La K League : une histoire de format | OneFootball

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Lucarne Opposée

·6 février 2022

La K League : une histoire de format

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En 2022, la K League change de nouveau le format de son championnat, notamment concernant le système de promotion-relégation. Une énième modification pour la première division sud-coréenne qui peine à se stabiliser depuis sa création en 1983.

1983 – 1986 : les tâtonnements

Lancée en 1983 sous l'impulsion du pouvoir militaire en place en Corée du Sud, dirigé par le général et Président Chun Doo-hwan, qui voit dans le sport un moyen de contrôle social et d'apaisement des tensions politiques, la K League voit tout d'abord cinq équipes prendre part à sa première édition. Le format inaugural divise le championnat en deux phases : une première où chaque équipe s'affronte chacune deux fois et une seconde où elles s'affrontent de nouveau chacune deux fois. Après seize matchs joués pour chacun des cinq clubs, celui qui a obtenu le plus grand nombre de points est alors désigné vainqueur. Rien de surprenant, il s’agit d’une ligue simple tout ce qu’il y a de plus classique. À l'époque, une victoire rapporte deux points, un nul rapporte un point et une défaite ne rapporte pas de point. En 1984, le format de la ligue évolue une première fois pour s'adapter à son élargissement puisque trois équipes viennent s'ajouter portant ainsi le nombre de clubs à la course au titre à huit.


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Le premier match de l’histoire de la K League

Comme l'année précédente, la saison est divisée en deux phases durant lesquelles chaque club s'affronte deux fois. Mais à la différence de 1983, ces deux phases sont indépendantes et la K League organise une finale aller-retour entre le vainqueur de chaque phase pour désigner son champion. L'année 1984 marque également une évolution dans le système de point. Une victoire permet ainsi d'empocher trois points, une défaite ne permet pas d'en obtenir alors que les matchs nuls répondent à un système particulier : si le match se solde par un score de parité avec buts alors chaque équipe inscrit deux points, si le score reste vierge alors chaque équipe inscrit un point. En 1985, la K League ne poursuit pas dans ses expérimentations de 1984 et revient à un système plus classique de ligue simple : les huit équipes concurrentes s'affrontent chacune trois fois et l'équipe qui inscrit le plus de points après ses vingt et un matchs est désignée vainqueur. Bien entendu, le changement de format entraîne également un changement du système de point avec un retour à ce qui se faisait en 1983 : deux points pour une victoire, un point pour un match nul et aucun point pour une défaite. L'année suivante, en 1986, la K League voit deux clubs quitter ses rangs pour se jouer à six. Et le format change de nouveau pour revenir à celui de 1984, sans le système de point, qui lui reste identique à 1985.

1987 – 1994 : une relative stabilité

À partir de 1987, la K League décide d'inscrire son format dans celui d'une ligue unique qui désigne le vainqueur après le nombre réglementaire de matchs joués. Cette année-là, une nouveauté apparaît également, celui des matchs à domicile et à l'extérieur. Depuis 1983, la K League organisait un véritable Tour de Corée du Sud puisque chaque journée était jouée dans une ville qui faisait office de « hub ». Dorénavant, les clubs choisissent leur stade à domicile en respectant un modèle de région. Par exemple, les Pohang Steels Atoms disputaient leur match à domicile dans la région de Gyeongsang et pouvaient ainsi jouer à Pohang ou à Daegu. En 1990, le format des matchs à domicile et à l'extérieur évolue pour se fixer sur le modèle actuel à savoir que chaque équipe est rattachée à une ville et non plus à une région. Finalement, jusqu'en 1994, la K League n'a plus modifié le format de son championnat mais s'est adaptée aux aléas des clubs qui viennent compléter la ligne de départ : cinq en 1987 et 1988, six entre 1989 et 1993 et sept en 1994. De plus, en 1992, la Coupe de la Ligue est créée ce qui vient densifier le calendrier.  Le nombre de matchs joués chaque saison varie d'une année sur l'autre jusqu'en 1992 où il est fixé à trente matchs par club. En 1987, 1989 et 1991 chaque équipe doit s'affronter huit fois chacune (quarante matchs par club), en 1988, 1990, 1992 et 1993 elles doivent s'affronter six fois chacune (trente matchs par club) et enfin en 1994, elles se défient chacune cinq fois (trente matchs par club). Le système de point a aussi connu quelques modifications puisqu'en 1993 la K League décide de supprimer les matchs nuls. Si deux équipes sont à égalité à la fin du match, une séance de tirs au but départage les deux équipes. Ainsi, une victoire rapporte quatre points, une victoire aux tirs au but rapporte deux points, une défaite aux tirs au but rapporte un point et une défaite classique ne permet pas d'inscrire de point. En 1994, ce système est abandonné pour laisser place de nouveau à la victoire à trois points, le match nul à un point et la défaite à zéro point.

