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·19 juillet 2025
EXCLU - Waniss Taïbi : « J’aime combiner avec les autres »

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·19 juillet 2025
La Ligue 2 est un championnat qui recèle de nombreux talents. Chaque année, plusieurs pépites franchissent le cap et brillent dans l'élite. Tous les mois, Onze Mondial part à la découverte de ces cracks de l’ombre. Après des débuts professionnels mitigés avec son club formateur, Waniss Taïbi a lancé sa carrière à Rodez. Titulaire indiscutable dans l’Aveyron, l’ancien du SCO brille chaque week-end par sa justesse et ses déplacements. Des prestations qui ne passent pas inaperçues. Découverte.
Voici quelques extraits de notre interview de Waniss Taïbi. L’intégralité de cet interview de 2 pages est à retrouver dans le magazine n°372 de Onze Mondial disponible en kiosque et sur notre eshop depuis le 14 mai 2025.
Enfance
Comment s’est déroulée ton enfance ?
J'ai grandi dans un quartier qui s'appelle La Bastide, à Limoges. J'ai quatre frères et une petite sœur dont un faux frère jumeau. Mes parents n’ont jamais vraiment travaillé. Enfin, mon père a fait quelques boulots à l’époque, mais j’étais vraiment petit. J’ai connu une enfance classique, l’école était à côté de la maison.
Comment ça se passait à la maison ?.
Tout se passait bien avec mes frères et ma sœur. Je suis quelqu'un de simple. J’allais à l’école, je rentrais puis je jouais dans mon quartier, partout et tout le temps. J’ai commencé le foot en club à 9/10 ans alors que d’autres s'inscrivent à 5/6 ans. Sinon, tout allait bien. Mes oncles, mes tantes et mes grands-parents sont du même quartier que moi. J’étais assez bon à l’école. J’étais sérieux , je n’ai jamais eu de problèmes. J’étais tranquille, timide, et je m’ouvrais quand j’étais à l’aise.
Tes frères étaient branchés foot aussi ?
Toute ma famille était branchée foot. Mon jumeau et moi, on a toujours joué ensemble jusqu’en U13. Ensuite, c’est devenu sérieux. Il a quand même continué à jouer au foot de son côté. Mes deux grands frères aussi, ils ont toujours joué au foot. Mon petit frère aussi maintenant. Mon père regarde tous les matchs à la télé. On est vraiment une famille de footeux. Tout le monde me suit. Mon petit frère et un de mes grands frères jouent encore au foot.
Tu étais comment à l’école ?
J'étais un bon élève. Au collège, je n’ai jamais eu en dessous de 16 de moyenne. J’étais dans un collège ZEP par contre. J’ai toujours eu des facilités. Je suis allé jusqu'au bac, j'ai fait un bac ES. Mais à cause du foot, je ne l’ai pas eu. Au même moment, j’étais en équipe de France, ensuite, il y a eu le covid. Et j’ai décidé d’arrêter.
Tu n'as essayé aucun autre sport ?
Non, aucun. Pourtant, j'aime beaucoup le basket.
Tu as commencé le foot dans quel club ?
J'ai commencé le foot dans le club de mon quartier, durant deux ans, jusqu’en U12. Ensuite, le club phare de la ville m’a repéré. J’y suis allé. Tout s’est bien passé. Et pour la première fois dans l’histoire du club, on a participé à la finale nationale U13 à Capbreton. Et après mon année de U15, Angers m’a recruté.
Angers
Comment as-tu atterri à Angers ?
À l'époque, j'avais fait de nombreux essais. J'ai été deux fois à Nantes, à Rennes mais aussi à Angers. J’y suis même retourné une troisième fois. Le club voulait être sûr de son choix. Le club ramenait du monde les mercredis après-midi pour faire des oppositions. Et ensuite, ils m’ont proposé un contrat.
Comment s'est passée ta formation à Angers ?
Très bien. Au départ, j’avais signé une convention. Le club ne proposait pas beaucoup de contrats aspirants. Et la première année s'est très bien passée. J’étais l’un des seuls premières années à jouer en U17 nationaux. Le club a ensuite changé mon contrat, j’ai obtenu un contrat aspirant. Lors de la deuxième année, j’étais capitaine de mon équipe en U17 nationaux et j’étais même surclassé avec les U19. Au centre, tout se passait bien. De toute manière, quand ça se passe bien sur le terrain, tout roule en dehors. Deux ans plus tard, j’ai paraphé mon premier contrat pro.
