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·12 décembre 2024
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·12 décembre 2024
Ce soir là, l’invité du jour n’est autre que l’éternel rival, l’Olympique de Marseille, ce club qui était (et qui est toujours) dans l’attente de ce dixième titre de champion, qui lui aurait permis de s’assoir à la table des Stéphanois et ce n’était pas faute de moyens. L’OM, cette équipe qui, fut un temps, avait pour habitude, afin d’exister, de débaucher, par tous les moyens les meilleurs joueurs devenus stars sous le maillot vert. Les polémiques qui ont émaillé les transferts de Carnus, Bosquier Keita et autres Bereta sont connues de tous.
La saison précédente, alors que l’ASSE végétait en Ligue 2, l’OM de Rolland Courbis l’avait raté de très peu, ce dixième titre, en terminant à la deuxième place derrière un autre rival des Phocéens, Bordeaux. C’est un but de Feindouno, inscrit lors de la dernière journée face au PSG, qui avait offert le Graal aux Girondins. Les Marseillais avaient, en même temps, disputé la finale de la C3 battus par le FC Parme de Lilian Thuram et Alain Boghossian, deux Champions du Monde français.
Malgré un étonnant début de saison en demi-teinte, l’effectif marseillais qui se présente ce 12 décembre 1999 à Geoffroy-Guichard a tout de même fière allure. Il compte également dans ses rangs deux Champions du monde, Robert Pirès et Christophe Dugarry, ainsi que d’autres internationaux comme William Gallas, Florian Maurice ou encore l’Argentin Eduardo Berizzo et l’Ivoirien Ibrahima Bakayoko. Rolland Courbis a quitté son poste d’entraineur la semaine précédente, et vient d’être remplacé par Bernard Casoni, jusque-là, en charge de la réserve.
Côté stéphanois, c’est le retour parmi l’élite. Onze joueurs sont arrivés parmi lesquels, Stéphane Pédron, Jean-Guy Wallemme, Bjorn Tore Kvarme, Loïc Chavériat et deux attaquants brésiliens totalement inconnus mais pas pour longtemps, Alex Dias de Almeida, qu’on appellera Alex, et José Aloisio qui est absent ce jour-là.
Les deux équipes se retrouvent quatre mois seulement après le match aller qui avait vu, le 15 aout, l’ASSE obtenir, devant 55 000 spectateurs au Vélodrome, le point du match nul sur un score fleuve (3-3). Pédron par deux fois et Pape Sarr avaient été les buteurs stéphanois. Il n’y a que deux minutes que l’arbitre M. Garibian a donné le coup d’envoi, lorsque Revelles magnifiquement lancé par Sablé adresse un centre rentrant de la gauche qui surprend complètement Porato, ce dernier repousse mollement la balle dans les pieds d’Alex en embuscade (1-0). Explosion dans le stade, c’est du délire et ce n’est pas fini.
Une faute dans la surface de l’ex-stéphanois Sébastien Perez sur Pape Sarr n’est pas sanctionnée par l’arbitre qui accorde un corner. Bien lui en pris. Le coup de pied de coin, magnifiquement tiré par Revelles, est repris de la tête, au deuxième poteau par Lionel Potillon, deux à zéro alors qu’on ne joue que depuis dix minutes (2-0). Le stade chavire, le staff marseillais, dont l’adjoint, un dénommé Christophe Galtier, est anéanti.
L’ASSE poussée par son public continue de dominer les débats et à se créer des occasions. Les duels sont sévères. Mettomo qui n’a pas apprécié le tacle de Florian Maurice lui met un taquet dans le nez. Un jaune pour chacun. Peu avant la vingtième de jeu, un centre de Sablé parti à la limite du hors-jeu et repris par Alex tout seul devant la cage marseillaise (3-0). La célébration de ce but par l’attaquant stéphanois restera dans l’histoire, c’est à ce moment-là que nait la panthère brésilienne !
Le but de trop pour les supporters marseillais furieux envers leurs joueurs au grand désappointement de Dugarry. Les sièges de leur parcage en font les frais, ils sont arrachés et jetés sur la pelouse. Le match est arrêté. Certains quittent la tribune. Cela leur évitera une nouvelle humiliation avec le coup du chapeau d’Alex qui, à la vingt-septième minute, ponctue une magnifique attaque verte par un tir de vingt mètres qui va loger le ballon dans la lucarne. Le Chaudron n’avait jamais vécu pareille fête face aux Phocéens (4-0). Dugarry réduira bien le score peu après mais le but sera refusé logiquement pour une faute sur Potillon.
La deuxième mi-temps débutera devant un parcage marseillais pratiquement vidé de ses occupants… et de beaucoup de sièges. Le match est un peu plus équilibré, mais à l’heure de jeu, une ouverture splendide de Boudarene, entré deux minutes auparavant, envoie Alex, encore lui, crucifier Porato pour la cinquième fois. Le brésilien auteur d’un quadruplé devient l’attraction numéro un du championnat (5-0). C’est son jour de gloire. L’ambiance est indescriptible et il faut reconnaitre que le public et même certains joueurs, ont du mal à réaliser ce qui de passe.Cerise sur le gâteau, pour le peuple vert, on peut apercevoir, depuis certaines tribunes, les cars des supporters marseillais quittant en file indienne les parkings. Le retour en Provence risque de leur paraitre bien long. Finalement débarrassé des insultes et sarcasmes des siens, l’OM grâce à Stéphane Dalmat adoucira l’addition, ce dernier trompant Alonzo dans le temps additionnel (5-1). Score final 5-1. On racontera plus tard, ironiquement, qu’une célèbre marque d’alcool anisé, dont le nom portait les mêmes chiffres, vit dans les jours qui suivirent, le volume de sa consommation, en chute libre à Marseille.
Pour donner une idée du retentissement national de cette victoire, le lendemain, le journal « L’Equipe » alignait dix joueurs stéphanois dans l’équipe type de la journée, le onzième étant le parisien, Christian, trois fois buteur face à Metz. L’OM terminera péniblement la saison à la quinzième place loin derrière l’ASSE sixième. Les participants à cette rencontre historique méritent d’être tous cités : Alonzo – Llacer – Kvarme – Mettomo - Potillon – Sablé (Boudarène) – Sarr – Guel – Pédron (Ferhaoui) – Revelles – Alex (Chavériat). Billong et le gardien Montanier complétaient le groupe dirigé par Robert Nouzaret.