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·15 mai 2024

Interview : Sébastien Renouard : « J’aurais fait ma carrière à Metz, je n’aurais jamais voulu en bouger. »

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Natif d’un petit village non-loin de Nancy mais ayant un cœur 100% grenat, Sébastien Renouard aura fait la majeure partie de sa carrière au FC Metz, de la fin des années 90 à 2009 ; date à laquelle il aura été poussé vers la sortie, à contre cœur. Il s’est livré dans un entretien exclusif pour les Socios.

Anecdotes, carrière, reconversion, l’équipe actuelle : il évoque, sans langue de bois et à travers une agréable interview, bon nombre de sujets. Un échange vraiment plaisant avec un homme de valeurs attaché à ses couleurs.

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Lorsqu’il décroche, ce lundi, Sébastien Renouard n’a pas beaucoup dormi. Revenu d’un déplacement à Strasbourg à quatre heures du matin « comme vous les supporters » sourie-t-il. Lorsqu’on lui demande comment il va : « Ça va, ça va. Fatigué du déplacement d’hier et tout ça pour ça. Le réveil a été difficile », répond Renouard, encore visiblement agacé par la défaite messine.

– Maxime Gravil pour les Socios : Pour commencer j’ai une première question assez simple à te poser : Tu es né à Nancy, mais tu as joué à Metz et tu as gardé un attachement particulier à ce maillot. Pourquoi Metz et pas Nancy finalement ?


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– Sébastien Renouard : « Les choses se sont faites naturellement, à la base, je suis d’un petit village de Meurthe-et-Moselle à côté du lac de Madine donc je ne suis pas vraiment nancéien, et puis la sensibilité a fait que comme je jouais au CS Blenod et que j’étais brillant à cet âge-là, Metz, Strasbourg et Nancy voulaient me prendre. Et donc en général, ils t’invitent en fin de saison voir un peu le club et les installations. Ça tombe bien que tu poses cette question-là puisque c’est exactement ce qu’il s’est passé ce week-end au tournoi de Plomelin avec les jeunes de Metz. Nous aussi on l’a fait, et je suis tombé amoureux du club et de l’aventure qui a été folle aussi puisqu’on avait gagné le tournoi. Ça a été des souvenirs merveilleux. L’attachement au maillot est né de là, et ensuite les valeurs du club me correspondaient bien étant fils d’agriculteur, travailleur, besogneux, voilà… Le gout de l’effort ne me faisait pas peur et donc je me suis retrouvé dans une énergie de club qui correspondait bien à ce que j’étais. Puis ensuite les années durant, le centre de formation, les années professionnelles, les premiers matchs en pro, les supporters, voilà c’est quelque chose qui ne se discute pas c’est comme tomber amoureux d’une gonzesse (rires). C’est celle-ci plutôt qu’une autre, et c’est comme ça que ça s’est fait. Tu as un club en toi et tu te mets à détester les autres parce que ce sont des derbys. Tu as la culture du derby depuis tout petit, parce qu’on t’inculque ça depuis ton plus jeune âge. Nancy c’est l’ennemi, Strasbourg pareil et puis tu te forges une attitude. C’est en toi tout simplement, t’as le club en toi, c’est celui-là et pas un autre. Comme un supporter sauf que nous on était dedans, inside ».

– M.G : Tu as joué pas mal de saisons que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue 2, si tu devais sortir la plus positive et la plus négative de ta carrière ?

