Huesca, pour l’amour du beau jeu | OneFootball

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UltimoDiez

·11 mai 2021

Huesca, pour l’amour du beau jeu

Image de l'article :Huesca, pour l’amour du beau jeu

Promu cette saison en Liga, Huesca n’a pas renoncé à proposer du beau jeu quitte à se mettre dans des situations périlleuses pour le maintien. Aujourd’hui 18e du championnat espagnol, il compte sur son beau 3-5-2 et Rafa Mir pour se sauver, notamment ce mercredi dans un match ô combien décisif contre l’Athletic.

Huesca est une ville du nord-est de l’Espagne, située en Aragon, et peu connue si ce n’est par les fans d’Histoire ou les lecteurs de George Orwell, qui y a frôlé la mort durant la Guerre d’Espagne. Pourtant, dans cette ville de 50.000 habitants, on y trouve un club de foot de Liga, méconnu en France mais avec de fervents supporters. Et surtout : un jeu de possession, avec des redoublements de passes et de la construction. Un style auquel on est assez peu habitué chez un promu, et qui insuffle quelque chose dans cette Liga morose.


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Du beau jeu dès la Segunda

Déjà la saison passée, Huesca s’illustrait pour son jeu léché en seconde division espagnole. Avec de très bons joueurs de ballon comme Seoane, Sergio Gomez prêté par Dortmund, David Ferreiro ou Shinji Okazaki, les Oscences (le nom des habitants de Huesca) faisaient vibrer leurs supporters mais aussi les supporters adverses, qui étaient au moins garantis de voir du beau jeu si leur équipe ne gagnait pas. En tribunes, les supporters de Huesca assurent, sont de tous les déplacements (avant le covid-19) pour encourager leur équipe. Et fait lié à la taille relativement petite de la ville, joueurs et supporters les plus fervents se connaissaient presque tous. Les hommes de Michel, ancien technicien du Rayo qui fait tant briller cette équipe, débriefent leur rencontre avec ceux qui les ont encouragé pendant 90 minutes.

Usant principalement du 4-3-3 offensif, les Oscences piquent l’identité de jeu du Barça et deviennent, en 2019-20, la plus belle équipe jouant en bleu et rouge en Espagne. Dans une période où le FC Barcelone reniait ses propres principes de jeu. Au terme d’une saison de Segunda magnifique et malgré un arrêt forcé dû au covid-19, Huesca est sacré champion et obtient donc son ticket pour la montée en Liga. Il s’agira là de la deuxième saison du club en Liga de son histoire, ayant déjà connu les sommets du football espagnol en 2018-19, avant de redescendre à la fin. Le bilan est très positif en Aragon : une montée devant son rival local (Zaragoza qui échouera aux playoffs), une équipe qui mélange parfaitement joueurs d’expérience et jeunes joueurs et un coach avec une idée de jeu claire. Huesca semble cette fois-ci prêt pour le grand saut.

Une montée qui n’entache pas le style

Michel, qui a mené l’équipe jusqu’en Primera, reste sur le banc et la direction sportive complète l’effectif en gardant une majorité de joueurs qui jouaient en Segunda. Parmi les arrivées significatives : Pablo Maffeo latéral droit en prêt de Stuttgart, Dimitrios Siovas défenseur central qui arrive de Leganés, Javier Ontiveros prêté par Villarreal et Sandro Ramirez libéré par Everton. Toujours en mélangeant joueurs d’expérience et plus jeunes, l’équipe garde son équilibre, conserve son jeu de possession mais en renforçant ses lignes, passant à un 4-2-3-1 ou 4-4-2 pour mieux contrer la nouvelle adversité. Avec toujours un soutien aussi fort des supporters locaux, malgré la pandémie.

Les supporters attendant devant l’hôtel des joueurs le 25 avril 2021, avant Huesca-Getafe (0-2)

Source : Anton Lhullier

Malheureusement pour Huesca cette approche fonctionne difficilement arrivé en Liga, et même s’il arrive souvent aux Oscences de dominer certaines rencontres, ils pêchent toujours devant le but, ne concrétisant pas leurs belles phases de jeu. L’équipe de Michel ne remporte sa première victoire dans l’élite espagnole que le 12 décembre, au bout de la 13e journée, 1-0 face à Alavés. Sortis dès le 2e tour de la Copa del Rey par Alcoyano, une équipe de 3e division (qui sortira le Real Madrid au tour suivant), et enchaînant sur une défaite 2-0 contre le Real Betis trois jours plus tard, Michel est licencié de son poste d’entraîneur. Malgré un style de jeu toujours respecté, le spectacle toujours au rendez-vous, il fallait aussi surtout une chose à Huesca : des points pour se maintenir.

