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·27 août 2019
France-Brésil 2006 : Zidane, et la lumière fut

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·27 août 2019
Le 1er juillet 2006, l’équipe de France élimine le Brésil en quarts de finale de Coupe du monde. Zinédine Zidane, qui avait annoncé sa retraite à l’issue du tournoi, signe alors une prestation grandiose, l’une des plus belles de sa carrière. Hommage à un chef-d’œuvre.
«Il ne faut pas qu’il s’arrête de jouer au foot, implore Thierry Gilardi. Ce n’est pas possible, il n’a pas le droit.» 73e minute. Zinédine Zidane vient d’effectuer sa première roulette du tournoi. La clameur qui s’échappe des travées de la Commerzbank-Arena accompagne le désarroi de Gilberto Silva, déposé par l’élégance de Zizou. Le n°10 boucle alors l’un des plus beaux matches parmi ceux qui ont jalonné 15 ans de carrière. 15 ans à élever le football au rang d’art. Mélange d’intuition et d’émotion, le football pratiqué par Zidane fut à son zénith durant ces 90 minutes.
La nostalgie créée par le temps, mais aussi la connaissance de la dramaturgie inhérente à la finale ont sûrement embelli nos souvenirs. Épique, ce France-Brésil ? Pas avant le coup d’envoi pour les joueurs. «C’était Eurodisney dans le couloir, plaisante Fabien Barthez. Tout le monde rigolait. “Ça va toi ? Ça va à la maison, tout va bien ?”» Il ne faudra pas longtemps pour que les Brésiliens perdent le sourire. 35 secondes. Le temps pour Zidane d’effacer Juninho et Zé Roberto d’un râteau afin d’avancer dans le sens du jeu. Venu en soutien, Ribéry s’arrête net et fait un pas pour s’écarter du chemin de Zizou. Place à l’artiste, qui transforme Gilberto en Gilberplot d’un passement de jambe. Les crampons dorés de ZZ flottent sur la pelouse tel Marty McFly et son hoverboard.
Le Brésil compose son onze en multipliant les numéros 10 quand le meilleur à ce poste joue en blanc. Kaká pense partir en contre sur une longue ouverture, mais Zidane passe devant lui et jongle. D’abord la jambe droite, toujours. Pied. Genou. Puis la jambe gauche, une remise vers Thuram. «Aïe aïe aïe», souffle Thierry Gilardi, dont la compassion à l’égard des Auriverdes n’a d’égale que l’admiration devant ce moment d’histoire. Un quart d’heure plus tard (40e), le jongle s’opère sous le nez de Ronaldinho. Le média brésilien TV Globo parlera d’«une leçon, une vraie démonstration, un show de Zidane». 43e minute. On frôle le K.O. lorsque Zizou contourne coup sur coup les tacles glissés de Lucio et Gilberto Silva, des fleurs fanées par la chaleur d’un homme mi-humain mi-soleil. Seul un tacle de Juan à la limite du carton rouge empêche Vieira d’aller au but sur la passe de Zinédine.
En début de seconde période, le maestro poursuit son récital. Sombrero sur Ronaldo, rhabillé pour l’hiver. Puis un autre sur Gilberto Silva (encore lui !). Entre-temps, ZZ a délicatement trouvé Thierry Henry au second poteau sur coup franc. La France mène 1-0, mais surtout, la France mène la danse. À la 73e minute, le capitaine des Bleus mystifie Gilberto Silva (toujours lui) d’une symbolique roulette. Essoufflé, Zé Roberto passe sa frustration d’un vilain tacle par-derrière en fin de rencontre. Zidane est-il plus brésilien que ces messieurs ? Pas pour Thierry Henry. «Ce qu’a fait Zidane, c’est français», lance-t-il d’un ton ferme après le match. Sourire malicieux aux lèvres, Zizou a conscience d’avoir tutoyé les étoiles : «Ça donne des idées de jouer contre les Brésiliens…»
Si la presse brésilienne incendie ses stars qui ont déçu, elle tire son chapeau au «récital de magie de Zidane», dixit le Folha de São Paulo. L’ancien joueur du Real Madrid «a mis le Brésil à la retraite avec une prestation magistrale», selon O Globo. «Il glorifie le football» pour TV Globo. Le quotidien tchèque Sport s’émerveille : «Ce devait être le jour des adieux de Zidane. Le jour où il allait remettre le sceptre royal à Ronaldinho. Le magicien brésilien devait mener son équipe à la victoire et accompagner le roi Zidane dans sa sortie de scène. Mais c’est exactement le contraire qui s’est produit.» L’Équipe souligne «un Zidane enchanteur», qui fait l’unanimité dans le monde entier.