As-tu une anecdote sur ton passage à Angers ?
Oui, une mauvaise anecdote contre Nantes. On avait perdu 8-0. C'était une défaite marquante. Ma plus grosse défaite. En bonne anecdote, je te dirais la Youth League, c’était une première dans l’histoire du club. C’était une belle expérience.
Comment se passent tes débuts avec les pros ?
J'ai commencé à m'entraîner avec les pros juste avant de signer mon contrat pro. Ensuite, j'ai signé rapidement. Lors de la première année pro, j'ai repris avec les pros durant la prépa. Mais je faisais partie du groupe N2, je n’étais pas dans le vestiaire avec les pros. On faisait appel à moi lorsque le coach avait besoin. J’y allais de temps en temps. Du coup, pendant un an, j'étais avec la réserve, avec le coach Abdel Bouhazama. J’ai fait une saison pleine en N2. La saison suivante, j’ai définitivement intégré le groupe pro.
Tu as réussi à gratter du temps de jeu...
J'ai fait de nombreux groupes, une vingtaine environ, avec des entrées, mais seulement deux titularisations en Ligue 1. Angers avait beaucoup de bons joueurs. J’apprenais d'eux à l’entraînement.
Que retiens-tu de ton passage en Ligue 1 ?
Je retiens beaucoup de bonnes choses. La Ligue 1, ça va très vite. Dès que tu fais une erreur, tu le paies cash. J'ai un exemple, pour mon deuxième match titulaire à Reims, je commets une petite erreur, je perds le ballon dans notre moitié de terrain qui engendre directement un but. Le coach m’a sorti à la mi-temps. En Ligue 1, il y a de l'espace, mais il faut être vraiment bon techniquement pour ne pas faire d’erreur. Athlétiquement aussi, c’est fort.
Tu as mal vécu le fait de sortir à la mi-temps ?
Sur le moment, oui. J'étais mal pendant une semaine. En plus, j’ai enchaîné les « hors groupe », je ne sais pas si c’était la seule raison, car on avait un gros effectif, surtout au milieu. Ça arrivait au mauvais moment. Je me suis relevé de ça, il fallait vite passer à autre chose.
Tu gardes quand même de bons souvenirs de ce passages en Ligue 1 ?
J'ai joué contre des gros clubs. J'ai joué contre Messi, Neymar, Mbappé. Même si j'aurais préféré avoir plus de temps de jeu, vraiment lancer ma carrière en Ligue 1 à Angers. C'est mon plus gros regret. Je n'ai que de bons souvenirs, j’ai pu goûter à la Ligue 1 avec mon club formateur. C'est une bonne chose déjà.
Rodez
Pourquoi as-tu quitté Angers ?
Au départ, j’avais prolongé mon contrat. Mais quand on est descendus en Ligue 2, je sentais que le club ne comptait pas vraiment sur moi. Il voulait que je fasse un prêt pour relancer ma carrière. Sauf que je trouvais que c'était le bon moment pour moi de jouer. Justement, avec la descente en Ligue 2, je pensais qu’on allait me faire une place. Finalement, j’allais être un joueur de rotation. Et je ne voulais pas ça, surtout que je grandissais. Il fallait vraiment que je lance ma carrière. J'ai eu des contacts avec Rodez. Mon ami, Kevin Boma, jouait là-bas. On a été formés ensemble, du coup, il m’a parlé du club. Ensuite, j’ai discuté avec le directeur sportif. J'ai bien senti la chose et je me suis dit que c'était le moment de partir pour lancer ma carrière.
Angers n’a pas essayé de te retenir ?
Non, car le club ne comptait pas sur moi à fond. Ils ont compris que c'était un bien pour moi et que moi aussi, je voulais vraiment partir. Ils n’ont pas cherché à me bloquer et ils ont accepté ma décision.
Comme par hasard, ton premier but en pro, c’est contre Angers.
Pour l’anecdote, quand je suis arrivé à Angers, lors de ma première année en 17 nationaux, j’ai inscrit mon premier but contre Limoges, mon ancien club (sourire). La chose s’est reproduite, mon premier but en pro, c’était contre mon club formateur, Angers. Je n’ai pas voulu célébrer car j’ai toujours du respect. (Il coupe) Parfois, on en fait beaucoup sur le fait de ne pas célébrer contre son ancien club. Mais moi, j’ai tout connu là-bas. J’ai passé six ans au club, j’ai fait toute ma formation. Je ne me voyais pas célébrer. Surtout que contrairement à certains joueurs, ils ne m’ont pas mis au placard. Ils m’ont toujours respecté et donné ce que je voulais. Ça ne s’est juste pas fini comme je le voulais. Ce n’est pas pour autant que c’est de leur faute.
