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·21 mai 2025

Face à la DNCG, l’OL prépare son match le plus important

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Sixième de Ligue 1 sur le fil, l’OL devrait en toute logique se préparer à un exercice européen, avec la Ligue Europa ou la Ligue Conférence. Mais avant de penser à 2025-2026, il doit préparer un rendez-vous aujourd’hui incertain avec la DNCG.

Depuis plusieurs années, ce rendez-vous est pratiquement devenu aussi attendu que les rencontres de Ligue 1. Sur le terrain, la saison de l’OL est terminée après le succès 2 à 0 face à Angers samedi dernier. Dans les coulisses en revanche, on peut presque affirmer que le plus dur commence seulement pour les dirigeants rhodaniens. Dans quelques semaines, ils passeront l’examen de la DNCG, un moment que le sixième du championnat pourrait redouter.

Lors de la précédente rencontre avec le gendarme financier, le 15 novembre 2024, l’Olympique lyonnais avait écopé de plusieurs sanctions, dont une relégation à titre conservatoire. C’est ce dernier point qui préoccupe le plus, tandis que Paulo Fonseca et son groupe ont échoué à qualifier l’équipe pour la prestigieuse et lucrative Ligue des champions. En 2025-2026, ils participeront à la Conférence Ligue ou à la Ligue Europa, s’ils sont autorisés à y concourir au vu des manquements récents.


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De son côté, John Textor confie à qui veut l’entendre qu’Eagle Football Group (ex-OL Groupe) “a de l’argent”. Il l’a répété aux supporters ces dernières semaines, ainsi qu’à notre média à l’issue du succès face au SCO le week-end précédent. Il est possible de le croire, mais présentement les indices partagés ne vont pas exactement en ce sens.

Le plan pour l'instant inachevé de Textor

Car finalement, l’Olympique lyonnais jouera gros face à la DNCG. D’autant plus qu’il a élaboré un plan depuis plusieurs mois, mais une partie de celui-ci (introduction à la bourse de New York et cession des parts de Crystal Palace) n’a toujours pas eu lieu. Le 15 mai, EFG a voulu rassurer en indiquant que son entrée en bourse était prévue pour la fin du moi, et qu’il se trouvait “dans la phase finale du processus de vente/plan stratégique concernant sa participation dans Crystal Palace”.

Bien sûr, Eagle Football Holding (EFH), la maison mère, a fait un apport de 83 millions d’euros à sa filière en janvier. Et le mercato hivernal a permis de glaner 62,3 M€, sans les bonus, et sans prendre en compte le cas complexe de Luiz Henrique. Mais il est difficile d’estimer que cela sera suffisant pour contenter la DNCG.

En réalité, la situation n’a que peu évolué depuis l’hiver. “Ça n’a pas énormément changé, confirme David Gluzman, banquier d’affaires et amateur du ballon rond. Il peut encore y avoir des ventes de joueurs et il y a eu une injection de 83 millions d’euros. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Je suis très sceptique. Dans l’état actuel des choses, je ne vois pas comment John Textor va réussir à convaincre des partenaires de continuer à financer l’exploitation du groupe Eagle sur le long terme.”

La perte de certains actifs pèse lourd

Sachant que l’Olympique lyonnais continue de voir ses recettes baisser, avec l’absence de plusieurs actifs en 2024-2025. “Ce que l’on constate, c’est qu’il y a une baisse des revenus. Ce qui est assez logique puisque ça découle de la stratégie mise en place depuis un moment maintenant, à savoir la vente des actifs comme la section féminine et l’Arena. Cela a permis de dégager de la trésorerie l’an passé, mais désormais, ils ne sont plus là”, ajoute Florent Bergmann, membre du CDES de Limoges et de la commission de la DNCG à la Fédération. Les cessions de la section féminine et la salle de spectacle avaient rapporté 35 M€ entre mars 2022 et mars 2023. Et donc zéro euro sur l’année écoulée.

Concrètement, à l’instant T, l’Olympique lyonnais dispose de 50 M€ de trésorerie (décembre 2024, contre 129,5 M€ en juin 2024) et de capitaux propres négatifs (il a annoncé -78,2 M€ en décembre dernier). Quant à sa dette, elle s’élevait en décembre 2024 à 445,5 M€ (-59,6 M€ par rapport à juin 2024). Si elle a été rééchelonnée, il faut tout de même rembourser près de 50 M€ d’ici à la fin de l’année.

Voici pour les principaux éléments à retenir. Que peut donc faire John Textor avant de s'entretenir avec le gendarme financier français. Tout d’abord, selon le rapport semestriel 2024-2025, il devrait se voir remboursé à hauteur de 8,5 M€ d’un prêt accordé à la filiale OL Brésil. Il y a aussi les droits TV, notamment européen. Cela lui a ramené 38,1 M€ entre mars 2024 et mars 2025. La billetterie (31 M€) est l’autre bonne nouvelle.

Le mercato dès le 1er juin, une bouée de sauvetage ?

