OnzeMondial
·10 juin 2025
Hachim Mastour, l'incroyable prodige de Milan perdu de vue

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·10 juin 2025
Milieu des années 2010, Hachim Mastour est probablement le jeune prodige le plus attendu de l’histoire du foot. 14 ans à peine et déjà le monde à ses pieds. Et pourtant…
Des dizaines de millions de vues sur Youtube, des vidéos de skills avec Neymar, 14 ans à peine, pas un poil au menton et un avenir déjà tout tracé. Hachim Mastour sera une star du foot. Milan, Inter, Juve, Barça, Real ou City, ils viennent tous taper à sa porte pour lui offrir des ponts d’or et des paillettes. Des gros contrats et des promesses. Caviar, champagne et petits fours, il n’a plus qu’à choisir.
500K€ posés sur la table de la Reggina, son club d’enfance, Arrigo Sacchi l’a emporté. Ce sera l’immense Milan, son maillot rouge et noir et son histoire, l’endroit parfait pour écrire la sienne. Mercurial chaussées, il est déjà sponsorisé et prêt à tout exploser. Il est probablement le prodige le plus hype de toute l’histoire du foot.
Arrivé à Milan, il semble tout confirmer. Il a 15 ans et participe à son premier entraînement avec l’équipe professionnelle. On suit ses premiers buts à Milanello sur YouTube. En millions de vues toujours. Très vite, Pippo Inzaghi le convoque chez les moins de 21. Rendez-vous est pris dans le bureau de la direction. 15 juin 2014, le jour de ses 16 ans, il se présente pour signer son premier contrat pro.
La date a de l’importance, il devient ce même jour, le plus jeune joueur professionnel de l’histoire du club, devant la légende Paolo Maldini (16 ans et 208 jours en 1985). Un mois plus tôt, il s’est même assis sur le banc des remplaçants pour la première fois de sa vie. C’était le dernier match de la saison face à Sassuolo. Tous les projecteurs étaient braqués sur lui. Son heure de gloire.
La saison suivante, bien qu’il participe à un match amical face au Real Madrid en pré-saison, il ne sera convoqué que cinq fois dans le groupe et ne foulera jamais la pelouse. Pire avec les moins de 19 ans, il ne participe qu’à 9 rencontres pour un seul petit but. Un ratio qui ne l’empêche cependant pas de faire ses débuts en équipe nationale avec les Lions de l’Atlas, lui, l’Italo-Marocain.
Au fil des jours, des semaines et des mois, les caméras braquées sur la gueule, toujours, les minutes passées sur le banc ou en tribunes, les doutes commencent à poindre. Ils se transforment en questions tapageuses : tu te souviens de cette petite merveille ? Celui qui humiliait Neymar dans des concours de jongles ? Où est-il passé ? Qu’est-il devenu ?
Petit à petit, remonter le fil rouge et découvrir un chemin finalement très classique. L’ombre des doutes, un prêt à droite, un prêt à gauche. Malaga pour commencer pendant deux ans où il ne jouera qu’une poignée de minutes avant de claquer la porte après un seul exercice. Repartir de prêt en prêt pour vivre des expériences de moins en moins satisfaisantes. En Grèce pourtant, il aurait pu, il a même joué 59 minutes pour ses trois premières apparitions - jamais il n’avait joué autant - et puis il est retourné sur le banc avant d’être suspendu.
Apparemment déclaré blessé sans l’être vraiment, conseillé par un proche évidemment. Retour en Italie, la Reggina en Serie C puis montée en Serie B. Trop haut pour lui, direction Capri en Serie C encore une fois. Enfin quelques parties à se mettre sous le crampon, rien de folichon. Un an sans club avant de signer au RCA Zemamra, perdu en deuxième division marocaine.
Presque soulagé, il reconnaît ses difficultés sans se faire prier. « J'ai toujours vécu sous le feu des projecteurs. D'un côté, c'est quelque chose qui me plaît évidemment. Car ça me stimule à donner le meilleur de moi, de l'autre ça génère toujours une grande pression sur moi. Comme je le dis constamment, j'aimerais juste jouer au football et être traité comme un simple garçon de 23 ans, qui fait des erreurs et qui est déterminé à s'améliorer chaque jour. »
Les pires d’entre-elles, c'est peut-être un manque ou un excès de confiance. En lui ou en autrui, ça reste à définir. « J'ai le grand regret d'avoir fait confiance aux mauvaises personnes, des gens qui m'ont dit qu'ils allaient me ruiner, qu'ils terniraient mon nom au point que je ne jouerais plus jamais au football. »
Par Ianis Periac
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