Lucarne Opposée
·20 décembre 2024
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·20 décembre 2024
La J1 League 2024 et son format sur une année civile, c’est terminé ! Mais elle a été riche en spectacle, en belles histoires et en duels serrés pour le titre et le maintien. Voici un bilan club par club d’une saison qui restera dans les mémoires.
Après un premier titre en 2023, le Vissel Kobe réalise le back-to-back avec un second titre. consécutif. Le club du Hyōgo devient le sixième club de l’histoire de la J.League moderne à réussir cet exploit, après Verdy Kawasaki, Kashima Antlers, Yokohama F.Marinos, Sanfrecce Hiroshima et Kawasaki Frontale. Porté par une charnière composée de Thuler et de Tetsushi Yamakawa qui a été la force de l’équipe, le Vissel a aussi pu compter sur l’homogénéité de la ligne d’attaque, puisque Yuya Osako, Yoshinori Muto et la recrue Taisei Miyashiro ont tous terminé la saison au-delà des dix buts ; les deux derniers ayant été très décisifs dans le sprint final. La saison n’a pas été simple pour les hommes de Takayuki Yoshida, qui ont connu un gros passage à vide en fin de première partie de saison. Par rapport à 2023, le jeu produit était plus séduisant et surtout beaucoup plus maîtrisé. Pas de victoires éclatantes, mais pas de défaites catastrophiques. Et ça s’est matérialisé également par une domination en Asian Champions League en une victoire en finale de Coupe de l’Empereur, pour le premier doublé coupe-championnat de l’histoire du club. Le mercato hivernal va cependant être chargé, car beaucoup de cadres vieillissants ont vu leur niveau décliner sur la saison, notamment Yuya Osako, Hotaru Yamaguchi et Gotoku Sakai.
Nouvelle désillusion pour le Sanfrecce, pour la troisième année de Michael Skibbe. L’Allemand et le club avaient pourtant toutes les cartes en main pour réussir : un nouveau stade, que le public s’est vite approprié pour donner de la voix, des joueurs de qualité avec sûrement le meilleur onze du championnat et un jeu offensif, faisant payer cher les erreurs adverses. Le club termine ainsi avec la meilleure attaque de J1, malgré le départ de Yuki Ohashi à la mi-saison, remplacé par Gonçalo Paciencia. D’autres beaux noms ont été recrutés cet été, comme Tolgay Arslan, et surtout Hayao Kawaba, payé trois millions et demi d’euros, une somme démentielle pour la J.League. Malgré tout, il a manqué quelque chose pour gagner ce titre. Car malgré onze matchs sans perdre entre juillet et novembre, le club a craqué lors des cinq dernières journées, avec quatre défaites, dont trois face à des clubs de deuxième partie de tableau. Pour les causes, il a manqué bien sûr d’expérience, mais il y a aussi eu une fatigue de fin de saison ; la tactique de Skibbe étant très exigeante physiquement, et ce dernier n’a que peu fait tourner. Car même si Hiroshima avait sans doute le meilleur onze du championnat, le banc était plus faible. Avec des éliminations aussi très précoces en Coupe de l’Empereur et en Coupe de la Ligue, la saison 2024 sera blanche pour le club. Dont l’avenir ne semble pas très serein. D’excellents joueurs comme Shuto Nakano, Shunki Higashi ou Makoto Mitsuta pourraient faire leurs bagages pour l’Europe. Et après une saison avec tant de dépenses, on peut s’inquiéter de la santé financière de l’équipe. Nagoya avait fait la même erreur en 2018, et en subit encore les conséquences. Heureusement pour Hiroshima, le centre de formation devrait apporter quelques solutions à l’avenir.