Changement de coach, plus de verticalité

Le board du petit club de l’Aragon nomme donc Pacheta à sa place, ancien entraîneur d’Elche à l’histoire rocambolesque. Il avait été licencié par le club en août 2020 après avoir obtenu le billet d’Elche pour la montée. La direction locale prétextant une envie de changements pour le passage en Liga. En tout cas, il arrive donc libre à Huesca, ce qui arrange bien le club qui dispose d’un faible budget pour boucler ses saisons (54 M€ cette saison). Pacheta remobilise ses troupes un peu abattues par le début de saison et focalise ses premiers exercices sur l’attaque, en manque cruelle de réussite jusque-là. Dès son premier match, il instaure une défense à trois, là aussi un des défauts du Huesca de Michel, qui encaissait facilement sur des replis tardifs. En 3-4-2-1 puis rapidement en 3-5-2, Pacheta en précurseur fait jouer les Azulgranas dans un système qui fera prospérer le Barça de Koeman peu de temps après. Avec davantage de largeur sur le terrain, Javi Galan et Pablo Maffeo, deux latéraux ultra-offensifs dans les rôles de pistons, le technicien amène de la verticalité à son équipe.

Dès son troisième match sur le banc, l’équipe gagne 3-1 contre Valladolid, avec deux passes décisives de Pablo Maffeo qui se régale dans ce système. Moins bridé que lorsqu’il jouait avec quelqu’un devant lui en 4-2-3-1 ou 4-4-2. Le week-end suivant, Huesca ouvre le score face au Real Madrid, grâce à Javi Galan, piston devenu très dangereux dans les 30 derniers mètres. Courte défaite 2-1 face aux Merengues, puis de même contre Séville une semaine après (1-0). Pacheta a néanmoins trouvé son 11 phare, avec Seoane au milieu en tête pensante de l’équipe, bientôt rejoint par David Ferreiro et son excellente patte droite.

Huesca commence sa mission pour éviter la relégation, grappille quelques points aux grès des rencontres et remporte même deux matches consécutifs début février pour la première fois de la saison. En battant d’abord le Levante de Paco Lopez 2-0, mais surtout Elche dans une victoire 3-1 décisive pour le maintien et symbole d’une belle revanche pour Pacheta. Cependant, toutes ces belles performances collectives n’auraient pas pu être possibles sans… le Gran goleador Rafa Mir.

Rafa Mir, celui qui permet à Huesca de survivre

N’alignant pas un pied devant l’autre sous les ordres de Michel, Rafa Mir est transcendé par l’arrivée de Pacheta et devient un buteur hors paire. Il n’avait marqué que trois buts avant l’arrivée du nouveau coach. C’est lui qui inscrit un triplé pour la première victoire (3-1 face à Valladolid) de l’ère Pacheta. Il offre alors aux téléspectateurs une vue sur l’ensemble de sa palette de finisseur : de la tête sur un centre lointain, d’un parfait contrôle avec frappe enchaînée sous pression et d’une reprise croisée en pleine course. C’est aussi lui qui va inscrire deux doublés consécutifs face à Levante et Elche dans des matches décisifs pour le maintien. Il ajoute à sa palette un petit piqué et des buts sur penalty.

Depuis le changement d’entraîneur, le joueur prêté par les Wolves a déjà marqué 10 buts. Il devient un buteur complet, capable de décrocher et d’être à l’initiative des actions offensives, mais aussi renard des surfaces du bout du pied ou de la tête, et avec une énorme technique et vision du jeu qui lui permet de tenter des gestes fous. Comme ce fût le cas le week-end dernier face à Cadiz. Excentré à gauche à plus de 30 mètres du but, Rafa Mir remarque que Ledesma est un peu avancé et tente un gigantesque lob qui finit dans le petit filet opposé. Son but est d’ailleurs élu plus beau but du week-end par beIN Sports.

Malgré tous les efforts de son buteur, Huesca est toujours relégable, 18e avec 30 points et à un point du premier non relégable. Les Oscences ne sont pas sûrs de se maintenir en Liga, devant encore jouer l’Athletic Club, le Betis et Valence. Il vous reste donc à vous, téléspectateurs, trois journées pour assister au beau jeu plein de verticalité de l’équipe de Pacheta en Liga et aux golazos de Rafa Mir en Liga. Après, il sera peut-être trop tard.

Crédit photo : Pressinphoto / Icon Sport

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