et surtout en leur jeu depuis sa prise de pouvoir. C’est un groupe qui a appris à se connaitre et à jouer ensemble sous son impulsion, notamment avec des jeunes nouveaux qui émergent comme Mykolenko et Shaparenko. D’autres qui confirment au haut niveau comme Tsygankov, Yaremchuk, Zinchenko et Malinovsky. Enfin, les anciens pour les encadrer avec Pyatov, Konoplyanka, Yarmolenko et Stepanenko. De bonne augure pour les prochaines échéances européennes.

L’Ukraine perd mais apprend

Retour en Ligue des Nations. Pour ses débuts en Ligue A, l’Ukraine va rencontrer du lourd : la Suisse, l’Espagne et l’Allemagne. Shevchenko procède à un renouvellement en rajeunissant une partie de sa sélection. Des nouveaux arrivent comme les jeunes Makarenko et Zabarnyi, et le gardien Bushchan. D’autres laissent leur place comme l’emblématique gardien Andriy Pyatov, mais également Rakitsky et Khacheridi.

Sur les matchs aller, « Sheva » décide de rester fidèle à ses principes de jeu, et opte pour un 4-2-3-1. L’équipe réalise un match sérieux face à la Suisse, victoire 2-1. Trois jours plus tard, elle se fait corriger par l’Espagne (4-0), puis perd de nouveau face à la Mannschaft (1-2).

L’Ukraine montre une nouvelle fois ses limites face aux grandes nations européennes. Elle est impuissante offensivement, incapable de garder le ballon sous le contre-pressing adverse et opère donc en contre-attaque rapide à la récupération de balle. Défensivement, le 4-2-3-1 devient un 4-5-1 en bloc bas, les joueurs sont acculés dans leurs 30 derniers mètres, concédant donc beaucoup d’occasions de but. C’est peut-être ce qui pousse Shevchenko à revoir son plan de jeu lors des matchs retours, puisqu’il change de système et passe en 4-3-3 en gardant toujours ses cinq offensifs.

Face à une Roja en reconstruction, l’Ukraine l’emporte miraculeusement 1-0, puis perd logiquement 3-1 face à l’Allemagne de Joachim Löw. La marche est encore beaucoup trop haute et l’équipe termine dernière de son groupe et retrouve la Ligue B. Malgré tout, ce passage en Ligue A est bénéfique pour la suite car Shevchenko aura permis à ces joueurs de se confronter à trois des meilleures nations mondiales. C’est en continuant à jouer ce genre de matchs que cette jeune et prometteuse équipe d’Ukraine va progresser et acquérir de l’expérience.

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Derniers ajustements avant l’Euro 2020

Il reste maintenant trois matchs officiels aux hommes de Shevchenko pour se préparer en vue de l’Euro prévu cet été. Trois matchs comptants pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022 au Qatar, le tout en neuf jours. D’abord, un déplacement difficile en France, puis les réceptions de la Finlande et du Kazakhstan. Shevchenko reconduit son 4-3-3 au Stade de France et obtient un très bon match nul (1-1), grâce une belle performance défensive du collectif. C’est un joli coup pour Shevchenko qui avouera d’autant plus en conférence d’après match avoir eu un plan anti-Mbappé.

Ce sont donc des ukrainiens gonflés à bloc qui vont maintenant faire face à la Finlande et son 3-5-2 défensif. Shevchenko revient à son traditionnel 4-1-4-1. Les Bleus et Jaunes dominent cette rencontre et mènent 1-0 jusqu’à la 89e minute et un penalty transformé par Pukki (1-1). C’est une contre performance pour l’Ukraine qui ne confirme pas son bon match réalisé face aux Bleus.

Enfin, au tour du Kazakhstan, le sélectionneur procède à six changements dans son onze de départ, dans un sytème en 3-4-1-2 avec des latéraux très offensifs. En dépit d’une domination sans partage (29 tirs à 5), l’Ukraine ne peut, à nouveau, faire mieux qu’un match nul (1-1).

Les débuts dans ces éliminatoires sont une déception pour Shevchenko et ses hommes, qui ne prennent que trois points en trois matchs. L’Ukraine reste cependant très intéressante tactiquement et techniquement. L’équipe semble mieux rodée qu’en Ligue des Nations, il y a quelques mois. Elle est solide défensivement, n’hésite pas à se montrer patiente en attendant une ouverture dans le bloc adverse et se procure des occasions, mais manque encore d’efficacité dans le dernier geste.

Il reste certains défauts à corriger pour Shevchenko. Avoir un groupe jeune est à double tranchant. Certes il y a une marge de progression énorme pour les années à venir mais il y a surtout un manque d’expérience dans les matchs à très haut niveau, ce qui justifie les contres performances face à la Finlande et au Kazakhstan. D’ailleurs, jetons un coup d’oeil à l’équipe-type que devrait aligner Shevchenko lors de leur premier match face aux Pays-Bas.

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Et après ?

Quid de l’avenir de Shevchenko à la tête de l’Ukraine ? L’Euro arrive à grands pas. Cette compétition sera la première pour la majorité des joueurs ukrainiens. Sheva, lui, a des certitudes sur son groupe, les joueurs sont à 100% avec lui et la sélection réalise des performances de bonne facture. Alors il va être intéressant de voir s’il sera capable de leur transmettre son expérience des grands rendez-vous. Lui qui, en tant que joueur, a connu toutes les grandes compétitions nationales et internationales avec la Zbirna. Seul point négatif, la non-capacité à faire jeu égal face aux grandes nations. C’est l’axe de progression majeur de cette équipe.

Alors, à l’aube de l’Euro 2020, l’Ukraine voudra y jouer les troubles-fêtes. Et c’est sans aucun doute un été prometteur qui s’annonce pour cette équipe qui peut légitimement nourrir de réelles ambitions dans cette compétition. Mais en cas de contre performance majeure comme une élimination au premier tour, qu’en sera t’il de l’avenir du Ballon d’or 2004 ?

Crédits Photos : IMAGO

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