Tribune Nantaise
·5 mai 2024
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Né à Paris et formé au FC Nantes, il avait disputé 18 matchs avec l’effectif professionnel des Jaune-et-Vert avant de rejoindre l’AS Roma à seulement 20 ans. Un début de carrière trop beau pour être vrai : Loïc Nego a finalement atterri dans le championnat hongrois pendant de nombreuses années. Cette étrange trajectoire lui aura toutefois permis de porter le maillot de l’équipe nationale de Hongrie !
Au cours d’un long entretien pour le site officiel du championnat de France, le latéral droit du Havre revient sur les origines de cette improbable sélection avec la Valogatott. Après son passage infructueux à Rome, il est approché par le Újpest FC (Hongrie)… une option qu’il avait tout d’abord rejetée : « Après mon prêt au Standard de Liège, je suis rentré à la Roma et on a résilié mon contrat. Derrière, j’ai passé plus d’un mois sans club, à la maison. C’est là que je reçois un coup de fil d’un club hongrois donc je me renseigne un peu mais je dis non. Mes agents ont insisté et ça s’est finalement révélé être un très bon choix ».
En août 2015, l’ancien Canari est transféré au FC Videoton, toujours en D1 hongroise. C’est dans ce même club que démarrera sa carrière de joueur international, cinq ans plus tard. « C’est une belle histoire ! Dans le championnat hongrois, les équipes qui alignent un certain nombre de joueurs nationaux reçoivent un chèque de la fédération. À Videoton, on était pas mal d’étrangers et le club voulait dégraisser pour mettre en lumière de jeunes Hongrois. Comme ça faisait plus de cinq ans que je jouais en Hongrie, le directeur sportif m’a proposé de prendre la nationalité hongroise en plus de la nationalité française. Moi, j’étais très bien là-bas donc si ça pouvait aider mon club, ça ne me dérangeait pas », se remémore-t-il.
Après de très bons résultats sur le plan collectif, notamment en Europa League, et une saison réussie sur le plan individuel, Loïc Nego est récompensé avec un nouveau contrat au FC Videoton, qui parvient à le retenir de signer à Beşiktaş (Turquie). Un tournant décisif qui lui permet de devenir international hongrois au cours des mois suivants.
« On me dit que les règles pour intégrer l’équipe de Hongrie vont évoluer et qu’une opportunité pourrait arriver pour moi »
Champion d’Europe avec l’équipe de France U19 en 2010, Loïc Nego a connu plusieurs catégories des Bleuets (U17, U19, U20) au début de sa carrière. Mais après des plusieurs saisons à errer entre la Belgique, la deuxième division anglaise et la Hongrie, l’ancien Canari n’entrait évidemment pas dans les plans de Didier Deschamps.
« J’ai été réaliste. Je crois que j’aurais pu attendre l’équipe de France jusqu’à ma mort. Malheureusement pour moi, je n’allais pas avoir cette chance de jouer en équipe de France A, ce qui était un rêve d’enfant… donc pourquoi ne pas représenter la Hongrie, un pays qui m’a très bien accueilli et qui m’a beaucoup apporté ? Aujourd’hui, je ne regrette pas ! », affirme-t-il, fier d’avoir su saisir cette improbable opportunité.
Loin d’avoir des difficultés à s’intégrer dans le vestiaire de la sélection nationale hongroise, Loïc Nego a rapidement trouvé sa place au sein de la Valogatott : « Dans l’équipe, il y a beaucoup de joueurs qui évoluent à l’étranger donc ils sont habitués à ces mélanges. Au niveau de l’adaptation, de la vie de groupe, ça s’est très bien passé. Et puis, au début, on était 4-5 joueurs de Videoton donc j’avais plusieurs connaissances dans le groupe ».
« Pour la petite anecdote, notre gardien Péter Gulácsi m’avait dit qu’il classait ma performance dans son top 2 en sélection ! »
Le premier match de Loïc Nego avec la Hongrie restera dans les mémoires de bon nombres de supporters hongrois. À peine arrivé en sélection, il entre en jeu lors du match de barrage décisif pour qualification à l’Euro 2020… et comme l’histoire est parfois très belle, il égalise et permet aux Hongrois de renverser l’Islande.
« Lorsque j’arrive en sélection, je me retrouve à jouer le match le plus important de la sélection depuis plus de 20 ans, le barrage de qualification pour l’Euro contre l’Islande. C’est une histoire de fou parce que le sélectionneur avait le covid donc il nous parlait en vidéo. Moi, je commence sur le banc et on perdait depuis le début du match. Notre rêve de jouer l’Euro en Hongrie s’éloignait. Le coach m’appelle pour entrer en fin de match alors que je ne m’y attendais pas du tout. Pour vous dire, j’étais en baskets. Je me change en vitesse et j’entre sans m’échauffer. Je ne sais même pas à quel poste j’entre, je me dis juste que je vais tout donner. On poussait, on poussait, et là, je reçois le ballon, une-deux dans une forêt de jambes et le ballon me revient pile dans la course, sur mon pied droit, dans un angle où je ne peux pas rater. Je marque et c’est la folie ! Juste derrière, on marque le 2-1 et on va à l’Euro ! », raconte-t-il au cours de son interview pour le site officiel de la Ligue 1.
Tout d’abord anodin, ce parcours en équipe nationale de Hongrie lui a finalement permis de disputer l’Euro 2020… dont une rencontre face à l’équipe de France, championne du monde en titre. Un souvenir inoubliable pour ce Parisien de naissance : « C’était une dinguerie ! Cela restera l’un des plus beaux jours de ma vie ! La Marseillaise déjà, c’était quelque chose, s’émerveille l’actuel numéro 7 du HAC. Je jouais contre l’équipe de France, une équipe dans laquelle je rêvais d’être. Toute ma famille, tous mes amis sont là… Pendant deux ou trois minutes, tu as plein de pensées mais ensuite, tu mets ça de côté et tu entres dans ton match ! Une fois sur le terrain, il n’y a plus de copains en face ! Et attention, on a été à deux doigts de gagner ». Pour rappel, la Hongrie avait ouvert le score et obtenu un nul inattendu face à la France (1-1).