
Furia Liga
·23 octobre 2021
🎙 Interview – Sonny Anderson : « Les entraînements de van Gaal, c’était le top du top ! »

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·23 octobre 2021
Consultant pour BeIN Sports qui diffusera Real Madrid-Barça dimanche (16h15), Sonny Anderson a porté le maillot du FC Barcelone pendant deux saisons et marqué à deux reprises lors d’un Clásico. Pour ¡Furia Liga!, le Brésilien évoque son passage en Catalogne, la pression constante et le jeu chaloupé de Rivaldo.
Vous avez disputé 3 fois le Clásico et vous avez marqué à 2 reprises. Ça compte dans une carrière ?
C’est évidemment un match très attendu par tout le monde et si vous marquez ce jour-là , vous jouissez d’une garantie et d’une tranquillité par le club pendant un certain. Quand ça arrive, c’est très agréable parce que vous faites la une des journaux et c’est toujours satisfaisant car le Clásico n’est jamais un match comme les autres.
Le 7 mars 1998, vous ouvrez le score tard au Camp Nou mais votre but a tout déclenché.
Hormis les matches où l’un des adversaires est très supérieur, un Clásico se dessine toujours sur un détail. Au départ, Rivaldo parvient à centrer fort, je devance Roberto Carlos pour prendre le ballon de la semelle et marquer. C’était la 70e minute et le Real Madrid a été contraint de jouer et de découvrir et nous en avons profiter pour gagner largement (3-0). Le 1er but est toujours crucial parce que le jeu s’ouvre beaucoup plus ensuite.
Guardiola disait qu’au Barça les années comptaient doubles, voire triples. Bojan Krkic l’a également évoqué. Vous l’avez aussi ressenti ainsi ?
Quand vous êtes en forme, vous êtes adulé, mais quand ça va moins bien… En Espagne et en Catalogne, vous avez tous les jours, des journaux, des programmes radio, des émissions télé qui vous jugent en permanence, y compris en ce qui concerne les entraînements. C’est une pression permanente mais elle fait partie de ce métier et de notre quotidien. Il faut être fort mentalement et faire avec, parce que vous donnez du rêve aux gens. Comme le football est un sport populaire, vous êtes constamment observé. Il faut savoir adopter la pression et s’en servir pour progresser.
Photo : PA Images / Icon Sport
Louis van Gaal est souvent cité en modèle mais aussi comme quelqu’un de dur, voire de caractériel. Sa gestion du cas Riquelme colle à son passage. Vous en gardez quelle perception ?
Les entraînements de van Gaal, c’était le top du top ! Il parvenait à faire comprendre le jeu à tout le monde, avec beaucoup de tactique pour nous emmener à progresser avec de la possession, aussi bien avec des passes courtes qu’avec des passes longues. Le 4-3-3 était ancré dans la culture du club et on ne jouait qu’avec ce système. Grâce à ça, c’est plus simple de gérer de grandes stars parce qu’elles comprennent là où vous voulez aller, avec quelle philosophie de jeu. Van Gaal essayait de trouver des postes pour les joueurs, en fonction du système et de sa tactique. Mais cela ne peut pas fonctionner pour tous les types de joueurs.
Jouer avec un duo tel que Rivaldo et Figo, il y a plus difficile pour un attaquant !
Évidemment, et il ne faut pas oublier la présence de Luis Enrique. C’était un régal !
Beaucoup de supporters du Barça en veulent à Figo mais c’est peut-être en Catalogne là où il a été le meilleur.
Le Figo des Galactiques était très fort mais c’est un joueur qui a beaucoup joué partout où il est passé. C’est vrai qu’au Barça, il est monstrueux et on ne parlait autant de Ballon d’Or et de qualités individuelles seulement pour un seul joueur comme aujourd’hui. Mais on a eu la chance comme moi de le voir évoluer, on s’aperçoit qu’il était bon tout le temps, à l’entraînement comme en match.
Est-ce qu’on a tendance à oublier l’influence de Rivaldo au Barça, notamment par rapport à Ronaldinho ?
Rivaldo n’avait pas le même style que Ronaldinho qui était capable de faire des gestes techniques incroyables. Mais qu’est-ce qu’il était efficace ! Quand il avait le ballon sur le pied gauche, il pouvait crocheter très vite et frapper enroulé très fort ensuite. Il était capable de marquer des buts dingues, notamment des ciseaux, quand personne ne s’y attendait. Je me souviens d’un but exceptionnel contre l’Atlético de Madrid où il inscrit un lob de 50 mètres ! Rivaldo avait la vista, un numéro 10 qui voulait aussi être buteur. Ce n’était pas le genre à faire des grigris pour amuser les supporters. Il arrive au Barça la saison avant sa conquête du Ballon d’Or en 1999. Il montait en puissance et il voulait absolument jouer 10 quand van Gaal, pour une question d’équilibre d’équipe, lui demandait de jouer à gauche. Mais c’est évidemment quand il a évolué en 10 qu’il a été le meilleur.
Pour conclure, comment voyez-vous le Barça actuel ? Y a-t-il de quoi avoir peur plus que de raison ?
Il y a toujours de l’inquiétude à l’égard de l’équipe par rapport à ses dernières prestations. Contre Valencia, le contenu a été un peu meilleur, même si l’adversaire n’a pas exactement montré beaucoup de danger. Mais c’était déjà mieux. Cela dit, un Clásico n’est pas un match comme les autres et tout le monde oublie ce qui s’est passé avant. La gestion est différente car c’est complètement à part. On ne peut pas juger un Clásico avant qu’il ne soit disputé. Beaucoup de joueurs ne sont plus là , mais Koeman a récupéré des blessés, en plus de Memphis Depay, il peut désormais compter sur Ansu Fati et Kun Agüero. Il y aura plus de confiance et de jeu.
Est-ce que vous percevez des similitudes entre votre Barça et l’actuel ?
Le Barça de Van Gaal n’avait pas la même pression sur les épaules et puis le club a remporté deux fois la Liga, en 1998 et 1999. Le collectif dont il bénéficiait n’avait rien à voir avec celui de Koeman aujourd’hui. Il y avait Pep Guardiola, Giovanni, Figo, Rivaldo, Patrick Kluivert. C’est sans comparaison. Nous étions plus armés à l’époque.
Quel est votre pronostic pour ce Clásico ?
Joker (rires) Mais j’espère que le Barça gagnera pour pouvoir travailler plus sereinement.
Propos suscités par François Miguel Boudet