Beaucoup y ont cru, mais Zelvia échoue à la troisième place. Le promu a pourtant passé vingt-deux des trente-huit journées du championnat en tête. Mais la pression et la fatigue physique sont venues à bout d’une équipe composée d’outsiders, de joueurs qui devaient prendre leur revanche. Que ce soit Kosei Tani, qui n’a presque pas joué pendant son prêt en Belgique, Keiya Sento, sortant d’une saison catastrophique à Kashiwa Reysol, Oh Se-hun, ancien « Ronaldo coréen » devenu éternel espoir, ou encore Shota Fujio, également éternel espoir. Pour coacher tout ce petit monde, Go Kuroda, qui n’a jamais connu la J1 League. Pourtant, malgré cet assemblage étrange de joueurs, le projet de jeu a rapidement pris. Quelques jeunes sont venus apporter leur pierre à l’édifice, notamment les latéraux Kotaro Hayashi et Henri Heroki Mochizuki ; le second a d’ailleurs été convoqué en équipe nationale en septembre. Machida a impressionné tout le monde pour sa première saison en J1 de son histoire. Et a encore plus impressionné au mercato estival en allant recruter l’international japonais Yuki Soma. Mais la fin de championnat s’est compliquée. Au début, Machida a perdu des points, mais ses poursuivants aussi. Un gros passage à vide entre août et octobre, aucune victoire en six matchs, a fini par achever Zelvia qui chute à la troisième place ; position conservée jusqu’à la fin de saison. À la dernière journée, le club de Tokyo avait une maigre chance de remporter le titre. Kobe devait perdre contre Shonan et Zelvia devait battre Kashima. Mais Kobe s’est imposé trois buts à zero et Machida s’est incliné trois buts à un. Malgré une saison prometteuse, dur de se projeter sur l’avenir. Le club n’a pas l’actionnariat le plus solide de J1, et devra peut-être libérer de la masse salariale. Attention a ne pas s’effondrer l’an prochain.
Saison paradoxale pour le Gamba Osaka. Le club revient d’entre les morts, après plusieurs saisons à jouer le maintien dans une morosité ambiante n’arrangeant pas la situation. Néanmoins, le club de la banlieue nord d’Osaka avait décidé cet hiver de conserver Dani Poyatos. Le tacticien espagnol pourtant très critiqué a finalement pu mettre son jeu en place. Un jeu certes peu reluisant, pas aidé par la saison très moyenne de ses ailiers Welton, Ryoya Yamashita ou Shu Kurata, mais une défense de fer avec Shinnosuke Nakatani et Shota Fukuoka, ce dernier enfin à son plein potentiel. Devant, deux hommes ont porté l’attaque. Takashi Usami, très solide, notamment en première partie de saison, et la révélation Isa Sakamoto. Auteur de dix buts cette année, le jeune buteur de métier a été replacé en dix ou sur une aile. Très dynamique, il a été l’un des rares capables de différences dans les derniers mètres. C’est donc une saison très positive, mais qui laisse quelques regrets. Il y a déjà la défaite en Coupe, en finale face au voisin du Vissel Kobe. Et surtout, la Gamba termine à égalité de points avec Machida. En réussissant quelques matchs bêtement perdus, le club de Suita aurait pu prétendre à jouer le titre. En deuxième partie de saison, le Gamba a affronté quatre fois toutes compétitions confondues ses voisins du Vissel Kobe, Cerezo Osaka et Kyoto Sanga. Pour aucune victoire. Encourageant néanmoins pour l’an prochain.
Beaucoup de clubs se contenteraient d’une cinquième place, mais pour Kashima, c’est un nouvel échec. Ranko Popović était pourtant arrivé en début de saison pour remplacer un Daiki Iwamasa peu apte pour ce poste. Mais peu de choses ont changé, malgré un effectif très qualitatif. Contrairement à Kobe ou Machida, les Antlers n’ont pas eu de passage à vide et de série noire. Mais simplement une irrégularité incompréhensible, notamment à l’extérieur, puisque Kashima est resté invaincu à domicile cette année. Il a manqué d’envie peut-être. Globalement, presque tout le monde a fait une bonne saison. Même des joueurs en grand déclin ont été relancés par Popović comme Shintaro Nago, Hayato Nakama, Shu Morooka, Koki Anzai, et surtout Kei Chinen. Le Ryukyuan, ancien buteur de Kawasaki, a été repositionné milieu défensif dans un double pivot avec Kaishu Sano puis Kento Misao. Un pari payant puisqu’il a été excellent, à la fois dans les airs et à la récupération, étant le joueur ayant gagné le plus de duels du championnat. Dur de jeter la pierre à la défense aussi. Ikuma Sekigawa a de nouveau été solide. Koki Anzai est revenu des abysses. Et Kimito Nono, arrivé dans l’anonymat de la modeste Université Kwansei Gakuin, a terminé le championnat avec neuf buts et une place dans le onze de la saison pour sa première en professionnel. Le problème semble donc une nouvelle fois être le coach qui a donné l’impression de ne pas toujours trop comprendre ce qu’il faisait, lui qui avait déjà notamment entraîné le Cerezo Osaka et le FC Tokyo, pour des bilans à chaque fois mitigés. Toru Oniki arrive de Kawasaki pour bâtir un projet sûrement sur le long terme. Car une saison où Kashima ne gagne rien est une saison d’échec pour le club d’Ibaraki.