– S.R : « Pour la positive, je dirais la première saison que j’ai pu jouer avec Metz (2004/2005) parce qu’on était quasiment condamnés à descendre. On avait nous un statut de remplaçant, et Fernandez pour préparer la saison suivante a lancé les jeunes comme Béria, Obraniak, moi-même etc… et on a réussi à réinjecter dans l’équipe un souffle qui a permis de se maintenir une journée avant la fin contre Bordeaux à domicile, ce qui correspond à mon premier but en Ligue 1. Ajouté à cela mon arrivée en équipe de France espoirs au tournoi de Toulon. oui ça a été 3-4 mois qui ont été merveilleux avec des sollicitations de gros clubs, bref à ce moment-là, j’avais fait quelque chose d’assez exceptionnel et ça reste le meilleur souvenir, en pro en tout cas. En ce qui concerne le plus mauvais, c’est la saison avec Joël Muller et Michel Ettore (2005/2006). On est descendus, c’était très compliqué avec un vestiaire qui était très difficile, ça n’a pas été simple cette année-là, vraiment pas simple du tout. »

– M.G : Donc tu disais que ton premier but en Ligue 1 c’était contre Bordeaux?

– S.R : « En effet. J’ai fait l’année de Ligue 1 où j’étais quasiment tout le temps dans le groupe mais je faisais des bouts de matchs. Et puis il restait 11 journées et il nous a lancés, et on a battu Lyon, on est allé faire match nul à Rennes, on a gagné au Vélodrome, contre Le Mans etc… on a fait un enchaînement de points qui nous a permis de nous sortir de la nasse une journée avant d’aller à Ajaccio la dernière journée pour le maintien.

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« Y’avait ceux qui cochaient quand on jouait au Vélodrome ou contre Paris, et moi j’étais de ceux qui cochaient quand on jouait Nancy ou Strasbourg ». Sébastien Renouard

– M.G : La saison suivante, tu égalises à Nancy en septembre 2005 (1-1), qu’est-ce que tu ressens sur ce but ? Ton premier dans un derby.

– S.R : « Le truc c’est ce que je suis passé d’une hype avec Jean Fernandez puisqu’il m’adorait. Il voulait me prendre à Marseille, à Joël Muller qui, quand il est arrivé, ne savait même pas si j’étais droitier ou gaucher, donc je tombais un peu de ma chaise. Le match à Nancy, c’est une semaine ou je marque aussi à Marseille et il m’avait replacé en 9 et demi. Et là bon, des buts dans des derby j’en ai mis de 13 ans à 18, je leur ai collé des roustes toute ma vie donc c’était quelque chose que j’adorais. Strasbourg j’ai eu la chance aussi de marquer. Mais là à Nancy, je marque et bien sûr l’embrassade du maillot qui va bien pour sauter chez les supporters. C’était une grosse année de Nancy aussi cette saison là (ils ont gagné la coupe de la ligue) donc de marquer contre eux, ça a été quelque chose d’important pour moi surtout que ma famille était dans la tribune. J’ai vraiment la culture du derby. Quand je lis Bölöni ou d’autres dires que le match de Strasbourg est un match comme un autre, banaliser un derby est pour moi une erreur. Et ça c’est permis parce qu’il n’y a plus de joueurs du cru. […] Perdre pour la cinquième fois de suite contre Strasbourg nous fout les boules franchement. Ces matchs-là sont plus importants pour les supporters que pour qui que ce soit d’autre, donc ce n’est pas normal. Tout le monde est complice de ça puisque tout le monde trouve ça normal aujourd’hui. Quand j’entends Strasbourg, c’est comme le PSG, bah non ce n’est pas comme le PSG. Y’avait ceux qui cochaient quand on jouait au Vélodrome ou contre Paris, et moi j’étais de ceux qui cochaient quand on jouait Nancy ou Strasbourg, voilà. C’est deux philosophies différentes. »

– M.G : C’est vrai qu’aujourd’hui il manque de ces joueurs « du cru » dans l’effectif…

– S.R : « Ouais c’est le gros problème de notre club. On a perdu vraiment cette identification. Pour ma part, quand je regarde l’équipe, je ne sais pas trop à qui m’identifier à part Matthieu (Udol).

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« C’était compliqué. Il y avait des clans, c’était le bordel. Il y avait des bagarres toutes les semaines cette année-là. »

– M.G : Tu as évoqué ton but à Marseille, une superbe frappe sous la barre qui ouvre le score au Vélodrome. Malheureusement Metz s’inclinera 3-1 et vivra une saison cauchemardesque après ça. Qu’est ce qui n’aura pas fonctionné en 2005/2006 ?

