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Chelsea France

·27 novembre 2020

Ken Bates : président du monde d’avant

Image de l'article :Ken Bates : président du monde d’avant

Inconnu des plus jeunes, souvent détesté par les plus anciens, Ken Bates a marqué l’Histoire de Chelsea. Propriétaire et président du club pendant plus de vingt ans, il a enchaîné performances et déconvenues sportives, idées de génie et frasques diverses, pour le meilleur et pour le pire…

“Chelsea n’a pas d’Histoire”, phrase typique de l’adolescent inculte ou du boomer aigri, pour qui “Histoire” rime avec “palmarès à rallonge”. Alors oui, avant l’arrivée de Roman Abramovitch et ses millions, gagner une Premier League ou une FA Cup était loin d’être une habitude. Mais l’Histoire, c’est aussi celle des petites (parfois grandes) victoires, des désillusions, voire même des échecs. L’ère Ken Bates en est la preuve et participe à la grandeur de ce club.


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Chelsea pour une livre

En 1982, Chelsea est au bord du précipice. Enlisé en deuxième division et accablé par les dettes, le club n’arrive pas à retrouver la frénésie de son âge d’or lors des seventies. Il est bien loin le Chelsea de Peter Osgood ou Ron Harris, ses victoires mémorables contre Leeds en 1970 en FA Cup ou l’année suivante contre le Real Madrid en Coupe des vainqueurs de coupes.

Face à cette situation critique, un Britannique semble pouvoir sauver le club : Ken Bates. Cet homme d’affaires dans l’immobilier et l’agriculture a déjà eu, à l’époque, quelques expériences dans le monde du football en devenant président d’Oldham, puis propriétaire de Wigan jusqu’à 1982.

Qui n’en a jamais rêvé ? Racheter un club de football pour une livre sterling symbolique. C’est ce qu’a fait Ken Bates. Mais la mayonnaise a mis du temps à prendre, et a même failli tourner en mai 1983 quand les Blues terminent 18èmes de seconde division à seulement deux points de la relégation. La saison suivante, Chelsea remporte le championnat et remonte enfin en première division. Soulagement de plutôt courte durée puisque le club sera à nouveau relégué une saison en 1988.

Mais, d’un point de vue sportif, le règne de Ken Bates a été globalement positif. Les dix années qui ont précédé le rachat d’Abramovitch en 2003 ont permis au club d’entrer dans une nouvelle dimension. En témoignent les nominations de Ruud Gullit, Gianluca Vialli et Claudio Ranieri en tant qu’entraîneurs des Blues. Deux Fa Cup, une League Cup, une Coupe des vainqueurs de coupes, une Supercoupe d’Europe, une deuxième place historique en Premier League : un beau bilan en somme.

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Des barrières électrifiées au Bridge

Si le bilan sportif de l’ère Bates s’avère être positif, difficile d’en dire autant de sa gestion du club pour le moins originale. Vous ne savez pas que Ken Bates est un homme haut en couleurs ? Alors accrochez-vous bien !

Son projet est désormais mythique : installer des barrières électrifiées à Stamford Bridge pour empêcher les supporters d’envahir le stade. En 1985, la première division anglaise est encore gangrénée par l’hooliganisme. Face aux invasions incessantes et les amendes grandissantes, le club cherche des solutions. Bates en a une et il y croit. Des barrières de plus de trois mètres de haut surplombées par des fils barbelés et couronnées de fils électrifiés.

“Les gens peuvent hurler que c’est dangereux, alors que c’est utilisé dans l’agriculture depuis bien longtemps. Tout fan qui touchera la clôture devra immédiatement lâcher prise et tomber de plus de quatre mètres de haut”. L’indignation est presque générale. Heureusement, ce projet sera refusé par les instances gouvernementales. Les supporters ne sont pas du bétail.

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Le conflit avant tout

Bates fera parler de lui pour bien d’autres histoires, en particulier des querelles avec des icônes du club, adorées par les fans. Tous les héros de 1970 seront épinglés par le Britannique dans son fameux éditorial du programme d’avant-match où il ne mâchait jamais ses mots. Peter Osgood devra d’ailleurs attendre 2003 avant d’être ré-invité à Stamford Bridge. Mais la dispute la plus célèbre reste celle avec Matthew Harding.

En 1993, l’homme d’affaires, fan inconditionnel des Blues, investit 26 millions de livres dans la rénovation du stade – une tribune porte désormais son nom en hommage. Chouchou des supporters, Harding mériterait un article pour lui tout seul. Son investissement lui offre une place au board du club. Mais sa popularité ne plaît pas à Bates qui, le soupçonnant de vouloir l’évincer, le bannit. Matthew Harding meurt tragiquement en octobre 1996 dans un accident d’hélicoptère.

Pas de quoi adoucir Bates. Alors qu’il est en réunion d’affaires avec Graham Parr quelques mois après le drame, il déclare, en voyant passer un hélicoptère, “voilà un autre p*tain de Matthew Harding”.

Son franc parler et ses frasques en tout genre auront eu le don d’agacer les fans des Blues. Une haine qui le hissera à la quinzième place du classement des personnalités les plus détestées du football, selon le site britannique FourFourTwo, devant des joueurs comme Diego Costa ou Luis Suarez.

Alors que Roman Abramovitch fêtera ce dimanche contre Tottenham son millième match en tant que propriétaire de Chelsea, il était important de se rappeler qui était son prédécesseur. Connaître son histoire, c’est connaître l’Histoire des Blues.

@TheoPutavy

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