Pas le même maillot mais les mêmes résultats pour les deux clubs estampillés avec le nom « Tokyo ». Le Tokyo Verdy tout d’abord termine sixième, une autre surprise. Le promu composé d’un effectif assez jeune et avec beaucoup de joueurs prêtés aurait presque pu viser plus haut puisque son début de saison a été très frustrant, perdant des points dans les arrêts de jeu. Mais rapidement, les hommes de l’expérimenté Hiroshi Jofuku enchaînent davantage de victoires, certaines très spectaculaires comme un cinq buts à trois contre Sapporo. Et Verdy cette année a montré un football attractif, que ce soit en 4-4–2 en première partie de saison, ou en 3-4-2-1 en seconde. Quelques noms comme Fuki Yamada, Yudai Kimura, Koki Morita ou Hiroto Taniguchi se sont enfin révélés. Le dernier restera au club l’an prochain, ce qui permettra au club de conserver une stabilité défensive. La jeunesse était également au cœur du projet du FC Tokyo et de son entraîneur Peter Cklamovski. Très contesté sur ses qualités d’entraîneur, l’Australien a montré son talent de formateur en faisant confiance à Soma Anzai, Kota Tawaratsumida, Taishi Nozawa ou Kanta Doi. Assez régulier, le FC Tokyo a aussi pu compter sur un recrutement hivernal qui a su combler le départ du prodige Kuryu Matsuki. Takahiro Ko, ancien de Niigata, réalise une très belle saison, et idem pour Ryotaro Araki dans un rôle bien plus offensif, en neuf et demi puis pur dix. Néanmoins le FC Tokyo a été plombé par deux éléments : un manque d’efficacité offensive, les très jeunes joueurs ont eu du mal à parfois faire des différences. Et des erreurs défensives, notamment de Henrique Trevisan et de Masato Morishige. Cette défense assez vieillissante et pas très complémentaire a été plusieurs fois modifiée au cours de la saison, sans résultats probants. Ce sera un chantier cet hiver. Au final, le FC Tokyo termine septième, une place honorable par rapport à l’effectif, mais tout de même décevante. Pourtant l’un des clubs les plus riches de J.League, les Bleu et Rouge n’ont toujours pas remporté le moindre championnat et ne sont même plus capable depuis quelques années de jouer le titre.