Pour le reste, on l’a dit, les recettes diminuent pour divers facteurs, particulièrement l’absence de “grands événements”. Pour combler cela, il faudra vendre, ce qu’Eagle Football prévoit clairement dans son dernier bulletin. Il sera aidé par la première période du mercato estival. Elle commencera dès le 1er juin, et se conclura le 10 en raison du Mondial des clubs. La fenêtre des mutations reprendra ensuite le 16 juin, pour s’achever le 1er septembre.

Il ne serait donc pas surprenant que des joueurs à haute valeur marchande soient transférés dans les jours à venir. Ajoutons qu’avec la Coupe du monde des clubs à venir, Botafogo, “cousin” de l’Olympique lyonnais, va faire rentrer 14,09 M€ seulement pour sa participation.

Injecter de l'argent frais, une obligation avant la DNCG

Le tableau se présente ainsi, et il est loin d’être rose pour les Rhodaniens. “L’absence de Ligue des champions et d’un plan entièrement réalisé fait que la DNCG risque de douter encore plus de ce que l’OL pourra présenter, estime Vincent Chaudel, fondateur de l'Observatoire du sport business. C’est surtout ça le problème, car des dettes, d’autres en ont. Mais ça peut s’échelonner différemment ou se refinancer. Il y a aussi le contexte très incertain autour des droits TV et très probablement à la baisse. D’une manière ou d’une autre, il faudra réinjecter de l’argent. Que ce soit en compte courant ou via une augmentation de capital.”

Il semble en effet que ce soit le seul moyen pour EFG de satisfaire à temps l’instance régulatrice du football professionnel. Mais est-ce une possibilité ? “Il est possible que la DNCG face preuve de mansuétude dans l’intérêt du football français, et donc de ne pas le rétrograder. Mais la jurisprudence demande que les déficits d’exploitation soient préfinancés par du cash ou des garanties immédiatement appelables. Je ne vois pas comment il peut s’en sortir. Je ne dis pas qu’il doit disparaître, mais qu’il n’y est aucune sanction, je serais très surpris, prévient David Gluzman. Sauf s’il y a une injection de cash ou un prêt de dernière minute.”

Et si ce n’est pas le cas, le club peut-il voir le couperet tomber, à savoir une relégation ? “Le problème, c’est que là, en plus de tout ce qui est fait habituellement, les promesses non-tenues ne sont jamais un très bon signe. Je pense que la DNCG va utiliser cela lors du passage si ce n’est pas rectifié, alerte Florent Bergmann. En plus, elle souhaite durcir le ton, il sera donc demandé aux propriétaires de pouvoir garantir une certaine somme en capitaux propres. Et il faudra qu’elle soit suffisamment importante pour que ce ne soit pas seulement perçu comme une lettre d’intention, mais véritablement comme une preuve qu’il est en mesure de faire face aux difficultés.”

Quid d'Ares ?

Pour Vincent Chaudel, “le risque est réel. Mais je pense qu’entre le stade et les investissements d’Ares, il existe des éléments qui font que ceux ayant investi de l’argent n’ont pas intérêt à ce qu’il tombe comme l’a fait Bordeaux. Je veux croire à une issue positive pour le club. En revanche, je me questionne plus pour la position de John Textor lui-même”, précise-t-il.

Justement, Ares, le fonds d’investissement ayant prêté 400 millions d’euros à l’homme d’affaires américain pour le rachat de l’Olympique lyonnais, peut-il intervenir ? “En a-t-il la possibilité contractuellement ? C’est ce qu’il faut savoir. Est-ce qu’en cas de relégation en première instance, Ares va laisser faire ? Il pourrait avoir la possibilité de se séparer de lui et d’essayer de sauver ce qui peut l’être. En tout cas, je ne crois pas qu’il laissera l’OL aller comme ça à la casse, assure David Gluzman.

Celui qui est également chroniqueur sur RMC poursuit. "Dans ce cas-là, il prendra un directeur des opérations qui se chargera de gérer les clubs en faisant jouer ses sûretés pour en prendre le contrôle. Mais tout ça prend du temps, et réclame énormément d’argent afin de financer le déficit d’exploitation. Il y a aussi de la dette au niveau de l’Olympique lyonnais. Donc la situation n’est pas idéale là non plus.” Les détenteurs de cette dette disposent d'ailleurs d’une hypothèque sur le stade et d’une sûreté sur les futurs revenus.

Une DNCG qui ne veut pas faire tomber l'OL

Les spécialistes s’accordent néanmoins pour dire qu’il y aura du mouvement du côté de Décines d’ici à la DNCG. Dans quel sens ? Il est aujourd’hui difficile de le prévoir. Au sein du Eagle Football Group en tout cas, on nous glisse que John Textor “travaille sur tout cela et est très concentré sur sa tâche”.

On ajoutera que d’après nos informations, le gendarme financier n’aurait pas vraiment intérêt à rétrograder l’OL en Ligue 2. Il se murmure donc qu’il sera enclin à ne pas le punir de la sorte. Quitte à être très contraignant sur tout le reste, comme le recrutement et la masse salariale. Mais cela dépendra surtout des premières ventes estivales. Comme on dit aux États-Unis, pour l’Olympique lyonnais, les supporters et les observateurs, "wait and see".

Avec Razik Brikh.

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