Peuple-Vert.fr
·19 mai 2019
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Il y a un peu plus d'an et demi, Jean-Louis Gasset arrivait par la petite porte pour épauler Julien Sablé, nommé entraîneur principal après le départ d'Oscar Garcia. Le club était alors au fond du trou et la direction plus que jamais partagée quant aux décisions à envisager pour sortir de la crise sportive. Ainsi, fatigué, Roland Romeyer décidait de prendre du recul, Frédéric Paquet arrivait et Jean-Louis Gasset devenait entraîneur principal après deux mois sportivement très compliqués sous la houlette de Julien Sablé. Ghislain Printant arrivait quant à lui pour renforcer un staff qui avait grandement besoin d'expérience.
A cette époque, Jean-Louis Gasset apparaissait comme un Messie, le sauveur de l'ASSE. En progressant de 9 places (de la 16ème à la 7ème) en 4 mois, l'ASSE réussissait son opération maintien et aurait même pu espérer une qualification en Europa League sans un goal-average moins bon que celui des Girondins de Bordeaux. La déception laissait cependant vite place à la satisfaction d'avoir rondement mené l'opération sauvetage du soldat "ASSE" grâce à un recrutement judicieux sous la responsabilité unique de Jean-Louis Gasset, aux compétences d'entraîneur de ce dernier et de celles des hommes qui l'entourent, à commencer par Ghislain Printant, son fidèle lieutenant.
Un an et demi plus tard, que reste-t-il de cette période d'union sacrée ? Jean-louis Gasset a poursuivi son travail. En recrutant malin, en jouant de son réseau et de ses qualités humaines, le coach stéphanois a su monter une équipe équilibrée et capable de se qualifier pour l'Europe. Dans le même temps, Roland Romeyer a repris du poil de la bête, rassuré par l'embellie sportive de l'équipe. Son retrait volontaire des affaires courante du club n'aura duré que 6 mois. Frédéric Paquet, sensé être l'homme fort du club, s'est donc retrouvé dès l'été 2018 affaibli par le retour aux affaires du président du directoire.
Si le début de saison fut à l'image de ce que souhaitait Jean-Louis Gasset, le mercato hivernal marqua le début d'une rupture avec Roland Romeyer et Frédéric Paquet, rangé à la cause de son président. Ainsi, alors que l'entraîneur stéphanois poussait pour faire venir un latéral droit qui lui aurait donné davantage de possibilités en termes de rotations, Roland Romeyer se mettait en tête de vouloir à tout prix faire resigner Robert Beric, joueur qu'il affectionne par-dessus tout. Le buteur Slovène, chouchou de Geoffroy Guichard et double buteur hier soir, n'est pourtant pas l'attaquant qui permettra à l'ASSE de franchir un palier aux yeux de Gasset. Ce dernier a beau louer l'homme, il n'en reste pas moins dubitatif quant à l'utilisation qu'il pourrait faire du Slovène à long terme, le jugeant bien trop faible dans le jeu et notamment sur sa capacité à aider le bloc équipe à jouer plus haut...
Alors qu'Ole Selnaes était le parfait complément de Yann M'Vila, Jean-Louis Gasset a vu le Norvégien s'envoler pour la Chine pour 10 millions d'euros (Cheikh M'Bengué compris...). Pour le remplacer, Roland Romeyer s'est tourné vers les bons tuyaux proposés par David Wantier et a autorisé les recrutement de Youcef Aït Bennasser et Valentin Vada, deux joueurs inférieurs sportivement et avec lesquels Gasset a dû composer faute de mieux... Yohan Cabaye était notamment ciblé...
Chaque situation a été vécue comme un camouflet, et Jean-Louis Gasset ne fait pas partie de ceux à qui on peut la jouer à l'envers. Le Montpellierain, à l'inverse de nombreux salariés du club, ose s'opposer à Roland Romeyer et lui dire ce qu'il pense de sa gestion des affaires sportives. Oscar Garcia se plaignait déjà de l'ingérence de Roland Romeyer et il semblerait que rien n'ait changé avec Gasset. L'un est parti, l'autre pourrait en faire autant... à moins qu'il ne soit rattrapé in extremis grâce à des arguments plus entendables et acceptables.
Jean-Louis Gasset est fatigué, usé même. Les supporters et le grand public doivent prendre conscience que le fait de terminer 4ème de Ligue 1 avec un groupe aussi restreint, autant de blessures la perte d'un joueur clé et et un recrutement aussi low-cost cet hiver est un véritable petit exploit. Savourez. Savourons.
Quid de la suite ? Jean-Louis Gasset exige des dirigeants qu'ils fassent les efforts nécessaires pour se donner les moyens de leurs ambitions. Gérée comme elle l'est actuellement, l'ASSE est une Twingo qui pavane comme une Ferrari. On veut des résultats en ligue 1, on souhaite exister en Europe, on loue l'image du club, mais à aucun moment on ne met les moyens nécessaires. L'emprunt contracté en juin 2018 sera couvert par l'augmentation des droits TV. Le risque est donc mesuré. La Ligue Europa va apporter des droits TV non négligeables. En revanche, il est faux de croire qu'il est prévu de vendre William Saliba et que le recrutement de Timothée Kolodziejczak n'est pas prioritaire. D'après nos informations, le premier sera stéphanois l'an prochain (même en cas d'offre mirobolante - un prêt serait négocié), quant au second, il est quasiment d'accord avec le club et pourrait rapidement parapher un contrat avec les Verts.
Ce ne sera toutefois pas suffisant, et Gasset souhaite des garanties. A Roland Romeyer et Bernard Caïazzo de les lui donner. Un rendez-vous va bientôt être programmé. L'optimisme est de rigueur du côté des dirigeants. Il est de bonne guerre de mettre la pression du côté de Gasset. Un élément est toutefois à prendre en compte : faire resigner Gasset n'est pas une fin en soi. A 65 ans, le coach de l'ASSE n'aura aucun état d'âme à claquer la porte de l'Etrat si les promesses ne sont pas tenues. Et dans son sillage, des joueurs comme M'Vila, Debuchy, Khazri ou Cabella pourraient également envisager leur avenir différemment... Pour que l'histoire ne soit pas un éternel recommencement, les présidents ont intérêt à bien réfléchir à ce qu'ils souhaitent pour le futur de l'ASSE, car Gasset connaît la recette de la réussite. Ne manquent que quelques ingrédients...