– S.R : « C’est une saison ou on a été pollué dans le vestiaire par des clans, on n’a pas réussi à tenir le vestiaire. On n’a pas réussi à faire le job tout simplement. Tu peux ne pas t’aimer, c’était le cas cette année-là. On ne s’aimait pas beaucoup, par rapport aux années précédentes avec Jean Fernandez où tout se passait bien. Mais tu peux te respecter quand même et tirer dans le même sens. Et on a tout de suite vu que ça allait être compliqué parce qu’on n’allait pas réussir à créer l’alchimie. Le propre du football, c’est le sport le plus individuel du monde dans un collectif et quand le collectif est complètement mis de côté par rapport à l’individualisme c’est mort. Et comme on s’est retrouvé avec un manque de points rapidement, on n’a jamais réussi à s’en sortir et sortir la tête de l’eau. C’était compliqué, il y avait des clans, c’était le bordel, il y avait des bagarres toutes les semaines cette année-là donc ce n’était pas simple. On n’a pas été bons. »

– M.G : J’imagine qu’entre cette saison-là (2005/2006) et celle d’après en Ligue 1 (2007/2008) où Metz finit également bon dernier, la plus difficile psychologiquement était quand même celle de 2006 ?

– S.R : « Ouais complètement. La 2007/2008 avec De Taddeo c’est une mauvaise construction d’équipe, un peu à l’image de ce qu’on a cette année. Quand on pense qu’en étant Champion de Ligue 2, on pense qu’on peut se permettre de garder l’équipe de Ligue 2, voire de perdre nos meilleurs joueurs avant d’aller en Ligue 1 – qui est l’erreur depuis des années – et là où il faudrait plutôt se renforcer, tu te retrouves à être plus faible en L1 qu’en L2, et tu n’y arrives pas. Je pense que Francis De Taddeo s’est trompé dans l’approche. Tu sors d’une saison de ligue 2 quasiment invaincu, saison de tous les records. On était montés cinq journées avant la fin, champions quatre journées avant la fin (Metz n’avait alors perdu que 2 matchs en 34 rencontres avant d’être champion et de perdre les quatre derniers sur le même score, 2-1)… Il nous avait fait un énorme programme pour nous préparer à tel point qu’on a perdu nos 4 derniers matchs parce qu’on ne pouvait plus avancer, on était rincés et aujourd’hui il le regrette. Il avait la volonté de vouloir trop bien faire et c’était une erreur. On en a trop fait au lieu de décompresser, relâcher et profiter de ce qu’on avait fait pendant 10 mois. Donc c’est pas du tout le même scénario que la saison 2005/2006 où tout avait été fait de travers, y compris le recrutement je pense par exemple au chinois Ahn.

– M.G : Une “légende” raconte que De Taddeo justement regroupait les pros avec la formation et que tant qu’aucun but n’était marqué à l’entraînement, il continuait. C’est vrai ?

– S.R : « On faisait des entraînements où cette année-là, on était quasiment 40 pros. C’est dramatique. On jouait sur des terrains 7 contre 7, mais on était 20 contre 20. Donc ouais, il appliquait un peu le monde formateur au monde pro mais ce sont deux choses qui n’ont rien à voir. »

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« Le principe du sportif de haut niveau c’est de penser qu’il est le meilleur »

– M.G : Entre temps, il y a eu cette saison en Ligue 2 en 2006/2007, le titre de champion auquel tu as beaucoup contribué…

– S.R : « Ouais, ouais on a rayonné. On avait une belle équipe, l’ambiance était bonne. On sortait d’une descente aux enfers et là on retrouvait un peu l’esprit de camaraderie ».

– M.G : Cette saison-là, tu marques ce but du 5-0 face à Dijon en février 2007, je pense que tu ne l’as pas oublié, finalement tu as marqué des sacrés buts. Lequel tu placerais numéro 1 dans ta carrière ?

