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·23 janvier 2021

La folle histoire de Defensa y Justicia

Image de l'article :La folle histoire de Defensa y Justicia

Depuis quelque temps en Argentine, un club dépasse largement les attentes placées en lui. Ce club, encore inconnu au bataillon il y a une petite dizaine d’années, c’est Defensa y Justicia. Un drôle de nom pour une drôle d’histoire qui n’en finit plus de surprendre les observateurs avisés du football argentin mais aussi les simples suiveurs du ballon-rond. Dans un football dominé et sur-dominé par les gros clubs du pays, Defensa y Justicia impressionne par sa progression linéaire et son jeu aussi beau qu’efficace. Petit focus sur un parcours pas comme les autres.

Une arrivée aussi soudaine qu’inattendue

Florencio Varela, à une vingtaine de kilomètres de Buenos Aires. Cette ville tranquille, au climat doux, d’un peu plus de 400000 habitants, tire son nom d’un poète, diplomate et journaliste argentin du XIXème siècle. Paroisse San Juan Bautista, Peatonal Monteagudo et Museo Comunitario de Artes Visuales e Histórico, tout est fait pour y passer un agréable moment, le temps d’un week-end. Mais depuis quelques années, une autre attraction séduit les touristes et plus particulièrement les touristes mordus de football. Car depuis quelques années, Florencio Varela abrite en son sein un club de football au jeu attrayant : le Club Social y Deportivo Defensa y Justicia. Pourtant, il y a encore quelques années, le club végétait dans les divisions inférieures argentines et n’était absolument pas prédestiné à une telle ascension.


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Fondé le 20 mars 1935 par un groupe d’amis originaire de la ville, le club adopte, au tout début, le nom de “El Club del Viejo Auto” (le club de la Vieille Auto) car à ce moment-là, se trouvait, sur le terrain abandonné choisi pour jouer au football, une vielle voiture (elle aussi abandonnée). Rapidement, les fondateurs s’organisent et se retrouvent au fond d’un atelier de vêtements afin de débattre d’un vrai nom pour le club. Les propositions fusent de toutes parts pour finalement aboutir au nom qu’il porte encore aujourd’hui. La raison ? Aucune, si on en croit le site officiel du club ainsi que les divers sites de fans. Toujours est-il que, de 1935 jusqu’en 1976, le club est davantage un club omnisports, tourné majoritairement sur le basket et le football, et évoluant chacun dans les divisions régionales de leur sport. Mais Defe, comme on le surnomme, n’est pas qu’un club omnisports, c’est aussi un formidable catalyseur social, qui n’hésite jamais à organiser des bals ou des fêtes populaires pour ses supporters et les habitants de la ville. À Defensa y Justicia, le social n’est pas simplement qu’un adjectif dans le nom du club, c’est bel et bien un état d’esprit ancré dans les racines de l’institution.

Revenons-en si vous le voulez bien au football désormais. Jusqu’en 1976 donc, Defe n’est qu’un modeste club régional, sans grande prétention ni volonté. Le club, d’ailleurs, n’est même pas affilié à l’AFA, la fédération argentine. Le président de l’époque, Norberto Tomaghello, décide d’y remédier et de faire changer les choses. En quelques mois seulement, le club passe à la vitesse supérieur et devient finalement membre de l’AFA fin décembre 1977. Un stade est même construit grâce à la générosité d’un certain Perfecto Hamilton qui met à disposition, un terrain de football. En moins d’une année Defe est apte et intègre la Primera D, la cinquième division national. Les grands débuts de Defensa y Justicia se font donc quelques jours avant le quarante-troisième anniversaire du club, le 4 mars 1978, en battant Cañuelas deux à un grâce à des buts de Héctor Cardozo et de Jorge Giache. C’est d’ailleurs à peu près à la même période que le club abandonne ses couleurs bleu et blanc pour adopter un autre ensemble ainsi que le surnom d’Halcon (faucon). Le président de l’époque dirige alors une compagnie de transports dans la ville du nom de “El Halcon” dont les couleurs sont le jaune et le vert. Pendant 35 ans, le club virevolte dans les divisions inférieurs argentines, enchaînant montées et descentes. Jusqu’à la saison 2013/2014, où Defe réalise l’exploit de se classer deuxième de Primera B Nacional, gagnant par ailleurs le Graal tant convoité, le ticket d’or : la montée en première division. Le début de l’épopée en première division.

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L’arrivée en Première Division : un changement radical et une rapide adaptation

Les premières années en Primera Division servent d’apprentissage pour le jeune promu. Voguant principalement entre le milieu de tableau et la zone rouge, le club apprend et découvre les exigences du haut niveau. Dix-huitième pour leur première saison en 2014, vingt-et-unième en 2015, le club plie mais ne rompt pas. Petit à petit, le club se développe et se structure afin de répondre aux attentes de ses supporters et de la plus haute division nationale (notamment avec l’aménagement des tribunes du stade et d’un espace dédié aux supporters). Defensa y Justicia a pris le train en marche et semble être en mesure de briser son plafond de verre. Et justement, Defe va littéralement l’atomiser en cette année 2016. Sous la houlette du génial Ariel Holan, guidant les Gabriel Arias, Alexander Barboza, Tomas Martinez ou Nicolas Stefanelli, el Halcon crée la surprise en se qualifiant, pour la première fois de son histoire, pour une coupe continentale. Quatrième de la Zone B de la Primera Division, le club Verdiamarillo valide son ticket pour la Copa Sudamericana 2017. La ville de Florencio Varela explose de joie et de bonheur. Oui, Defe, deux ans après la montée, va jouer les premiers rôles dans une compétition prestigieuse.