Pour ta première saison, tu as disputé 38 matchs, c'est costaud, n'est-ce pas ?
J'ai mis du temps un peu avant de vraiment m’installer. Au début, j’étais dans la rotation, mais j’ai participé à tous les matchs. Bon, j'ai mis du temps avant d'assimiler les principes du coach, il voulait mettre mes qualités au service de l'équipe. Durant la première partie de saison, j’ai fait quelques titularisations. Et durant la deuxième moitié, j’étais vraiment titulaire. Pour la première fois dans l’histoire du club, on a participé aux barrages d'accession à la Ligue 1. On a passé le premier tour contre le Paris FC, on a malheureusement perdu contre Saint-Étienne. Personnellement, j'ai réussi une saison pleine, J'ai même été nommé pépite de l’année en Ligue 2. Ça a récompensé ma saison.
Tu aurais pu partir ?
Il y avait quelques opportunités, quelques discussions, mais rien de vraiment sérieux. C'était un peu la crise à cause des droits TV, c'était vraiment compliqué. De toute façon, moi, je n’avais pas l'intention de partir. Ce n’était que ma première saison, il fallait que je confirme quand même. Je n’avais vraiment pas la tête à partir. Je me voyais rester à Rodez pour faire une deuxième saison pleine.
Et c’est ce que tu as fait.
Ouais, j'ai joué encore plus que la saison dernière. J’ai directement commencé titulaire. Je n’ai, quasiment, raté aucun match. Je fais une saison pleine, avec un bon contenu, même si c'était un peu plus compliqué collectivement. On a joué le maintien cette saison.
Comment juges-tu la Ligue 2 ?
C'est un bon niveau. Il y a plus d’espaces, c’est moins technique et rapide que la Ligue 1. Physiquement, c’est dur, les joueurs sont forts défensivement. Tactiquement, les équipes sont bien rodées. Ça reste un bon niveau. Ça fait partie des meilleures deuxièmes divisions d’Europe. Je me suis bien adapté au niveau, j’arrive à faire parler mes qualités.
Style de jeu
Peux-tu définir ton style de jeu ?
J'ai plusieurs facettes. Quand j'étais plus petit, j'étais vraiment un pur 10. Et avec le temps, je me suis transformé en numéro 8, box-to-box. Et à Angers, on m’a mis défenseur central, numéro 6 et même latéral. On m’a installé en tant que milieu défensif au SCO. À Rodez, on a vu que j'avais de bonnes qualités techniques, offensives. Le coach me positionne comme un 8. Un milieu qui doit tout faire : défendre et attaquer. Je pense être un milieu offensif, avec une bonne technique, qui aime bien jouer petit, combiner avec les attaquants et les autres joueurs, qui aime bien porter le ballon, avec une bonne vision de passes. Et évidemment, j’ai des choses à améliorer, notamment sur l’aspect défensif, dans l’impact car je suis assez fin.
Quelles sont les références à ton poste ?
À mon poste, j'ai beaucoup aimé Iniesta. J'ai aussi beaucoup apprécié Aouar. Je suis un supporter de l'Olympique Lyonnais. On est le même type de joueur. C'est un joueur que j'aime beaucoup. Aujourd’hui, j'aime beaucoup Pedri.
C’est quoi le milieu de terrain parfait ?
Il doit être très bon techniquement, garder le ballon, porter le ballon, être bon dans la passe, avoir une bonne vision de jeu et savoir sortir de la densité. Il doit aussi être bon à la dernière passe et même à la finition. Il doit être aussi bon défensivement, récupérer beaucoup de ballons, être intelligent tactiquement, bien lire le jeu, bien comprendre le jeu.
Tu sors de deux saisons pleines en Ligue 2, tu te retrouves à un an de la fin de ton contrat. Tu auras surement envie de regoûter à la Ligue 1 la saison prochaine…
Le but, en signant à Rodez, c’était de rebondir. Je ne sais pas si c’est en Ligue 1, mais dans un championnat de première division dans un bon pays, un gros championnat. Je suis venu avec cette envie : faire des performances, aider le club dans ses objectifs et si une opportunité se présente, pourquoi pas. Mais il faut un beau projet.