– S.R : « En pro ; le plus beau est sûrement celui de Dijon pied gauche, ou alors celui de Marseille. Après j’ai presque peu marqué, parce que j’étais un attaquant qui marquait entre 30 et 35 buts par saison avant. Jean Fernandez m’avait replacé au milieu de terrain parce qu’il trouvait que j’étais trop petit pour jouer offensif. (…) Mais j’étais vraiment bon devant le but. J’ai perdu un peu les codes après parce qu’on était dans une équipe qui défendait beaucoup et je me retrouvais beaucoup moins dans la surface. Les années au FC Metz ne sont pas des années où tu as 10 occasions par match. Je me suis un peu éloigné des buts ce qui ne m’a pas permis d’en mettre autant que j’aurais voulu, mais chez les jeunes j’étais quand même assez brillant. »

– M.G : Alors il y a aussi ce match à Lyon, en coupe de la ligue (2008/2009, victoire 1-3) où tu fais un super match avec un but et une passe décisive….

– S.R : « Oui et je fais aussi le ciseau qui propulse Romain Rocchi sur le troisième. Et puis l’anecdote de ce match-là est rigolote, parce qu’on jouait le mardi soir et le dimanche il nous a envoyé jouer en réserve à Dunkerque, on perd 4-1, on prend un rouge on joue à 10 contre onze. C’était Pouliquen et il ne m’aimait pas. Donc il met les remplaçants (moi, Julien François, Strasser, quelques joueurs qui ne jouaient jamais) et il nous met dans ce match-là. On allait en prendre 5 (rires). »

– M.G : Justement, Lyon c’est quand même un ogre invaincu sur sa pelouse depuis un an au soir du match, Metz n’y arrive pas en Ligue 2, qu’est-ce qu’on se dit avant de monter sur le terrain ? Comment on appréhende ce genre de rencontre ?

– S.R : « On ne se dit rien de particulier. Le principe du sportif de haut niveau c’est de penser qu’il est le meilleur et qu’il est en capacité de gagner. Aujourd’hui si je vais me battre dans une cage avec Mc Gregor et que je vais y passer 20 secondes, même pas une seconde, même pas peut-être la moitié d’une (rires), je vais quand même rentrer dans la cage en pensant que je vais le gagner. C’est une philosophie, donc quand tu vas à Lyon tu ne te dis rien de particulier. Et encore, c’était le Lyon de 2008/2009, un peu en fin de cycle, mais il y avait des Lyon avec Alou Diarra, Juninho, Essien, Malouda, Abidal, t’avais une équipe complètement hallucinante, t’allais prendre cher quoi. Donc même si c’était très fort, ce Lyon-là commençait à être un tout petit peu moins à l’aise, ils faisaient un peu moins peur donc on a cru en nos chances, j’ai failli mettre une reprise de volée en pleine lucarne aussi. J’avais fait un bon match. »

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« Pouliquen était quelqu’un qui avait de l’égo, mais mal placé. […] Moi je n’ai jamais eu de volonté de départ, c’est lui qui m’a fait partir. »

– M.G : Malheureusement cette saison-là se terminera mal, une non-montée en Ligue 1 en mai 2009 (Metz finira 5ème) et une défaite aux tirs aux buts à Vannes en ¼ de coupe de la ligue. Ce qui représente un peu le point de départ de quelques années en enfer puisque Metz ratera encore la montée la saison suivante (4ème) pour ensuite finir par descendre en National, deux ans après (17e, puis 18e). Mais toi en 2009, tu décides de partir à Angers. Un choix de ta part ?

