Il a fait l’histoire avec Dudelange, l’ancien monégasque Salif Dramé nous raconte son fabuleux destin | OneFootball

Icon: Stats Perform

Stats Perform

·1 septembre 2018

Il a fait l’histoire avec Dudelange, l’ancien monégasque Salif Dramé nous raconte son fabuleux destin

Image de l'article :Il a fait l’histoire avec Dudelange, l’ancien monégasque Salif Dramé nous raconte son fabuleux destin

Certains joueurs sont taillés pour l'exploit et suivent un chemin tout tracé vers la gloire. Détectés très tôt, éveillés avec précocité, dotés d'un talent prématuré, ils sont prédestinés à la gloire et condamnés à l'exploit. Des cas d'astres programmés pour briller, dans un football plus que jamais sectorisé, aux galaxies cartographiées et où la glorieuse incertitude du sport a de moins en moins de place pour s'exprimer.

D'autres, appartenant au commun des mortels, empruntent des chemins de traverse, des sentiers tortueux, accidentés, dangereux, incertains, brumeux, mais finalement, tout aussi glorieux. Salif Dramé fait partie de cette deuxième catégorie. Une carrière atypique, un parcours loin d'être générique pour un exploit, au final, épique.


Vidéos OneFootball


Protagoniste d'une saga qui a vu le F91 Dudelange devenir le premier club luxembourgeois à disputer la phase de groupes d'une Coupe d'Europe après avoir éliminé le CFR Cluj en barrages de la Ligue Europa, l'ancien capitaine de Kylian Mbappé chez les jeunes de Monaco, qui avait soulevé la coupe Gambardella en 2015-2016 avec le club de la Principauté, nous raconte son fabuleux destin.

Après un passage à Leganes sous forme de porte d'entrée dans le haut niveau gâché par son ancien agent, le football semblait décidémént vouloir tout lui refuser et le voilà sur le pont de défier le Milan AC. Entretien avec le défenseur du Petit Poucet du Grand Duché.

Goal : Vous venez de faire l’histoire avec Dudelange qui devient le premier club luxembourgeois à participer à une phase finale d’Europa League. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Salif Dramé : C'est vraiment quelque chose de merveilleux à vivre. Je suis très, très content de faire partie de l'histoire du Luxembourg. C'était notre grand objectif de la saison, c'est super pour moi et le club.

Cette victoire en Roumanie, face au champion local, ce devait être spécial après des années de frustration et de rendez-vous manqués ? Surtout que vous aviez sorti Videoton et le Legia Varsovie en chemin.

Franchement, c'est énorme. Avant le match, on savait que ce serait très difficile. Mais on a répondu présent. On avait montré que le foot au Luxembourg avait beaucoup de qualité.

Pourtant vous vous étiez inclinés très lourdement (1-4) à domicile en championnat contre Mondorf juste avant cette victoire historique…

On prend match après match à chaque fois. Lors de ce match contre Mondorf, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Mais on a tout donné pour gagner comme à chaque fois, il ne faut pas croire qu'on avait la tête à Cluj, on respecte tous nos adversaires. On a un gros effectif bien étoffé et certains joueurs qui n'ont pas eu beaucoup de temps de jeu ont joué aussi contre Mondorf. Certains étaient peut-être en manque de rythme et cela a été payé cash.

Le club a décidé d’affréter un avion et même d’engager un cuisinier sur place pour le choc contre Cluj. On dirait que rien n’a été laissé au hasard ?

Oui, tout avait été prévu pour que se sente le mieux possible. C'est très important aussi l'organisation du club et ça nous a permis de rester concentrés sur le match. On a nous a toujours mis dans les meilleures dispositions pour être au top.

On peut dire que c’est le match le plus important de l’histoire de Dudelange ?

Oui, clairement. C'est la première fois qu'un club luxembourgeois partricipe à une Coupe d'Europe et c'est nous qui avons écrit l'histoire.

Vous êtes dans le groupe de l’AC Milan en phases de poules. C’est une mauvaise nouvelle pour la progression d’avoir un adversaire de cette envergure ou une bonne chose pour le prestige de pouvoir défier des adversaires comme ça ?