Kawasaki, Yokohama, le Cerezo Osaka, Nagoya. Leur point commun ? Un solide palmarès. Pourtant, leur saison a été frappée par la morosité, et même par la peur pour certains. Kawasaki termine huitième. L’ancien champion 2020 et 2021 a poursuivi sa descente aux enfers. Malgré un gros mercato avec des millions d’euros dépensés, notamment pour faire venir les buteurs Erison et Bafetimbi Gomis, ça n’a pas suffi. Sans aucune cohérence, ni dans la construction d’effectif, ni sur le terrain, l’équipe emmenée par un Toru Oniki dépassé a fait une première partie de saison catastrophique, et a failli se placer parmi les relégables pendant quelques journées. La faute aussi à un enchaînement de blessures en défense, qui a coûté cher, notamment lors de la défaite cinq buts à quatre contre Iwata dès la deuxième journée. Un enchaînement de blessures qui a finalement eu du bon, puisque cela a permis de lancer véritablement dans le grand bain Kota Takai, absolument magistral à dix-neuf ans. Un autre a su saisir la chance, Asahi Sasaki. Encore un peu juste la saison précédente, l’ancien de l’Université Ryutsu Keizai sort une saison presque parfaite. Offensivement, ce sont également deux joueurs locaux qui ont porté Frontale. L’inusable Akihiro Ienaga, trente-huit ans, et le jeune Shin Yamada, qui a enfin explosé après une saison 2023 très moyenne. Le buteur a inscrit dix-neuf buts en J1, en faisant le troisième meilleur buteur du championnat. Il reste cependant assez frustrant à cause de son manque d’implication, notamment dans le travail défensif. Cet hiver sera important pour Kawasaki. Toru Oniki part, remplacé par Shigetoshi Hasebe, et son football radicalement différent. Un grand ménage sera nécessaire dans l’effectif pour relancer un nouveau projet à long terme.
Contrairement à Kawasaki, Yokohama ne s’est jamais réellement fait peur, mais n’a pas réussi à se relever pour autant. Emmené par Harry Kewell, placé là par le City Group, le club du Kanagawa a dû compter sur ses individualités pour gagner des matchs, notamment Anderson Lopes et ses vingt- quatre buts et Yan Matheus. L’équipe avait peu changé par rapport à 2023, où elle avait terminé deuxième. Mais les largesses défensives, déjà inquiétantes à l’époque, ont achevé les Marinos. L’arrivée du Maltais John Hutchinson cet été n’a pas vraiment fait évoluer l’équipe, qui a aussi subi la lourde défaite cinq buts à un lors du match retour de la finale d’Asian Champions League, face à Al-Ain. L’avenir s’assombrit à Yokohama. Le principal actionnaire, la firme Nissan, est dans une situation très compliquée financièrement et ne pourra donc que peu investir. Le City Football Group, qui détient vingt pourcents du club, va peut-être tenter de le racheter totalement. Un flou qui ne laisse rien présager de bon pour l’ancien cador, qui voit tous ses cadres se préparer à quitter le navire.
Leader à la onzième journée, avant une lente agonie jusqu’à la dixième place ; encore une saison ratée pour le Cerezo Osaka. Solide défensivement, Akio Kogiku misait beaucoup sur son trio d’attaque brésilien avec Capixaba, Lucas Fernandes et Leo Ceara. Si les deux derniers ont fait une immense saison, Fernandes terminant meilleur passeur du championnat, et Ceara deuxième meilleur buteur, ça a été très compliqué pour Capixaba. En difficulté à produire du jeu, le Cerezo n’a pas pu compter sur un mercato estival de qualité, malgré des finances qui l’auraient permis. Les jeunes joueurs, à l’exception d’Hayate Okuda, arrivé de l’Université Momoyama Gakuin, ont peu apporté. Une saison comme les autres finalement pour le club d’Osaka.
Enfin, Nagoya vécu une année très étrange. Plutôt proche de jouer le titre en début d’exercice, avant de se résigner à jouer le ventre mou, le club d’Aichi a pu se consoler avec une victoire en Levain Cup, dans une finale épique contre l’Albirex Niigata. Ce titre a sauvé la place du détesté Kenta Hasegawa et son jeu très pauvre et archaïque. Grampus a au moins été solide derrière, grâce à la révélation Kennedy Egbus Mikuni et à Akinari Kawazura, revenu de nulle part. Cette saison a permis également de préparer une transition offensive, avec des jeunes joueurs comme Taichi Kikuchi et Ken Masui qui ont glané beaucoup de temps de jeu. Bien qu’il manque encore un réel buteur, puisque c’est Kensuke Nagai, trente-six ans, qui a terminé meilleur scoreur. Même si Grampus est encore en difficulté financière, cette saison assez morose a au moins eu le mérite de préparer le terrain pour 2025.