– S.R : « Je ne suis pas parti, on m’a viré. J’aurais fait ma carrière à Metz, je n’aurais jamais voulu en bouger. En fait, Pouliquen était quelqu’un qui avait de l’égo, mais mal placé. Un jour, on a fait un taureau et il était très très fort dans le jeu, c’est vraiment quelqu’un qui avait du ballon et des qualités encore à son âge et je lui mets trois petits ponts un matin de match. Et humainement, il n’a pas supporté. Et tout le monde a rigolé donc c’est monté dans tous les sens. J’étais titulaire la veille et j’ai fini remplaçant, ce qui avait d’ailleurs étonné Carlo Molinari. C’est comme ça que ça a commencé, un peu d’animosité entre lui et moi. C’est une histoire d’égo où personne n’a baissé son froc. J’avais pourtant marqué quelques buts : Strasbourg, Lyon, Montpellier… Et la saison suivante où je reviens pour faire ma dernière année de contrat, je suis avec ma trousse de toilette, j’arrive content de reprendre après les vacances et il me prend au bout de 2 minutes et il me dit “il faudrait que tu partes”. […] Moi je n’ai jamais eu de volonté de départ, c’est lui en fait qui m’a fait partir. »

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« Denis Zanko. Le début de l’enfer. »

– M.G : Après Angers, tu vas à Laval. Pourquoi Laval ? Comment ça s’est fait ?

– S.R : « Hinschberger. (…) Il adorait mon profil et il est venu me chercher à ce moment-là. On m’a ensuite libéré soi-disant je coûtais trop cher, alors que ce n’était pas le cas. On m’a repris une saison après que je sois allé au Luxembourg. (…) Un peu après je me blesse et là je me retrouve avec Denis Zanko. Le début de l’enfer. Lui ne m’aimait pas du tout. En cause, un peu le fait que j’ai défendu Hinschberger, il l’a su et voilà. Mais j’ai fait mon année de contrat et j’ai arrêté. »

– M.G : De tous les coachs que tu as côtoyé, lequel aura été ton préféré ? Celui avec lequel ça s’est le mieux passé ? Et le moins ?

– S.R : « En bien, mon père spirituel, Jean Fernandez. Humainement Hinschberger, et le plus mauvais de tous, Zanko. Mauvais parce qu’un entraîneur a toujours ses têtes. Je l’ai vécu positivement et négativement donc je ne juge pas là-dessus, je n’ai pas de problèmes avec le fait d’être black-listé, mais par exemple Garcia, je n’ai pas eu de super relations avec lui, par contre, je jouais tout le temps. Il faisait les bons choix. Et il me le disait, “tu es le premier nom que je coche sur la table” mais humainement, lui et moi c’était difficile. Il avait quand même la logique pour le club de mettre les meilleurs sur le terrain. Ce qui n’était ni le cas de Pouliquen, ni de Zanko, qui eux faisaient jouer leurs copains quels que soient les résultats. Bon, ça montre bien la valeur d’un entraîneur. »

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« Il y a une telle base qu’aujourd’hui, l’entraîneur qui prend Metz en Ligue 2 et qui ne remonte pas, pour moi, n’est pas bon. »

– M.G : Donc si Pouliquen n’avait pas été à la tête de l’équipe en 2009, Metz aurait pu monter selon toi ?

– S.R : « Ouais. De toutes façons, sur tous les passages de Metz en Ligue 1, il y a énormément de choses à dire, on ne recrute pas comme il faut, on ne fait pas les équipes comme il faut, on ne met pas les ingrédients qu’il faut pour pouvoir lutter etc… mais sur la Ligue 2, il y a une telle base qu’aujourd’hui l’entraîneur qui prend Metz en Ligue 2 et qui ne remonte pas, pour moi, n’est pas bon. On est dans les 25 meilleures équipes françaises, et en Ligue 2 on doit tout le temps être premier ou deuxième. »

– M.G : C’est ce qui revient finalement toujours : Metz trop fort pour la Ligue 2, trop faible pour la Ligue 1…

– S.R : « C’est ça. Exactement. Sauf que le trop faible pour la Ligue 1 c’est une histoire de politique sportive, et rien d’autre. C’est ma conviction en tout cas. N’importe quel entraîneur qui vient doit faire remonter Metz s’il est en Ligue 2. »

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« Quelqu’un qui me dit “fais-ci, fais-ca” tous les jours, au bout de trois jours je lui met une tarte (rires) » Sébastien Renouard

– M.G : Ta carrière de footballeur finie, tu te lances dans l’agriculture. Tu peux nous expliquer cette reconversion qui peut paraître peu commune pour certains ?