1995 – 2011 : retour de la tentation « post-saison »

En 1995, la K League s'agrandit de nouveau pour accueillir huit clubs et décide de retourner au modèle déjà expérimenté en 1984 et 1986 à savoir deux phases distinctes et une finale aller-retour entre les vainqueurs des deux phases. Avec un petit bonus en 1995 puisque Ilhwa Chunma et Pohang Atoms ne se sont pas départagés sur les matchs aller-retour (sans avantage aux buts à l'extérieur) les obligeant à disputer une troisième rencontre, remportée par Ilhwa Chunma.

Le duel Ilhwa Chunma - Pohang Atoms de 1995

En 1996, la K League poursuit son expansion avec neuf clubs inscrits et conserve le système de l'année précédente. À la différence que cette saison se joue sur trente-deux matchs pour chaque club (les équipes s'affrontent quatre fois chacune) contre vingt-huit l'an passé (également quatre matchs à jouer contre chaque équipe). En 1997, ce sont dix clubs qui disputent la K League et le format de la ligue simple est de retour avec seulement dix-huit matchs (matchs aller-retour). Conséquence de création d'une deuxième coupe, la Prospecs Cup qui vient charger un calendrier déjà bien rempli avec le championnat, la FA Cup et la Coupe de la Ligue. Entre 1998 et 2000, la K League revient à son système de « post saison » avec une évolution puisque désormais les deux phases du championnat n'existent plus. Il s'agit s'une saison régulière et les quatre premiers sont qualifiés pour les play-offs : le quatrième affronte le troisième sur un match, le vainqueur affronte le second sur des matchs aller-retour et enfin le vainqueur défie le champion de saison régulière, là aussi sur des matchs aller-retour. Pour ces trois saisons, le système de point a également été revu avec de nouveau, la fin des matchs nuls. Si deux équipes sont à égalité après le temps réglementaire, une prolongation est jouée et éventuellement des tirs au but. Ainsi, une victoire classique permet de remporter trois points, une victoire en prolongation permet d'inscrire deux points, une victoire aux tirs au but rapporte un point et enfin une défaite ne donne aucun point. Enfin, en 1998 chaque équipe jouait dix-huit matchs (s'affrontant chacune deux fois) alors qu'en 1999 et 2000, chaque équipe jouait vingt-sept matchs (s'affrontent chacune trois fois).

En 2001, la K League décide à nouveau de modifier son format. Histoire de ne pas habituer ses supporters trop longtemps à une formule. Terminé la saison régulière et les play-offs, terminé le système de points avec prolongation et tirs au but. Désormais, la K League se joue en ligue simple et avec une distribution des points classique (une victoire vaut trois points, un nul vaut un point et une défaite vaut zéro point). Jusqu'en 2002, la saison se déroulait en vingt-sept matchs mais en 2003, avec l'ajout de deux nouvelles équipes pour un total de douze clubs, il y a désormais quarante-quatre matchs (chaque équipe s'affronte quatre fois). Après un nouveau cycle de trois années avec une ligue simple, la K League change de nouveau son format pour les trois prochaines saisons et reprend son système de « post saison » mais sans le format de saison régulière. Comme en 1984, 1986, 1995 et 1996, la K League se joue en deux phases. Les deux phases correspondaient à une phase aller et une phase retour avec douze matchs pour chaque club en 2004 et 2005 (treize équipes) et treize en 2006 (quatorze équipes). Mais comme c’était trop simple, la K League ajoute une subtilité puisque cette fois, les deux vainqueurs ne sont pas les seuls qualifiés en play-offs. Il faut également y ajouter les deux premiers au classement combiné. Pour la demi-finale, qui se dispute sur un match, le vainqueur du classement combiné affronte le club qui a inscrit le moins de points parmi les trois autres qualifiés tandis que les deux autres clubs se défient. Enfin, la finale se joue avec des matchs aller-retour. À partir de 2007 et jusqu'en 2011, la K League adopte le format qui prévalait entre 1998 et 2000 : une saison régulière et des play-offs. À la différence du format instauré entre 1998 et 2000, ce sont les six premiers du championnat qui gagnent un ticket pour les play-offs. Les équipes de la troisième à la sixième place disputent un mini tournoi (match couperet) pour avoir le droit de défier sur un match le second du championnat. Enfin, la grande finale se joue sur des matchs aller-retour. La saison régulière se déroule sur un format aller-retour et le nombre de matchs évolue en fonction du nombre d'équipes présentes en K League : vingt-six matchs en 2007 et 2008 (quatorze équipes), vingt-huit matchs en 2009 et 2010 (quinze équipes) et enfin trente matchs en 2011 (seize équipes). L'autre évolution a résidé dans le calendrier des play-offs. En 2007, Pohang, cinquième de la saison régulière, est parvenu à se hisser en finale. À la suite des critiques des supporters, la K League a rendu le calendrier plus serré. En 2007, entre le premier tour et le deuxième tour des play-offs les équipes se reposaient pendant sept jours alors qu'entre 2008 et 2011, elles n'avaient plus que trois jours de repos.