Malgré un des plus petits budgets, l’Avispa Fukuoka a de nouveau fait une belle saison, la dernière de Shigetoshi Hasebe. Le club de Kyūshū, douzième, a même failli terminer dans le top dix. Jamais inquiété par le maintien, l’Avispa a fait sa saison tranquillement, jouissant de l’apport des quelques recrues parfaitement adaptées au projet de jeu, notamment l’iranien Shahab Zahedi, meilleur buteur du club. Le jeune Masato Shigemi, arrivé de l’Université de Fukuoka, a aussi pu glaner beaucoup de temps de jeu, et sera incontestablement un des joueurs à suivre en 2025. Malgré un style très défensif, l’Avispa a produit beaucoup plus de séquences de qualité que ces dernières années. Contrairement à Hasegawa, Shigetoshi Hasebe a essayé de faire évoluer son jeu, le rendant un peu plus attractif, malgré un effectif tout de même faible, et un manque de profondeur de banc. Avec les départs de Hasebe et de cadres comme Daiki Miya et Hiroyuki Mae, l’Avispa devra réussir sa transition pour ne pas se retrouver rapidement en difficulté. Le futur entraîneur est connu depuis longtemps : Kim Myong-hwi. S’il est absolument détestable et détesté, puisqu’il avait été suspendu pour harcèlement et violences sur ses joueurs quand il était au Sagan Tosu, il reste un tacticien de talent, qui pourra prendre la suite de Shugetoshi Hasebe.
Treizième. Malgré des millions d’euros dépensés, des dizaines de recrues, Urawa termine treizième. La faute à beaucoup de choses, mais avant tout à une stratégie de recrutement inefficace : aller chercher tous les joueurs japonais en difficulté en Europe. Rien que cet été, c’est Rio Nitta, Shion Homma et Genki Haraguchi qui ont rejoint les Reds. L’hiver d’avant, c’étaient Shoya Nakajima et Naoki Maeda qui avaient débarqué à Saitama. Des dizaines de milieux offensifs et d’ailiers ont été empilés offensivement sans aucune cohérence sportive. Et paradoxalement, lors du départ d’Alexander Scholz cet été, pilier défensif, aucun remplaçant n’a été recruté. Avec cet effectif très étrange, capable de vrais coups d’éclats, mais trop rares, dur de remonter au classement. À chaque victoire, Urawa pensait enfin lancer sa saison. Mais à chaque fois également, les matchs suivants anéantissaient ces espoirs. Quelques joueurs ont un peu sauvé la saison des Reds, notamment le latéral Ayumu Ohata, le milieu Ryoma Watanabe et le buteur Thiago Santana. Mais ils étaient trop seuls. Le chantier sera colossal à Urawa cet hiver, mais semble assez mal embarqué. Au moins, le coach polonais Maciej Skorza reste, et assurera une continuité et une stabilité nécessaires pour sortir la tête de l’eau.
Kyoto aurait dû jouer le top dix cette saison. L’effectif de Sanga était très intéressant, avec des joueurs restant sur une excellente dynamique par rapport à la saison 2023. Mais Jo Gwi-jae a eu du mal à trouver une tactique qui marche. En s’entêtant d’abord dans son dispositif en 4-3-3, alors que le seul ailier de métier du club avait dix-neuf ans, l’obligeant donc à mettre un pur avant-centre comme Taichi Hara sur l’aile gauche. Les quelques recrues intéressantes comme Marco Tulio ont également eu du mal à s’imposer en première partie de saison. Enfin, le plus gros chantier a été au poste de gardien, où Gu Sung-yun a enchaîné les contre-performances, perdant sa place au profit de l’expérimenté Gakuji Ota, auteur de quelques bonnes prestations en fin de saison. Quelques matchs qui ont permis à Sanga de s’offrir un maintien plutôt serein, bien aidés aussi par un mercato estival excellent, avec l’arrivée en prêt de Rafael Elias, buteur à onze reprises en quinze matchs, ainsi que celle des milieux Takuji Yonemoto et Yuki Miyamoto, également en prêt. Ce milieu de terrain qui posait problème à Kyoto en début de saison à cause de ses erreurs de placement et de son incapacité à faire le lien entre le trio offensif et le reste de l’équipe s’est grandement amélioré. Bien aidé aussi par le retour au haut niveau de Sota Kawasaki, ainsi que par le nouveau placement de Taiki Hirato, mis au cœur du jeu, et qui par son volume et son travail a amélioré la fluidité du jeu mis en place par Jo Gwi-jae. Des joueurs comme Shinnosuke Fukuda et Kyo Sato ont aussi fait une belle saison. Il faudra faire mieux en 2025.