Personnalité
Si tu devais parler de toi désormais ?
Je suis quelqu'un de très simple, très tranquille, très souriant. J'aime bien rigoler. Au début, je suis timide si je ne connais pas la personne. Mais quand je connais bien les gens, je suis très souriant. Je rigole, je m'amuse avec les gens. Je suis très casanier. J’aime rester chez moi tranquille, je regarde la télé, des séries, des films, du sport, je fais des siestes. J'aime aussi le basket, je regarde la NBA. Je rentre souvent chez moi, voir mes parents, ils vivent à 2h30 de Rodez. J’aime passer du temps avec eux. Je suis très famille, on s’entend super bien, je remercie Dieu pour ça. Je suis un garçon discret et de bonne humeur.
Quelles sont les séries que tu regardes ?
Je ne suis pas compliqué. Quand on me demande conseil, je n’arrive même pas à répondre tellement j’ai tout regardé. Mais je vais te citer les classiques : Viking, Prison Break, Game of Thrones.
Et les personnages marquants ?
Dans Viking, il y a Ragnar Lothbrok. J’aime bien les personnages avec du charisme. J’aime quand on reconnait directement le personnage principal, qu’il se met bien au centre. Comme par exemple, dans Peaky Blinders, il y a Tommy Shelby, dans Prison Break, il y a Michael Scofield.
Tu fais comment pour suivre la NBA ?
Je ne me lève pas la nuit, mais je regarde tout ce qui se fait depuis une dizaine d’années. J’ai toujours kiffé Lebron James. Je suis un peu un « footix », j’aime toutes les équipes où Lebron James joue. Je le suis. Sinon, évidemment, j’aime bien Victor Wembanyama.
Tu as connu les équipes de France de jeunes, tu as évolué avec des joueurs qui réalisent de belles carrières. Ça te donne envie ?
J’ai connu ma première sélection en U18, mais j’ai toujours eu moins d’exposition que les autres, je n’étais pas dans la lumière comme certains. Mais tout a été très vite. J’ai fait une sélection, ensuite le tournoi de Limoges puis la Coupe du Monde. On avait une grosse équipe, avec de très gros joueurs. On aspirait tous à faire de belles carrières, mais après, chacun son parcours. Certains joueurs ont explosé depuis, d’autres connaissent des complications. Mais évidemment, ça donne envie de suivre les meilleurs chemins. C’est toujours bénéfique d’avoir côtoyé de bons joueurs et de voir ce qu’ils font maintenant. On avait quand même terminé troisième du Mondial. On aurait pu gagner… c’est un regret pour beaucoup de joueurs de cette sélection.
Tu as des origines algériennes, je suppose que la sélection d’Algérie est dans un coin de ta tête.
On ne m'a jamais vraiment contacté. J’espère être dans les radars du sélectionneur. Moi, je suis intéressé, la porte est grande ouverte. Mes deux parents sont nés en Algérie, ils ont vécu en Algérie. Je vais souvent en Algérie en vacances. Je garde des liens très forts avec mon pays.
De nouveaux joueurs arrivent en sélection en plus.
Oui, il y a quelques nouveaux jeunes. Il pourrait y en avoir plus. Je suis tous les matchs de la sélection algérienne. L’Algérie fait partie des plus grosses nations d’Afrique, les places sont chères. Certains bons joueurs ne sont même pas appelés, ça prouve que la sélection est de qualité et que la concurrence est rude.
Conclusion
Quels sont tes rêves ?
Je n’ai pas de rêve bien précis, je veux juste jouer au plus haut niveau. La sélection d’Algérie est un rêve, par exemple. Je veux faire une grande carrière et rendre fière ma famille.
Si tu pouvais bénéficier d'un superpouvoir, tu choisirais lequel ?
Être invisible pour voir ce qui se passe quand tu n’es pas là.
Si tu devais terminer l’interview par une phrase qui te représente, tu dirais quoi ?
Ma mère me répète souvent : « Derrière chaque mal se cache un bien », quand je me prends la tête. Il faut faire confiance à Dieu, ne pas se prendre la tête et se faciliter la vie psychologiquement.
Quelle note te mets-tu pour cette interview ?
Ça va, j'ai parlé, je me suis lâché. Je vais dire 7 sur 10.
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