Pohang 2007

2012 – 2022 : Final A et Final B

À la suite du grand scandale de matchs truqués qui a secoué le football sud-coréen en 2011, sur lequel nous reviendrons plus loin, la ligue décide de modifier considérablement le paysage du football dans le pays. À partir de 2013, une seconde division voit ainsi le jour et le système de relégation est instauré dès 2012. Avec une autre modification de format pour contrer les matchs truqués. Le système de saison régulière et de play-offs est abandonné pour laisser sa place à un championnat en deux phases. La première voit l'intégralité des équipes s'affronter chacune un certain nombre de fois (deux fois en 2012 et 2013, trois fois depuis 2014) avant que le championnat ne se divise en deux. S'ensuit alors la seconde phase : les deux groupes formés (Final A et Final B) disputent deux nouveaux mini-championnats dans lesquels les équipes s'affrontent toutes de nouveau (deux fois en 2012 et 2013, une fois depuis 2014). Les compteurs ne sont pas remis à zéro, mais cela permet aux clubs alors concurrents directs de disputer quelques « finales ». En 2012 et 2013, les deux derniers du championnat sont relégués en K League 2 (ou K League Challenge à l'époque). Si en 2012, aucune équipe ne pouvait être promue, cela pouvait être le cas à l'issue de l'année 2013, raison pour laquelle le onzième disputait un barrage face au vainqueur des play-offs de K League 2. A partir de 2014, seulement le dernier du championnat est relégué alors que l'avant-dernier dispute un barrage. C'est également à partir de 2014 que la K League a fixé, de manière durable, le nombre d'équipe de sa première division avec douze clubs (contre seize en 2012 et quatorze en 2013). Dans la partie haute, l'équipe qui arrive première à la fin de la saison est désignée championne de Corée du Sud.

Mais en 2022, la K League fait de nouveau évoluer son format en ce qui concerne la promotion et la relégation. Désormais, si le dernier du championnat est toujours directement relégué, le onzième dispute un barrage face au second de K League 2 et le dixième dispute lui aussi un barrage face au vainqueur des play-offs de K League 2. Ainsi, dans le Final B, 50% des équipes sont en danger de relégation alors qu'en K League 2, cinq équipes peuvent espérer gagner un des trois tickets pour la division supérieure.

Pourquoi autant de changements ?

Si dans les premières années de la création de la K League, la volonté de trouver la bonne formule prévalait, le manque de continuité dans le format du championnat laisse interrogateur. Il ne faut néanmoins pas mettre ces nombreuses modifications sur le dos du manque d'intérêt de la compétition et la volonté de la rendre plus attractive. Année après année, avant 2011, la popularité de la K League est restée stable ou a même augmenté, peu importe le format sélectionné. Les explications sont ailleurs. Lorsque saison régulière et play-offs ont été mis en place, nul doute que l'influence américaine qui prévaut dans le monde du sport en Corée du Sud (le baseball n'est-il pas le sport n°1 au pays du matin clair et frais ?) en est la cause. Une influence encore plus explicite lorsque la K League décide d'instaurer une séance de tirs au but si un match se termine par un score de parité. De quoi prendre exemple sur la MLS. La K League a aussi essayé de s'ajuster en fonction des retours de ses supporters qui ne se privaient pas de critiquer les formats et notamment la motivation de certaines équipes. Ce fut notamment le cas pour la période 2004 – 2006 où, une fois la première phase remportée, il était reproché au vainqueur de se reposer ou de perdre sa motivation lors de la seconde phase et ainsi fausser le championnat.

Mais après plusieurs années de tâtonnement, la K League semble enfin avoir trouvé son format qui lui est propre et qui est hérité de la grande crise de matchs truqués qui a secoué le football sud-coréen en 2011. Plus de cinquante personnes sont accusées que ce soient des joueurs, des entraîneurs, d'anciens joueurs et des courtiers pour avoir truqué des rencontres de la saison précédente. Il a été également établi que ce vaste réseau de matchs truqués trouvait sa source en Chine pour le compte de sites de paris illégaux chinois tenus par la mafia locale (une histoire à lire dans la LO mag 10). La confiance des supporters est perdue et la K League prend plusieurs mesures. Elle met un terme à son format laissant des équipes au repos une fois que tout espoir de « post saison » envolé en mettant en place une division du championnat et un système de promotion – relégation. Le système qui prévaut encore aujourd'hui et qui connait quelques ajustements, entraînés par la volonté de la Corée du Sud d’instaurer une pyramide du football professionnel et à instaurer progressivement une seconde division à douze clubs, comme en K League 1. Plus d'équipes sont ainsi concernées pour monter en première division, il faut donc que plus de clubs se sentent menacer dans celle-ci. L'année 2022 est donc un premier test, où le dixième du championnat pourrait se retrouver relégué alors que le onzième serait maintenu. Nous ne sommes pas à une bizarrerie près et cela ajoute un charme à la K League.

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