Après des maintiens de justesse ces dernières saisons, Shonan a enchaîné entre juin et juillet puis entre août et octobre plusieurs victoires qui ont offert un maintien assez serein, et plutôt maîtrisé. Outre un jeu assez intéressant, et des largesses défensives toujours aussi importantes, signatures de l’ère Satoshi Yamaguchi, cette année 2024 a surtout été celle de la révélation et de la confirmation de beaucoup de jeunes joueurs, avant le passage dans une nouvelle ère avec un nouveau stade et peut-être un nouveau logo. Naoya Takahashi, Arata Yoshida, Satoshi Tanaka, Junnosuke Suzuki, Taiga Hata, Taiyo Hiraoka, Akito Suzuki, ou encore Sho Fukuda ont tous montré de belles choses cette saison. Si certains devraient partir, notamment Satoshi Tanaka à Hiroshima, certains resteront, et seront les bases pour peut-être espérer mieux que le maintien chaque saison. Quelques excellents jeunes joueurs vont sûrement se révéler l’an prochain, avec surtout Hisatsugu Ishii et Soki Tamura. Shonan semble avoir trouvé un semblant d’équilibre avec sa jeunesse qui a enfin été mise au centre du projet, plutôt que le recrutement de mercenaires là à court terme, encadrée par quelques joueurs d’expérience du championnat comme Lukian, Kim Min-tae ou Kaoto Kamifukumoto.
Lors des dernières journées, alors qu’on savait Tosu et Sapporo déjà condamnés, une lutte à trois s’est engagée pour le maintien. Entre trois clubs vivant une saison radicalement différente. Terminant seizième, il est pourtant dur de reprocher beaucoup de choses à Niigata. L’Albirex, un très petit budget du championnat, est un club qui travaille bien, excellent dans la post-formation. Il y a quelques années, ce Niigata aurait sûrement pu finir autour de la douzième place. Mais la J.League actuelle est plus homogène. C’était la troisième saison du coach Rikizo Matsuhashi, qui pratique un football protagoniste, avec une construction lente et intelligente, malgré de faibles moyens et un effectif assez limité pour de la J1 League. Il a cependant pu compter sur l’émergence de quelques joueurs, notamment Hiroki Akiyama au milieu, et la fiabilité de son jeu de passe. Il a été accompagné par l’un des joueurs coup de cœur des fans, Eiji Miyamoto, qui s’était révélé en 2021 en JFL, en quatrième division japonaise, et qui a monté progressivement les échelons pour devenir à vingt-six ans un titulaire en J1 League. Idem pour Motoki Nagakura, deuxième meilleur buteur cette année, révélé à Tokyo United en division régionale Kanto en 2022. Il a lui beaucoup plus rapidement gravi les marches, et Niigata l’avait acheté à Gunma en J2 mi-2023. Cette politique de recrutement de joueurs de divisions inférieures porte ses fruits à Niigata, faisant de l’Albirex un des clubs les plus « romantiques » du football japonais, et qui s’est finalement maintenu grâce à trois matchs nuls sur les quatre dernières rencontres.
