Franck D’Agostini : “Ce qu’il faut préserver avant tout, c’est le travail sur l’identité, les valeurs du club” | OneFootball

« Il y a peut-être une raison légale… La loi Evin les a peut-être tenus éloignés. Après, peut-être qu’il y a une question de positionnement politique ou d’approche aux sports. Peut-être que d’autres sports véhiculent selon eux des idéologies qui sont plus proches de leurs convictions personnelles. Ça reste à déterminer. Après, les élites financières ou économiques sont quand même assez proches de tous milieux potentiellement exposés ».

« Ce qui est intéressant, c’est de voir l’évolution entre ceux qui possèdent les clubs, ceux qui soutiennent les clubs, ceux qui fournissent les joueurs, ou qui font venir les joueurs qui évoluent ensuite dans ces clubs. Et comment tout ça s’articule, comment les clubs cherchent à continuer à s’implanter sur un territoire, que ce soit socialement et économiquement. On a eu effectivement un changement, une sorte de translation des propriétaires, qui étaient avant des entrepreneurs locaux, vers des acteurs multinationaux. Parfois il y a également la multipropriété. La situation évolue. Par contre, ce qui change moins, c’est le bassin de supporters. Les supporters restent, les actionnaires changent, les joueurs évoluent aussi. Mais cette relation entre le bassin territorial et le club évolue. Cela ne veut pas dire que c’était mieux ou pire avant, c’est juste que ça change. Et comment un club réussit à maintenir ce lien entre les supporters indépendamment de sa propre origine, c’est vraiment un sujet très intéressant. En termes de rhétorique aussi, il y a toute une évolution des langages et des éléments de langage qui sont bien mis en avant par les clubs. On voit que les nouveaux propriétaires parlent beaucoup d’ancrage local, de rendre à la population, de développer tout ça… On sent ce sont désormais des choses qui sont intégrées, en tout cas d’un point de vue rhétorique. A voir maintenant dans les faits ce que ça donne réellement, et surtout quel crédit est accordé aux supporters ».

« On a vu des clubs réussir sans aucun joueur du territoire, sans aucun joueur même du pays… On a déjà vu l’Inter remporter des titres avec presque aucun italien dans son équipe. On a vu Arsenal réussir de belles performances avec des équipes non formées localement. Ce qu’il faut préserver avant tout, c’est le travail sur l’identité, les valeurs du club. Au-delà des éléments rhétoriques, il faut définir ce sur quoi on se constitue, ce sur quoi on se repose, et ce sur quoi on veut construire communément avec les supporters. La consultation des parties prenantes est essentielle. Si on ne fait pas avec, forcément, on devient moins crédible ».

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