C'est une excellente nouvelle de pouvoir défier Milan. C'est super pour le club et le Luxembourg. Nous sommes très, très fiers de pouvoir participer à cette compétition et c'est une mise avant du football luxembourgeois. Et on va jouer contre des clubs prestigieux L'Olympiakos, Milan et le Betis sont de très grands clubs. Surtout Milan. Cela va nous permettre de montrer que ce n'est pas que de la chance et qu'il y a vraiment de la qualité au F91.

Les équipes de moindre envergure, quand elle se retrouvent en compétition européenne, adoptent souvent un style très défensif. Ce n'est pas votre cas. Vous jouez l'attaque sans complexe.

Nous on a vraiment un plan de jeu offensif qu'on travaille toutes les semaines. Et ça marche très bien en Europe, un peu moins bien en championnat, car on n'arrive pas encore à bien le mettre en place. C'est une façon de jouer qui nous rend fier. On n'est vraiment pas une équipe défensive.

Même à san Siro vous allez jouer l'attaque ? Vous n'allez pas renier votre identité de jeu même face aux très grosses équipes ?

Oui, clairement. On va garder notre identité de jeu et on vera bien ce que ça va donner face à ces adversaires-là. Mais on ne vas pas se renier, c'est sûr.

Vous étiez de la victoire en Coupe Gambardella avec Monaco en 2015-2016. Vous étiez d’ailleurs vice-capitaine. Vous y aviez côtoyé un certain Kylian Mbappé à l’époque… Vous saviez qu’il irait loin ?

Oui, j'ai côtoyé Kylian pendant de très longues années. J'ai été son capitaine en U17, puis vice-capitaine en U19 et j'ai passé de très, très belles années à Monaco. Et aujourd'hui, de se dire qu'il est devenu l'un des meilleurs joueurs du monde, c'est vraiment exceptionnel et je suis très heureux pour lui.

Vous qui avez été témoin de son évolution année après année, vous saviez qu'il irait très loin ?

Vous savez, dans le football on ne peut pas prédire l'avenir. Mais je voyais de très grosses qualités en lui. Et année après année il a démontré qu'il était un très grand joueur avec un très gros potentiel et aujourd'hui il est en train de démontrer qu'il peut devenir une légende du football.

Vous continuez à suivre l'AS Monaco et à supporter le club ?

Oui, je regarde souvent les matches et je suis leur actualité sur les réseaux sociaux entre-autres. J'ai pas oublié l'ASM, je suis régulièrement leurs résultats et j'espère quils vont continuer à faire de grandes choses en Coupe d'Europe.

Vous pensez qu'ils ont une chance en phase de poules de la C1 avec l'Atlético, Dortmund et Bruges ?

Oui, je pense. Monaco est quand même un très grand club français. Pour moi, ils ont de très grandes en effet.

Qu’est ce qui s’est passé à Leganes ? Vous étiez très apprécié du président et vous aviez une clause de 20 millions d’euros. Pourquoi avoir rompu votre contrat ?

J'avais une clause de 20 millions, oui. J'avais signé un contrat de 5 ans et le club comptait sur moi. Le président m'appréciait beaucoup. Le problème ne venait pas du club. Le problème c'était mon agent, qui m'avait créé des problèmes et causé mon départ. Moi je me sentais bien en Espagne et j'étais sur le point d'avoir ma chance de jouer en Liga avec l'équipe première. C'était un projet très intéressant. Mais c'est le football et je suis très heureux d'être là où je suis actuellement. Finalement, c'est un très beau parcours. Pourtant, avant d'arriver à Dudelange, il y avait deux autres clubs où j'aurais pu aller aussi. Mais je suis content de mon choix. J'ai tout donné pour ce club et j'espère qu'on va grandir ensemble. Nous avons déjà écrit une page d'histoire. J'espère en écrire encore beaucoup.

Si vous étiez recruteur de Ligue 1 aujourd'hui, quel joueur de Dudelange vous irirez recruter ?

On a un très bon joueur actuellement qui s'appelle Daniel Sinaini, il a vraiment de la qualité technique. Mais bon, s'il arrive à briller, c'est aussi parce qu'on a un très beau collectif qui lui permet d'exprimer ses qualités, même s'il reste l'individualité la plus impressionnante.

Propos recueillis par Hocine Harzoune