Ambiance opposée à Kashiwa qui termine dix-septième. Huit premiers matchs de haut niveau, avec même une deuxième place après la troisième journée. Puis l’effondrement. Comme en 2022. Et pour la deuxième année consécutive, Reysol termine premier non-relégable. Des joueurs pas très motivés, beaucoup d’erreurs défensives, des gardiens pas au niveau, et un Matheus Savio encore dans un rôle de pompier de service. Une situation d’autant plus problématique que les onze alignés par Masami Ihara étaient très vieillissants. Peu de temps de jeu a été accordé aux jeunes joueurs, qui sont pourtant l’essence de ce club de la banlieue Est de Tokyo. Seul Mao Hosoya, très moyen cette saison, et Hiroki Sekine ont eu du temps de jeu. Kashiwa avait d’ailleurs voulu vendre le premier, qui avait refusé de partir. Son départ aurait allégé les comptes d’un club très en difficultés financièrement. Sekine, lui, a sorti une saison magistrale pour une première en professionnel, lui qui arrivait de l’Université Takushoku. Avec quelques autres joueurs en forme comme Savio, Kosuke Kinoshita, ou la recrue estivale Kohei Tezuka, le maintien a finalement été assuré de justesse, avec deux petites défaites sur les neuf dernières journées.
Enfin, la victime de cette course au maintien a donc été Iwata. C’est très cruel pour ce club revenu de l’enfer, au bord de la liquidation en 2022, et qui a su renaître. Malgré les difficultés financières, le club avait tout de même été actif sur le marché des transferts. Coaché par Akinobu Yokouchi, qui a offert une montée miraculeuse au club en 2023, et qui est plutôt reconnu, la saison a été très frustrante. Beaucoup de matchs perdus sur des erreurs défensives et parfois trop d’inefficacité devant ; et ce même si Ryo Germain a terminé l’exercice avec dix-neuf réalisations. L’attaquant de vingt-neuf ans n’avait jamais dépassé les quatre pions sur une saison de J1. Beaucoup d’autres joueurs ont fait une excellente saison, notamment les latéraux Hiroto Uemura, Shunsuke Nishikubo et Ko Matsubara qui ont tous leur place dans un club du top dix du championnat. Au milieu, Rikiya Uehara a très bien organisé le jeu, tandis que Matheus Peixoto prenait la relève de Ryo Germain devant. Mais ça n’a pas suffi. Peut-être qu’il y a cinq ans, ce Jubilo se serait maintenu. Il faudra tout refaire pour le club de Shizuoka en J2, qui voit son rival Shimizu, lui, monter en J1.
Stades en décrépitude et de moins en moins remplis, situation financière aberrante, les deux derniers au classement suivent une logique évidente. Pour Sapporo, il y a eu tout de même un peu d’espoir durant l’été, après un mercato estival consistant à recruter tous les joueurs qui leur étaient présentés, tant qu’ils ne coutaient pas cher, allant même s’offrir les services d’Amadou Bakayoko, joueur de quatrième division anglaise. Ce n’importe quoi a eu tout de même un effet positif, mais très éphémère. C’était la saison de trop pour Mischa. Le coach autrichien n’avait plus l’effectif pour appliquer ses principes et s’entêter avec. Même des joueurs performants en 2023 comme Yuya Asano ont vécu une année compliquée. Sapporo jouera donc en J2 l’an prochain, un championnat qu’il maîtrise, puisqu’il l’a remporté à trois reprises, un record. Quelques joueurs qui auraient pu chercher une place en J1 ont décidé de rester, notamment le virevoltant ailier Tomoki Kondo. De quoi espérer remonter rapidement.
Après des années sur le fil financièrement, Tosu a craqué. Même si le mercato estival était assez correct, les hommes de Kenta Kawai ont raté leur début de saison. Avant de s’effondrer après le mercato estival, où Kohei Tezuka, So Kawahara, Yoichi Naganuma et Taichi Kikuchi ont abandonné le navire ; le premier signant même chez un concurrent au maintien. Pour les remplacer, à cause du manque d’argent dans les caisses, il a fallu s’adapter. Quelques prêts, des joueurs de deuxième division, et surtout du temps de jeu pour les jeunes, notamment le très prometteur Keisuke Sakaiya. Insuffisant pour se maintenir, malgré quelques surprises, comme le Lituanien Vytautas Slivka, arrivé libre de Grèce et qui s’est vite adapté. Si beaucoup de cadres vont partir cet hiver, le Sagan va pouvoir compter sur sa jeunesse, qui a pendant si longtemps porté le club.