Oui mais voilà. Un plan, même préparé ne se déroule pas toujours comme prévu. Deux mois avant la nouvelle année, Ariel Holan annonce qu’il filera à Independiente le 1er janvier. Entre alors en jeu Sebastiàn Beccacece. Ancien adjoint de Sampaoli, c’est un jeune entraîneur de 36 ans qui sort tout juste d’une expérience compliquée à la U de Chile où ses résultats en dents de scie et des problèmes extra-sportifs l’ont poussés vers la sortie. Le discours est clair : Beccacece (ou BKCC) veut faire passer un cap sportif à Defensa y Justicia tout en continuant sur la lancée de son prédécesseur. Les résultats ne se font, d’ailleurs, pas prier. En Copa Sudamericana, les Verdiamarillo réalisent encore un exploit en éliminant sur deux matchs le São Paulo FC. Au tour suivant l’exploit aurait pu être réédité mais aux tirs aux buts, Chapecoense aura raison du Defe qui quitte donc prématurément la compétition.

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En championnat, le club effectue une saison, certes, moins bonne, mais c’est dans le jeu pratiqué que le club étonne les observateurs. Évoluant dans un 3-5-2, l’équipe de BKCC régale en produisant un football résolument offensif et sans cesse tourné vers le mouvement perpétuel. Trois centraux capables de relancer proprement, alternant jeu court et jeu long, des latéraux capable d’avaler des kilomètres de terrain par match et une énorme liberté créative conférée aux joueurs offensifs en transition. L’important, c’est le jeu, le spectacle que crée et propose la bande à Beccacece. Pourtant, alors que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, ce dernier décide de quitter le navire en fin de saison pour rejoindre Jorge Sampaoli afin de devenir son adjoint en vu de la Coupe du Monde 2018. Tout est (encore) à refaire pour Defe.

Defensa y Justicia va traverser alors la première petite turbulence de son histoire en première division. Quelques mois après la nomination de Nelson Vivas, ce dernier démissionne après un match face à Colon pour incompatibilité d’humeur avec la direction. Le club se retrouve une nouvelle fois sans entraîneur. Le temps de débaucher rapidement Juan Pablo Vojvoda et Defensa y Justicia termine à un 10ème place en Superliga. Objectif atteint malgré les accrocs du début de saison. Mais pour une fois, le vent va enfin tourner en faveur d’el Halcon. Revenu de son escapade en sélection (avec paraît-il, une bagarre contre Sampaoli), BKCC se sent prêt à reprendre son trône à Florencio Varela. Et ça tombe bien car le poste est vacant. Cette décision sera la meilleure prise depuis longtemps à l’Estadio Norberto Tomaghello. Car en un moins d’une année, Beccacece va tirer le maximum d’un groupe possédant de très fortes qualités mais restant tout de même limité par rapport aux mastodontes du championnat. Pendant toute la saison, Defensa y Justicia fait jeu égal avec les autres équipes sans jamais trahir ses principes de jeu. Defe pratique un jeu léché, tourné vers l’avant que tout le monde, sans exception, salue.

Oscillant entre le fameux 3-5-2, le 3-4-3 et/ou parfois un 4-3-3, les Verts et Jaunes franchissent encore un palier cette saison-là. Dans le contenu et dans les résultats. Avec un effectif composé, entre autres, de Lisandro Martinez, Domingo Blanco ou Ciro Rius, et de nombreux joueurs en difficulté dans leurs clubs respectifs, Defensa y Justicia termine deuxième, en étant coiffé au poteau pour le titre par le Racing du Chacho Coudet. Même la pilule reçue d’entrée de jeu en Copa Sudamericana par Botafogo (4-0 sur les deux matchs) semble dérisoire tant la saison a été exceptionnelle sur tout les points de vue. Une fois de plus, Florencio Varela explose de joie. Car cette fois-ci, après la Primera Divison et la Copa Sudamericana, c’est la Copa Libertadores qui s’apprête a découvrir la déferlante Defensa y Justicia.

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Mais que serait Defe, finalement, sans sa valse annuelle d’entraîneur ? Car une fois de plus, Beccacece va jouer un mauvais tour à ses dirigeants. Le 7 juin 2019, il annonce son départ du club pour Independiente. L’histoire se répète comme une boucle sans fin pour l’institution qui doit une énième fois, chercher un entraîneur. Le club jette son dévolu sur Mariano Soso. Il claquera la porte six mois plus tard, une fois de plus pour des désaccords sportifs, notamment sur le mercato. Tout est à refaire.

Et du coup ? C’est quoi la suite ?

La suite ? Début 2020, deux mois avant la crise de la Covid-19, Hernan Crespo est engagé avec pour but, deux missions très simples. Premièrement, que les Verdiamarillos se qualifie pour une compétition continentale via le championnat. Deuxièmement, que le club aille le plus loin possible en Copa Libertadores. Si en championnat, le boulot est assuré facilement (une sixième place), en Libertadores, c’est une autre paire de manche. Troisième d’un groupe dominé par Santos, Defensa y Justicia est reversé dans une compétition qu’il commence à bien connaître : la Copa Sudamericana. Et une nouvelle fois, el Halcon va déjouer les pronostics. Sur le tableau de chasse : Sportivo Luqueño, Vasco da Gama, Bahia et Coquimbo. Tous sont tombés dans l’escarcelle tendue par Defe. Dans une situation extrêmement compliquée (stades vides, revenus publicitaires, télévisuels amoindris, etc…), l’épopée de Defensa y Justicia fait rêver et fait du bien financièrement au club.

Et évidemment, à quelques jours de la finale contre Lanús, le Faucon jaune et vert ainsi que Florencio Varela se mettent, forcément, déjà à rêver d’un nouvel exploit qui ajouterait une nouvelle page dans le grand livre de l’histoire du club.

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