– S.R : « En fait dans mon parcours le peu commun est le foot plutôt. Être pro quand tu viens d’un village de 100 habitants et que t’es fils de paysan, c’est pas forcément le chemin de tous. Des profils comme les miens, je n’en ai pas beaucoup vu. (…) Mais ça a été un retour aux sources, un besoin vital après les deux dernières années à Laval très très compliquées de quitter ce monde-là pour revenir dans quelque chose de plus ancré dans la terre. Il était l’heure de revenir à quelque chose de simple. Dans le même temps, j’ai beaucoup de mal avec la hiérarchie et l’injustice donc j’avais besoin d’être mon propre moteur. […] Le salariat est quelque chose qui ne me convient absolument pas. Quelqu’un qui me dit “fais-ci, fais-ca” tous les jours, au bout de trois jours je lui met une tarte (rires). (…) Donc voilà j’ai fait 5 ans et j’ai bifurqué vers quelque chose d’autre, t’es pas valorisé comme tu devrais l’être dans l’agriculture. »

– M.G : Pourquoi un tel changement de l’agriculture vers l’immobilier? Tu avais fait le tour ? Tu en avais marre ?

– S.R : « La retraite de mon père. Jusque-là, je travaillais avec mon père, mais là tout seul, 1 million de litres de lait, 300 hectares, ça commençait à être très compliqué. Déjà à deux, c’était copieux donc voilà. »

– M.G : L’immobilier, ça te plait alors aujourd’hui ?

– S.R : « Ouais, ouais génial. Aujourd’hui je m‘épanouis au quotidien, j’ai énormément de réussite, je mets la détermination que je mettais sur le terrain dans un domaine dans lequel franchement je suis comme un poisson dans l’eau, j’ai de la chance, du réseau, des gens qui me font confiance, des gens qui ont aussi vu je pense que je n’étais pas Ronaldinho sur le terrain mais que j’ai toujours tout donné. Dans ce métier-là, les valeurs de combativité, de travail et d’honnêteté, c’est important aussi. ».

– M.G : J’ai cru entendre que tu aimais bien la cuisine aussi, c’est vrai?

– S.R : « J’aime bien manger plutôt (rires). Je ne suis pas le dernier pour faire une bonne viande étant paysan dans l’âme, je suis partisan des cinq repas par jour quoi ! A six heures tu te lèves, la tartine, à neuf heures le saucisson, à midi tu déjeunes, à quatre heures tu as la tarte de la maman ou le bout de gâteau et le soir, tu remanges. Mais oui je sais faire à manger. Quand je me lance, je sais faire de bonnes choses. »

– M.G : Tu as une spécialité ? Un plat signature ?

– S.R : « J’aime bien le filet de boeuf Wellington avec foie gras ou champignons suivant ce qu’on veut. Les pâtes au saumon aussi, ça me rappelle les années mises au vert. Les mises au vert qu’on détestait à l’époque ! Se retrouver tous ensemble etc… t’es pas content d’y être mais quand t’y es plus, finalement, c’est ce qui te manque le plus. »

– M.G : Avant de finir, un mot sur le Graoully Mag où tes interventions sont saluées par bon nombre de supporters ?

