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·15 octobre 2019
Konyaspor, l’Anatolie au cœur de la Turquie

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·15 octobre 2019
La Süper Lig reprend ses droits en fin de semaine après une riche trêve internationale. Une occasion de découvrir Konyaspor, une équipe qui représente une Anatolie relevant la tête face aux équipes d’Istanbul.
La Süper Lig turque offre une curiosité cette saison à travers son classement. Conjugués à un démarrage poussif des clubs d’Istanbul, les clubs de l’Anadolu (Anatolie en VO, NDLR) sont aux avants-postes. Dont Konyaspor, une ville qui vibre pour le football et qui démontre une certaine stabilité dans le championnat depuis de nombreuses saisons. Une occasion de voir que les équipes hors d’Istanbul n’ont plus peur de tenir tête aux mastodontes de la mégalopole turque.
Le grand public a découvert la ferveur de Konya le 8 juin dernier en marge de la rencontre qualificative pour l’Euro 2020 disputée entre la Turquie et la France (2-0). Outre l’affaire malheureuse de la « Marseillaise » sifflée par les supporters turcs et qui a généré bon nombre de commentaires, le match a également été l’occasion de sentir la passion du public de Konya. Une ville dans la plus pure tradition de ce que les Turcs nomment « l’Anadolu », toutes les villes au-delà d’Istanbul et la partie européenne.
Celle-ci est souvent décrite comme très pieuse et séculaire mais possède une des plus chaudes ambiances du pays. Pas un hasard si la Fédération turque, ulcérée par les supporters sifflant les joueurs de l’Équipe nationale des rivaux d’Istanbul a délocalisé les matchs de la sélection à Konya. Une manière de se rapprocher des villes à tailles moyennes composant la mosaïque du pays à l’instar de ce que l’Équipe de France avait fait en allant jouer ses matchs à Rennes ou Toulouse.
La ville de Konya est également connue pour sa riche histoire, elle qui aura connue les Empires Seldjoukides et Ottomans. Une des plus vieilles cités du pays pouvant désormais s’appuyer sur son club de football, Konyaspor. Communément appelé « l’Anadolu Kartali » (« Les Aigles de l’Anatolie » en référence à son blason, NDLR), l’ancien club du Parisien Oumar Dieng peut compter sur de généreux sponsors pour se développer. Torku (alimentation), Atiker (gaz) la saison dernière ou encore İttifak Holding (construction) cette saison contribuent à aider le club à travers les conglomérats locaux.
« Après sept journées de Süper Lig, Konyaspor a remporté trois victoires, fait trois matchs nuls et n’a subi qu’une défaite seulement. Avec douze points, le club a terminé avant la trêve internationale à la quatrième place. La meilleure saison depuis 2015/2016 durant laquelle Konyaspor avait fini à la troisième place » Konyaspor semble bien parti pour retrouver le haut du panier cette saison en Süper Lig (Hürriyet)
Au-delà de l’histoire, derrière chaque équipe qui veut un tant soit peu continuer de se développer, il faut un chef d’orchestre. Quelqu’un qui puisse faire grandir l’équipe et lui amener son expérience du haut niveau. Konyaspor peut compter sur Aykut Kocaman, un ancien joueur international turc de Fenerbahçe. L’homme fut également entraîneur des « Canaris » avec une belle place obtenue en demi-finale de l’Europa League lors de la saison 2012/2013 perdue contre le Benfica.
Un entraîneur compétent mais avec des principes (Ozan Tufan ne le démentira pas) et qui mise sur la solidité et une discipline de fer. Ses détracteurs n’oubliant pas régulièrement de pointer du doigt ses choix jugés défensifs sinon frileux. Une manière de lui dénier le talent de maintenir à flot ses équipes. Peut-être pas avec la manière mais avec de la suite dans les idées et de la stabilité. Enfin, Kocaman a également réussi la gageure de mettre en place une organisation solide pour cela.
Dans ces conditions, Konyaspor mise sur une politique jeune et tournée vers l’est. Ce qui fait dire souvent à regret que ce n’est pas l’équipe la plus en vue du championnat turc. Cependant, le bilan du club ces dernières saisons n’est pas ridicule. En ligne de mire, la participation à l’Europa League lors de la saison 2017/2018. Konyaspor donnera même du fil à retordre aux Marseillais de Florian Thauvin (1-0, 1-1, NDLR).
Konyaspor n’est pas l’équipe la plus spectaculaire cependant elle ne manque pas de qualités. Le club fait aussi renaître un certain lien historique entre la Turquie et les Balkans dans le choix de ses joueurs. Jamais démenti avec des Croates, des Serbes ou des Bosniaques (Elvir Baliç, passé par le Real Madrid, NDLR). Mais aussi des anciennes stars comme le Biélorusse, ancien milieu d’Arsenal, Alexander Hleb.
Aujourd’hui encore, le tropisme d’ex-Yougoslavie attire puisque l’équipe comporte quatre Bosniens, un Slovène et un Serbe. Ajoutés aux valeurs locales comme le gardien Serkan Kırıntılı (ancien de Fenerbahçe) ou les trois Ali (Şahiner et Çamdalı, milieux et Turan, défenseur). Un groupe compact, rigoureux et qui prouve que l’organisation est bien huilée. Sans compter la pépite cette saison, l’Ougandais Farouk Miya, déjà auteur de quatre pions en Süper Lig. Un joueur très technique et adroit sur coups de pieds arrêtés.
Dès lors, qu’attendre cette saison de Konyaspor ? Difficile à dire dans un championnat aussi atomisé et qui semble connaître un certain retard à l’allumage pour les gros. Konya (dé)montre qu’avec un peu de régularité, une cohérence et des jeunes pépites à polir, il est possible d’y arriver. Le club fait donc partie de cette tradition anatolienne faite de travail associée à une certaine idée de la discrétion. Un résumé de la notion d’Anatolie, entre volonté de développement continuelle et traditions séculaires bien ancrées.