– S.R : « J’ai arrêté. J’ai démissionné il y a deux semaines. J’ai été censuré et je n’ai pas envie de continuer comme ça. Censuré pour des raisons que je ne trouve pas les bonnes en plus donc non j’ai arrêté. Je ne veux pas être dans l’émission telle qu’elle devient. Si c’est pour être à la botte du FC Metz, et dire seulement ce qu’on a envie d’entendre ça ne m’intéresse pas. »

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« On se saborde sur les dix dernières minutes les plus importantes de notre saison »

– M.G : La défaite de Metz à Strasbourg, t’en penses quoi ? Vu le scénario on va finir par croire qu’on fait exprès…

– S.R : « On a joué un match frustrant encore une fois. On se saborde sur les dix dernières minutes les plus importantes de notre saison on n’a pas réussi à les tenir. Pire qu’un nul, on a réussi à prendre deux buts dans les deux dernières minutes, ce qui montre encore une fois la fragilité de cette équipe-là. Mais bon encore une fois, Mikautadze faut l’encenser parce qu’il est tellement merveilleux, magique. Il joue tout seul, il attaque tout seul. Il fait des choses qui sont quand même assez incroyables, joueur fantastique, juste pour ça, le déplacement valait le coup. Sinon j’ai aussi vu Kévin (Gameiro) qui est un ami, et qui est un mec avec un bel état d’esprit. […] Maintenant, on va jouer en espérant qu’il n’y ait pas la grosse et immense horreur de toute notre vie avec ce goal-average, mais je ne crois pas personnellement que Lorient va en coller 2 ou 3 à Clermont. Ils sont tellement faibles, mais que Paris vienne nous en coller 5 serait la pire chose au monde. Après, on va jouer un barrage sûrement contre les Stéphanois, un match qui va être beau. A suivre, mais ça sera dur jusqu’au bout mais on mérite d’en être là, on ne mérite pas mieux.”

– M.G : Le scénario Metz prend une raclée et Lorient enchaîne également les buts c’est possible pour toi ou plutôt pas?

– S.R : « Non je ne crois pas. Je n’ai pas envie d’y croire, mais ça se jouera à deux buts. »

– M.G : Est-ce que quand on est joueur, je te pose la question toi qui l’a bien sûr été, si on est joueur de Clermont dimanche, on veut empêcher Lorient de se sauver et jouer le match à fond ou on est plutôt finalement dans un relâchement inévitable ?

– S.R : « C’est le moment de trouver le numéro de Muhammed Cham ou 2/3 joueurs de Clermont et de leur faire miroiter un contrat à Metz ! Stratégiquement c’est malin, c’est le moment de faire des choses. Aujourd’hui quand tu es Clermont et que tu viens de descendre la décompression elle est là, cette semaine aura lieu les rendez-vous individuels, certains voudront se montrer. Dans le vestiaire de Clermont, c’est très compliqué aussi depuis des mois, Lorient pareil donc, on ne sait pas ce que ça va donner. Il vaut mieux miser sur une défaite 1 ou 2-0 contre Paris, parce que si t’en prends 5 t’es pas à l’abri que Lorient en mette 2 et fasse l’exploit contre Clermont. »

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« Dans l’idée, ils vont venir à Metz pour en coller 7 ou 8 ».

– M.G : Oui surtout que si les buts s’enfilent dès les premières minutes…

– S.R : « Exactement. Paris avec les derniers résultats qu’ils ont fait, ils ne peuvent pas aller voyager en finale de coupe de France avec 3 défaites de suite pour terminer le championnat, le résultat de Toulouse est dramatique, il aurait mieux fallu qu’ils en mettent cinq à Toulouse ! Dans l’idée, ils vont venir à Metz pour en coller 7 ou 8, pas le choix ! Ça va être compliqué, nan ça va être très dur. »

– M.G : C’est sûr que je mise plus sur un Clermont qui résiste plutôt qu’un Metz qui tient le choc…

– S.R : « Ouais c’est exactement ça, je pense la même chose ! »

Maxime et l’ensemble de la rédaction des Socios FC Metz remercient chaleureusement Sébastien Renouard pour sa disponibilité et sa gentillesse. Extrêmement agréable, ce véritable amoureux du club aura grandement contribué à cette belle entrevue.

M.g.

Crédits photo : Icon Sport ; La Semaine ; France Bleu ; FC Metz ; Le Républicain Lorrain

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